Nouveau Rédacteur à NHU Bretagne, je réponds à l’intéressante interview de Marylise LEBRANCHU à lire ici dans La Gazette des Communes.
Extrait : « Il y a une pensée unique de la dépense publique. Les collectivités, pour Bercy, sont une machine à dépenser, pas à gérer des compétences. Il y a une méconnaissance totale des collectivités territoriales à la direction du Budget« .
Sommaire
Totalement démoralisant cet entretien de Marylise LEBRANCHU.
Car il semble que rien ne soit prêt de changer dans la haute fonction publique. Hélas.
Entre centralisme jacobin-parisien, esprit de corps et mépris techniciste, les grands corps pilotent l’Etat depuis le haut. Sans jamais toucher le sol. Ils défendent leurs prébendes bec et ongles, reconquérant toute parcelle de pouvoir perdue par une réforme dès que l’occasion s’en présente. Parfois même sans que quiconque ne s’en aperçoive.
Et surtout qu’aucune décision politique n’ait été prise. Pas étonnant que l’administration européenne soit aussi perçue comme hostile puisqu’elle est une menace objective faisant peser une contrainte extérieure sur une haute administration nationale qui ne souffre aucune contestation ni partage de son pouvoir.
La forteresse imprenable.
Cela dépend bien sûr des moments, évitons les caricatures, des ministères et des personnes. Mais la photo d’ensemble reste bien celle d’une haute fonction publique qui se pense comme une forteresse imprenable, un corps de grands clercs défenseur du temple républicain et expert en tout et son contraire et compétent par défaut, investi par concours de la mission de défendre ce temple en dernier ressort face aux assauts multiples, extérieurs donc, mais aussi intérieurs, y compris ceux des élus d’ailleurs, mêmes ministres, dès qu’ils risquent de nuire à la « continuité de l’Etat ».
Les solutions pour changer existent …
Certains s’emploient à essayer de changer les choses, et à faire comprendre qu’à l’heure du numérique surtout, penser qu’une organisation ainsi pilotée par le haut et les prétendus meilleurs puisse servir indifféremment n’importe quel projet n’est plus de mise. Les solutions existent donc. Elles exigeront des efforts pour être déployées car il s’agit de changer de culture.
Et pas seulement de bonshommes (nettement plus nombreux que les bonnes femmes d’ailleurs, la haute fonction publique à des allures de corps de garde). Elles exigeront d’être mis en place sur la durée. Au-delà des alternances du pouvoir, en réformant depuis les grandes écoles (car c’est là qu’est inoculé le venin et que se crée les liens indéfectibles des futurs corps). Ce qui exige une prise de conscience générale, un travail collectif, et une approche transversale.
Du volontarisme politique …
Mais surtout, c’est de volontarisme politique fort dont il est besoin. Impulsé depuis le sommet de l’État. Car sans lui rien de se passera. C’est la condition sine qua non pour changer une structure pyramidale et endogame à moins de faire tabula rasa. Ce n’est donc pas gagné.
Pourtant, c’est de mon point de vue essentiel pour transformer l’État français que de s’atteler à cette tâche. C’est un impératif administratif, mais aussi social et politique.
Lever les têtes, ouvrir les têtes, diversifier les têtes.
Il ne s’agit certes pas de se passer des talents de certains. Ni de prétendre raser les grandes écoles en méconnaissant les compétences qui y sont forgées, et qui d’ailleurs sont enviées au niveau européen. Mais il s’agit plutôt de rappeler que ceux qui en sortent ne sauraient être les seuls à piloter, tout, et entre eux. Il est donc impératif d’ouvrir la haute fonction publique à d’autres compétences, à d’autres personnes ayant suivi des voies différentes. Également de miser sur la diversité et les compétences techniques plus segmentées et parfois rares dont l’Etat a besoin pour se faire plus agile.
Renoncer à la seule verticalité …
L’organisation de l’Etat doit être plus réticulaire et renoncer à la seule verticalité, se penser plateforme, pourquoi pas, et il convient d’exposer la haute fonction publique à une réalité autre que celle des antichambres parisiennes où elle se complait dans un entre-soi feutré et discret, et la forcer à se frotter à la réalité du terrain, des administrations régionales en France, et transnationales hors de France.
Il n’est donc pas question de couper les têtes. Il faut plutôt lever les têtes, ouvrir les têtes, et diversifier les têtes.
Lever les têtes, ouvrir les têtes, diversifier les têtes.
1 commentaire
Je ne crois pas que l’on puisse réformer quoi que ce soit en France ! Marylise Le Branchu a toujours agi contre les intérêts bretons : c’est la continuation moderne de l’action des Rohan qui mirent leur immense fortune au service de l’envahisseur.
Sa plus grande gloire fut de rétablir la carence de 1 jour pour les fonctionnaires, alors que les travailleurs du privé, eux, gardent leurs 3 jours de carence! Tout est dit, et ça ne sent pas la rose!
En ce moment, elle lutte contre l’indépendance du Crédit Mutuel Arkea : fidèle à elle-même. Autant de constance forcerait le respect s’il ne donnait pas la nausée…
Lisez « Bien-Vivre », édité par l’Institut de Locarn (à commander à l’Institut), et surtout les 50 dernières pages écrites par Alain Glon : quel talent ! Quelle vision pour la Bretagne! Quelle sincérité! Voilà un texte que je relirai plusieurs fois, un texte qui peut devenir fondateur pour peu qu’il y ait de nombreux bretons de tous âges à se retrousser les manches en se disant « deomp dezhi ! »
Car » Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin! » Tout est dit !