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Jean Michel,
Récemment on relançait le débat sur des excuses officielles de la République Française à propos de la colonisation de l’Algérie.
Combien parmi les défenseurs de la langue bretonne, après l’évocation du sujet n’ont pas laissé échapper un « Et imagine qu’un jour Paris présente ses excuses à la Bretagne !’ »
« Quel est le rapport ?! »
Rétorqueraient d’autres.
Citons d’abord l’un des pères de l’identité républicaine.
«Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles.
Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.»
Jules Ferry (28 juillet 1885)
A l’école, l’instruction publique se présente elle-même, tant bien que mal, sous son meilleur jour. On y présente la rigidité, pour ne pas dire la violence qui pouvait y régner sous un regard romantique, presque nostalgique. Et les lavages de cerveaux qui ont permis la boucherie de la Grande Guerre, seraient également à replacer dans leur contexte.
Mais de quel contexte parle-t-on ?
Celui où l’on trouvait légitime de placer un petit club fermé de soit-disant « races » ou nations à la tête de toutes les autres. Celui qui, en son nom, encourageait actes et paroles à trahir le concept de civilisation. Est-ce que les Bretons faisaient partie de ce club ? Non, ils faisaient partie de ceux dont la langue, l’Histoire, et jusqu’au nom, devaient – et doivent toujours – être tués. La francisation, c’est-à-dire la destruction culturelle de la Bretagne dont nous sommes encore victimes, s’est faite à marche forcée. En s’attaquant aux plus vulnérables, la République avait développé en Bretagne les techniques dont elle devait se servir plus tard pour commettre son « œuvre civilisatrice » dans les autres colonies.
Bien-sûr, on ne nettoyait pas les peaux des petits Bretons à la javel pour la rendre plus blanche.
Les Bretons n’étaient pas assez foncés pour inspirer complètement l’imagination tyrannique dont les hussards noirs ont su, plus tard, user et abuser ailleurs. Mais il faut savoir que, toutes proportion gardées, la République a fauté en Bretagne. Et qu’ainsi, toutes proportions gardées, il s’agirait aussi pour elle de s’en excuser un jour.
Dans l’éventualité où cette idée traverse traverse prochainement l’esprit de Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale. En cette période électorale. Je me propose donc de lui fournir gracieusement ce petit cours de breton.
Le terme pour « excuse » est Digarez.
Avec le suffixe -iñ il forme le verbe digareziñ, pour « excuser ». Pour demander « excusez-moi ! » on utilisera l’impératif de la seconde personne du pluriel: Digarezit ac’hanon! Ou dans un registre plus soutenu Ma digarezit!
Mais comme chacun sait, Monsieur le Ministre est de la vieille école, on n’ordonne pas ses excuses, mais on les présente humblement. Peut-être préférera-t-il, dans ce cas, savoir comment dire « Au nom de toute la France, je présente mes plus plates excuses aux Bretons parlant toujours leurs langues. Dont seule la beauté égale l’ancienneté, ainsi qu’à ceux en ayant étés dépossédé, pour la politique d’extermination à l’encontre des premiers. Ainsi que pour tous les actes de marginalisation, de discrimination et de diffamation dans les yeux des seconds, desquels mon institution a la charge depuis l’an 1870« .
Jean Michel, il suffisait de demander :
En anv ar Frañs a-bezh e ginnigan ma uvelañ digarezioù d’ar Vreizhiz, ar re a gomz dalc’hmat o yezh. Kaer genedus ha kaer gozh, koulz hag ar re all kollet anzhi gant keuz don ha kalet, da-geñver al levierezh diouenañ e-keñver ar re gentañ. A-gevret gant an holl oberioù marzelaat, gwall-zispartiñ ha fallvrudañ e daoulagad ar re all, pe-re eo bet karg ma ensavadur d’o lakaat e pleustr abaoe ar bloaz 1870.