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Hydrofoils maritimes : Bluefins en Bretagne face à Wavefoil et Hull Vane en Europe

de NHU Bretagne

Hydrofoils maritimes

Hydrofoils maritimes dans trois pays européens.
Le transport maritime mondial reste l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre.
Chaque année, des millions de tonnes de CO₂ sortent des cheminées des cargos, pétroliers et ferries. Pourtant, de nouvelles solutions émergent.

Parmi elles, les hydrofoils maritimes attirent de plus en plus l’attention. Inspirés du biomimétisme ou de l’hydrodynamique de pointe, ces systèmes innovants promettent de réduire la consommation de carburant et donc les émissions polluantes.

En Europe, trois pays se distinguent : la Bretagne, la Norvège et les Pays-Bas.
Chacun développe une approche différente.
Mais tous partagent le même objectif : contribuer à la décarbonation maritime et à un transport maritime durable.

Bluefins (Bretagne) : l’innovation biomimétique

À Brest, grand port maritime de Bretagne occidentale, la start-up bretonne Bluefins fait parler d’elle depuis 2020.
Son concept repose sur une idée simple et puissante : utiliser le mouvement naturel des vagues pour propulser les navires.

Le système Bluefins se compose d’un foil articulé fixé à la poupe. Inspiré des nageoires de baleine, il transforme le tangage provoqué par la houle en poussée supplémentaire. Résultat : le navire avance plus vite avec moins de carburant.

D’après ses concepteurs, ce dispositif permettrait de réduire d’au moins 20 % la consommation de carburant. Ce chiffre est considérable quand on connaît le poids financier du fioul lourd et son impact environnemental. Les économies de carburant sur navires se traduisent directement par une baisse des émissions de CO₂, de NOx et de SOx.

Mais Bluefins ne s’arrête pas là. Le système est relevable automatiquement lorsque la mer n’est pas favorable. Ainsi, il ne gêne pas les manœuvres portuaires ni les opérations de chargement. De plus, il peut être installé aussi bien sur des navires neufs que sur des unités déjà en service grâce au retrofit.

La Bretagne, grâce à Bluefins, se place donc à l’avant-garde des énergies marines renouvelables appliquées au transport. Le projet bénéficie du soutien d’Ifremer et de plusieurs investisseurs, preuve que l’innovation brestoise inspire confiance.

Cependant, le défi reste immense. Pour convaincre armateurs et compagnies maritimes, Bluefins doit encore prouver l’efficacité du système sur différentes routes océaniques. Les premiers essais laissent entrevoir un avenir prometteur. La réussite brestoise pourrait bien transformer la vision de la propulsion navale innovante.

Wavefoil (Norvège) : pionnier validé en mer

En Norvège, la société Wavefoil a pris une longueur d’avance. Née à Trondheim, issue des recherches universitaires locales, elle a développé un système basé sur des foils rétractables placés à l’étrave.

Le principe est clair : quand le navire affronte la houle de face, les foils convertissent cette énergie en poussée utile. Comme chez Bluefins, il ne s’agit pas de remplacer la propulsion principale mais de la compléter. Cette innovation contribue à la réduction des émissions navires et améliore en même temps le confort des passagers.

En effet, les foils Wavefoil réduisent fortement le tangage. Résultat : moins de fatigue pour l’équipage, meilleure stabilité pour les passagers, et une efficacité énergétique renforcée.

Les gains mesurés en conditions réelles sont intéressants. Sur le ferry MF Teistin, exploité aux îles Féroé, Wavefoil a prouvé une économie d’environ 9 à 10 % de carburant. Dans d’autres conditions, la société avance des chiffres pouvant atteindre 15 %.

Contrairement à beaucoup de projets encore au stade de prototype, Wavefoil a déjà franchi la phase critique des tests en mer. Ses foils sont opérationnels et installés sur plusieurs navires. Cela lui donne un avantage de crédibilité face à des armateurs souvent frileux sur les nouvelles technologies.

Cependant, l’enjeu principal reste le même que pour Bluefins : prouver la rentabilité à long terme. Les coûts d’installation et d’entretien doivent s’amortir par les économies réalisées. Wavefoil peut toutefois s’appuyer sur une image solide : celle d’un pionnier de la propulsion navale innovante en Europe du nord.

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Hull Vane (Pays-Bas) : l’expérience industrielle

Aux Pays-Bas, l’entreprise Hull Vane a choisi une autre voie. Ici, pas de foil articulé ou rétractable, mais un hydrofoil fixe installé à la poupe du navire.

Le rôle de ce dispositif est différent.
Plutôt que de transformer directement l’énergie de la houle en poussée, le Hull Vane agit sur la réduction de la traînée hydrodynamique. En pratique, cela signifie que le navire glisse mieux dans l’eau, consomme moins de carburant et offre une plus grande stabilité.

Les résultats sont impressionnants. Selon le type de navire, les gains varient entre 5 et 25 %. Dans la majorité des cas, ils se situent autour de 13 à 23 %. Pour un armateur, cela représente des économies substantielles et une nette réduction des émissions polluantes.

Mais l’atout principal de Hull Vane reste son avancement industriel. L’entreprise a déjà équipé plus de 80 navires dans le monde : yachts, cargos, navires militaires et même unités gouvernementales. Cette crédibilité constitue un argument décisif. Contrairement à Bluefins ou Wavefoil, Hull Vane a franchi la barrière du déploiement massif.

Évidemment, tout n’est pas parfait. Le foil étant fixe, il ne peut pas être relevé en eaux peu profondes, ce qui limite certaines applications. De plus, son efficacité dépend beaucoup de la forme de la coque et de la vitesse du navire.

Malgré ces contraintes, Hull Vane a réussi à s’imposer comme une référence dans le domaine des hydrofoils maritimes. Les armateurs qui cherchent des solutions éprouvées et déjà certifiées se tournent de plus en plus vers cette technologie venue des Pays-Bas.

Trois approches, un même objectif

Ces trois entreprises – Bluefins en Bretagne, Wavefoil en Norvège et Hull Vane aux Pays-Bas – illustrent bien la diversité des hydrofoils maritimes. Toutes poursuivent le même but : rendre le transport maritime durable en réduisant la consommation de carburant. Mais leurs méthodes diffèrent.

Bluefins mise sur le biomimétisme. Son foil articulé de poupe utilise le tangage pour générer une poussée active. C’est l’approche la plus ambitieuse, avec une promesse d’économies supérieures à 20 %. Encore jeune, la société doit transformer ses prototypes en installations réelles et prouver la robustesse de son système.

Wavefoil, de son côté, privilégie la sécurité des preuves en mer. Ses foils d’étrave sont rétractables et déjà testés sur des ferries en conditions réelles. Les résultats montrent environ 10 % d’économies de carburant, avec un impact direct sur la réduction des émissions navires. Moins spectaculaire que Bluefins sur le papier, mais plus avancé dans l’adoption.

Hull Vane, enfin, a choisi la simplicité industrielle. Son foil fixe de poupe ne génère pas de poussée mais réduit la traînée. Avec des gains situés entre 5 et 25 %, il s’est imposé sur le marché avec plus de 80 installations déjà réalisées. C’est l’acteur le plus mature du secteur.

Ainsi, trois chemins mènent à la même destination. Les solutions bretonne, norvégienne et néerlandaise démontrent que les économies de carburant navires peuvent passer par des innovations hydrodynamiques. Chacune a ses avantages, ses limites et son public cible.

En Bretagne, la présence de Bluefins place le pays sur la carte européenne des technologies maritimes de demain.
Elle confirme que la mer est non seulement un espace de transport mais aussi un laboratoire d’innovations énergétiques.

Les hydrofoils maritimes ne sont plus de simples concepts d’ingénieurs.

De Brest à Trondheim, de Wageningen à l’Atlantique, ils deviennent des solutions crédibles pour accompagner la décarbonation maritime.

Bluefins, en Bretagne, incarne la voie du biomimétisme audacieux.
Wavefoil, en Norvège, représente la solidité des premiers tests réussis.
Hull Vane, aux Pays-Bas, montre que l’expérience industrielle peut déjà convaincre les armateurs.

Chacune de ces approches participe à une transformation en profondeur du transport maritime durable.
Face à l’urgence climatique, la mer devient un terrain d’innovation. Les ports bretons, comme ceux d’Europe du Nord, pourraient demain accueillir des navires équipés de ces systèmes.

En misant sur l’intelligence de la nature, l’hydrodynamique de pointe et le savoir-faire européen, ces entreprises prouvent qu’il est possible d’allier efficacité économique et respect de l’environnement.
La Bretagne, avec Bluefins, a toute sa place dans cette révolution silencieuse.

En savoir plus sur la start-up bretonne : https://bluefins-systems.com/

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