Au nom de la « transition écologique » nos administrateurs nous assènent à longueur de journée que nous devons impérativement et rapidement quitter les carburants fossiles.
Hier, Elisabeth BORNE, Ministre française des transports affirmait : « On va investir 3.6 milliards d’euros par an pour remettre en état le réseau des trains du quotidien, et un milliard d’euros pour les routes afin de désenclaver les territoires« .
Dérisoire pour un trop grand Hexagone.
Et dans le même temps, ils ferment des liaisons ferroviaires en Bretagne.
Quand on veut tuer son chien, on lui trouve la rage …
Comment fermer une ligne ferroviaire ou aérienne en Bretagne en quatre temps :
– Réduire sciemment l’entretien des équipements existants et les investissements pour l’avenir …
– Attendre patiemment les incidents. Bricoler un peu pour donner l’impression qu’on répare et jurer les yeux dans les yeux qu’il est hors de question de toucher à cette ligne « si importante pour le territoire, les usagers …. bla bla« .
– Laisser filer la clientèle et promouvoir d’autres moyens de transport … pardon, de mobilité !
– Affirmer qu’elle n’est plus rentable, et la fermer.
25 kilomètres de voie ferrée entre Morlaix et Roscoff, exploitée par la SNCF.
C’est exactement ce schéma classique qui a été mis en oeuvre pour « exploiter » ce modeste tronçon ferroviaire depuis des années. On ne dit pas « gérer » mais « exploiter » à la SNCF. Définition du mot « exploiter » : tirer parti de, faire rendre les meilleurs résultats. Tout est dit. La ligne ferroviaire n’est pas là pour rendre un service aux populations. Elle est exploitée pour le profit financier de son exploitant.
A compter du 1er Janvier 2019, ce serait la région Bretagne administrant quatre des cinq départements bretons qui devait exploiter cette ligne. Et non plus la SNCF qui se désengage des lignes périphériques non rentables, pour les refourguer aux régions.
Depuis 2015, pour des raisons de sécurité, la vitesse y est limitée à seulement 40 km/h. Le temps de parcours est ainsi passé de 28 à 47 minutes. Puis cet été les pluies d’un gros orage emporte la voie, fragilisée par manque d’entretien depuis déjà longtemps. Entraînant la fermeture temporaire de la ligne. Le temps des réparations.
Il y a un double mensonge à ce niveau.
Le premier est d’essayer de nous faire croire que la volonté politique est de réduire la pollution automobile. Et l’actualité jaune et brûlante nous le rappelle. Non, la volonté politique est « d’exploiter » ce prétexte pour faire plus de profit financier.
Et le second est d’essayer de nous faire croire qu’il faut fermer cette petite ligne ferroviaire bretonne parce qu’elle n’est plus rentable. Elle n’est plus rentable parce que ces mêmes politiques et la SNCF ont tout fait pour qu’elle devienne non rentable. Et la tuer.
Si vous vouliez vraiment cette « transition écologique » pour améliorer notre environnement, vous ne fermeriez pas des modes de transports publics les moins polluants au profit des plus polluants.
La région Bretagne dépense sans compter pour la SNCF.
Oui mais seulement pour la ligne mère : aller à Paris. Éventuellement en revenir. Pour la ligne à grande vitesse entre la gare de Rennes et celle de Montparnasse à Paris, un milliard d’euros a été offert à la SNCF par la région Bretagne. Mais entre les gares de Rennes et de Nantes dans l’est et le sud de la Bretagne, et les 80% de territoires plus occidentaux, rien. Ou si peu que s’en est rien. Et pour contrecarrer ce constat, nos collectivités locales ont dépensé près de quatre vingt dix millions d’euros pour rénover les moins de cent kilomètres entre Kemper et Brest. Alibi : vous voyez bien qu’il n’y en a pas que pour aller à Paris. Cette ligne à grande vitesse sera finalement plus nocive que salutaire pour nous, Bretonnes et Bretons. Déjà, en seulement quelques mois, les prix de l’immobilier s’envolent. Et les habitants des territoires côtiers ont du mal à se loger pour cause de hausse déraisonnable des prix des terrains et des loyers. A ce rythme, la Bretagne va devenir une ehpad et un terrain de vacances pour Parisiens aisés.
Notre argent public breton sert plus aux lignes non bretonnes qu’aux bretonnes.
La transition écologique n’est qu’un prétexte.
Car c’est toujours au nom d’une bonne raison que l’État central nous ment. Au nom de causes pour lesquelles nous ne pouvons être que d’accord : notre sécurité, notre environnement … Qui serait contre ?
Il y a les effets d’annonces et les promesses des politiciens d’un côté, pour 2020, pour 2030 … De l’autre côté, ces mêmes irresponsables politiques parisiens font très précisément le contraire sur le terrain. Et leurs fidèles partenaires régionaux bretons assurent l’après-vente de ces mensonges de plus en plus grossiers.
Il est temps que les Bretonnes et les Bretons organisent, aussi leur transition écologique, eux-mêmes. Qui mieux que nous savons ce dont nous avons besoin ?
Photo : Our Little Family