En Bretagne les femmes ne prenaient pas le nom de leur mari.

En Bretagne, les femmes ne prenaient pas le nom de leur mari

de NHU Bretagne

Une identité qui ne se mariait pas

En Bretagne les femmes ne prenaient pas le nom de leur mari.
Mais en France, la coutume veut que les femmes mariées prennent le nom de leur mari. Ce réflexe patriarcal est solidement ancré dans les mentalités. Pourtant, il n’a jamais été une obligation légale. Encore moins une tradition bretonne.

En effet, pendant des siècles, les Bretonnes ont continué à porter leur propre nom, même après leur mariage. Dans les campagnes comme dans les bourgs, elles étaient connues sous leur nom de naissance. On disait « Aziliz Kerloc’h« , et non « Madame Jean Dupont ». Cette pratique était ancrée dans la culture locale. Elle se transmettait naturellement, sans besoin de militantisme ou de droit écrit.

Une tradition bretonne respectueuse des femmes

Contrairement aux idées reçues, la Bretagne traditionnelle était loin d’être une société entièrement patriarcale. Le respect des femmes passait aussi par le respect de leur identité. Garder son nom, c’était rester soi-même, même mariée. C’était affirmer son origine, son clan, sa lignée. Dans une société paysanne où le nom était un marqueur social fort, cela avait du sens.

De plus, ce n’était pas un acte d’indépendance moderne. C’était simplement un usage. Ni politique, ni revendicatif. Juste logique. Dans les paroisses rurales, la notoriété familiale comptait plus que le statut marital. On savait très bien qui était qui, sans avoir besoin de changer de nom.

Le droit français n’a jamais imposé le changement de nom

Contrairement à une idée répandue, le droit civil français n’a jamais obligé les femmes à prendre le nom de leur mari.
Le Code civil, depuis Napoléon, reconnaît que le nom est inaliénable. En d’autres termes, chacun conserve son nom de naissance à vie.

Cependant, dans la pratique, la société française a imposé un usage contraire. Une femme mariée devenait « Madame + nom du mari ». Elle perdait symboliquement son identité. Même si ses papiers officiels mentionnaient toujours son nom de naissance, ce dernier disparaissait peu à peu de l’espace public.

En Bretagne, une autre logique sociale

Or, en Bretagne, cette logique n’avait pas cours.
Les femmes mariées étaient connues sous leur nom à elles. Et cela ne choquait personne. Cette coutume était notamment forte dans les campagnes de Bretagne occidentale, en Cornouaille, Léon et Trégor. Elle a persisté jusqu’aux années 1950-1960, avant de reculer sous la pression de la société française centralisée.

Dans ces milieux ruraux, le nom avait une fonction bien plus communautaire que matrimoniale. Il identifiait une maison, une famille, une régione. Une femme Le Berre restait Le Berre. Même après avoir épousé un Le Floch. Personne n’aurait songé à l’appeler autrement.

Ensuite, la République a imposé ses usages

Mais peu à peu, l’uniformisation républicaine a gommé ces différences. Celle-là et bien d’autres.
L’école « républicaine », l’administration jacobine, les formulaires d’état civil ont tous diffusé la norme « française » : Madame + nom du mari.
Les femmes bretonnes ont fini par rentrer dans le moule. Parfois à contre-cœur. Parfois sans s’en rendre compte.

Aujourd’hui, les jeunes générations redécouvrent qu’il n’est pas obligatoire de changer de nom. Certaines choisissent même de ne pas le faire, par conviction. D’autres utilisent les deux noms, ou inversent la tradition. Mais elles ignorent souvent que cette « nouveauté » était en réalité la norme en Bretagne il y a encore quelques décennies.

Une modernité oubliée

Ironiquement, ce que la société française considère aujourd’hui comme un progrès féministe existait déjà ici. Il y a longtemps. En Bretagne, on n’avait pas besoin de lois pour respecter l’identité des femmes. Cela allait de soi. Ce respect était culturel, pas politique.

Il serait bon de le rappeler plus souvent. Non par nostalgie, mais pour réaffirmer la richesse des traditions bretonnes.
Et pour montrer que l’uniformité imposée par Paris a souvent effacé des pratiques bien plus modernes que les siennes.

En Bretagne les femmes ne prenaient pas le nom de leur mari : un héritage à faire revivre

Ainsi, remettre en lumière cette coutume, c’est redonner de la voix à une Bretagne qui respectait ses femmes.
C’est dire que nos traditions ne sont pas ringardes. Au contraire, elles sont parfois plus justes que les lois imposées d’en haut.

Et si l’on veut bâtir une société bretonne plus libre, plus égalitaire, il faut aussi savoir se souvenir de ce que nos grands-mères faisaient déjà.
Garder son nom, c’est garder son identité. C’est rester soi. Et c’est, finalement, un bel acte de liberté.

Selon le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC), laboratoire interdisciplinaire Brest–Rennes spécialisé en ethnologie bretonne, porter son nom de naissance après le mariage faisait partie des usages sociaux traditionnels bretons .

Illustration header designed by Freepik

Soutenez votre média breton !

Nous sommes indépendants, également grâce à vos dons.

A lire également

1 commentaire

Rene Guyomarch 7 juillet 2025 - 4h02

En Bretagne bretonnante, elles gardaient effectivement le nom de leur père.

Répondre

Une question ? Un commentaire ?

Recevez chaque mois toute l’actu bretonne !

Toute l’actu indépendante et citoyenne de la Bretagne directement dans votre boîte e-mail.

… et suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Notre mission

NHU veut faire savoir à toutes et tous – en Bretagne, en Europe, et dans le reste du monde – que la Bretagne est forte, belle, puissante, active, inventive, positive, sportive, musicienne…  différente mais tellement ouverte sur le monde et aux autres.

Participez

Comment ? en devenant rédacteur ou rédactrice pour le site.
 
NHU Bretagne est une plateforme participative. Elle est donc la vôtre.