indépendance de la presse en Bretagne

Indépendance de la presse en Bretagne et subventions d’État

de NHU Bretagne

Indépendance de la presse en Bretagne ou presse sous contrôle ?

Les médias occupent une place centrale dans nos Démocraties, notamment en tant que relais d’information et de débat.
Mais l’indépendance des médias est souvent remise en question, en particulier dans des régions où les grands titres locaux jouent un rôle crucial. En Bretagne, plusieurs grands noms de la presse quotidienne régionale cohabitent avec des titres de plus petite envergure.
Toutefois, la question qui se pose est celle de leur indépendance : ces médias peuvent-ils réellement exercer leur rôle de manière indépendante tout en étant fortement subventionnés ? Cet article se penchera sur les caractéristiques des médias bretons, leur financement et la portée des subventions qu’ils perçoivent, afin de répondre à cette question cruciale.

Qu’est-ce qu’un média indépendant ?

Définition d’un média indépendant

Un média indépendant est « un organe de presse qui n’est soumis à aucune pression politique, économique ou institutionnelle dans la production de ses contenus« .
Cette indépendance se mesure à plusieurs niveaux : l’EFP comme Éditorial, Financier et Pluriel.

  • Éditorial : Un média indépendant doit être libre de ses choix éditoriaux sans interférence d’acteurs extérieurs (gouvernements, institutionnels, entreprises, etc.).
  • Financier : Les médias indépendants sont souvent autofinancés ou soutenus par des fonds privés, mais sans qu’il y ait de conflit d’intérêt ou de lien trop étroit avec les pouvoirs en place.
  • Pluriel : L’indépendance se traduit aussi par la diversité des opinions et des voix présentes au sein des médias, ce qui garantit une information pluraliste et démocratique.

En Bretagne, cette indépendance est d’autant plus importante, que le pays dispose de nombreux titres locaux et régionaux qui jouent un rôle crucial dans la diffusion de l’information.
Parmi les médias écrits indépendants, notons la présence depuis plus de soixante ans du Peuple Breton, mensuel de l’UDB Union Démocratique Bretonne.

Indépendance de la presse en Bretagne
Lisez Le Peuple Breton

Définition d’un média d’état

La vraie indépendance d’un média est son financement.
Comment un média d’information peut-il être indépendant s’il est largement financé par un tiers ?
Idéalement, un média indépendant devrait être financé par ses lecteurs et la publicité. Si c’est un gouvernement ou un institutionnel qui finance à hauteur conséquente, on peut parler de média d’État. A ce stade, pour ne pas déplaire au financeur, au souteneur, sans lequel, pour certains médias, il serait impossible d’exercer; on doit écrire ce que ce souteneur souhaite. Au mieux, il s’agit d’une auto-censure : la rédaction sait ce qu’elle doit écrire pour « mériter » son gros chèque de fin d’année.

Le rôle des médias en Bretagne

A ce sujet, doit-on parler de « médias bretons » ou de « médias exerçant en Bretagne » ?
Vous allez nous dire qu’on chipote et qu’on joue sur les mots. Soit, mais les mots ont un sens.

Les médias sont essentiels pour maintenir une information de proximité, particulièrement dans un contexte où la presse parisienne dominante a trop souvent tendance à oublier la Bretagne.
La Bretagne, avec son identité culturelle forte et ses spécificités politiques, sociales et économiques, bénéficie de l’existence de plusieurs titres régionaux. Ceux-ci ont la mission de traiter des sujets locaux, mais aussi de participer à la réflexion sur les grands enjeux politiques, sociaux et économiques.

Les trois grands médias d’état exerçant en Bretagne ?

En Bretagne, trois grands médias d’état dominent le paysage médiatique, notamment dans le domaine de la presse écrite.

  • Ouest-France : Depuis 1944, Ouest France est le nom plus présentable de l’Ouest Éclair qui avait largement collaboré avec le régime nazi et ses alliés français. Ouest-France est le plus grand quotidien régional de l’Hexagone, avec une large diffusion dans toute la Bretagne. Il est un acteur clé de la presse quotidienne régionale (PQR). Ouest-France est souvent perçu comme un média « modéré », avec une ligne éditoriale plutôt centriste. Il est cependant critiqué par certains pour ses liens avec des puissances économiques et politiques. Il est le plus souvent loyaliste et aligné sur la vision jacobine du pouvoir central … qui le finance avec une générosité que nous savons désintéressée 🙂
  • Le Télégramme : Journal historique en Bretagne, Le Télégramme est un autre acteur majeur de la presse bretonne. Il couvre principalement l’actualité locale et régionale en Bretagne et en Normandie. Comme Ouest-France, il bénéficie d’une large diffusion et est perçu comme un média populaire.
  • Presse Océan : Ce quotidien, ancré dans le sud de la Bretagne, appartient au groupe SIPA-Ouest-France, ce qui soulève des questions sur les éventuels conflits d’intérêts dans la gestion de ces titres.
La « pluralité » de la presse en Bretagne ? Une façade : tous ces titres appartiennent au groupe Sipa Ouest France

La presse hebdomadaire et trimestrielle en Bretagne

Loire Atlantique
Le Courrier du Pays de Retz
L’Écho de la Presqu’île
L’Éclaireur de Châteaubriant

Côtes d’Armor
Le Courrier Indépendant vers Loudéac
Le Trégor vers Lannion / Lannuon
La Presse d’Armor vers Paimpol / Pempoull
Le Penthièvre vers Saint Brieuc / Sant Brieg
L’Écho de l’Armor et de l’Argoat vers Guingamp / Gwengamp
Le Petit Bleu vers Dinan

Finistère
Côté Morlaix / Montroulez
Le Courrier du Léon
Côté Brest
Le Progrès de Cornouaille
Côté Quimper / Kemper

Ille et Vilaine
Le Pays Malouin vers Saint Malo / Sant Maloù
Le Journal de Vitré / Gwitreg
La Chronique Républicaine vers Fougères / Felger

Morbihan
La Gazette du Centre Morbihan vers Locminé / Logunec’h
Le Ploërmelais vers Ploërmel / ¨Ploermael
Pontivy Journal vers Pontivy / Pondi

Les aides d’argent public à la presse hexagonale d’après La Lettre – Source : Ministère français de la Culture

Indépendance de la presse en Bretagne … et financement public

Depuis 1942, la presse hexagonale bénéficie « d’aides à la presse« , officiellement dans le but « de favoriser le pluralisme médiatique« .
En 2023, le Ministère français de la Culture a versé quelques 205 millions d’euros sous plusieurs prétextes : « aide au transport et à la diffusion« , « investissement en faveur de la modernisation« , « aide papier » (pour palier les hausses de matière première), « aide aux quotidiens régionaux« , » fond de soutien aux médias« , « aides indirectes« , etc …

Derrière les prétextes, une seule et vraie raison : contrôler la presse et veiller à ce qu’elle propage une certaine vision des faits, la vision du pouvoir central.

En 2023, 809 titres ont reçu des chèques du pouvoir central, contre en moyenne 436 durant la période 2020-2022.
Beaucoup de ces titres n’existeraient tout simplement plus sans leur chèque de fin d’année. Et le quasi totalité des autres seraient en grande difficulté

Le magazine Bretons est un titre de … Ouest France. Tiens, encore eux !

Ouest-France et Groupe Sipa

Ouest-France, en tant que leader de la presse publiée en Bretagne, bénéficie de subventions importantes. En 2023, le très jacobin Ouest France a reçu plus de quatorze millions d’euros de l’État central dans le cadre du « dispositif de soutien à la presse écrite« . Bien que les montants exacts varient d’une année à l’autre, Ouest-France a régulièrement touché plusieurs millions d’euros d’aides, ce qui suscite des interrogations sur l’influence de l’État central sur ses choix éditoriaux. Il est également notable que la majorité de ces aides proviennent des fonds nationaux, ce qui met en question l’indépendance d’un média qui doit, en partie, son financement à l’État.

collabos bretons
Ouest-Éclair et La Dépêche de Brest, anciens noms respectifs des actuels Ouest-France et Le Télégramme, furent-ils des collabos ? Excellent livre aux Éditions Yoran Embanner

Le Télégramme

Le Télégramme, bien qu’étant un média indépendant dans son fonctionnement, est également bénéficiaire de subventions publiques. En 2023, des aides directes à la presse locale, au travers de crédits d’impôt ou de soutien à la modernisation de l’entreprise de presse, sont venues renforcer la solidité de sa situation financière, à hauteur de 2,6 millions d’euros.

Presse Océan

Étant un quotidien appartenant au groupe SIPA-Ouest-France, Presse Océan bénéficie également d’un financement public. Les subventions auxquelles il a droit se chiffrent en millions d’euros par an, bien que, là encore, des montants précis varient selon les années et les dispositifs en place.

tu ne mords pas la main qui te nourrit
Tu ne mords pas la main qui te nourrit, par NHU Bretagne

Les montants des aides perçues en 2022-2023

Les chiffres exacts des subventions perçues par ces médias varient d’une année à l’autre, mais voici une estimation des montants reçus par les grands médias bretons :

  • Ouest-France : Plus de 14 millions d’euros d’aides publiques en 2023, principalement sous forme de subventions et d’aides fiscales.
  • Le Télégramme : Près de 3 millions d’euros de subventions publiques pour la même période.

Ces chiffres témoignent de l’importance de l’aide publique dans le modèle économique de ces médias, qui dépendent en grande partie de ce soutien pour maintenir leur fonctionnement.

Un média largement subventionné par le pouvoir central peut-il sérieusement être indépendant ?

La question de l’indépendance des médias publiant en Bretagne, ou de tout autre média largement subventionné, est légitime. En théorie, une subvention publique ne remet pas en cause l’indépendance d’un média, à condition que les financements ne soient pas conditionnés à des choix éditoriaux spécifiques. Cependant, dans la pratique, des liens financiers entre les médias et les institutions publiques peuvent influencer, à plus ou moins grande échelle, la ligne éditoriale.

Les critiques à ce sujet sont nombreuses.

En effet, les subventions publiques peuvent créer une dépendance qui rend difficile la critique du pouvoir en place. Certains observateurs estiment qu’un média qui bénéficie d’aides substantielles de l’État peut être plus enclin à soutenir des politiques favorables au gouvernement, ou, du moins, à ne pas remettre en cause des politiques publiques impopulaires.

Cela ne signifie pas que tous les journalistes des médias exerçant en Bretagne sont influencés par ces subventions, mais il est difficile de nier que l’indépendance financière, qui est souvent un gage d’indépendance éditoriale, est mise à mal par une telle dépendance aux fonds publics. Si le média qui vous paye à la fin du mois a des problèmes financiers et doit licencier … on vous laisse imaginer la suite!

La question de l’indépendance des médias en Bretagne, comme dans le reste de l’Hexagone, est complexe.
Les subventions publiques jouent un rôle crucial dans le financement de certains grands titres, mais elles soulèvent aussi des interrogations sur la véritable liberté éditoriale de ces organes de presse. Si les subventions sont essentielles à la survie de ces médias locaux, il demeure un défi pour ces derniers de maintenir une ligne éditoriale véritablement indépendante, surtout lorsqu’ils dépendent de l’aide publique pour leur fonctionnement.

Alors, information ou infopagande ?

L'indépendance de la presse en Bretagne
Quand il n’y a pas de débat contradictoire dans les médias sur un sujet, c’est qu’on te manipule

NHU Bretagne est un média financièrement indépendant

Nous sommes un média modeste, voire très modeste, par rapport aux trois principaux titres cités plus haut dans cet article. Mais contrairement à eux, nous sommes financièrement indépendants, donc totalement libres d’expression.
NHU Bretagne n’est lié à aucun syndicat, à aucun parti politique, à aucune structure institutionnelle.
Nous n’avons de compte à rendre à personne, sauf à nos lecteurs.
Personne ne nous dicte notre ligne éditoriale.
Il n’y a aucun journaliste (par ailleurs, et pour beaucoup, de moins en moins « journalistes » et de plus en plus « influenceurs) à NHU Bretagne, seulement des Citoyennes et des Citoyens, comme vous et moi, qui viennent librement s’exprimer à propos de la Bretagne.

L'indépendance de la presse en Bretagne
Information ou infopagande ?


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3 commentaires

Colette TRUBLET 21 novembre 2024 - 10h48

Merci pour cette mise au point très claire. Nous savons tous que le système est pourri. Le conflit d’intérêt règne en maître. Je viens de cliquer sur le bouton « faire un don » à NHU, j’ai en réponse une fenêtre paypal qui raconte que la connexion n’existe pas . Bon je vais me débrouiller autrement mais j’ai comme un doute / Big Brother veille à notre insu? Pourquoi paypal répond-il? Je ne lui ai rien demandé, moi ! J’aimerais bien un abonnement payant à NHU?
Colette Trublet

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nhu Bretagne nhu Brittany
NHU Bretagne 21 novembre 2024 - 11h24

Bonjour Colette, et merci. Nous rencontrons un petit souci avec PayPal que nous allons régler bientôt. L’Union Européenne impose de nouvelles obligations à PayPal pour mieux contrôler. A ce jour, NHU Bretagne n’est ni une société ni une association, et la nouvelle directive nous impose de devenir l’un ou l’autre pour continuer à bénéficier des facilités de ce mode de paiement. Nous réfléchissons à la solution. Dès que fait, nous vous préviendrons.

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AFB-EKB 17 janvier 2025 - 13h24

A propos « presse libre » en Bretagne.
Il aurait été bon de s8gnaler aussi l’ Avenir de la Bretagne fondé en 1957…qui ne bénéficie, bien sur, aucune subvention de l’ etat français.

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