tombeau des Ducs de Bretagne

Tombeau des Ducs de Bretagne : une ouverture historique

de NHU Bretagne

L’ouverture du tombeau des Ducs de Bretagne, à Nantes / Naoned, constitue un moment unique.

Tombeau des Ducs de Bretagne : l’ouverture historique qui révèle François II et Marguerite de Foix.
Jamais un tel geste n’avait été accompli depuis sa construction au XVIe siècle. Cette opération n’est pas un simple événement patrimonial. Elle touche directement à l’Histoire de la Bretagne et à la mémoire de ses derniers souverains. Car derrière le marbre blanc reposent François II et Marguerite de Foix, les parents d’Anne de Bretagne.
Ce couple incarne l’ultime défense d’un duché encore souverain.

François II, dernier duc de Bretagne

François II régna de 1458 à 1488. Il fut le dernier grand Duc de Bretagne indépendant.
Durant trente ans, il mena une politique constante pour préserver l’autonomie du duché face aux ambitions françaises. À une époque où le royaume de France consolidait son autorité, il chercha à maintenir la Bretagne dans le concert européen.

Pour y parvenir, il forgea des alliances avec les grandes puissances de son temps. L’Angleterre, l’Aragon et la Bourgogne furent ses partenaires dans une lutte d’équilibre. Ces choix avaient un objectif clair : préserver l’indépendance politique et militaire de la Bretagne.

La tension monta régulièrement avec Louis XI, puis avec Charles VIII. La guerre éclata en 1487. Elle culmina le 28 juillet 1488 avec la bataille de Saint Aubin du Cormier / Sant Albin an Hiliber. Cette confrontation fut un désastre. L’armée bretonne, pourtant soutenue par des contingents étrangers, fut écrasée par les forces françaises. Cette défaite marqua la fin de la résistance militaire bretonne.

Quelques semaines plus tard, François II mourut à Couëron / Koeron. Miné par l’échec, il laissa à sa fille Anne un duché affaibli, menacé de disparition. Pourtant, son action démontre une fidélité inébranlable à la cause bretonne. Jusqu’au bout, il refusa de se soumettre et incarna la volonté d’un peuple de rester maître de son destin.

Tombeau des Ducs de Bretagne
Tombeau des Ducs de Bretagne – gisants de François II et de Marguerite de Foix, parents de Anne de Bretagne, Duchesse de Bretagne

Marguerite de Foix, duchesse au destin discret

Marguerite de Foix, épouse de François II, est moins connue du grand public.
Née en 1449, elle appartenait à la prestigieuse maison de Foix, qui jouait un rôle majeur dans le sud-ouest du royaume de France. Par son lignage, elle était apparentée à plusieurs cours européennes.

En 1471, elle épousa le Duc de Bretagne. Cette union renforçait la position politique du duché, en l’inscrivant dans un réseau dynastique étendu. Marguerite n’eut pas une vie publique très exposée. Pourtant, elle assura la stabilité de la cour de Bretagne. Elle donna naissance à plusieurs enfants, dont Anne, en 1477. Cette dernière allait devenir l’une des plus célèbres figures de l’histoire de deux pays souvent ennemis : son pays, la Bretagne; et la France voisine.

La duchesse incarna la dignité et la continuité dynastique. Peu de chroniques lui consacrent de longs récits. Mais son rôle fut essentiel. Par son mariage, elle lia la Bretagne à une grande maison du Midi. Par son éducation, elle transmit à sa fille Anne de Bretagne le sens de la souveraineté et de l’honneur.

Les parents d’Anne de Bretagne au service de leur pays

François II et Marguerite de Foix formèrent un couple politique avant tout. Ils unirent leurs forces pour maintenir la Bretagne debout face à des adversaires puissants. Leur objectif était clair : transmettre à leur fille un héritage encore vivant.

Anne de Bretagne devint duchesse à seulement onze ans, à la mort de son père.
Sa jeunesse fut marquée par les épreuves. Pourtant, l’éducation reçue auprès de sa mère lui donna une solide conscience de son rôle. Deux fois reine de France, elle resta toujours Duchesse de Bretagne. Elle négocia ses mariages comme des alliances, et non comme une soumission.

L’exemple de ses parents fut déterminant. François II lui transmit le sens de la résistance politique. Marguerite lui donna une identité solide, enracinée dans une double tradition. Ensemble, ils laissèrent à Anne de Bretagne un héritage spirituel et politique : celui de défendre, coûte que coûte, la Bretagne.

Tombeau des Ducs de Bretagne
Tombeau des Ducs de Bretagne – gisants de François II et de Marguerite de Foix, parents de Anne de Bretagne, Duchesse de Bretagne

Le tombeau de Nantes / Naoned, chef-d’œuvre de la Renaissance

En 1502, Anne de Bretagne commanda un monument funéraire exceptionnel. Elle voulait honorer ses parents et affirmer la grandeur de la dynastie. Elle confia ce projet à Michel Colombe, grand sculpteur, et à Jean Perréal, architecte.

Le tombeau fut achevé en 1507. Réalisé en marbre de Carrare, il s’impose comme l’un des chefs-d’œuvre de la sculpture de la Renaissance en Europe. Les gisants de François et Marguerite reposent côte à côte, entourés de symboles puissants.

Aux quatre coins, les vertus cardinales — Force, Justice, Prudence, Tempérance — rappellent les valeurs d’un gouvernement idéal. Autour, des pleurants expriment la douleur de la perte. Des anges veillent sur le sommeil éternel des ducs. Des animaux symboliques, comme le lion et le lévrier, incarnent respectivement la puissance et la fidélité.

Ce monument n’est pas qu’un tombeau. C’est un manifeste politique. Il affirme que la Bretagne possédait une identité forte, une culture artistique raffinée et une mémoire digne des plus grandes dynasties européennes.

Tombeau des Ducs de Bretagne
Tombeau des Ducs de Bretagne – gisants de François II et de Marguerite de Foix, parents de Anne de Bretagne, Duchesse de Bretagne

L’ouverture du tombeau en 2023 : un moment unique

En 2023, pour la première fois depuis cinq siècles, le tombeau a été ouvert. Cette opération s’inscrivait dans une vaste restauration de la cathédrale de Nantes / Naoned.
L’incendie dramatique de 2020 avait accéléré la nécessité de consolider l’ensemble.

Les restaurateurs ont agi avec une extrême précaution. À l’intérieur du sarcophage, ils ont trouvé un coffre en bois. Ce dernier contenait des ossements humains. Les premières analyses ont montré qu’ils appartiennent à plusieurs individus différents. Les experts poursuivent leurs recherches pour tenter d’identifier ces restes.

Cette découverte soulève de nombreuses questions. Les manipulations successives, les déplacements au cours des siècles, compliquent la lecture archéologique. Certains spécialistes évoquent même la possibilité de retrouver des restes liés à Arthur III, ancêtre des ducs. Rien n’est encore confirmé, mais les perspectives sont passionnantes.

Une opération scientifique et patrimoniale

Au-delà de la curiosité, cette ouverture répondait à des impératifs scientifiques. L’intérieur du monument présentait des signes d’altération inquiétants. L’humidité et les sels minéraux avaient fragilisé la pierre. Le processus de dessalement et de consolidation engagé aujourd’hui est indispensable à sa survie.

Les restaurateurs utilisent des techniques de pointe. Nettoyage au laser, consolidation des fissures, contrôle de l’hygrométrie : chaque étape est pensée pour respecter l’intégrité de l’œuvre. L’objectif est de permettre au tombeau de traverser les prochains siècles sans dommage majeur.

Le public devra patienter jusqu’en 2026 pour revoir ce chef-d’œuvre. Mais les images déjà diffusées ont frappé les esprits. Elles rappellent combien ce patrimoine est fragile, et combien il demeure essentiel pour comprendre l’histoire de la Bretagne.

Tombeau des Ducs de Bretagne
Tombeau des Ducs de Bretagne – Cathédrale de Nantes / Naoned

Une mémoire vivante pour la Bretagne

L’ouverture du tombeau des Ducs de Bretagne n’est pas qu’une affaire d’archéologues.
Elle résonne profondément dans la conscience bretonne. Elle rappelle que ce duché fut autrefois souverain, qu’il eut ses propres rois et reines, et qu’il a laissé une empreinte durable dans l’histoire européenne.

François II et Marguerite de Foix ne sont pas seulement des figures du passé. Ils incarnent la résistance d’un peuple et la dignité d’une lignée. Leur tombeau, voulu par Anne de Bretagne, continue de parler aux générations actuelles.

Aujourd’hui, la restauration donne une nouvelle vie à ce monument. Elle permet de réaffirmer une identité, de transmettre une mémoire et de rappeler la richesse d’une histoire longtemps étouffée. La Bretagne peut, à travers cette opération, se réapproprier un pan essentiel de son passé.

L’ouverture du tombeau des ducs de Bretagne restera dans les mémoires.

Elle a permis de redécouvrir non seulement une œuvre d’art exceptionnelle, mais aussi une page fondamentale de l’histoire bretonne. François II et Marguerite de Foix reprennent ainsi place dans la mémoire collective.

En 2026, le public pourra contempler à nouveau le monument restauré. Il rappellera que la Bretagne, jadis souveraine, continue de transmettre son héritage à travers ses symboles. L’histoire de ses ducs demeure vivante. Et la pierre blanche de Nantes / Naoned, consolidée par les mains des restaurateurs, en sera le témoin éternel.

Ouverture du tombeau des Ducs de Bretagne – www.StudioSherlock.fr

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