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L’Élanion blanc niche maintenant en Bretagne.
Lors de la dixième édition des Rencontres Ornithologiques en Bretagne, l’association Bretagne Vivante a révélé en 2022 la présence de trois nouvelles espèces nicheuses : le Tarin des aulnes, le Balbuzard pêcheur, l’Élanion blanc. Nous nous réjouissions il y a quelques semaines, dans ces colonnes de la recolonisation du Balbuzard pêcheur. Qu’en est – il de la démographie en Bretagne de ce petit rapace ibérique nommé Élanion blanc – Elanus caeruleus ?
Une colonisation rapide et importante.
La phase expansive de l’Élanion blanc aurait débuté au cours des années 80, lorsque le petit rapace franchit les Pyrénées, et niche la décennie suivante, en Gironde.
Depuis une dizaine d’années, les ornithologues observent des nidifications de plus en plus septentrionales. Au début des années 2000, quinze à vingt couples sont installés dans le Bassin aquitain. C’est entre deux cents et trois cents couples qui y nichent actuellement.
Entre 2003 et 2006, le petit rapace est observé dans les Deux-Sèvres.
Sa population y passe de quatre à trente-sept couples nicheurs.
Puis, entre 2020 et 2022, la Charente-Maritime voit sa population bondir de trois à trente couples.
Dans les Pays de la Loire, la population passe à cette même époque, de vingt à cent cinquante couples. Entre 2016 et 2020, l’Élanion blanc est observé à plusieurs reprises dans le Golfe du Morbihan selon les données de Biodiversité Golfe du Morbihan. Il y aurait actuellement en France, entre cinq cents et mille couples d’Élanions blancs.
Certains scientifiques s’inquiètent de cette fulgurante expansion.
Élanion blanc : identification et comportement.
L’Élanion blanc est un rapace de petite taille.
Son gabarit est comparable à celui du Faucon crécerelle. Quant a son plumage, il tire du gris perle au gris ardoise. Son ventre est blanc. Sa tête, immaculée est assez massive. On y remarque de grands yeux orangés, voire rouges, ourlés de sourcils gris – noirs. Son bec, gris ardoise, est surmonté d’une cire jaune citron. L’Élanion blanc est de caractère plutôt grégaire sur son aire de répartition originelle. Des dortoirs de plusieurs centaines d’individus ont été observés. Le petit rapace est plutôt silencieux, même si, de temps à autres, il émet de faibles sifflements. Son alimentation se compose de petites proies, micromammifères, passereaux, insectes, lézards…
L’Élanion blanc chasse plutôt au crépuscule.
Il guette ses proies en vol stationnaire ou depuis un observatoire. Les proies les plus modestes sont ingurgitées en vol, tandis que les plus volumineuses sont dépecées et dévorées sur un perchoir. On ne note pas de dimorphisme sexuel. L’Élanion blanc est un nomade parcourant de vastes distances, sans pour autant être considéré comme un migrateur.
L’Élanion blanc : éléments biométriques.
- Taille : de 30 à 35 cm
- Envergure : de 70 à 90 cm
- Poids :entre 200 à 350 gr
- Longévité : environ six ans
Distribution et biotope de l’Élanion blanc.
L’Élanion blanc est originaire de zones désertiques et sub-désertiques du continent africain.
Il se serait installé en péninsule ibérique au milieu du XXe siècle. Son aire de distribution est très vaste. Le petit rapace est nicheur sur le continent africain, en Asie du sed-est, en Inde et en Chine. Il est rare ou occasionnel en Libye, à Madagascar, au Japon, en Scandinavie ainsi que dans la péninsule arabique.
En Europe occidentale, il est nicheur en Espagne et au Portugal, et maintenant en France et en Bretagne.
Des individus prospecteurs ont été observés en Belgique, en Allemagne et en Suisse. L’Élanion blanc apprécie les paysages ouverts, piquetés d’arbres et de bosquets, qui lui rappelle sans doute, les savanes africaines et les collines ibériques. Il sera retrouvé jusqu’à une altitude de 2500 mètres.
L’Élanion blanc : reproduction et démographie.
La période de ponte débute mi-février.
Le nid, constitué de fines brindilles, est bâti à faible hauteur, dans des arbre parfois modestes. La femelle – c’est elle qui couve tandis que le mâle l’a nourrit – y dépose de trois à cinq œufs beiges mordorés de brun. L’éclosion advient après trois semaines. Les oisillons quitteront le nid une trentaine de jours plus tard. Si les conditions sont favorables – nourriture disponible et météorologie clémente – une deuxième portée est possible. D’ordinaire de caractère bonhomme, le petit rapace peut se montrer fort agressif durant cette période.
Sur le territoire français, et bien que les populations explosent, l’Élanion blanc est encore considéré comme vulnérable.
On note également au Moyen-Orient une explosion démographique. L’Élanion blanc doit surtout sa prospérité à ses remarquables capacités d’adaptation. L’oiseau n’est guère exigeant quant à la qualité de son habitat, se contentant parfois de fréquenter des zones agricoles intensives. Son régime alimentaire assez peu spécifique, lui permet de survivre en toutes circonstances ou presque …
Des études récentes ont montré des liens étroits entre les proliférations cycliques – trois ans – de campagnols et la croissance démographique du petit rapace.
Peut-on se réjouir de la nidification en Bretagne de cet Élanion blanc ?
Les avis sont évidemment partagés.
Des cas de compétition avec le Faucon crécerelle ont été notés … à Taïwan. Les scientifiques affirment que ces récentes installations en France et en terres bretonnes sont une des conséquences du réchauffement climatique. Oui sans doute, mais pas seulement !
L’espèce est bien sûr thermophile.
Mais il se peut aussi tout simplement, que sa démographie galopante, le conduit à étendre tout naturellement, son territoire. La diminution globale de prédateurs de micro-mammifères conduit peut être le petit rapace ibérique à occuper des niches écologiques vacantes ?
Au cours de l’année 2019, l’Élanion blanc a été observé dans le Finistère, ainsi que qu’en Ille et Vilaine, sur les communes de Parigné / Parinieg et de Bréal sous Montfort / Breal-Moñforzh. Un individu aurait été observé en 2023 à Piré sur Seiche / Pereg (35). Il est donc fort probable que des nidifications seront communes en Ille et Vilaine et dans les autres départements bretons ces prochaines années.
Bibliographie
- Rapaces de Bretagne, Nature & Culture, Didier Clec’h (auteur) & Jean – Pierre Guilleron (aquarelliste), Éditions Yoran Embanner, octobre 2019, 216 pages
- Rapaces nicheurs de France, Jean – Marc Thiollay & Vincent Bretagnolle, Delachaux & Niestlé, la Bibliothèque du Naturaliste, septembre 2004, 175 pages
Crédits photographiques
@ Salvi Recio
@ Vincent Rasson