Sommaire
« Ils ont eu de la chance d’être colonisés »
La France n’est qu’une histoire de colonisation.
« Ils ont bien de la chance d’avoir été colonisés par les Français » ai-je entendu récemment à l’antenne d’une chaîne d’info en ligne bien connue.
Tout est dit de la France ou presque.
Je persiste à penser que celui qui a prononcé ces quelques mots est persuadé de la justesse de son propos. Comme si le fait de devenir Français était le sésame de toute vie réussi, l’accès à l’universel et au meilleur de la condition humaine.
Face au bienfait intrinsèque de la francité, plus rien ne pèse, pas même le massacre de milliers de personnes, la mise en esclavage, la réduction à l’état de sauvage jeté en exposition devant les bons bourgeois, la réduction à l’indigénat.
Et les ingrats ne disent pas merci !
La France n’est qu’une histoire de colonisation d’autrui, jamais pensée ni questionnée.
L’idéologie officielle reste celle de la France bienfait de l’Humanité et c’est pareil à gauche comme à droite. C’est cette conviction stupide, faite d’auto-persuasion et d’éducation officielle que l’on dit républicaine, qui s’efface aujourd’hui et qui nous saute au visage avec la Nouvelle Calédonie.
La question du dégel du corps électoral de nouvelle Calédonie nous ramène à la réalité d’une colonie de peuplement.
Faut-il être abreuvé aux bienfaits de la France lumière du monde pour ne pas s’en apercevoir ?
Toutes les grandes nations colonisatrices, ou presque, ont su faire amende honorable sur la question douloureuse de la colonisation des peuples. Pas la France. Le mal est bien trop profond.
La France, c’est ce regard autosuffisant, cette morgue jetés sur nos langues minoritaires.
C’est encore ce Parisien qui vient en vacances en Bretagne, qui se croit chez lui pour avoir acheté rubis sur l’ongle son penn ty et va se plaindre à la mairie que son lieu-dit porte un nom breton.
La France, c’est ce rapport déviant à l’altérité, fait d’enflure de soi, et de siècles d’abrutissement à la fausse grandeur, qu’elle soit nationale ou républicaine.
Qu’importe le sang, les larmes, le mépris…
Ce rapport à l’Autre est contagieux et nous savons que nombre d’entre nous ont oublié qui ils étaient et leur dignité au passage pour l’enflure et quelques ors de plus. Il arrive que ceux qui devraient être à la pointe du combat breton, comme Béatrice Mace, en charge de la culture et des droits culturels à la région Bretagne, le démontrent en assimilant la culture qu’ils devraient défendre à celle « d’attardés ».
Le grand Paris, les jeux Olympiques n’ont d’autres objet que de célébrer une grandeur qui n’est plus, pour tenter encore de maintenir l’unité qui se désagrège. Mais la réalité ressurgit toujours, comme ces peuples qui ne renoncent pas à disparaître, ces territoires qui ne demandent qu’à vivre.
Les temps qui viennent risque d’être terrifiants …
… avec la crise qui ramène la France à sa juste place, son État à la faillite vers laquelle il court depuis si longtemps et sa société à l’éclatement communautaire.
Pour maintenir le navire, nous connaîtrons sans doute la grande bascule autoritaire et souverainiste du Rassemblement National avec son cortège de haine et de guerre civile.
Mais il ne s’agira que d’un pauvre succédané pour maintenir le mythe de la grandeur nationale, lorsque le salut ne viendra que d’un regard renouvelé sur l’altérité et de la réconciliation avec les vieux peuples.
La France n’est qu’une histoire de colonisation
Titre et illustrations de NHU Bretagne
1 commentaire
« La France n’est qu’une histoire de colonisation ». Vous parlez de la France républicaine ou du royaume de France? Si pour les kanaks, et comme ils peuvent le défendre, on peut imaginer la citoyenneté par la notion raciale, et par facilité par une couleur de peau, comment pensez vous définir les critères d’appartenances et donc de citoyenneté d’un breton qui fera vivre la démocratie bretonne?