De la part de Louis XIV : Bretonnes et Bretons, à votre bon coeur …
L’État central, par le biais du Journal Officiel, lance un appel à mécénat.
Pourquoi ?
Pour trouver 2 370 000 euros (vous avez bien lu !) afin d’acheter une statue représentant le roi français Louis XIV (1638-1715) sur un cheval.
Selon Guillaume Kazerouni du Musée des Beaux Arts de Rennes / Roazhon, il s’agirait « d’une oeuvre d’intérêt patrimonial majeur« .
Cette statue équestre est un bronze haut de 94 centimètres d’Antoine Coysevox (1640-1720). Né à Lyon et mort à Paris, ce sculpteur réalisa ce bronze vers 1690.
Le contexte de l’époque …
Selon Guillaume Kazerouni, « la création d’un monument en hommage à Louis XIV en Bretagne s’inscrit à la fois dans la volonté du roi d’imposer une image centralisée de l’État dans les plus grandes villes de France, comme Bordeaux ou Lyon. Et dans un contexte breton particulièrement complexe suite à la révolte du papier timbré en 1675, L’érection d’une statue en hommage au roi, et par extension en hommage à l’État, est un symbole politique fort dans une ville d’où le Parlement avait été momentanément exilé« .
En 1685, le Roi Soleil désigne Nantes / Naoned pour recevoir sa statue équestre. Mais suite à l’incendie de Rennes / Roazhon en 1720, c’est finalement dans cette dernière qu’échouera le bronze. Profitant de la reconstruction de la ville, la statue du faillitaire de la Bretagne sera placé devant le Parlement de Bretagne. Puis en 1792, elle disparaîtra. Elle est aujourd’hui la propriété d’un collectionneur privé.
Retour de Louis XIV à Rennes ?
Le projet serait donc de réinstaller cette petite statue au Musée des Beaux Arts de l’actuelle capitale administrative de la Région Bretagne.
Bien entendu, il existe des avantages fiscaux si vous donnez : c’est finalement surtout l’argent public qui payera. Celui -là même dont on nous explique qu’il n’y en a pas pour des pans entiers de notre patrimoine populaire.
Je ne juge pas, bien entendu, la qualité de l’oeuvre, étant bien incompétent pour le faire. Mais je me demande si la Bretagne doit accueillir une représentation, fut-elle modeste, d’un des rois de France parmi ceux qui causèrent le plus de malheurs aux Bretonnes et aux Bretons de son époque.
Louis XIV : un destructeur en Bretagne.
Pour bâtir, centraliser et agrandir son royaume, ce despote sera sans pitié pour ses sujets des provinces. Pour assouvir ses besoins sans limites en hommes et en argent pour ses guerres dans l’est, son régime inventera sans cesse des impôts. La misère de « ses sujets » lui importe peu. En 1675, son nouvel impôt sur le papier timbré entraînera en Bretagne la révolte dite des Bonnets Rouges. La répression sera impitoyable et barbare. Des milliers de personnes seront torturées, pendues, exécutées …
La fin de l’âge d’or de la Bretagne.
C’est ce Roi français qui marquera la fin de l’âge d’or de la Bretagne. Depuis la perte de l’indépendance en 1532, l’intervention de l’État royal lointain est plutôt discrète. Selon Joël CORNETTE, Historien breton, à partir de 1670, le poids de l’État central devient très pesant. Louis XIV livre de nombreuses guerres en Europe. Il lui faut de la chair à canons et des monceaux d’argent. Plus encore, la Bretagne va se retrouver prise au piège des embargos commerciaux dictés de ou causés par Paris.
Ainsi, le commerce florissant des Bretons avec l’Espagne, l’Angleterre et la Hollande se meurt.
« En perturbant des relations économiques traditionnelles, lentement tissées depuis plusieurs siècles, la politique « louisquatorzienne » a fait perdre à la Bretagne l’essentiel de ses marchés, et elle provoqua une succession de crises de reconversion qui ont contribué à casser l’élan de secteurs d’entraînement comme le textile et, dans une grande mesure, avec lui, le commerce maritime. Or, l’économie bretonne était une économie comparable, toutes proportions gardées, à celle de l’Angleterre ou des Provinces-Unies, c’est-à-dire une économie extravertie, largement ouverte aux échanges au loin. On peut comprendre pourquoi la pression de l’État central en fut d’autant plus mal ressentie« .
Cette statue n’est pas la bienvenue en Bretagne.
Au moment où partout dans le monde, on déboulonne des statues de tyrans et d’esclavagistes, il serait tout à fait inconvenant, voire provocateur, de ré-installer Louis XIV en Bretagne.
Où que ce soit en Bretagne.
Nous avons suffisamment de grands personnages à s’être positivement illustrés en Bretagne et toujours sans statue, pour accueillir celle d’un Roi de France qui causa chez nous tant de malheurs.
Ce despote a vécu à Versailles. Qu’il y reste.
Son château de 63154 mètres carrés habitables, avec 2300 pièces dont mille en musée, et un parc arboré de 815 hectares, doit suffire pour loger une statue équestre de moins d’un mètre de haut.
1 commentaire
Appel à collaborer avec l’état français centralisateur moyennant finance ( Réduction d’impôt ) à fin d’acquisition d’une statue représentant le monarque à l’origine de la révolte du papier timbré ( Bonnets Rouges ) et de sa sanglante répression.
Quad la république et la monarchie se rejoignent.
La liste des donateurs sera très instructive 🙂 .
Il serait intéressant de connaître la position des ex leaders du mouvement des Bonnets Rouges et parallèlement administrateurs de l’institut ‘’ locarnoise ‘’ rassemblant les fleurons de l’industrie bretonne, potentiellement mécènes.