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Voyage en République d’Absurdie.
Nos amis Belges ont ce caractère plaisant d’aimer l’humour décalé et de ne pas avoir peur de l’autodérision.
Je ne sais si ce sont les Belges qui ont inventé cette pensée philosophique qui mériterait de faire partie de la philosophie des Lumières mais j’avoue que « La France, ce petit pays coincé entre la Belgique et la Bretagne» est une belle réponse à ceux qui en Absurdie pensent être le centre du monde…
Que dis-je de l’Univers.
Fort de ce constat et après avoir ainsi introduit mon sujet, je dois dire que si en 1946 un livre Voyage en Absurdie est édité à Brussels ce n’est pas un hasard. Beaucoup de personnages politiques et de pays, sous couvert de pseudos sont évoqués.
Le Général de la Perche.
Mais une place toute particulière est réservée au Général de la Perche alias de Gaulle. En 1946 il fallait oser s’en prendre à ce mythe de la résistance française qui est resté confiné dans un placard durant toute la guerre. Mais qui devait faire oublier l’union de la France à l’Allemagne nazie. Et là … sans traité unilatéral comme celui de 1532 qui sur seule décision française annexait la Bretagne.
Ensuite, il faudra attendre 2013 pour qu’un belge, encore un, commette un livre Voyages en Absurdie. Adepte du calembour et du jeux de mots Stéphane de Groodt s’en donne à cœur joie pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Qui, pour certains chanceux, étaient aussi ses auditeurs à la radio.
Humour anglais.
J’avoue aimer aussi l’humour anglais qui est dans un autre registre. Souvent plus caustique, plus incisif. Pour preuve cette très bonne répartie du grand Winston Churchill à de Gaulle durant la guerre. Winston est en tenue de soirée et le petit Charles, le grand guerrier toujours en habit militaire jamais usé, se permet ce trait d’humour très français parce que volontairement blessant :
– Tiens, on dirait un pingouin.
Réponse de notre super british.
– Tiens, on dirait le soldat inconnu.
Humour belge.
Avouons-le, l’humour belge est parfois assez déconcertant. Ainsi, en revenant d’un salon du tourisme à Antwerpen, Anvers dans sa forme francisée, je fais la visite avec deux collègues d’une entreprise belge. Le grand patron et son directeur commercial nous reçoivent très courtoisement. Plein d’empathie le chef d’entreprise s’enquiert des conditions de notre périple en Belgique.
Nous lui expliquons que nous revenons d’un salon.
– Mais vous n’aviez pas vos femmes ?
– Non, pour ce salon nous sommes restés à Antwerpen huit jours à travailler.
– Ah bon, si longtemps ? Si longtemps sans vos femmes ? Mais si vous voulez je vous prête ma femme !
Et les voilà tous deux, son directeur et lui-même partis dans un énorme fou rire qui dura un bon moment.
Nous trois, les Bretons trop coincés par, peut-être, un héritage culturel de peuple trop blessé dans son histoire, nous nous sommes regardés interloqués !
Par politesse, nous avons tout de même souri.
Approche belge.
Nous vilipendons souvent, et à raison, le fonctionnement de la France étatique.
Avec sérieux, beaucoup de sérieux et de façon très argumentée.
Mais là, ce matin, je me suis réveillé métamorphosé dans la peau d’un Belge. D’un Belge qui parle de la république d’Absurdie. Première information de ce matin, le gouvernement de cette république d’Absurdie projetterait un déconfinement régionalisé. Là, mon sang de Belge n’a fait qu’un tour. Comment, ce gouvernement oserait violer cette sacro-sainte constitution égalitaire ? Il oserait mettre en place un calendrier différencié suivant les régions ?
Non, là ce n’est pas possible !
Heureusement on peut compter sur le général Mélenchon et la maréchale Le Pen suivis par une pléthore de députés et de sénateurs de tous bords politiques, pour monter au créneau médiatique et s’insurger de cette grave atteinte à l’égalité républicaine. Ainsi qu’à la défense d’un traitement planifié et égalitariste de la république éternelle, de la république laïque une et indivisible.
Ce traitement différencié des territoires est une grave atteinte à l’unicité de la république. Une porte ouverte aux sécessionnistes, une grave attaque contre l’unité de la nation qui de
Duinkerke à Tamanrasset insuffle la grandeur de l’Absurdie au peuple comme Dieu insuffle la vie à sa créature. Car ce peuple unifié et monolithique est bien la création de l’être suprême.
Bon, il ya un problème quand même!
Il paraît que Tamanrasset la plus au sud des villes d’Absurdie ne ferait plus partie de la république éternelle ? Il paraîtrait même que Duinkerke est le nom flamand de Dunkerque. Franchement, comment peut-on ainsi porter atteinte à la purification monolingue et mono-culturelle ?
Luc-Jules Ferry est intervenu sur France Culture et vilipende cette mesure qui singe le modèle fédéraliste allemand. Lui-même basé, c’est bien connu, sur un nationalisme ethnique. La défense du modèle républicain laïc d’Absurdie ne peut un seul instant cautionner de telles dérives communautaristes.
Le Conseil Constitutionnel veille…
Régis-Che Debray, toujours vivant en remplacement de Max gallo, fait écho à Ferry. Chevènement dans un dernier rugissement, de Belfort en outre-tombe, éructe sa haine contre ces mesures sécessionnistes. Heureusement le conseil constitutionnel qui, comme chacun sait, est composé de gardiens de la constitution de 1958, souvent nés après leur grande victoire de la grande guerre, veillent jalousement au texte sacré rédigé par un certain Michel Debré, chantre des essais nucléaires en Polynésie, faiseur d’uniformisation du peuple en envoyant de jeunes bretonnes se marier avec des paysans auvergnats, kidnappeur d’enfants réunionnais pour les faire esclaves-adoptés dans des fermes là aussi auvergnates.
Un grand homme en Absurdie quoi !
Virus républicain.
Aucune raison que le virus soit inégalitaire.
Déjà, le gouvernement d’Absurdie a fait de gros efforts pour que le virus soit présent de façon uniforme sur le territoire. Des centaines de milliers d’habitants de la capitale Lutèce en Absurdie ont pu rejoindre le littoral, la campagne bref les provinces et ont ainsi pu diffuser égalitairement le coronavirus.
Pas de raison que l’on change un système en faillite.
Aussi, l’esprit de Debré est toujours là en Absurdie éternelle. Vu de petite Belgique il y a de quoi rire à chaudes larmes encore un bon moment.