Avant de vous parler de ces politiciens français d’aujourd’hui, voici un florilège de citations, comme il en existe des dizaines, prouvant l’aveu du pouvoir et des élites de France quant à la subordination coloniale de la Bretagne. Si l’on pourrait croire qu’il s’agit d’un temps révolu et que nous sommes aujourd’hui dirigés par des politiques souhaitant l’épanouissement des Bretons, il n’en est, bien entendu, rien.
« Êtes-vous Bretons ? Les Français commandent ! »,
Mirabeau, député et écrivain, 1790
« La Bretagne est une colonie comme l’Alsace et les Basques, plus que la Guadeloupe »,
Jules Michelet, historien et professeur, 1831
« La Basse-Bretagne, je ne cesserai de le dire, est une contrée à part et qui n’est plus la France. Exceptez-en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial. Je n’avance rien d’exagéré »,
Auguste Romieu, sous-préfet à Kemperle, 1831
« La seule réponse à faire aux revendications linguistiques bretonnes, c’est d’emprisonner tous ceux qui les formulent »,
Albert Dalimier, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale et futur ministre de la Justice et des Colonies, 1932
« Il n’y a pas de place pour la langue bretonne dans une Europe que la France est appelée à marquer de son sceau »,
Georges Pompidou, président de la République, 1972
« La France s’est créée en détruisant cinq cultures : la bretonne, l’occitane, l’alsacienne, la corse et la flamande. Nous sommes la seule nation européenne qui est la création militaire d’un État non homogène »,
Michel Rocard, ancien premier ministre, 2005
Nul besoin de revenir sur l’hostilité, ou tout du moins l’indifférence, des grands partis ayant gouverné la France au cours des dernières décennies (PS, UMP/LR, et désormais RE), tant leur immobilisme sur le sujet des langues « régionales », de la décentralisation, du soutien aux cultures minoritaires autochtones, et leur refus de reconnaître l’existence même des peuples breton, corse ou encore basque, sont parlants.
Néanmoins, il est intéressant de se pencher sur l’idéologie des forces alternatives, en lesquelles certains pourraient être tentés de voir un salut pour la Bretagne, que ce soit d’un point de vue institutionnel ou identitaire. Jetons donc un œil aux principaux partis d’opposition avec, à l’appui, quelques citations révélatrices de leurs dirigeants.
Sommaire
Parmi ces politiciens français : La France Insoumise
Alors que La France Insoumise prétend se faire le porte-voix de toutes les minorités, ce parti s’avère étonnamment celui luttant le plus farouchement contre les légitimes revendications des peuples minoritaires autochtones de l’actuel territoire français. En 2021, les députés LFI ont, par exemple, été les seuls à voter majoritairement contre la loi Molac en faveur de la préservation des langues régionales.
À ce sujet, le site officiel de Mélenchon pour sa campagne aux présidentielles de 2022 souligne :
« La Charte du Conseil de l’Europe sur les langues régionales ou minoritaires de 1992, même si elle peut comporter des points intéressants, n’est pas adaptée pour notre pays. Elle s’adresse particulièrement aux pays de l’Est de l’Europe où des peuples minoritaires ont subi des campagnes que certains qualifient d’éradication culturelle, suite à des redécoupages territoriaux. Il ne faut pas confondre langue minoritaire et peuple minoritaire, il n’y a pas de peuple minoritaire en France, il ne peut pas y en avoir ».
La disparition de la Bretagne ?
Ce même site permet en outre de comprendre la non-intention de LFI d’accorder plus de pouvoirs aux régions : « Nous ne souhaitons pas un nouvel acte de décentralisation mais plutôt la réaffirmation du triptyque communes-départements-État ».
Or, cela pourrait tout bonnement s’accompagner d’une disparition pure et simple des régions, et donc de la Bretagne sur les cartes, à en croire les préconisations du laboratoire d’idées « Intérêt général », proche de LFI, dans son rapport justement intitulé « Pour une république sociale et écologique : reconstruire le triptyque communes-départements- État ».
Les élus LFI sont par ailleurs particulièrement prolifiques en matière d’attaques, notamment, contre les écoles Diwan.
Ainsi, Alexis Corbière, en 2018, déclarait : « Je vous le dis clairement au nom de notre groupe, nous ne sommes pas favorables au développement de ces écoles régionales, qui pratiquent notamment l’enseignement immersif. […] Car tout cela va de pair parfois avec toute une série d’idéologies identitaires anti-républicaines ».
Des propos partagés y compris par des élus LFI en Bretagne, à l’instar d’Alexandre Scheuer, conseiller municipal à Lanester, qui, lors d’un vote d’une subvention à Diwan, assurait « L’école Diwan n’a aucune utilité et je voterai contre ». Sans oublier Mélenchon lui-même, qui, en 2001, comparait l’enseignement immersif en breton à une « pratique sectaire ».
« Chasser la langue bretonne des écoles de la République »
L’on peut également citer cette proposition par LFI, lors des municipales de 2020, de renommer Saint-Brieuc en Port-Brieuc, négation totale de notre héritage culturel. Mais aussi Matthias Le Trocquer, responsable jeune de LFI, ayant qualifié de « sous-débat » la question de la réunification et de la défense de la langue bretonne, affirmant notamment : « Il y a une hystérie collective autour du dialecte breton et la langue bretonne devrait être chassée des écoles car la République et les Insoumis ne comprennent que le français dans les écoles ».
L’on comprendra assez aisément que si LFI dénigre tant les identités « régionales », c’est car elles sont, à ses yeux, une résurgence du passé et un repli sur soi contraires à son idéal de créolisation de la société, si chère à monsieur Mélenchon.
Le multiculturalisme c’est bien, mais uniquement quand il vient d’ailleurs.
Parmi ces politiciens français : RN et Reconquête!
Si ces deux partis diffèrent en de nombreux points, leur rapport aux identités et revendications « régionales » est identique. Leur paradoxe réside dans le fait que, prétendant défendre l’identité nationale traditionnelle, ils en oublient que les cultures « régionales » en font de facto partie, et sont même un rempart à l’uniformisation sociétale qu’ils souhaitent combattre.
De Marine Le Pen,
Lors des présidentielles 2022, malgré sa proposition d’enseigner l’histoire régionale à raison de deux heures par mois (merci pour tant de générosité), Marine le Pen réaffirmait son opposition à l’enseignement scolaire des langues dites régionales : « Elles font partie de notre patrimoine, mais la langue de la République, c’est le français. Leur apprentissage ne pose aucun problème à condition qu’il se fasse dans le milieu parascolaire et associatif. Pas à l’école, qui doit se concentrer sur l’enseignement des savoirs fondamentaux ».
En 2011, elle avançait déjà les propos suivants : « Le bilinguisme régional […] justifiera demain la signalétique en arabe dans les quartiers, pour mieux installer une France en peau de léopard. Vouloir contrevenir à ce principe d’unité linguistique ne peut qu’ouvrir la voie à la libanisation de notre pays ». Les politiciens ne seraient-ils donc pas aptes à distinguer, dans la loi, une langue minoritaire autochtone d’une autre, étrangère et importée par l’immigration ? Il semble pourtant simple de faire la part des choses.
Plusieurs députés FN (désormais RN), allant de Marion Maréchal à Gilbert Collard, s’étaient d’ailleurs félicités d’avoir voté, en 2014, contre une loi proposant de ratifier la Charte européenne des langues régionales.
A Éric Zemmour …
Qui de son côté, s’exclamait que « le monde est devenu fou » au sujet de la possible ratification de cette charte.
Il aura l’audace d’assurer que : « Les langues régionales sont vraiment une richesse française. Mais la langue qui est en danger aujourd’hui, c’est la langue française ! ».
Comme il dirait lui-même : « Ben voyons ! ».
Florian Philippot, ancien élu FN, allait même jusqu’à juger que la possible ratification de la Charte serait un « nouvel attentat contre l’unité de la France et l’indivisibilité de la République ».
Très jacobins, ces partis sont fermement opposés à toute idée de décentralisation au profit des régions.
Sur la question de l’autonomie corse (et donc indirectement bretonne), leurs propos ne laissent que peu d’espoir. Tandis que Zemmour déclarait que « l’autonomie institutionnelle est une préoccupation de salon » et que les Corses « veulent retrouver la fierté d’être français », Le Pen twittait que l’autonomie « brise[rait] l’intégrité du territoire français : la Corse doit rester française ».
Achever l’assimilation des peuples de l’Hexagone dans une France parisiano-centralisée.
Les partis les plus à droite de l’échiquier politique ne cachent donc pas leurs ambitions de voir les peuples autochtones achever leur processus d’assimilation à la France. Le moyen le plus sûr de nous garder dans leur giron et de renforcer une hégémonie culturelle franco-française au prix du sacrifice de nos identités bretonne, corse, ou encore alsacienne.
Les deux principales forces d’opposition offrent par conséquent une alternative peu enviable du point de vue des intérêts bretons. Et ce, de manière paradoxale et particulièrement hypocrite, en contradiction totale avec les causes qu’elles se targuent de défendre : le multiculturalisme pour l’une (alors que l’identité bretonne pourrait y trouver sa place), les traditions pour l’autre (l’identité bretonne ne demandant qu’à être préservée).
Cependant, par honnêteté intellectuelle, il convient d’avouer que tous les partis politiques français ne sont pas à classer dans les rangs de nos adversaires. Parmi ceux ayant porté un candidat aux présidentielles, il en est un, qui apparaît plutôt enclin à soutenir les identités minoritaires autochtones : EELV.
Europe Écologie Les Verts
En effet, le parti écologiste affirme régulièrement son intention de défendre les langues régionales, Yannick Jadot ayant martelé être prêt à modifier la Constitution en ce sens, tandis qu’EELV s’imposait, aux élections régionales en Bretagne, comme l’un des candidats les plus ambitieux dans son programme de développement du breton.
Eva Joly, en 2012, dénonçait quant à elle « cette fascination anachronique de la France pour l’unification linguistique ».
Même la très critiquée Sandrine Rousseau s’exprime fréquemment en faveur de ces langues, l’un de ses tweets déclarant : « Nous confondons universalisme et uniformité en ce moment. La vitalité vient de la variété, la multiplicité, la différence. Oui aux langues régionales, à leur apprentissage, à leur diffusion ! ».
Par ailleurs, Europe Écologie Les Verts assume être favorable à une forte décentralisation du pouvoir, comme l’indique un communiqué concernant la Corse (d’ailleurs traduit en corse, le parti réclamant la co-officialité de cette langue sur l’île) :
« EELV réaffirme sa volonté d’un fédéralisme différencié, avec pour nos régions, des moyens et des compétences augmentés pour devenir comparables à ceux des pays européens. Ainsi l’autonomie pleine et entière de la Corse est une alternative juste ».
Un statut qui, vraisemblablement, pourrait aussi être obtenu par la Bretagne en cas de prise de pouvoir par les Vert
En Bretagne, ne plus jamais rien attendre de bon des partis politiques ayant leur siège social vers Paris et de leurs filiales régionales. Plus rien ! Jamais !
De manière générale néanmoins, nous le comprenons, les Bretons n’ont que peu à attendre des forces politiques françaises en ce qui concerne la défense de leur identité et l’obtention d’une autonomie ne se résumant pas à quelques miettes.
Accorder plus de pouvoir à la Bretagne et participer au redéveloppement des langues minoritaires autochtones ne sera jamais dans l’intérêt de Paris, où siège l’ensemble de ces mouvements.
Il est donc indispensable que notre peuple prenne enfin conscience de la nécessité de privilégier, tout du moins aux élections locales (municipales, départementales, régionales, mais aussi législatives), les partis bretons, et non plus les filiales régionales de partis parisiens, qui ne sont, in fine, que les subordonnés s’assurant du maintien de la Bretagne sur le « droit chemin » de l’hégémonie franco-française.
Aux élections présidentielles en revanche, à chacun de juger l’importance qu’il souhaite attribuer à l’émancipation de la Bretagne. Si celle-ci apparaît au premier plan, il conviendra alors de se tourner en priorité vers les partis, peu nombreux, se posant en défenseurs des identités « régionales » et d’une décentralisation poussée.
Sans un sursaut électoral breton, nous serons condamnés à rester sous tutelle française et à voir nos intérêts, qu’ils soient culturels, économiques ou sociaux, continuer à être ignorés.
2 commentaires
Merci NHU. En ce qui concerne Mélenchon il ne faut compter sur lui que s’il propose une nouvelle constitution. Dans ce cas il faudra que le groupement « peuples et régions solidaires » dont fait partie la Bretagne, puisse peser pour obtenir la décentralisation réelle de l’hexagone. Lorsque les conflits brouillent toutes les cartes comme en ce qui concerne la fin de vie, ou les dégâts écologiques et à présent l’immigration l’Etat met en place une convention citoyenne pour faire fonctionner l’intelligence collective avec le droit pour les personnes tirées au sort de réclamer des informations aux scientifiques, aux historiens, aux divers spécialistes de la question traitée. Après l’Etat fait ce qu’il veut ok MAIS les travaux restent en appui à des changements de cap. Je réclamerais bien la mise en place d’une convention citoyenne bretonne, une en Corse, une Alsace, etc… On verrait alors plus clairement ce qu’en pense les personnes concernées. Nous aurions ainsi plus d’arguments à faire valoir,et à utiliser à la place des affrontements qui sont comme autant d’insultes insupportables. Décider pour nous chez nous, c’est utiliser le droit d’un peuple à disposer de lui. Ce qui est tout de même la moindre des choses et c’est une loi universelle. à nous de la faire valoir.
En France c’est bien connu « autodétermination c’est pour les autres (Kosovo , Macédoine ….Tibet … ).
quant on voit des Breton(ne)s , c’est à dire résidant en Bretagne se présenter aux élections locales et qui veulent interdire le breton à l’école ou ne donner aucun moyen de protéger une culture tellement ils sont nationalistes franchouillards et maladifs à Brest , Lorient … Rennes , Nantes , St Nazaire …. C’est incroyable
cette bêtise … La révolution n’est pas faite dans les têtes , l’oppression et le dédain du parisianisme se maintient … Chauviniste , centraliste …. à des références dépassées un catéchisme ressassé ….