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Réponse à l’UDB Union Démocratique Bretonne d’un des Lecteurs de NHU Bretagne, suite à l’interview de Lydie MASSARD, sa porte parole
Madame, globalement je partage une partie de vos vos analyses.
Ce qui m’a tout de même rebuté dans votre alliance avec EELV c’est votre critique, en plus sans nuances du CELIB. L’écologie doit être l’affaire de tous.
Mais à travers l’Histoire on constate les dégâts qu’ont provoquées les idéologies. Car dans ce sens l’écologisme peut devenir un nouveau danger pour la démocratie, bien qu’il ne soit pas le seul en ce moment.
Si elle s’emparait du pouvoir, cette idéologie aurait aussi sa nomenklatura.
Pour exemple Monsieur Hulot !
Quel train de vie faisant fi du réchauffement climatique, du fait de son parc de véhicules pas très vertueux. Par contre quel donneurs de leçons … Des démunis pouvant se sentir culpabilisés. Voilà comment on fait le jeu du RN.
La théorie c’est bien joli, mais la réalité du terrain est souvent différente.
En ce qui concerne l’agriculture l’écologie est perçue comme punitive. Du fait aussi de la politique uniquement répressive en plus d’être incohérente de l’administration française à travers la gestion très bureaucratique de la PAC.
Je vous mets en garde car il est des combats qui risquent en agriculture de finir faute de combattants.
Ainsi, dans dix ans, le fait que l’agriculture bretonne est la première d’Europe ne sera plus qu’un lointain souvenir. Auquel il faut ajouter comme facteur défavorable le renouvellement des générations. Car qu’une exploitation sur trois est reprise.
Alors la théorie c’est bien joli, mais la réalité va s’avérer différente.
Affirmer que l’agriculture bretonne n’est pas très vertueuse est discutable. Car si l’on faisait un classement mondial nous serions loin, très loin, d’être les derniers. Ainsi, regardez ce qui se passe sur d’autres continents et même en Europe. Votre analyse mériterait d’être plus objective. Surtout qu’il y a eu des progrès au niveau du respect de l’environnement et de la qualité des produits depuis un vingtaine d’années. Ici, point de cultures OGM d’ateliers d’élevage gigantesques que l’on peut voir au USA, en Chine, ou au Vietnam avec au moins une structure de production de quarante mille vaches laitières. Je ne parle pas du Brésil où là c’est vraiment dramatique.
Effectivement en Bretagne tout n’est pas parfait …
Mais la société idyllique est du domaine du rêve. Ceci dit la Bretagne est leader en installations bio, circuits courts et transformation de produits. Mais cela sera destiné davantage à l’auto consommation locale. Il faut avoir le courage de dire que s’il y a des résultats techniques corrects en bio, c’est du fait que les producteurs peuvent utiliser des déjections animales.
Comme de la paille, voire même un peu de fourrage provenant de chez les agriculteurs conventionnels. Il y a donc une symbiose entre ces deux agricultures. C’est tout à fait bénéfique car cela incite les conventionnels à adopter les pratiques des bio. Dans le cas contraire, il y aurait obligation d’utiliser des fertilisants bio très coûteux, donc non rentables. Alors nous irions progressivement vers un appauvrissement des sols bretons.
Il y aura cinq millions de Bretonnes et Bretons à nourrir …
Ce qui n’est pas rien ! Alors le surplus destiné à l’exportation va se réduire. Certes la Bretagne de trente cinq mille kilomètres carrés n’a pas pour vocation à nourrir la planète. D’ailleurs les marchés asiatiques que nous avaient fait miroiter les technocrates de l’INRA et des leaders de l’agrobusiness breton montrent aujourd’hui leurs limites. J’ai toujours dénoncé l’objectif de vouloir faire de l’agriculture bretonne une industrie de produits low cost, laissant peu de marge, et de ce fait contribuant à mettre une pression de travail de plus en plus insoutenable sur les actifs du secteur.
Cependant un point que je déplore dans votre intervention, c’est que comme l’ensemble de la mouvance bretonne, vous ignorez un des cataclysmes majeurs qui est arrivé pour la Bretagne. A savoir le Brexit. Je tiens particulièrement à attirer votre attention sur ce point. En effet, le marché anglais, je dis bien anglais et non irlandais, est une opportunité raisonnable pour la Bretagne en ce qui concerne en particulier les produits alimentaires. Je vous suggère de faire figurer dans votre programme l’établissement de relations anglo-bretonnes. Car c’est une urgence.
Les Bretons n’ont jamais vraiment été étrangers en Angleterre.
Cela permettrait de sauver la Brittany Ferries, et surtout revitaliser nos ports. Là, je pense en particulier à Roscoff. Permettre à nos pêcheurs de poursuivre leurs activités dans les eaux britanniques. En comparaison l’Alsace a bien des relations avec des länder allemands limitrophes : c’est le concept transfrontalier. Je veux dire la mise en place d’un marché commun entre le Royaume Uni et la Bretagne.
C’est un moyen concret pour nous de prendre notre destin en main. Quoique que l’on dise actuellement, le pouvoir anglais est plus respectueux des nations composant le Royaume Uni que beaucoup de pays européens à l’égard de leurs minorités …
Si la Bretagne pouvait avoir l’équivalent, ou ne serait ce que le tiers de l’autonomie écossaise, ce serait déjà une avancée. Justement ce marché commun nous permettrait d’améliorer nos liens avec les pays celtiques dépendant de ce Royaume Uni et en plus aurait un impact favorable sur une économie française aux abois.
Ce serait une raison majeure pour laquelle le pouvoir parisien n’aurait pas intérêt à s’y opposer.
Mais là je reconnais que c’est le problème. D’autre part mes propositions vont aussi dans le sens de la lutte contre le dérèglement climatique. Car ainsi l’on réduirait les trajets maritimes de toutes parts. Pour ce qui nous concerne, moins de déplacements vers l’Asie. Puis en ce qui concerne l’Angleterre moins de nécessité de mettre en place une armada de bateaux pour aller chercher l’alimentation au bout du monde. Dont du poulet chloré aux USA. Poulet qui plus est, pourrait se retrouver sur le marché européen. Pour info je vous rappelle que l’Angleterre n’est autonome qu’à cinquante pour cent en produits alimentaires. Alors que l’Union Démocratique Bretonne aille dans le sens de l’Histoire. Prenez contact avec les forces vives de la Bretagne qui ont intérêt à regarder davantage vers la Tour de Londres que vers la Tour Eiffel.
Ce sera la clé de votre succès.
Par ailleurs j’aurais préféré une alliance de l’UDB avec Oui la Bretagne, le Parti Breton, l’AFB, Breizh Europa , et Cueff
Et même pourquoi pas des éléments modérés de la gauche indépendantiste.
D.P.
1 commentaire
Clair net précis tout à fait d’accord cette analyse.