une mutuelle rejette des chèques en breton

Une mutuelle rejette un chèque en breton

de NHU Bretagne

Une mutuelle rejette un chèque en breton : discrimination assumée ou simple ignorance ?

Depuis plusieurs mois, un assuré breton est confronté à un refus incompréhensible et répété de ses paiements par chèque. Motif probable : l’utilisation légale et légitime de la langue bretonne. Un nouvel exemple criant de brittophobie ordinaire.

Un assuré domicilié en Bretagne et client fidèle depuis plus de vingt ans de La Médicale, désormais filiale du groupe Generali, voit ses contrats d’assurance mis en péril. La raison ? Ses chèques rédigés en langue bretonne, comme il le fait pourtant depuis 2017 sans aucune difficulté. Mais depuis le rachat de La Médicale par Generali, les choses ont changé. En mal.

Rejet de chèque sans explication claire

En mars 2025, le chèque envoyé pour régler la cotisation annuelle de sa complémentaire santé est refusé sans motif clair. L’assuré reçoit un courrier type listant plusieurs raisons possibles, sans aucune précision sur le cas qui le concerne. Un flou volontaire ? Le chèque semble pourtant régulier, et la mutuelle n’a jamais exprimé la moindre objection auparavant.

Pire encore, l’agence de Quimper contactée par le client ne comprend pas ce rejet. Elle confirme que le contrat reste bien au nom de La Médicale, et qu’il est donc logique que l’ordre du chèque soit identique aux années précédentes. L’agent reconnaît que le chèque semble en bonne et due forme. Dès lors, la seule différence notable : la langue utilisée. Le chèque est libellé en breton.

Une mutuelle rejette un chèque en breton : le chèque libellé en breton et refusé par Générali

Discrimination en série et mutisme coupable

Face à ce rejet, l’assuré agit avec sérieux : il rappelle la loi, la jurisprudence, les pratiques bancaires légales et fournit des exemples de précédents similaires réglés en faveur des clients. Il transmet même un document officiel de l’Office Public de la Langue Bretonne, qui précise que les chèques doivent être complétés dans la langue dans laquelle ils sont imprimés – en l’occurrence le breton, pour les carnets émis par le Crédit Mutuel de Bretagne.

Mais ni les arguments juridiques, ni les relances répétées ne trouvent d’écho. Aucune réponse. Aucune justification. Et les conséquences tombent : le contrat de santé est résilié sans même en avertir l’assuré, ce qui est illégal. Puis c’est un second chèque, pour un autre contrat d’assurance, qui est également rejeté trois mois plus tard, avec le même courrier flou.

Un refus illégal… et assumé

Il est important de rappeler que la loi protège clairement ce type de démarche. L’article L.131-2 du Code monétaire et financier stipule que la langue utilisée sur un chèque doit être celle préimprimée par l’établissement bancaire. Or, les carnets édités en breton existent depuis 1982, en vertu de la Convention de Genève de 1931, et sont émis par le Crédit Mutuel de Bretagne ou le Crédit Agricole du Finistère.

Les tribunaux ont toujours donné raison aux clients bretonnants : l’arrêt Bernard de la Cour de cassation (1986) et l’avis du procureur de Vannes (1992) font jurisprudence. Le refus d’un chèque en breton est une infraction aux règles bancaires. Il constitue également une discrimination linguistique punissable.

Le plus préoccupant ici est que le refus semble délibéré et répété, malgré les mises en garde. Il ne s’agit plus d’une erreur isolée, mais d’un comportement assumé et persistant. En refusant d’ouvrir le dialogue, en ne justifiant jamais leurs décisions et en mettant en péril la protection santé d’un client fidèle, La Médicale – Generali agit avec mépris pour les droits linguistiques.

Une brittophobie bien réelle

Ce cas n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un climat où l’usage des langues dites « régionales » est constamment fragilisé, voire nié. Récemment encore, le musicien et écrivain Amin Maalouf, membre de l’Académie française, appelait à intégrer les grandes œuvres en langues minoritaires dans les programmes scolaires. Avec le collectif « Pour les littératures en langues régionales à l’école », il alerte sur une disparition programmée. Et pendant ce temps, des entreprises privées, en toute impunité, rejettent l’usage du breton, pourtant parfaitement légal.

Ce n’est pas qu’un chèque. C’est une question de droits.

Ce refus est plus qu’un simple incident administratif. C’est un symptôme grave d’une discrimination systémique, sourde, sournoise, mais bien réelle. La Bretagne est une terre de langues vivantes. Et ce sont des pratiques comme celle-ci qui découragent, qui humilient, qui marginalisent.

Le combat pour la langue bretonne ne se joue pas seulement dans les écoles ou les rues, mais aussi dans les bureaux, les banques, les assurances. Chaque refus, chaque silence complice, chaque contrat résilié sans raison est un pas en arrière pour la diversité culturelle et pour le respect des droits fondamentaux des citoyens.

Illustration couverture générée par ChatGPT4 pour NHU Bretagne
Illustration non contractuelle : logo inspiré généré par intelligence artificielle, ne représentant pas le véritable logo de la société

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2 commentaires

Alain RAULLET 2 août 2025 - 10h42

Nac’h a reomp Generali !

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Émilie Le Berre 3 août 2025 - 17h23

Au milieu des années 90, les quelques années passées à Paris je payais mes loyers avec un chèque en breton. Je n’ai jamais eu de refus, au contraire j’avais de longues discutions avec le personnel de l’agence qui montrait de l’intérêt et même de l’admiration de préserver la langue.
Il est vrai que c’était une petite agence, loin des grosses structures que l’on voit aujourd’hui.
On entend dire que les choses avancent en Bretagne, j’en doute, en 2025 presque 30 ans après mon expérience, il y a encore de grands groupes qui ont, j’en suis certaine, de grands discours pour préserver la diversité, alors qu’ils sont le problème.

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