Vente d’alcools interdite dans le Morbihan epuis ce vendredi 17 Avril.
Un arrêté préfectoral interdit la vente d’alcools (catégories 4 et 5) dans les commerces du Morbihan.
Sur les douze régions administratives de Métropole, trois ont une consommation d’alcool supérieures à la moyenne, trois une consommation inférieure et six une consommation intermédiaire sans différences significatives. Six, dont la Bretagne.
La décision du Préfet du Morbihan a été guidée par un souci louable : limiter les violences conjugales, en forte hausse depuis le confinement et souvent liées à la consommation d’alcool. Il se trouve que le Morbihan fait partie des départements les moins touchés par cette forme de violence (dans le tiers de tête). Et que la hausse des violences y est comparable à ce qui se produit dans le reste de la France. Ce n’est pas l’alcool qui produit la violence, c’est le confinement. Même si la surconsommation de boissons alcooliques accentue le phénomène.
Sommaire
L’arrêté préfectoral maintient la vente libre de vin et de bière.
Or l’essentiel des violences conjugales est lié à un alcoolisme pinardier, bon marché et peu festif. En temps de confinement, la consommation d’alcools forts garde un lien avec la convivialité (l’apéro en ligne). Même si on peut la juger nocive pour la santé. L’arrêté perd donc une grande partie de son efficacité. En revanche, il provoque de vives réactions. Car il frappe sur un des sujets qui heurtent le plus la fierté des Bretons : l’alcoolisme.
C’est un arrêté discriminant : « Les Morbihannais sont des ivrognes ».
Pas les Finistériens ? Ni les Costarmoricains ?
Et les départements où la consommation est supérieure ou égale à celle du Morbihan ?
Pas d’arrêté pour ces citoyens-là ?
L’alcool ne les rend pas plus agressifs ?
C’est un arrêté inefficace, voire contre-productif.
Le pourcentage d’alcooliques «accros» aux alcools forts peut s’avérer nettement plus agressif avec un sevrage non surveillé et ressenti comme une punition. Inefficace, aussi, parce que le département a des frontières communes avec les quatre autres départements bretons, Loire-Atlantique incluse. Les déplacements transfrontaliers légaux se chiffrent par milliers chaque jour, en fonction des zones d’activité économique. Depuis vendredi, combien de Morbihannais sont-ils allés «faire le plein» dans les grandes surfaces des départements normaux ?
Si je travaille à Guérande, Redon, Saint-Méen-le-Grand, Loudéac, Carhaix, Scaër ou Quimperlé, ai-je le droit de faire mes courses au plus près de mon lieu de travail ?
Oui ? Alors, où est le problème si j’achète là-bas l’alcool que je ne trouve plus ici ?
Les services de l’État ont mieux à faire que de transformer policiers et gendarmes en douaniers transfrontaliers.
Et qui empêchera les commerçants les moins scrupuleux de vendre de l’alcool à leurs amis ?
Les stocks seront placés sous séquestre ?
On est en droit de penser que cette mesure abusive va longtemps rester … en travers de la gorge des Morbihannais. Depuis deux jours, c’est un sujet récurrent de conversation. Avec des conclusions sévères : «On nous infantilise», «Il faut arrêter de nous traiter comme des citoyens de seconde zone.» et j’en passe …
L’Histoire très récente de la Bretagne abonde en excès de zèle.
C’est la Poste qui ne veut plus des noms de rues en breton (trop compliqués). Puis les Impôts qui refusent les chèques en langue bretonne. Également la Justice qui renâcle sur le tilde de Fañch.
La louable intention du Préfet traduit, même s’il s’en défend, un mépris que les gens d’ici ont pris pour une gifle.
4 commentaires
Les autres drogues sont interdites, on en fait pas toute une histoire… Et ici les vins et alcool peu dosés ne sont pas interdites…. Pour rappel 40% des violences conjugales et sexuelles, sont commis par des personnes alcoolisés… Et celui-ci tue toujours 49000 personnes par an….Désolé pour le lobby omniprésent, mais ce préfet à raison, ce qui désolant c’est que les préfectures n en ont pas fait autant . …
Vous avez raison, tous les préfets de l’Hexagone devraient interdire la vente d’alcool fort à emporter. D’ailleurs le vente d’alcool fort tout simplement, et pas seulement les alcools forts. Et aussi les moins forts d’ailleurs. Et le tabac aussi, avec tous les morts que cela provoque. Du coup on interdit les boissons sucrées et la malbouffe qui causent des dizaines de milliers de morts par maladies cardiovasculaires., etc …
Et si au lieu d’interdire on informait les populations objectivement. Idée : sur toutes les chaînes de télé, des spots obligatoires de prévention pour tout cela, des émissions dédiées à charge et à heure de grande écoute …
Je comprend qu’on interdise l’alcool mais pourquoi seulement l’alcool fort ?
La consommation moyenne par habitant ne signifie pas grand chose. En Bretagne, les femmes ne boivent pas ou peu, par exemple, contrairement à la région Occitanie (Languedoc-Roussillon comme Midi-Pyrénées). Du coup la moyenne consommée par les seuls hommes est plus élevée en Bretagne.
Par ailleurs, le taux d’alcoolisme dans le Morbihan était, il y a 20 ans, le plus élevé de l’Hexagone (je ne connais pas la situation aujourd’hui).
Je ne justifie pas la décision du Préfet, mais elle n’est pas « hors sol ».
Par ailleurs, je considère que le degré de la boisson alcoolisée est important vis à vis de ses conséquences pour la santé. Contrairement à ce que soutiennent les instances de lutte contre l’alcoolisme, une verre de vin et un baby de whisky n’ont pas le même impact. Plus la boisson contient d’eau, moindre et son impact, plus lentement l’alcool passera dans le sang. Quand le calva était partout dans les maison, il y a 50 ans, nos mères attiraient sagement l’attention sur son danger et invitaient à boire cidre ou vin. Je connais une personne de 75 ans qui me raconte même que son père, en région parisienne, lui recommandait de ne boire que du vin à 10° et d’éviter ces vins à 12° (oui, je sais, en Morbihan, 12 ° c’est le minimum, c’est lié à l’arrivée du vin d’Algérie après l’arrachage des pommiers à cidre en 1956).
Enfin, je ne vois pas le lien nécessaire entre l’apéro-la convivialité et les alcools forts. Personnellement, je prends toujours à l’apéro, depuis 20 ans, un verre de vin blanc. On en trouve de nos jours de bien fameux. Yec’hed mad.