sur-suicidité

La tragédie occultée du phénomène de sur-suicidité des agriculteurs Bretons.

de Erwan LE GARLANTEZEC
Publié le Dernière mise à jour le

Le phénomène de sur-suicidité des agriculteurs Bretons  n’est pas nouveau et revêt une tendance structurelle.

Le phénomène de suicide des chefs exploitants et conjoints collaborateurs est particulièrement élevé depuis la fin des années 1960. Autrement dit depuis qu’il existe des informations fiables à ce sujet.

Selon l’INSEE, en 2008, le taux de suicide des agriculteurs est passé sous la barre des 39 pour 100.000. Alors qu’il est de 19 pour 100.000 dans la population générale. Tandis que celui des agricultrices s’est stabilisé à environ 14 pour 100.000. Quand il est de 6 pour 100.000 dans la population générale. Mais, malgré une baisse continue de ces ratios depuis la fin des années 1980, les agriculteurs demeurent en haut des courbes, suivis par les ouvriers. Donc, les classes populaires se suicidant davantage que les autres.

En plus des difficultés économiques qui sont prépondérantes, l’isolement social et la moindre consommation de soins médico-psychologiques seraient des facteurs aggravants pour la survenance de la crise suicidaire.

Il prend encore plus d’acuité en Bretagne, première région agricole Française et terre de petits exploitants.

Le suicide des agriculteurs bretons a été mis à l’agenda médiatique au moment de la crise du lait de 2008-2009. Ce qui a confirmé l’analyse selon laquelle le suicide des agriculteurs s’aggrave avec les retournements conjoncturels des prix des producteurs.
Statistiquement, l’INSEE montre également que tous les agriculteurs ne sont pas égaux devant la mort volontaire. En effet ce sont les petits exploitants et les éleveurs les plus exposés.

Cinquante hectares …

La mutuelle sociale agricole (MSA) note, quant à elle, que la moitié des suicides d’agriculteurs concerne des exploitants dont la surface est inférieure à cinquante hectares. Un exploitant installé sur moins de cinquante hectares a ainsi deux fois plus de risque de se suicider qu’un exploitant de plus de deux cent hectares. Par ailleurs à orientation productive, âge, sexe et région identiques.

Plus précisément, la MSA indique également que les exploitants des différentes formes d’élevage bovin (lait et viande) sont encore davantage confrontés au risque suicidaire.
Or, ces catégories d’agriculteurs sont particulièrement représentées en Bretagne.

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Taux de suicide en population générale

Conclusion.

Historiquement, en Bretagne, la majorité du monde paysan est constitué de petites exploitations. Et il y a davantage de producteurs bovins et laitiers que dans les autres régions françaises. Ces deux caractéristiques entraînent statistiquement une aggravation du phénomène de sur-suicidité au sein de la catégorie socio-professionnelle des exploitants agricoles. Laquelle est hélas déjà la plus représentée dans ce triste palmarès au sein de la société française.

Et parce que la Bretagne reste aujourd’hui la première région agricole Française, le milieu politique devrait s’emparer de cet enjeu majeur de santé publique. Or, force est de constater, qu’hormis le Parti Breton qui est très mobilisé sur le sujet, cette tragédie sociétale est trop souvent passée sous silence.

Les causes connues …

En cause des revenus souvent faibles (lorsqu’ils existent !) et le sur-endettement. Puis une durée hebdomadaire de travail harassante et des périodes de repos réduites à la portion congrue. Enfin une reconnaisance de la société très insuffisante par rapport aux efforts consentis.
Ainsi, les « damnés de la Terre » sont malheureusement bien constitués par le monde paysan…

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