On se suicide en Bretagne en moyenne plus de deux fois plus qu’en Europe.
Depuis une trentaine d’années, la Bretagne affiche le taux de suicide le plus élevé de France avec un chiffre en 2012 (dernière statistique de l’Observatoire national du suicide) à 23,8 / 100.000 habitants (de 10 ans et plus), si l’on considère la Bretagne historique à cinq départements, pour une moyenne nationale s’établissant à la même époque à 16,7 / 100.000.
Ces chiffres sont en diminution constante, au plan régional comme au plan national, depuis une vingtaine d’années (en 1998, respectivement 30 et 19,3 /100.000).
Ces chiffres peuvent paraître anodins mais ils ne le sont pas car ils représentent quatre fois plus que la mortalité routière : en 2015 on pouvait compter deux suicides par jour en Bretagne, pour un décès tous les deux jours sur les routes.
Les autres régions les plus touchées par le suicide sont les Pays-de-la-Loire (21,3), les Hauts-de-France (20,7) et la Normandie (19,5), c’est-à-dire le nord-ouest de la France, toujours en 2015.
Comme au plan national, le sexe ratio est de trois hommes pour une femme en ce qui concerne le suicide, et de deux femmes pour un homme pour ce qui est des tentatives échouées. Le taux de « succès » est de 5 %, les deux sexes confondus.
Sur le plan de l’âge des décès, on observe une augmentation régulière entre 10 et 50 ans pour atteindre un maximum entre 50 et 55 ans, puis une diminution régulière entre 55 et 75 ans, avec une légère remontée entre 75 et 80 ans. Le maximum se situe donc entre 40 et 70 ans. On notera aussi un pic entre 30 et 35 ans. Ces proportions sont comparables au plan national, ce qui fait du suicide un phénomène sociologique.
En Bretagne le département le plus touché est les Côtes-d’Armor, suivi du Morbihan, du Finistère, de l’Ille-et-Vilaine et enfin de la Loire-Atlantique.
Du point de vue historique, au XIXe siècle le taux de suicide était en Bretagne inférieur de 40 % au taux national, l’augmentation s’étant surtout manifestée dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il faut aussi noter qu’au XIXe siècle le suicide est un phénomène urbain, qui devient rural au XXe.
Il y a donc en Bretagne une correspondance temporelle, une concomitance, entre l’alcoolisme et le suicide.
Sur le plan sociologique, des facteurs de risque ont été individualisés, qui sont à présent bien connus : une pathologie mentale et notamment un état dépressif, l’isolement social, l’inactivité, une séparation affective.
Tout cela ne fait pas de la Bretagne une particularité, si ce n’est qu’elle est une région agricole et que le suicide chez les agriculteurs est un phénomène connu et contemporain. Mais la population agricole, qui représentait au XIXe siècle l’essentiel de la population rurale, ne représente plus aujourd’hui, pour les exploitants agricoles, que 5 % de la population active.
Ainsi la Bretagne présente-t-elle un taux de suicide nettement supérieur à la moyenne nationale, mais aussi aux autres régions du nord-ouest, alors même que nous avons observé que les marqueurs sociologiques que sont le taux de chômage, le revenu médian, les taux de réussite scolaire et la qualité de vie y sont nettement favorables.
On a coutume d’évoquer ici la mutation économique que subit la région dans la deuxième moitié du XXe siècle, sous l’influence du CELIB, avec la mécanisation agricole, le remembrement des terres, la diminution de la population rurale et la migration urbaine qui en a découlé. La population bretonne aurait eu plus de difficulté à s’y adapter, du fait de son retard passé. Cette hypothèse est plausible, mais partiellement seulement car elle n’explique pas la pérennisation du phénomène suicidaire de nos jours.
Nous pensons que, ici aussi, il faut faire appel aux données de la science. Celles-ci nous apprennent qu’il existe entre le cerveau masculin et féminin des différences à la fois structurelles et fonctionnelles qui expliquent qu’ils ont chacun des compétences particulières qui les distinguent et les rendent, en quelque sorte, complémentaires.
En somme, ils ont une relation à la réalité qui diffère quelque peu, et nous savons que notre rapport à la réalité s’effectue essentiellement par le langage qui en est le vecteur par excellence, définissant ainsi ce qu’il est convenu d’appeler la fonction symbolique.
Nous pensons que la perte de la langue bretonne s’est accompagnée, de facto, de la privation de la fonction symbolique du père qui est aussi sa fonction éducative et protectrice au sein de la famille.
Nous savons aussi que la perte de cette fonction éducative et protectrice tendra à se transmettre avec les
générations.
Il est un fait marquant qui mérite d’être souligné ici : les départements les plus touchés par le suicide sont aussi ceux qui ont subi la mutation linguistique, « à marche forcée ». Remarquons aussi que la Loire-Atlantique, qui n’a jamais été brittophone, présente un taux de suicide en 2012 à 16,4 / 100.000, comparable à celui de la France qui s’affiche à 16,7. Ces deux observations vont dans le sens de notre démonstration.
Ainsi pensons-nous que le matriarcat, l’alcoolisme et la toxicomanie, mais aussi le suicide, sont les conséquences à long terme de ce même phénomène sociologique, qu’est l’acculturation. Toutes les régions de France ont subi cette mutation, à des degrés divers, mais elle fut en Bretagne plus douloureuse et plus lourde de conséquences qu’ailleurs du fait de l’éloignement, à la fois géographique et culturel, de la région.
6 commentaires
» Remarquons aussi que la Loire-Atlantique, qui n’a jamais été brittophone » Cette affirmation est inexacte le breton y a été parlé dans la presqu’ile guérandaise jusqu’au début du XXème siècle. Le dernier locuteur est mort au début des années soixante.
incroyable de lire encore « la Loire-Atlantique » qui n’a jamais été brittophone ! elle l’a été et sur une petite portion elle l’a été tardivement (Batz sur mer a perdu son dernietr bretonnant vers 1960) . De plus il y a eu énormément de bretonnants qui se sont implantés en Loire-Atlantique au 19eme et 20 eme pour travailler . bref ce genre de phrases est intolerable à lire . Je conseille à M.Crenn de lire le livre de Bertrand Luçon « Noms de lieux bretons en Pays Nantais »
J’ajoute que quand on a une démarche scientifique , on élude pas une donnée qui est que le département d’Ille et Vilaine n’a jamais été bretonnant depuis le ….16eme siecle au mieux .(pays de Redon)et jamais bretonnant sur une bonne partie . J’ajoute qu’une bonne moitié du département des Côtes d’Armor n’est plus bretonnant (et le tiers du Morbihan) depuis au moins le 16eme siècle également . et c’est pourtant le département ayant le plus de suicide ! J’aimerai que Mr Crenn explique son raisonnement . Car il part de données biaisées .
Pour finir, la langue bretonne n’explique pas tout , car le finistère , entierement de base bretonnante a un pourcentage moins élevé que les cotes d’armor qui n’est bretonnant que sur une moitié du territoire .
Pour se suicider, il faut du courage, en général les Bretons n’en manquent pas !
Le suicide vient du manque d espoir ,et trop de misere . . L alcohol fait oublier la misere , avec le temps la misere gagne toujours.