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Avec les fées, Sylvain Tesson fait voyager la Bretagne au cœur de la Celtie
Depuis longtemps, je lis les livres de Sylvain Tesson avec passion.
Cet écrivain-voyageur a l’art rare de nous faire voir le monde autrement. Dans Avec les fées, son plus récent récit, il prend le large pour longer les côtes celtiques. À bord d’un voilier, il met le cap vers la Bretagne, la Cornouailles, le pays de Galles, Man, l’Irlande et l’Écosse. Ce voyage est autant géographique que poétique. Il nous relie à nos légendes et à notre identité profonde.
Pour nous, Bretons, ce livre n’est pas anodin. Il confirme que notre pays appartient pleinement à la Celtie vivante.
Un périple maritime sur l’arc celtique
Sylvain Tesson a choisi la mer comme fil conducteur. Il embarque avec des compagnons sur un voilier breton de quinze mètres. Depuis le nord ouest de la péninsule ibérique, sa route suit la grande côte atlantique. Bretagne, Cornouailles, Pays de Galles / Cymru, île de Man, Irlande, Écosse.
Un itinéraire qui épouse l’arc celtique.
Entre deux navigations, il marche, il pédale, il observe. Comme toujours, il cherche à s’imprégner des lieux par tous les sens.
Ce périple n’est pas seulement un voyage de surface. Il relie des territoires qu’on sépare trop souvent par des frontières modernes. Tesson nous rappelle que ces terres partagent une même mémoire, des mythes communs, une culture de l’océan et des rivages.
À chaque escale, l’écho d’une fraternité celtique résonne.
La Bretagne au centre du voyage
Au cœur de ce périple, il y a bien sûr la Bretagne.
Elle n’est pas un simple passage obligé. Elle apparaît comme une terre centrale, chargée d’une aura particulière. Tesson évoque nos falaises, nos ports, nos forêts. Il perçoit ici une densité mythique qu’il ne retrouve pas ailleurs avec la même intensité. La Bretagne, terre des korriganed et des légendes maritimes, s’impose comme un monde où le réel et l’imaginaire se mêlent naturellement.
Là où d’autres voient un folklore, Tesson saisit une vérité plus profonde.
En Bretagne, les histoires ne sont pas seulement des contes : elles respirent encore dans les landes, les menhirs, les grèves battues par le vent. Ce regard extérieur confirme ce que nous savons déjà.
Notre pays est au cœur de la Celtie, et son imaginaire en est l’un des piliers.
Les fées comme fil conducteur
Pourquoi ce titre, Avec les fées ?
Parce que ces créatures symbolisent le passage entre les mondes. Elles incarnent l’entre-deux : visible et invisible, réel et imaginaire, passé et présent. Dans la tradition bretonne, elles côtoient korriganed, lavandières de nuit et autres êtres mystérieux. Elles sont présentes dans les récits populaires, mais aussi dans le paysage lui-même.
Tesson utilise cette figure comme fil rouge.
Il veut rappeler que le merveilleux est encore là, à portée de regard. Dans un monde saturé de rationalité, il choisit de donner une place à ces présences. En Bretagne, elles sont partout : au détour d’une chapelle perdue, dans un bois de Brocéliande, au creux d’une crique.
Le livre nous invite à réapprendre à voir ce que nous ne regardons plus.
Avec les fées Sylvain Tesson : un écrivain-voyageur éclaire notre identité
L’intérêt du récit de Tesson, c’est qu’il n’est pas Breton.
Il écrit depuis un ailleurs, mais son regard est perçant. En reliant la Bretagne aux Cornouailles, au Pays de Galles / Cymru, à l’Irlande, Man et à l’Écosse, il inscrit notre pays dans une continuité évidente.
Il ne s’agit pas d’une juxtaposition, mais bien d’une appartenance commune.
À travers ses mots, la Bretagne cesse d’être une périphérie française.
Elle devient une nation celtique, à l’égal de ses sœurs. Cette évidence, nous la répétons depuis des siècles. Mais quand elle est portée par un auteur connu, lu et respecté dans tout l’espace francophone, elle résonne différemment. Elle touche un public plus large. Elle confirme que notre identité n’est pas une invention, mais une réalité que même l’observateur de passage perçoit.
La Bretagne, terre des mythes et de la modernité
Lire Avec les fées, c’est aussi mesurer combien la Bretagne reste une terre d’avenir.
Nos mythes ne sont pas un poids mort, mais une ressource vivante. Sylvain Tesson montre que ce merveilleux nourrit encore la sensibilité contemporaine. Il ne s’agit pas de se réfugier dans le passé, mais d’accepter que notre monde garde une part d’invisible.
La Bretagne a toujours su conjuguer héritage et modernité.
Ses paysages, ses ports, ses festivals, ses luttes sociales et écologiques, tout cela s’entrelace. Les korriganed et les centrales marémotrices cohabitent dans une même réalité. Et c’est peut-être cela qui fascine Tesson : une terre capable d’unir ce qui paraît contradictoire.
Réception et reconnaissance
Dès sa sortie en janvier 2024, Avec les fées s’est imposé comme un succès. Il a valu à son auteur le Prix Combourg–Chateaubriand. La presse a salué la poésie du récit, sa capacité à capter la beauté et le mystère des côtes celtiques. Certains lecteurs ont trouvé l’ensemble trop superficiel. Mais le reproche importe peu.
L’essentiel est que ce livre réveille le regard. Il rappelle au grand public qu’il existe un monde celtique, une Mer Celtique, un arc atlantique qui porte encore une identité singulière.
Un livre qui parle aux Bretons
En tant que lecteur breton, je reçois ce livre comme une confirmation.
Nous n’avons pas besoin de Tesson pour savoir que la Bretagne appartient à la Celtie.
Mais il est précieux de voir cette vérité exposée à un large lectorat. Ce récit nous inscrit dans un horizon plus vaste. Il rappelle que nous partageons avec d’autres nations celtiques une mémoire, une Histoire et un imaginaire. Cette appartenance n’est pas nostalgique. Elle est vivante, actuelle, tournée vers l’avenir.
Sylvain Tesson, avec ses mots, redonne aux fées une voix. Il nous dit que le merveilleux n’est pas mort. Et que la Bretagne, plus que tout autre pays, en est un réservoir inépuisable.
La Bretagne, pays des fées et nation celtique
Avec les fées n’est pas seulement un carnet de voyage.
C’est une traversée poétique qui relie des pays et des imaginaires. Pour moi, il confirme que la Bretagne reste une terre singulière, vivante, enracinée dans le monde celtique. Dans un monde qui doute de tout, ce livre nous invite à croire encore aux fées, aux légendes, aux esprits qui peuplent nos forêts et nos rivages.
La Bretagne est à la fois pays des fées et nation réelle.
Elle appartient à une communauté plus large, celle des peuples celtiques.
Lire Tesson, c’est se rappeler que notre identité n’est pas une invention militante, mais une évidence sensible.
Oui, la Bretagne est un pays.
Oui, elle est celtique.
Et tant que nos fées danseront dans les landes, personne ne pourra l’oublier.
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