autonomie de la Bretagne

Autonomie de la Bretagne : que le peuple s’invite au débat !

de Yvon OLLIVIER
Publié le Dernière mise à jour le

Autonomie de la Bretagne

Le 19 novembre prochain nous nous rassemblerons à Carhaix / Karaez pour réfléchir à l’autonomie de la Bretagne. Il s’agit d’une initiative qui vient de la base ou, si l’on préfère, du peuple qui se sent concerné par son devenir, alors même qu’un processus d’autonomisation est lancé concernant la Corse et que le Conseil régional de Bretagne administrative s’est prononcé en faveur de l’autonomie législative et fiscale en avril dernier, dans le cadre d’un vœu présenté par Aziliz Gouez.

Cette initiative populaire n’a pas été appréciée par les élus de la région qui ne seront pas présents. Un tract maladroit a servi de prétexte.

Nombre de ces élus, comme Christian Guyonvarc’h, considèrent qu’il faut laisser les élus travailler librement au sein du groupe de travail et que la communication sur ses travaux doit être laissée à l’appréciation et selon les formes dictées par la région , « sous la supervision du groupe de travail ».

Doit-on vraiment laisser le peuple en dehors du débat qui le concerne au premier chef ?

La première manifestation d’autonomie pour un peuple ne consisterait-elle pas à s’emparer du débat ?
La question me semble essentielle.

Renoncer au débat voudrait dire laisser manœuvrer librement Loïg Chesnais-Girard et je ne vois pas pourquoi nous devrions lui faire ce cadeau. Depuis le vote du vœu en avril dernier, celui-ci multiplie les gages d’apaisement à l’égard de ses amis socialistes jacobins en rejetant toute perspective d’autonomie législative et de modification de la Constitution.

autonomie

Le pouvoir central se moque éperdument des « voeux » qu’il reçoit de son complice Loïg Chesnais-Girard -« Un objectif sans plan s’appelle un « voeu » disait Antoine de Saint Exupéry

Je suis respectueux de l’avis de chacun mais je ne peux m’empêcher de relever ici une erreur grossière d’analyse.

Si l’on veut émanciper la Bretagne par l’autonomie législative, la seule qui vaille, le peuple doit s’inviter à la cause.

Souvenons-nous de la réforme territoriale de 2014 qui vit le rejet de la réunification de la Bretagne.
Malgré de belles manifestations, le peuple breton n’a pas réussi à peser suffisamment au moment où il le fallait et a laissé faire les députés socialistes qui se sont accordés à son détriment. Pas de fusion grand ouest permettant à Jean-Yves Le Drian de s’ériger en défenseur de la Bretagne, mais statu quo au détriment de notre vieux pays. Nous en payons toujours le prix aujourd’hui.

Et nous laisserions le monopole du débat aux élus régionaux alors même que le personnage clé de cette histoire, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, a opéré une nette reculade dans les médias ?
On ne gagne pas une bataille avec un chef qui ne veut pas combattre.

succès nationaliste

Visionnez la vidéo : la Corse a des leaders, la Bretagne a des suiveurs.

Ne soyons pas naïfs.

Le système centralisateur français est d’une cohérence juridique et philosophique redoutable. Il repose désormais sur les artifices décentralisateurs, voire même sur des formes d’habilitation ou d’expérimentation qui ne fonctionnent pas en raison des blocages de la technocratie. On est dans le « faire croire » et le statut particulier concédé à la Corse est une réussite sur ce plan. Les Corses ont vite compris et veulent désormais l’autonomie pleine et entière en matière législative.

Le nœud du problème est le principe de la souveraineté nationale indivisible qui s’exprime dans la loi, domaine des affaires essentielles. Le règlement est toujours secondaire et résiduel en droit français.

Il nous est essentiel de retrouver une compétence législative pour décider des choses importantes qui ne concernent que nous et obtenir l’autonomie budgétaire et fiscale qui bénéficie aujourd’hui aux grandes « régions » d’Europe, soit un budget vingt fois plus important.

Budgets régionaux européens : indigence de la région Bretagne administrative

L’avenir de la Bretagne en dépend, je dirais même sa survie en tant qu’entité distincte.

Nous prenons la direction des poubelles de l’Histoire et arrivera bientôt le moment où nous n’aurons plus l’énergie suffisante pour relever la tête.

Le risque est grand de voir le Conseil régional de Bretagne administrative tenter de nous faire passer pour de l’autonomie ce qui ne sera jamais qu’un artifice de plus, comme une forme d’habilitation règlementaire ou législative qui, bien sûr, ne fonctionnera pas, et viendra légitimer un système jacobin en perdition.

Pour faire sauter ce nœud, modifier la Constitution et obtenir le partage de souveraineté ou la part d’imperium qui nous revient, c’est une révolution copernicienne qu’il faudra et une volonté politique qui n’existe manifestement pas aujourd’hui.

En la matière, il n’est pas de demi-mesure.

C’est la raison pour laquelle le peuple doit s’emparer du débat au plus vite et d’une manière totalement libre, pour débattre, s’informer, se prononcer et convaincre.

Les élus à la région ne réussiront jamais à bouleverser le fonctionnement du système centralisateur sans l’aide du peuple. Pour qu’un système juridico-politique évolue dans la profondeur, il faut une crise institutionnelle grave ou une forte réaction populaire.

Nos élus sont dans le système.

Ils sont rares ceux qui recèlent l’idée d’un changement de cadre ou d’univers.
On nous répondra que la région va organiser un débat avec la société civile « sous la supervision du groupe de travail ».
Je veux bien mais dans quelles conditions ?
S’il s’agit, comme nous pouvons le penser, d’une information descendante, avec le soutien des intellectuels et universitaires acquis au système, je ne pense pas que j’y participerai.
C’est l’avenir de mon pays qui m’intéresse, pas la communication institutionnelle de la « région Bretagne administrative ».

Bien sûr, je peux me tromper.
Nous en reparlerons dans deux ou trois années pour en dresser le bilan.

yvon ollivier, loi molac

Bretagne, mon pays avant mon parti

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1 commentaire

Colette TRUBLET 29 novembre 2023 - 9h09

Qui croit encore que les partis politiques sont capables de gouverner quelque pays que ce soit? Les personnes sincères qui y adhèrent sont embourbées dans des impasses soigneusement tissées par des lobbies qui tiennent les finances et les économies du monde entier. Les élections ne sont que de la poudre aux yeux. Nous voyons bien que pour avoir un semblant de vérité démocratique, le recours est d’en venir aux sondages à condition de savoir qui pose la question et si elle est biaisée. Le recours au tirage au sort pour faire fonctionner l’intelligence collective dans des assemblées à l’abri des lobbies et des conflits d’intérêt est la seule solution crédible. La mémoire artificielle et la documentation alimenteront ses débats sur par exemple cette question de l’économie viable dans un pays comme la Bretagne, sur la réunification, sur l’enseignement , etc… Après préconisation et mise en place pour essai un référendum populaire pourra valider la continuité de la mise en œuvre. Il faut que chaque électeur, paresseux ou pas, se sente responsable de son vote et le référendum pour dire oui ou non à une loi expérimentée après étude en assemblée tirée au sort . Les avancées seront plus rapides. Nous attendons depuis 50 ans la réunification. nous avons perdu notre indépendance et notre autonomie. Nous n’avons pas pu ni pas su nous défendre, rester libres comme au Danemark ou en Suède, ou en Suisse (4 cantons- 4 langues – votations fréquentes) DONC INNOVONS ! Cherchons les bons ressorts, les bons outils. l’histoire a essayé la féodalité, la royauté, les empires, les républiques. Les mêmes erreurs persistent avec toujours des dominants et des dominés, des menteurs et des voleurs, des saints et des démons, des sages et des fous bref, c’est toujours la même impuissance des peuples à gérer leur destin. L’intelligence collective est celle des peuples qui se sont peu à peu installés dans des frontières que la sagesse a malgré tout reconnues avec interdiction à quiconque de les envahir. C’est une loi mondiale. Ce n’est pas parce qu’elle est encore peu respectée que nous devons y renoncer. Et ça peut commencer chez nous. Pourquoi pas? Les peuples dans le monde entier sont soumis à des dirigeants qui ne connaissent que leur propre intérêt, oui ou non? Alors comment redonner un vrai visage à la liberté, l’égalité, la fraternité des individus, et à leur intelligence collective? les individus sont rassemblés en peuples installés dans des frontières. Ils sont et nous sommes, nous en Bretagne, en charge d’héritage à transformer et à transmettre, en connivence pacifiée avec nos voisins pour que de proche en proche la paix puisse régner partout… même si c’est un vœu pieux.

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