L’idée nationale a cet avantage, celui de permettre en son sein tous les débats de l’époque, dans un cadre qui lui reste autonome.
Là où, sur beaucoup de sujets, la récupération est possible et souvent fatale, le terrain national breton est une chasse gardée où les mouvements français ne s’aventurent pas. Si le régionalisme ou la question culturelle peuvent être repris et détournés, l’idée d’une nation bretonne qui a le droit de décider par elle même est un lieu sûr pour construire en toute autonomie.
Sommaire
Plusieurs exemples s’offrent à nous et il est clair que, sur ce sujet comme sur d’autres, il n’y a pas de modèle unique.
En Corse, ce sont les alliances entre autonomistes et indépendantistes qui ont permis des avancées politiques majeures.
Puis en Écosse, c’est plutôt le modèle d’un grand parti indépendantiste unitaire, comme au Pays de Galles où le parti de l’union est pour l’autonomie mais héberge beaucoup d’indépendantistes.
En Catalogne, ce sont des majorités fragiles mais capables de fronts communs majeurs, comme l’organisation du référendum de 2017, entre un centre droit, une gauche modérée et une gauche radicale indépendantistes.
Le nationalisme breton a sa voie à trouver et quand il enregistrera de véritables succès, il se rendra compte qu’il a trouvé la bonne méthode.
Par ailleurs, il ne faut pas s’illusionner sur ce point, si « l’union nationale » ou le « ni droite ni gauche » n’a jamais été une solution miracle, aucune tendance seule n’est capable de faire accéder la Bretagne à la réunification ou à l’autonomie, encore moins à l’indépendance.
Ce qui est vrai partout ailleurs est probablement vrai en Bretagne, les alliances françaises qui se substituent aux alliances bretonnes en sont bien le signe. S’il n’y a pas le choix que de s’allier pour faire avancer nos idées, alors autant le faire sur des bases qui garantissent un combat sincère pour nos objectifs communs et une visibilité claire et efficace auprès de la population.
La stratégie de la sécession est donc celle d’un nationalisme de rupture.
Elle propose de partir d’une base commune, la définition collective et consensuelle de ce que nous sommes : une nation singulière qui a le droit de décider librement de comment rester dans les institutions françaises si elle le souhaite, ou de comment en sortir si elle préfère prendre une autre route. Toutes tendances confondues, cette base commune met tout le monde d’accord sur la nécessaire construction d’un statut d’autonomie pour la Bretagne réunifiée.
Cette idée a déjà trouvé son nom, c’est l’Assemblée de Bretagne. Il ne manque plus que l’élan capable de la rendre réalité.
Vous comprenez donc maintenant, que le titre de Bretagne Colonie n’est pas là pour affirmer une inutile déclamation de radicalité, ni une fastidieuse justification sur la nature ou les degrés des phénomènes coloniaux à travers l’histoire et le monde.
Le but n’est pas de tomber dans une vision binaire selon laquelle quelques critères peuvent prouver ou contredire la réalité coloniale bretonne et donc le droit à l’autonomie ou à l’indépendance qui en découlerait.
On peut lui reprocher, à juste titre, de vouloir choquer et interpeller, car le tabou est de mise pour tout ce qui concerne les idées nationalistes.
Ce titre rappelle avant tout qu’il y a derrière la question bretonne un fait national déjà ancien et que ce pays, s’il reste privé de liberté, finira un jour ou l’autre par s’éteindre car au bout de l’intégration il n’y a plus rien d’autre que la France.
N’ayons plus peur d’être un pays, donnons-nous les moyens, les idées et les stratégies dont nous avons besoin !
Aux Bretonnes, aux Bretons et aux mouvements qui représentent ces idées de construire la Bretagne libre de demain, selon leurs idées et leurs volontés, car personne ne le fera jamais à leur place.
Lire la suite dans le livret Bretagne Colonie paru chez Yoran Embanner, l’Éditeur des Peuples Oubliés