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Record de démissions de maires : la Bretagne aussi en première ligne
Depuis 2020, l(Hexagone connaît un phénomène inédit : un exode massif de ses maires. Jamais depuis le début de la Ve République autant d’élus municipaux n’avaient quitté leur fonction en cours de mandat. Et la Bretagne n’échappe pas à cette vague.
Un phénomène d’ampleur inédite
Entre septembre 2020 et mars 2025, 2 189 maires ont démissionné dans l’Hexagone, selon l’Association des maires de France (AMF). Cela représente environ 6 % des maires en place. Le rythme est alarmant : 40 départs par mois, soit plus d’un maire chaque jour.
Ce chiffre est le plus élevé jamais enregistré depuis que ce suivi existe. La tendance inquiète à l’approche des élections municipales de 2026.
Pourquoi autant de départs ?
Plusieurs raisons reviennent dans les témoignages :
- Fatigue et épuisement moral. Les élus décrivent un quotidien saturé d’obligations, de réunions et de conflits à gérer.
- Incivilités et violences. Les réseaux sociaux et les tensions locales amplifient les attaques personnelles.
- Manque de reconnaissance. Les relations avec l’État central sont souvent perçues comme déséquilibrées, avec peu de soutien institutionnel.
- Risque juridique. Les maires craignent de plus en plus la mise en cause personnelle en cas de problème administratif ou technique.
- Perte de sens. Certains estiment que leur marge de manœuvre se réduit, face à la centralisation parisienne.
Le politiste Martial Foucault parle même d’un risque de « crash démocratique » si la tendance se poursuit.

La Bretagne touchée comme les autres… voire plus
La Bretagne n’est pas épargnée. Plusieurs communes ont vu leur maire quitter l’hôtel de ville avant la fin du mandat.
Finistère : 16 départs depuis 2020
Le Finistère est particulièrement touché, avec environ 16 démissions depuis le début du mandat. Dans les petites communes, la charge est souvent écrasante.
À Gourlizon, Emmanuelle Rasseneur a quitté ses fonctions après quinze ans de mandat, expliquant avoir atteint ses limites physiques et psychologiques. Elle a dénoncé un manque de reconnaissance pour le travail accompli.
À Ploudalmézeau / Gwitalmeze, Marguerite Lamour, ancienne députée et maire, a démissionné pour « raisons de santé ». Dans d’autres communes, les motifs évoqués vont de la surcharge administrative aux tensions au sein du conseil municipal.
Côtes d’Armor : quand la politique locale use
Dans les Côtes-d’Armor, la démission du maire de Plussulien / Plusulian, Gilles Thomas, a marqué les esprits. Après dix-sept ans de mandat, il a dénoncé la dégradation des services publics et l’évolution du paysage politique local, qu’il juge préoccupante. Il a également pointé la difficulté à maintenir un budget équilibré dans une petite commune.
Dans d’autres municipalités, les conflits internes au conseil restent la première cause de départs prématurés.
Ille et Vilaine : départs en chaîne
En Ille et Vilaine, plusieurs communes ont changé de maire depuis 2020.
À Bain de Bretagne / Baen Veur, Dominique Bodin a laissé la place à Myriam Gohier pour « raisons de santé ».
Au Rheu / Reuz, Mickaël Bouloux a quitté ses fonctions après son élection comme député, remplacé par Chantal Pétard-Voisin.
À Saint-Grégoire, le décès de Pierre Breteau a entraîné une élection partielle remportée par Laëtitia Remoissenet.
À Vitré, Isabelle Le Callennec est partie siéger au Parlement européen, laissant la mairie à Pierre Léonardi.
Ces départs ne sont pas tous liés à l’épuisement, mais montrent la fragilité de la continuité municipale.
Loire-Atlantique : un taux record
En Loire-Atlantique dans le sud du pays, le phénomène est encore plus marqué.
Environ +30 % de démissions d’élus municipaux par rapport à la mandature précédente, soit un taux deux fois supérieur à la moyenne hexagonale (12 %). Cette donnée, relevée par Mediacités, concerne l’ensemble des conseillers municipaux, mais illustre une instabilité notable.
Cette forte rotation complique la mise en œuvre des projets locaux et alourdit le travail des équipes restantes.
Morbihan : données plus rares
Dans le Morbihan, les chiffres précis manquent.
Aucun cas récent de maire démissionnaire largement médiatisé n’a été relevé pour le mandat actuel. Mais plusieurs élus locaux témoignent en privé des mêmes difficultés : lourdeur administrative, manque de moyens et solitude face aux responsabilités.
Un signal d’alarme pour la démocratie locale bretonne
Les communes sont le premier maillon de la Démocratie.
Elles assurent des services essentiels : écoles, voirie, gestion des équipements publics, culture, urbanisme…
La démission d’un maire, surtout dans les petites villes, peut fragiliser la vie locale.
En Bretagne, où beaucoup de communes comptent moins de 2 000 habitants, chaque départ est un coup dur.
Le remplacement n’est pas toujours simple : trouver un successeur prêt à assumer une telle charge devient de plus en plus difficile.
Et maintenant, à moins d’un an des prochaines élections municipales de 2026 ?
Face à ce constat, plusieurs pistes sont évoquées par les associations d’élus :
- Alléger la charge administrative pour les petites communes.
- Renforcer la protection juridique des élus locaux.
- Mieux valoriser et former les maires dès le début du mandat.
- Encourager l’engagement collectif pour éviter l’isolement du maire.
Sans mesures fortes, le renouvellement municipal risque de s’essouffler encore, laissant de nombreuses communes dans l’incertitude.
Le record historique de démissions de maires depuis 2020 est un symptôme alarmant.
La Bretagne n’est pas épargnée : du Finistère à la Loire-Atlantique, les départs se multiplient, pour des raisons qui vont de la fatigue à la réorientation politique, en passant par des drames personnels.
À moins d’un an des prochaines élections municipales, il est urgent de redonner envie de s’engager.
Car sans maires, la démocratie locale, déjà fragilisée, pourrait vaciller.