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La défense des Pratiques des langues régionales, une ardente obligation face à l’anglo-américanisme galopant.
La décision du Conseil Constitutionnel de retoquer une partie de la loi Paul Molac sur les langues régionales de l’Hexagone est inacceptable, certaines de ces langues étant antérieures au français, y compris par l’écriture. Une décision même anticonstitutionnelle dans son esprit d’origine, la République étant régie depuis 1792 par trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.
Pourquoi vouloir éliminer l’usage de ces langues dites vernaculaires, en les entravant, alors que celles-ci ont de la peine à se transmettre; alors qu’elles sont des clefs de compréhension de notre histoire nationale et colorent, avec les accents qu’elles génèrent, la langue française?
Serait-ce parce que le Jacobinisme …
La tentation du pouvoir absolu centralisé règneraient encore dans la « vraie France », celle étriquée entre les boulevards parisiens, …qui persisterait hors de ce cercle à qualifier l’hexagone de « Province », le pays vaincu étymologiquement, et en plus au singulier, qui serait une sorte de magma uniforme, sans histoire, sans reliefs ni génie et découpée à la hache : la Sous France, dans toute sa consonance, la France d’en bas qui se doit de suivre la norme, sauf… quand il s’agit de vins et de fromages bien sûr et de vacances…
Une posture suffisante qui n’est pas sans rappeler celle des dirigeants de la troisième République qui justifiaient leurs appétences coloniales par « leur souci d’éducation des populations locales à la civilisation » sans même connaître leurs territoires. Et qui se perpétue, là, même où on ne l’attendait pas, chez Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille, « le défenseur du peuple » se moquant fin 2018 d’une journaliste, à l’accent occitan qui l’interrogeait !
Ou encore quand il décrétait sans vergogne en septembre 2007 que les Bretons faisaient du communautarisme en défilant en tenues de musiciens et danseurs sur les Champs Élysées, à l’occasion de la «Breizh- Parade », réunissant 3000 musiciens et danseurs. Sans savoir que ces tenues, ces danses et ces musiques étaient l’expression du génie populaire. Aurait- il- fallu qu’ils se vêtent en jeans, qu’ils dansent et jouent du rock pour être respectés par ce donneur de leçon?
Cela suffit !
La France métropolitaine et les France du monde valent par leurs grandes diversités, leur histoire et riches patrimoines, leurs langues et leurs génies des lieux. Respectons-les !
Alors que l’ État peine encore à reconnaître la légitimité de vivre de ses langues régionales, par crainte de perdre son identité et son unité, il laisse se développer, sans sourciller et sans vergogne, de nouvelles façons de s’exprimer qui, elles, menacent vraiment les fondements et le devenir de la langue française. Ainsi que tout bonnement les possibilités de compréhension entre citoyens français, ce qui est pourtant la fonction première attendue d’une langue nationale visant à l’universalité.
Sans que l’on s’en rende vraiment compte, c’est une nouvelle tour de Babel linguistique qui se construit rapidement en France, chacun d’entre nous usant, de plus en plus, d’un langage spécifique. Plusieurs influences viennent se conjuguer pour cela. La plupart attachées aux phénomènes de mode, de mimétisme, aux façons, convenues ou jugées «classe», de s’exprimer dans sa niche professionnelle, sociale, culturelle, sportive; comme s’il fallait manier certains ingrédients ou artifices de langage pour se sentir à l’aise, dans l’air du temps ou tout simplement jeter de la poudre aux yeux; les autres plus liées à une paresse affichée, telle celle de la mode de ne pas lacer ses chaussures, ou à l’inverse au refus de perdre quelque dixième de seconde de son temps pour se faire comprendre.
Le premier de ces travers est la recherche systématique de l’abréviation.
Pardon de l’abrév.!- de préférence sous forme mono ou bi-syllabiques au risque de faire perdre son latin à son interlocuteur ou d’engendrer la confusion, l’ambiguïté. Par «perf», communément employée, aujourd’hui, il faut comprendre selon les circonstances et les lieux: perfusion ou perforation, performance ou perfection. Puis, par «sub», courant dans l’administration territoriale, subvention ou subdivision, subalterne ou subordonné. Le pire dans cet exercice, au-delà de l’équivoque, étant d’ôter tout entendement, même allusif, au néologisme employé. Ainsi l’extravagant «auxdepuer», utilisé par une personne évoquant sa qualification professionnelle et à décrypter en «auxiliaire de puériculture».
Le second de ces travers, et qui procède du premier, est l’abus spontané des « S.O.A »
Pardon des « Sigles » que l’on épelle « Ou » des « Acronymes » que l’on prononce pour qualifier les organismes publics ou privés, les nouvelles lois, procédures administratives et réglementations, les rendant encore plus obscurs aux communs des mortels, voire… à ceux qui les manient régulièrement et qui sont incapables dans les 9/10èmes des cas d’en décliner le véritable libellé.
Pourquoi s’acharner dans le secteur de l’Urbanisme à parler du « PLU » ou du « SCOT » plutôt que du Plan Local d’ Urbanisme ou du Schéma de COhérence Territoriale, d’ « O.P.A.H. » plutôt que d’Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat, et plus récemment du « S.P.R» pour qualifier un Site Patrimonial Remarquable ou dans d’autres domaines de « P.T.I » pour Protection du Travailleur Isolé, de « G.A.E.C », pour Groupement Agricole d’Exploitation en Commun, d’ « A.R.S » pour Agence Régionale de Santé, de D.R.H, pour Directeurs des Ressources Humaines , de « SMS » soit Short Message Service, en anglo-américain, et en « bon français », mini message etc., etc., etc. ?
Le troisième de ces tendances est le recours presque obligé, dans la phraséologie en vogue, à des termes d’origine anglo-américaine superfétatoires.
Ccf « coach » pour entraîneur, « tchéquer » pour vérifier, « benchmark » pour analyse comparative. Également « Feed Back » pour retour d’expérience, « jobdating » pour entretien de recrutement informel, « replay » pour rediffusion. Puis « live » au lieu d’en direct, « timing » pour minutage, « streaming » pour diffusion en continu). Ou incompréhensibles, même pour des Américains de souche en raison d’emploi de mots souvent inappropriés. Voire de pousser le bouchon en s’excusant à l’avance auprès de son public de devoir employer des termes étrangers, par l’immuable et ridicule « soit en bon français », sans forcément le faire, avec l’air entendu de l’entre soi.
Si on ajoute, à ces tendances, la prolifération à tort et à travers des superlatifs qui se veulent encore plus absolus que l’adverbe d’intensité très dans le langage courant (les hyper et super, depuis 45 ans, les trop depuis 30 ans), et qui finissent par ne plus vouloir rien dire; le recours pour faire jeune dans les feuilletons de la télévision publique du verlan, pas forcément valorisant pour les femmes, baptisées désormais en meufs. Et guère mieux, le remplacement des noms de départements par leur numérotation- comme pour les vaches- réduisant d’autant la connaissance des territoires concernés et de leur localisation géographique et la compréhension de son interlocuteur.
Tel ce jeune de mes connaissances, dessinateur photographe, résumant son parcours professionnel en France : « J’ai travaillé d’abord dans le 83, puis dans le 84, avant de gagner le 41 pour me perfectionner. Et ai décidé finalement de revenir dans le 35 où ma mère réside, mais n’ayant pas trouvé de logement, je me suis retourné vers le 44, sans plus de succès pour me rabattre sur le 56″.
Et lui ai répliqué: « Si je te comprends bien, tu as commencé ta carrière en Provence puis sur le Val de Loire avant de revenir sur le pays de Redon, côté Morbihan« .
Qui peut prétendre aujourd’hui que la reconnaissance et le soutien aux langues régionales puissent être un danger pour le devenir de la langue française urbi et orbi devant cette folie verbale?
Le positionnement du Conseil Constitutionnel …
Il est d’autant plus sidérant que l’anglo-américanisme est triomphant sur tous les médias Y compris ceux du service public, notamment dans les domaines de la chanson, une des toutes premières fonctions naturelles chez l’homme, à préserver absolument et de la musique. Pourquoi les émissions d’informations les plus écoutées des radios et télévisions du service public sont-elles ponctuées presqu’exclusivement par des chansons et musiques anglo-américaines, qui semblent souvent retenues, plus par le montant des ventes de leurs chanteurs, que par le talent de ces derniers au détriment de ceux de France, d’Europe ou d’ailleurs.
Des artistes que l’on invite ensuite dans les magazines de fin de journée des chaines publiques de la télévision pour être tendance!
Pire encore : Pourquoi la plupart des films ou séries françaises soutenus par l’État ne sont accompagnés que par des chansons en anglo-américain? Alors que le chant dans cet art est censé accompagner l’image par le verbe pour renforcer son propos?
Pourquoi le public francophone devrait-il en être privé au détriment des chanteuses, chanteurs et paroliers en français, alors qu’il est abreuvé dans les centres commerciaux et les publicités par cette angloaméricanomanie ?
Veut-on tuer la SACEM et les artistes ou la poésie dans les chansons ou tout simplement tuer le français? On peut légitimement se poser la question en constatant et c’est un comble, que cette angloaméricomanie a rapidement et magistralement envahi l’Eurovision dont l’objet premier était de mettre en valeur les richesses exceptionnelles des chants des peuples d’Europe, des timbres de voix et de leur créativité contemporaine.
Alors Mesdames et Messieurs les Conseillers constitutionnels, Messieurs et Mesdames de l’Académie française, ne pensez-vous pas que ce serait plutôt cette déferlante qui pourrait nuire à l’intégrité de la langue française plutôt que le tilde breton ou ses méthodes d’enseignement et celles des territoires français au moment où le Royaume Uni abandonne l’Europe Continentale et la légitimité de sa langue.
A moins qu’il soit souhaité que l’Europe parle l’Anglo-Américain quand l’Amérique parlera espagnol.
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Tee-shirt « Pourquoi apprendre l’américain, demain le monde entier parlera breton » créé par Yoran Delacour et en vente sur la boutique en ligne de Yoran Embanner, l’Éditeur des Peuples Oubliés.