Sommaire
La semaine dernière je me réjouissais face à ce constat simple, la langue bretonne a déjà gagné.
Lundi, j’avais eu l’idée d’ajouter une liste des différents médias gratuitement accessibles sur internet aux dernières leçons de ma méthode, elle aussi en ligne. Je me suis vite aperçu que la tâche était devenue aujourd’hui impossible. En faisant ce rapide recensement, je me suis rendu compte que dans ces derniers mois, ce ne sont pas moins de trois nouveaux médias en langue bretonne qui ont fait leur apparition sur internet (1).
Ces sites, qui échappent à l’embargo culturel sur la Bretagne grâce à internet, en appellent -et en occultent sûrement- d’autres. Et la création, tout aussi récente, de ma méthode (eienn.bzh) n’en est qu’un témoignage de plus. Les jeunes de Bretagne ne cesseront jamais de défendre leur culture, contre vents et marées. Et même cette pandémie qui met le monde à l’arrêt ne peut rien faire pour invalider cette tendance de fond.
Cette explosion culturelle n’aurait pas été envisageable il y a encore quelques années …
… Lorsque la transmission de l’éducation et des actualités étaient, sinon de manière complètement monopolistique, tellement horizontalement gérée qu’elle n’était le fait que de quelques élites parisiennes. Et, admettons-le, dont les prétentions universalistes sont en fait imbibées de communautarisme et d’ethnocentrisme, pour en dire le moins…
Cette classe n’a jamais rien cherché à faire en Bretagne que d’aboutir à notre complète extermination sociale, linguistique, culturelle et historique. Pourtant, avec tous les moyens que deux siècles, de colonisation, de guerres, l’exode rural, ont pu offrir, ils ont échoué. Nous étions déjà là à l’époque de Rome, et nous sommes toujours là !
La récente demande conjointe des deux capitales bretonnes à un référendum sur la réunification de la Bretagne (2) est un camouflet de plus pour tous ceux qui ont cherché et «fait leur beurre», pendant des décennies, sur l’anéantissement géographique, et par là même économique de la Bretagne. Malgré tout l’argent du contribuable jeté par les fenêtres dans une propagande frisant le ridicule, la stratégie du pourrissement entre promesses électorales non-tenues et dénis de démocratie, il est venu le temps d’accepter la réalité.
La Bretagne et sa population, dans toute sa diversité, est plus forte que ça, et mérite mieux que ça.
Alors que Facebook, Youtube, et les sites cités plus haut et d’autre plus anciens, par l’horizontalité qu’offre internet, laisse enfin la langue bretonne respirer, l’ombre de la censure plane toujours en Bretagne. Ce régime, qui voudrait donner des leçons de morale à la Turquie et à la Chine semble pourtant se sentir pousser des ailes. Alors son amnésie coloniale l’empêche de comprendre que les théorisations des politiques nationalistes de répressions des minorités ethniques puisent leurs sources dans la France de la Terreur.
Ainsi que dans la trahison sanglante de la Révolution et dans les répressions ethniques qui ont largement survécu à Robespierre, et se sont greffées à l’idéologie jacobine. Au point de sembler être devenues une condition nécessaire à la création d’un état moderne pour les idéologues et de théoriciens des mouvements nationalistes des siècles précédents. Les génocides et autres politiques de répressions culturelles, de la loi sur le déplacement des Indiens en Amérique, les génocides des Arméniens par les Jeunes Turques, des tziganes et des juifs par les Nazis et plus tard les Soviétiques, et la liste est encore longue. Tous ces régimes ultra-centralisés ont appris à faire de la répression de leurs minorités ethniques leur marque de fabrique.
Parce qu’ils y voyaient un marqueur de la modernité.
Pourquoi?
Tous, sans exception l’ont fait par admiration des “exploits” du jacobinisme parisien. Cette idéologie centraliste, le jacobinisme est la conséquence et la cause de tous les génocides nationaliste, de tous les déplacés politiques.
Mais plus grave encore, à Paris, cela inspire toujours !
Peut-être encouragées par les récentes décisions de politique éducative en Chine, de censure des langues tibétaine (3) et mongole (4) dans le système scolaire, le régime parisien doit se sentir pousser des ailes. Les déprogrammations de plus en plus fréquentes des rares émissions en langue bretonne (5), déjà diffusée sur les pires plages horaires, ne semblaient pas suffisantes pour le pouvoir.
A la répression dans les médias, s’ajoute maintenant la répression à l’école !
Ce mardi, j’apprenais, avec d’autres, la décision unilatérale et hautement politique de l’académie de Rennes de censurer la langue bretonne dans notre principale poche de résistance. Cette décision qui vise explicitement nos collèges et l’unique lycée Diwan. En tout, seulement six établissements dans toute la Bretagne.
Là où par exemple, un tiers des petits Gallois suivent l’intégralité de leur parcours en filières bilingues, il y a à peine 0.8 % de lycéennes et lycéens suivant une formation bilingue jusqu’au baccalauréat. Où ils sont d’ailleurs habitués à prendre la tête des classements. Pour garder la comparaison avec le gallois, toutes les filières de l’enseignement supérieur des Universités du Pays de Galles corrigent les copies en Gallois grâce à un système de professeurs-traducteurs.
En Bretagne, rien ! Mais rien, c’est apparemment déjà trop pour certains ! Il s’agit d’anéantir l’âme de la Bretagne, vous comprenez ?
Il suffirait de priver absolument toute une génération de sa langue, rien qu’une seule génération, sans exception, sans Diwan, pour que le peuple Breton puisse atteindre le niveau d’acculturation, d’aliénation qui permettra à la petite élite Parisienne de définitivement transformer la Bretagne en parc à touristes fortunés. Et les derniers Bretons en leurs esclaves tout juste bons à se battre pour obtenir le droit de récurer leurs cuvettes en porcelaine.
J’en profite pour saluer ceux qui, comme certaines personnes de mon entourage s’estimaient heureuses d’avoir passé leur déconfinement estival à nettoyer quelques airBnB à Douarnenez, et ailleurs, sans contrat de travail. Personnellement j’y ai échappé parce que je créais mon site. Une bonne motivation pour transmettre la langue bretonne, n’est-ce pas ?
Que les choses soient claires …
La haine des autorités politiques et administratives, envers tout ce qui n’est pas endogéniquement parisien, et tout spécialement envers les Bretons, est un lieu commun. Si Giscard (6) et Mitterrand (7) ont accordé des libertés culturelles à la Bretagne, ce n’était ni par sympathie ni par curiosité culturelle. Uniquement par intérêt.
Voire par nécessité.
Pour être honnête, les Bretons eux-mêmes ne sont pas fous du régime parisien et de ses préfets. De tous ces hommes aux airs d’inspecteurs coloniaux qui dirigent par décrets. Sans jamais avoir été élus par personne, de ses fermetures d’hôpitaux, de maternités, de classes et d’écoles… Cependant, ceux que nos impôts et contraventions répressives gavent jusqu’à nous interdire d’exister, semblent oublier que derrière leur haine, leurs mensonges, leurs trahisons électorales, il y a une limite qui ne doit jamais être franchie.
Cette limite, c’est celle du mépris qui s’affiche et se revendique à la face du peuple.
Qui plus est, du peuple breton.
Maintenant c’est la « guerre ». Une « guerre » juste, car elle se fera sans arme, ni violence. Une « guerre » que nous allons gagner car nous n’avons plus le droit de perdre. Car nous avons déjà trop perdu. C’est une guerre de résistance, de survie.
Mercredi j’apprenais l’inutile rassemblement à Brest de ce samedi. Comme beaucoup, je n’irai pas. Car je sais que le régime n’attend que cette manifestation d’impuissance. D’autant plus dans les circonstances actuelles, pour tourner encore plus les Bretons en ridicule. Alors même qu’il est temps de montrer les dents.
Ma mignoned, daoust ha disoñjet ho pefe petra eo pal nemetañ nep politikour?
Chom er galloud, kousto pe gousto.
Jeudi, je lisais un article qui nous rappelait que les élections régionales étaient reportées à Juin.
C’est l’occasion de remercier quiconque étant responsable de cette décision, grâce à laquelle nous aurons le temps pour organiser et nous offrir le dégagement des profiteurs de cette Bretagne bananière.
Lorsque les complices du démantèlement de la Bretagne se reconvertiront dans le travail par intérim (pour une fois ils seront proche du peuple), ils feront passer un message très important au reste de la communauté politique. La Bretagne est capable de supprimer politiquement ceux qui chercheront à humilier son peuple et sa culture. Également son Histoire, sa géographie et sa jeunesse. Particulièrement ceux parlant ces langues, bretonne et gallèse.
La campagne présidentielle elle aussi approche …
Laissons-nous convaincre par les bilans, et non plus par les promesses. On en a assez entendu.
Le dégagisme (se dit #ErMaez en Bretagne) peut devenir un instrument au service de la démocratie en Bretagne. Si nous prenons conscience qu’en votant en un seul bloc, nous pouvons stopper le mépris. Alors nous pouvons nous surprendre à rêver de jours meilleurs. Où les libertés démocratiques seront plus que des déclarations d’intentions, mais une réalité palpable. L’enjeu est trop sérieux pour se limiter à des rassemblements et à des partages de posts sur internet.
Ensemble sauvons la langue bretonne, et disons non à cette Bretagne Bananière !
Notes.
1 – L’hebdomadaire en langue bretonne Ya! https://www.ya-kazetenn.bzh. Également le média d’investigation Splann! : https://splann.org/. Encore le média sportif Stad Brestiz : https://twitter.com/brestbzhg
2 – https://www.huffingtonpost.fr/entry/rennes-veut-un-referendum-sur-une-reunification-bretagneloire-atlantique_fr_6021d85fc5b6173dd2f8d88d
3 – https://www.hrw.org/report/2020/03/04/chinas-bilingual-education-policy-tibet/tibetan-medium-schooling-under-threat . Ainqie que https://freetibet.org/news-media/na/teaching-tibetan-language-declared-unconstitutional
4 – https://en.wikipedia.org/wiki/2020_Inner_Mongolia_protests
5 – https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/bretagne-les-programmes-en-langue-bretonne-de-france-3-suspendus-6817709
6 – Autorisation de créer des école associative en langue Bretonne, menant à la création de Diwan en 1977
7 – Autorisation de créer d’un département de Breton et Celtisme à l’université de Rennes 2
2 commentaires
Ha gallout a rin lenn ar memes tra e brezhoneg ?
Bonjour et merci de votre commentaire. Nous publierons avec plaisir votre traduction en brezhoneg. Trugarez dit