Gaélique écossais VS langue bretonne

Gaélique écossais VS langue bretonne : 41 à 6

de Rémy PENNEG
Publié le Dernière mise à jour le

Gaélique écossais VS langue bretonne : 41,5 millions d’euros pour le gaélique et 6 millions pour le breton.

La préservation des langues dites « régionales » est un enjeu crucial pour de nombreuses communautés. En Bretagne, le breton, langue historique de la région, fait face à de nombreux défis. Tandis que la Bretagne lutte pour préserver son patrimoine linguistique, l’Écosse a montré un exemple frappant de volonté politique en investissant massivement dans le gaélique, une langue qui, tout comme le breton, souffre d’une faible démographie de locuteurs.

Une vraie volonté politique en Écosse autonome

Le gouvernement écossais a récemment annoncé un financement impressionnant de 35,7 millions de livres sterling (soit environ 41,5 millions d’euros) pour promouvoir et préserver le gaélique écossais. Ce fonds, qui couvre des projets éducatifs, culturels et médiatiques, fait partie d’un programme plus large qui vise à renforcer la présence du gaélique dans les communautés où il est historiquement parlé. Ce soutien se concrétise notamment par des investissements dans des infrastructures comme les studios de MG Alba, le service médiatique gaélique, et des centres culturels comme An Taigh Ceilidh, à Steòrnabhagh / Stornoway, pour promouvoir la langue au sein des populations locales.

Une soumission au pouvoir central en Bretagne sous tutelle

En comparaison, la Bretagne, malgré sa riche tradition culturelle et linguistique, ne bénéficie pas d’un tel soutien. Le budget alloué à la langue bretonne est largement insuffisant pour répondre aux besoins réels de la langue. En effet, la gestion des fonds pour le breton est souvent fragmentée, et bien que la région Bretagne administrant quatre des cinq départements bretons ait mis en place de timides initiatives pour soutenir l’enseignement et la promotion de la langue, les montants investis restent dérisoires comparés à ceux alloués au gaélique en Écosse.
Ou au gallois au Pays de Galles / Cymru, au gaélique irlandais en Irlande, au basque en Euzkadi, etc …

En Bretagne, les décisions concernant la langue bretonne sont en majeure partie prises dans les ministères parisiens, ce qui limite la capacité d’action de la région administrative, trop souvent aux ordres. Cette centralisation des pouvoirs complique la mise en place de politiques linguistiques ambitieuses, alors que l’Écosse, par le biais de son gouvernement local, a pu directement orienter ses fonds vers des projets concrets, visibles et utiles aux communautés locales.

« Ce plan, d’une ampleur inédite… » : entre cynisme et provocation

La lente réaction des autorités françaises de tutelle

L’État central basé à Paris, contrairement à l’Écosse, n’a pas encore adopté de politique nationale aussi forte pour les langues dites « régionales ». Si certaines régions administratives, comme la région Bretagne, ont mis en place des mesures pour encourager l’enseignement du breton, ces initiatives sont souvent perçues comme insuffisantes face à l’ampleur des enjeux. Les autorités centrales restent réticentes à accorder un statut officiel aux langues régionales, une situation qui freine les efforts en matière de financement et d’infrastructure pour la langue bretonne.

En Écosse, au contraire, la mise en place du Scottish Languages Bill, qui reconnaît officiellement le gaélique et le scots, montre une volonté claire de renforcer les langues nationales. Ce projet de loi impose des stratégies nationales pour le développement des langues, soutient des projets locaux et crée des opportunités pour les jeunes générations de s’impliquer dans la préservation de leur patrimoine linguistique.

Gaélique écossais VS langue bretonne : un modèle à suivre pour la Bretagne ?

L’exemple écossais met en évidence l’énorme écart entre la volonté politique de l’Écosse et l’inaction des autorités centrales et de ses vassaux régionaux concernant le breton. En Écosse, le gaélique bénéficie d’un financement de plusieurs dizaines de millions d’euros pour soutenir son enseignement, ses médias et sa culture. Les Bretonnes et les Bretons, de leur côté, luttent pour obtenir une part du budget nécessaire à leur propre langue nationale (la langue d’une nation est une langue nationale, et le peuple breton forme nation). Un soutien plus robuste et direct de l’État central français pourrait permettre à la Bretagne de mieux préserver sa langue et son identité culturelle.
Mais n’y comptez pas : ce pouvoir jacobin, parfois brittophobe, ne lèvera pas le petit doigt pour sauver le brezhoneg. Bien au contraire !

Les autorités bretonnes, avec le soutien des associations locales, devraient donc revendiquer plus de moyens pour la langue bretonne. Une telle demande pourrait s’inspirer du modèle écossais, où la langue gaélique est devenue une priorité nationale. Il est indispensable que les pouvoirs publics bretons (qui n’ont en fait réellement aucun pouvoir) s’engagent de manière plus ferme, tant au niveau breton qu’hexagonal, afin de donner au breton les moyens de se développer dans le futur.

Mais l’Écosse est autonome et est gérée par de vrais leaders.
La Bretagne, ne fut-elle que l’administrative, n’est qu’administrée pour le compte de l’État central par des suiveurs.

La suite ?

En Bretagne, pour sauver notre langue celtique de disparition, il n’y a plus qu’une seule solution : remplacer au plus vite l’actuel molle présidence de la région administrative par de vrais responsables, gestionnaires, ambitieux et soucieux des vrais intérêts de notre pays.

La comparaison entre l’Écosse et la Bretagne soulève une question importante : pourquoi un pays comme l’Écosse investit-il des millions dans sa langue nationale, tandis que la Bretagne, région administrative sous tutelle, peine à obtenir un soutien suffisant pour son propre patrimoine linguistique ? Voire de son patrimoine tout court.

Il est urgent que la Bretagne bénéficie de politiques publiques plus ambitieuses, fondées sur un véritable engagement pour la langue bretonne, inspirées par les modèles internationaux comme celui de l’Écosse.
Sans cela, l’avenir de la langue bretonne est scellé

Gaélique écossais VS langue bretonne

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3 commentaires

Dominique David 27 mai 2025 - 22h02

Le négationnisme est une impasse.
La langue bretonne n’était pas la seule langue de Bretagne.
Le gallo était la langue dominante de l’est des Côtes d’Armor et de l’Ille et Vilaine, sans parler de LA.
Imposer le breton comme langue unique de la Bretagne est la négation de son historique linguistique.

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Penn kaled 28 mai 2025 - 10h01

Il faudrait peut être aussi arrêter un peu de taper sur l’Angleterre actuelle? qui respecte les langues celtiques, c’est également partiellement son propre héritage britto romain que des fouilles archéologiques récentes mettent en évidence. Londres contrairement à Dublin, a ratifiée la charte des langues minoritaires. La promotion du gallois est bien plus facilitée que ne l’est le gaélique dans la république d’Irlande pas toujours soutenu par les pouvoirs publics. Question les anglais nous reconnaissent t-ils moins comme bretons que les autres celtes des iles britanniques ???

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Anne Merrien 28 mai 2025 - 13h13

L’idéologie des Etats-nations ne doit pas s’appliquer à la Bretagne qui n’a pas d’unité culturelle. Cela aurait peut-être été possible si la Bretagne était restée à sept évêchés, sauf qu’historiquement elle en compte neuf.

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