brittophobie

La brittophobie existe t-elle, et comment la définir ?

de Rémy PENNEG
Publié le Dernière mise à jour le
Brittophobie discrimination et délit ?
Selon les définitions les plus courantes, « La francophilie désigne, chez une personne étrangère à la nation française, son goût prononcé pour les aspects culturels et civilisationnels développés par ce pays, ainsi que leur rayonnement. Les personnes concernées sont qualifiées de francophiles. Son terme opposé est la francophobie« .
Mais vous ne trouverez nulle part un seul mot à propos de la brittophobie.
Hors donc, sur cette base quasiment officielle, nous pouvons définir ainsi, Nous-Mêmes, et de la même manière, les termes « brittophilie » et « brittophobie« .
« La brittophilie désigne, chez une personne étrangère à la nation bretonne, son goût prononcé pour les aspects culturels et civilisationnels développés par ce pays, ainsi que leur rayonnement. Les personnes concernées sont qualifiées de brittophiles.

Son terme opposé est la brittophobie

« .
Et quid des Bretonnes et des Bretons, non étrangères à la nation bretonne ?
Ne doit-on évoquer la brittophobie ou son contraire uniquement pour des non Breton(ne)s ?

L’époque est très propice à classifier les individus selon de multiples critères.

Et quiconque n’entre pas dans ces figures imposées devient vite suspect.
On est donc francophile ou francophobe. Mais aussi homophobe ou pas. Et pourquoi pas germanophobe ou germanophile ?
Pour certains, on se rend compte que le mot en phobie est beaucoup plus courant que son opposé en philie. On voit plus couramment le mot islamophobe et xénophobe, que les mots islamophile et xénophile.

En passant, connaissez-vous la thanatophobie, la peur de la mort ? Il doit en exister très peu, de thanatophiles.

La brittophobie, tout comme les quelques phobies citées plus haut, est une forme de xénophobie.

« La xénophobie est une hostilité à l’égard d’une ou de plusieurs personnes, essentiellement motivée par leur nationalité, culture, genre, religion, idéologie ou origine géographique« .

 
brittophobie

Discrimination, Droukziforc’h

La brittophobie est très précisément une forme de discrimination.

Selon la définition, une discrimination consiste à traiter de façon différente des situations identiques, mais aussi de traiter de façon identique des situations différentes. Que ce soit des spécificités géographiques, économiques, culturelles, sociales ou sociologiques.

Donc, à ce stade, il faut inscrire la brittophobie comme étant une discrimination, une forme de xénophobie, au même titre que la francophobie, l’islamophobie, ou l’homophobie ou les propos antisémites.

A propos de brittophobie, une personne qui n’aime pas le Gwenn ha Du et ses couleurs, est à la fois « leucophobe » et « kénonauphobe », respectivement les peurs du blanc et du noir.

Dans l’Hexagone d’aujourd’hui, comme dans la plupart des nations et états modernes, la qualification juridique dite « d’injure raciale » est définit comme « toute expression outrageante, terme de mépris ou invective (exemple : « sale Breton »), adressée à une personne ou à un groupe en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée« .
Le code pénal hexagonal précise aussi les faits de diffamation, de provocation, de violence et de discrimination; tous répréhensibles au regard de la loi, d’amendes et d’emprisonnement.
 

 

La brittophobie est un délit.

Il n’y a donc aucune raison qu’un acte ou une parole brittophobe envers un(e) Breton(ne) ne soit pas considéré comme aussi grave et délictueux que tout acte ou parole injurieux à l’adresse d’un homosexuel ou d’un juif, d’un asiatique ou d’un musulman.

Avertissement
Il ne s’agit, bien entendu, pas du tout des mêmes gravités de discrimination et de délit.
L’Histoire a malheureusement démontré que certaines discriminations tuent, parfois massivement et de façon horrible et inhumaine. Aujourd’hui encore, les discriminations brittophobes n’ont rien à voir en gravité avec celles supportées par d’autres minorités parmi les précitées. 
Notre propos ici n’est, évidemment pas, de comparer ces discriminations. Nous disons juste qu’elles existent toutes, et que parmi ces discriminations, parmi les moins virulentes, il existe la brittophobie.

A l’opposé, on peut être aussi brittophile, et à NHU Bretagne, ce sont celles et ceux que l’on préfère.
Nous devons rester vigilants, ensemble, contre toute forme de xénophobie et la brittophobie en est une.
Et non une forme « d’humour » ou « d’autodérision » comme certain(e)s aimeraient nous en convaincre.
La brittophobie existe t-elle, et comment la définir ?

Brittophobie discrimination et délit ?

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12 commentaires

Yann Vleiz 5 novembre 2016 - 11h42

La brittophobie est un délit ? Pas en fRance en tout cas, où la justice fRançaise ne reconnait pas le Peuple Breton… Les Bretons ça n’existent pas! ( Rendu de délibéré dans l’affaire de « l’humoriste ‘ Berroyer et sa chanson anti bretonne de 2006… )

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Gratitude 11 novembre 2016 - 11h24

M’enfin, tout le monde aime la Bretagne…. Qui n’a pas un cousin, une grand mère bretonne, un souvenir heureux, romantique, esthétique, gastronomique, lié à la Bretagne?
Franchement vaut mieux faire envie que pitié, être jalousé qu’ignoré. Ce qui serait le pire ce serait de faire croire que les bretons n’ont pas d’humour, ou de détachement!
Ce terme de brittophobie me fait horreur car il ne correspond en rien au sentiment que les français, les européens éprouvent pour la Bretagne, conscient ou à venir, par contre l’utiliser est le meilleur moyen de la susciter!
Le racisme anti-breton n’existe pas, ne le suscitons pas en défendant « notre race »!
Et pour la chanson de Berroyer, quand même… la Bretagne n’est elle pas la patrie de l’humour, des canulars énormes, des Gras de Douarnenez…si on peut pas rire de soi même même bêtement çà fait peur et ce n’est certainement pas…. breton!
Et franchement je n’aime pas beaucoup les drapeaux, quels qu’ils soient, trop de morts pour les défendre, comme les frontières, et les murs pour les franchir.
Fier d’être breton, français, européen et citoyen du Monde, naviguant entre Nantes et Clisson au coeur du vignoble… breton!

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Passion Bretagne
Rémy PENNEG 11 novembre 2016 - 17h17

Merci pour ce beau commentaire enflammé. Vous avez parfaitement raison : il existe trop de raisons d’aimer la Bretagne pour la détester. Nous avons en effet ce sens de la fête et de la rigolade qu’on nous envie souvent. Mais la xénophobie existe dans ce monde cruel, et il faut que nous soyons attentifs à ne pas laisser poindre des actes ou des paroles à l’encontre des Bretons comme on en voit trop fleurir à l’encontre d’autres minorités, qu’elles soient sociales, religieuses ou ethniques.

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G.G.P. 25 mai 2017 - 13h36

On peut effectivement s’efforcer à sourire même face aux insultes, ça s’appelle la thérapie du sourire. On peut ignorer les dérapages, parfois humoristiques, parfois très sérieux et même tolérer que l’on fasse porter à notre caractère trop entier la responsabilité des tirades « anti-bretonnes ». Mais soyons aussi lucides. Le mépris existe et se dissimule sous les traits d’une pseudo-acceptabilité. Quand Jean Dutour, membre de l’académie française, compare le CAPES de Breton à un CAPES de mendicité, faut-il y voir de l’humour ou l’expression d’un élitisme maladroit ?

Le problème essentiel est qu’il y a une histoire de caricatures infamantes qui s’étale sur plus de deux siècles. Qui a parlé de race bretonne ? Ceux qui disait qu’elle était inférieure au peuple français, ceux qui préconisaient de l’améliorer comme on améliore les races de chevaux, ceux qui disaient qu’elle avait à peine une place au-dessus de l’homme sauvage. Des citations, il y en a des dizaines, comme celle de Jean Cau qui, en 1962, faisait passer la Bretagne pour le réservoir à prostituées de Paris (et je le dis poliment). Avant de le lire, je n’avais jamais compris cette histoire que ma mère m’avait raconté à propos de ses cousins, partis bosser à Paris, et qui lui avaient dit de ne surtout jamais dire qu’elle était bretonne quand elle les y aurait rejoint.

Les Bretons ont été dépeints comme des monarchistes fanatiques, des superstitieux, des indigents, des arriérés, des consanguins, des alcooliques, sans oublier des collabos, des ploucs et autre joyeusetés. Au lycée, dans les années 90 en Ile-de-France, une prof de Français a balancé à un ami (originaire de Guiscriff) « de toute façon, les Bretons sont tous des péquenauds. »

Alors moi je veux bien sourire et ne pas utiliser de mots trop gros, mais il y a hélas persistance d’un sentiment hostile à toute chose bretonne. Les stéréotypes sous couvert d’humour, c’est l’excuse facile, mais on peut toujours faire semblant. Quand ces stéréotypes sont prononcés sur un ton sérieux, et popularisent l’idée qu’en Bretagne on est profondément plus cons, moins propres et ouverts que les grands Français, ça devient plus difficile. Onfray, Mélenchon, Macron et Ferrand ne sont que les exemples les plus récents. Alors, on n’est pas obligé de tenir un discours victimaire caricatural, mais il est toujours bon d’éduquer et de rappeler quelques vérités.

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Hoel 26 mai 2017 - 10h12

Je rappelerai quand même des faits élémentaires, à savoir que les révolutionnaires français de 1789 ont tout simplement décidé de faire disparaître la Bretagne, qui était alors « officiellement » une nation – et qui le reste, car une nation ne cesse d’exister que quand plus personne ne s’en réclame, et je m’en réclame, et ne suis peut-être pas le seul.

Donc la « France », l’Etat français, les élites françaises sont non seulement brittophobes, mais brittocides.

Il est difficile de faire reconnaître le génocide culturel mené en Bretagne par l’Etat français (avec la complicité des élus bretons), mais il est bien réel. Il est temps que le mouvement breton prenne son courage à deux mains et ose dire la réalité des choses.

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Mickaël Cohuet 30 mai 2017 - 10h12

Ras le bol de ces néologismes composés du suffixe « phobie », qui dérive de phobos (φόβος), « peur », « effroi » en grec ancien et qui sur le plan intellectuel ne veulent rien dire. (La peur n’est pas une idéologie. La peur n’est pas un délit). Concernant le « mépris » racialiste à l’égard des Bretons qui subsiste, je revendique le mot d’ « anticeltisme ». Au moins c’est clair, c’est net et tout le monde comprend.

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Keribin 2 septembre 2017 - 11h44

Définition officielle Brittophobie
La brittophobie est une attitude d’hostilité de principe, systématique et de rejet à l’égard des Bretons.
Cette attitude d’hostilité peut aller jusqu’à la violence et le mépris envers les Bretons généralement ressentis comme inférieurs par les Français.
La brittophobie est une doctrine politique fondée sur le droit des Français de dominer les Bretons et sur le devoir de soumettre les Bretons aux intérêts des Français. Exemple : la politique brittophobe de la France en Bretagne en matière de langue, de culture et de respect de l’intégrité du territoire breton.

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La Rédaction 2 septembre 2017 - 17h26

Bonsoir et merci de votre commentaire. Vous écrivez « Définition officielle ». « Officielle » : qui, quand, où … s’il vous plaît. Merci/Trugarez

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Lug 20 octobre 2017 - 13h47

Oh que si, le britophobie ou plus exactement le racisme anti-breton existe.
Si ce n’était pas le cas, pourquoi vouloir faire disparaître le mot Bretagne des cartes?
Pourquoi séparer la Bretagne en 2?
Pourquoi avoir voulu effacer la langue, la culture?
Pourquoi nous interdire nos propres programmes scolaire dans nos écoles?
Pourquoi, nous interdire notre propre démocratie?

Tous les gens qui ont travaillé en France ont ressentie ce racisme, parfois sous diverse manière, forme, tout n’est pas nécessairement exprimé dans un extrême violent.
C’est parfois plus subtil, comme la phrase : Tu ne vies plus en Bretagne, donc tu n’es plus Breton…! Comme si un Français qui ne vie plus en France n’est plus Français lui…!

Le problème, c’est que le Breton se ment à lui même, donc il n’évoque jamais ce phénomène (car officiellement un Breton n’existe pas… tiens, encore un acte de racisme).

D’ailleurs, croire que tout le monde nous aime est absurde et démontre bien ce phénomène de mensonge.

Et d’ailleurs, qu’est-ce que les gens aiment chez nous? Notre manière de boire, nos plages, ou bien nos jeux vidéos (personne ne sait qu’Ubisoft est breton), nos réalisations industrielles (personne ne sait qu’en Bretagne il existe une industrie aéronautique). A si, nos costumes traditionnels… tout le monde est persuadé que les Bigoudènes vivent partout en Bretagne…

Quand on aime les gens, on les respects, on les connait, on les aime pour eux-même et non pour les stéréotypes… et surtout, on n’essaye pas de changer leur identité pour une autre…

Le problème, c’est que souvent les plus racistes anti-breton sont les Bretons eux-même… un peuple qui est nié officiellement à tendance à trouver par lui même des explications pour expliquer et justifier cette négation.

Mais s’il est vrai qu’il y a des étrangers et des Bretons qui n’aiment pas les Bretons, il y aussi des étrangers et des Bretons qui aiment les Bretons…

@ Gratitude…. A bon, les Bretons sont Français???? Mais alors, c’est quoi un Français?
Et si nous sommes Français, pourquoi y a t-il des Bretons?
Charlemagne était donc un Breton… à non, c’est l’inverse les Bretons était des Francs venu d’Aix la Chapelle enfin de Germanie…
Peut-être devrions nous demander à nos cousins d’outre Manche (d’outre Mer de Bretagne) de renommer leur pays la « Grande-France »… Ben oui, déjà que leur drapeau est bleu-blanc-rouge comme le drapeau breton… à non, là je confonds encore…
Ça y est je me souviens, c’est Nantes qui est la capitale de la France… à moins que ce soit Paris qui soit la capitale de la Bretagne…
Du coup, je ne sais plus… Vous m’avez mis le doute…

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La Rédaction 21 octobre 2017 - 12h45

Votre adresse kormoran@live.fr semble incorrecte. S’il vous plaît, pouvez-vous nous en donner une autre à contact@nhu.bzh ? Merci/Trugarez

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Yann-Klaod 19 février 2020 - 18h58

Le terme « anticeltisme » est trop vague, puisqu’il ne désigne pas spécifiquement la Bretagne et les Bretons, ceci pour répondre à un des intervenants. Il peut aussi bien s’appliquer à l’Irlande, au Pays de Galles, à l’Écosse, etc.
Pour le reste, étant né en 1940, et mes parents ayant été obligés un peu plus tard de venir travailler à Paris, j’ai été scolarisé d’abord à Aubervilliers, puis au Bourget, et enfin de nouveau à Aubervilliers – tout ceci de 1946 à 1954 – et je me souviens parfaitement de l’antagonisme envers les Bretons qui régnait à cette époque, y compris entre écoliers. Je ne me laissais pas faire, mais c’était fatiguant, et blessant, à la longue…
Et la Bretagne était « un pays de ploucs », tout juste bon à abriter les colonies de vacances du 93, à Plouër-sur-Rance par exemple.
Je pense que la Bretagne s’est magnifiquement relevée depuis, mais qu’il faut continuer à se battre, le plus urgent étant d’exiger le retour de la Loire-Atlantique au sein de notre Nation.
Pour le reste, on verra plus tard. Enfin, vous verrez plus tard, car j’aurai probablement rejoint mes ancêtres d’ici-là !

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Jean-Pierre 14 mai 2020 - 8h24

Il faut quand même distinguer deux choses : l’opposition politique à ce qu’il existe une Bretagne indépendante, voire même de « la couper en deux », et à la survie de la langue bretonne, qui est effectivement très ancrée, et l’hostilité ou le mépris pour les hommes et les femmes issues de Bretagne, qui seuls peut à mon avis être qualifiés de « brittophobie ». Et sur ce point, quelle est la situation ? Ce mépris et cette hostilité ont bien existé, mais je considère qu’ils ont quasiment disparu, dans les années 70, pour faire place à de l’admiration et de la sympathie. L’identité bretonne, les fest-noz, sont maintenant vus très positivement par les gens… Quand j’étais gosse dans les années 60, mes parents étant venus s’installer en Beauce, nous avions une voisine tenancière de café, par ailleurs royaliste, qui disait qu’elle détestait les Bretons « sauf ma famille ». Pour elle, les Bretons, c’était des journaliers qui venaient deux fois par an travailler dans les fermes, et passaient leurs soirée au café à boire, parler et chanter fort en breton. Mais déjà, nous n’avions ressenti rien de tel chez les autres habitants de la commune.

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