Géographie humaine au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer

Géographie humaine au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer – Histoire de Bretagne

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Géographie humaine au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer : troisième épisode de notre série Histoire de Bretagne écrite par des Bretons libres.

Bien avant que l’Armorique ne s’appelle Bretagne, cette dernière existait déjà. Elle n’était pas une péninsule, mais une île. C’est là, en Grande-Bretagne actuelle, qu’est née la première Bretagne : la Bretagne insulaire. Depuis le Néolithique jusqu’à l’âge du Fer, ces terres ont vu s’épanouir des peuples puissants et originaux : les Bretons, les Gaels, les Scots, les Pictes, les Calédoniens. Ce sont leurs descendants qui, plusieurs siècles plus tard, franchiront le Channel pour venir en Armorique.

Dans cet épisode, nous explorons l’organisation humaine de cette île fondatrice à travers trois grandes périodes : le Néolithique (de -5500 à -2000), l’âge du Bronze (de -2000 à -800), et l’âge du Fer (de -800 à -100).
Six millénaires où se dessine une civilisation insulaire forte, inventive et spirituelle.

Au Néolithique : des paysans-mystiques et bâtisseurs d’oeuvres de pierres … monumentales.

Vers 5500 av. J.-C., l’île de Bretagne entre dans le Néolithique.
L’agriculture remplace peu à peu la chasse-cueillette. Les premiers villages apparaissent, formés de maisons en bois et torchis, souvent regroupées en clairières proches de rivières. On cultive l’orge, le blé, les pois. On élève des moutons, des porcs et des bœufs.

Mais ces peuples ne sont pas que des paysans. Ils sont aussi bâtisseurs de mégalithes. Les collines galloises, les landes de Cornouailles ou les lochs écossais s’ornent encore aujourd’hui de cercles de pierres, de dolmens, de cairns funéraires.

Ces monuments, comme ceux de Callanish (Écosse) ou Bryn Celli Ddu (Anglesey, pays de Galles), révèlent une société hiérarchisée, dotée d’un calendrier rituel précis et d’une culture religieuse déjà élaborée. Ils témoignent d’une pensée symbolique centrée sur la nature, les cycles solaires, les ancêtres.

La géographie humaine du Néolithique est donc celle de petits groupes agricoles stables, reliés par la mer et les rivières, qui développent une culture commune sur toute la Bretagne insulaire.

Géographie humaine au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer – Tombe à couloir de Bryn Celli Ddu, Cymru, par Jensketch

À l’âge du Bronze : échanges, hiérarchies, armes et prestige

Vers 2000 av. J.-C., l’usage du bronze (alliage de cuivre et d’étain) transforme la société. L’île de Bretagne devient un carrefour économique majeur de l’Occident. Les actuelles Cornouailles, riche en étain, deviennent une région stratégique. Les objets en bronze (armes, haches, bijoux) circulent dans tout l’arc Atlantique et tout le littoral maritime européen.

L’âge du Bronze voit naître une aristocratie guerrière. Les chefs possèdent des épées en bronze, des parures d’or, des chars. Le statut social s’affirme dans les tombes : on y retrouve armes, bijoux, vases, parfois des restes de chevaux.

Les collines du Wessex, du Devon, du Pays de Galles et du nord de l’Écosse sont ponctuées de tumuli (tombes circulaires), souvent visibles à l’horizon. On parle alors de peuples très structurés, dotés de hiérarchies internes, de rituels funéraires codifiés, et de liens commerciaux maritimes puissants.

Sur le plan géographique, les communautés s’implantent toujours autour des ressources naturelles : zones fertiles, rivières navigables, crêtes défendables. Les réseaux d’échange relient entre elles toutes les régions de ces espaces maritimes.


À l’âge du Fer : naissance des mondes gaélique et brittonique

À partir de 800 av. J.-C., le fer remplace le bronze. Plus accessible, il permet à de nouveaux groupes de s’équiper. La société se transforme. C’est le temps des oppida (forts de hauteur), des tribus nommées, des alliances et des guerres de territoires.

Les peuples de la Bretagne insulaire sont désormais clairement différenciés. Leurs noms, leurs territoires, leurs cultures s’individualisent. On y retrouve notamment :

  • Les Bretons dans les actuels territoires de l’Angleterre, du Pays de Galles et de la Cornouailles.
  • Les Gaels dans l’ouest de l’Écosse (futurs Écossais de langue gaélique)
  • Les Scots, issus d’Irlande, qui viendront ensuite coloniser l’ouest écossais
  • Les Pictes, au nord de l’Écosse, célèbres pour leurs tatouages et leur indépendance
  • Les Calédoniens, tribus du nord, farouches et insoumises

Ce sont ces peuples qui formeront l’identité profonde de l’île. Ce sont eux qui résisteront à Rome, défendront leur culture, et qui plus tard, pour une parie d’entre eux, migreront vers l’Armorique pour y fonder la Bretagne continentale.

La géographie humaine devient alors tribale : chaque peuple contrôle un territoire, construit des forts en hauteur, érige des stèles, frappe sa monnaie, et cultive une langue et des mythes propres.

Géographie humaine au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer – Bouclier de Battersea trouvé dans la Tamise – Paul Hudson

Un monde structuré par la mer

L’actuelle Mer Celtique, loin de séparer, relie les peuples insulaires d’Irlande, de Galles, des Cornouailles et d’Écosse. Les Bretons, Gaels, Pictes et Calédoniens naviguent, commercent, échangent. La mer est au cœur de leur mode de vie. Les îles d’Anglesey, Skye, Man ou les Orcades servent d’escales naturelles entre les régions.

La géographie humaine de la Bretagne insulaire est donc un archipel de peuples voisins, unis par des traditions, mais distincts par leurs dialectes, leurs chefs, et leurs alliances.

Les mythes partagés – comme ceux d’îles des morts, de cycles saisonniers, ou de dieux associés à la mer et aux forêts – montrent une identité commune, malgré la diversité des tribus.

Vers une carte des peuples

Environ cinq cents ans avant notre ère, les premiers chroniqueurs antiques (grecs puis romains) commencent à dresser la carte des peuples de l’île.
Mais c’est dans l’épisode suivant que nous plongerons au cœur des 28 tribus bretonnes identifiées : un inventaire précieux pour comprendre les courants migratoires futurs vers l’Armorique.

Ce monde tribal riche, complexe et structuré est l’héritage direct de la géographie humaine formée au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer.En héritage

Aujourd’hui encore, cette géographie humaine ancienne marque les esprits. En effet, le Pays de Galles, les Cornouailles, le Devon, la Calédonie (Écosse) conservent leurs langues issues du brittonique ou du gaélique et leurs légendes.

Ils sont les territoires frères de la Bretagne continentale, avec laquelle ils partagent une origine commune : celle des Bretons de la Bretagne insulaire, peuple de bâtisseurs, de navigateurs et de résistants.

Retrouver les liens vers les deux précédents épisodes

Photo header Stonehenge @Freesally

Soutenez votre média breton !

Nous sommes indépendants, également grâce à vos dons.

A lire également

Une question ? Un commentaire ?

Recevez chaque mois toute l’actu bretonne !

Toute l’actu indépendante et citoyenne de la Bretagne directement dans votre boîte e-mail.

… et suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Notre mission

NHU veut faire savoir à toutes et tous – en Bretagne, en Europe, et dans le reste du monde – que la Bretagne est forte, belle, puissante, active, inventive, positive, sportive, musicienne…  différente mais tellement ouverte sur le monde et aux autres.

Participez

Comment ? en devenant rédacteur ou rédactrice pour le site.
 
NHU Bretagne est une plateforme participative. Elle est donc la vôtre.