Reprenons très rapidement le cours des évènements. Les Brittaniques ne veulent plus de cette Union Européenne et votent démocratiquement pour en sortir. L’Irlande, île voisine de la Grande Bretagne, elle, reste dans cette Union Économique. Jusqu’à là les exportations irlandaises à destination de l’Union Européenne continentale transitaient par ferries et route via la Grande Bretagne. Et en particulier par Liverpool, grand port anglais face à la façade est de l’Irlande.
Avec le Brexit ces produits irlandais vont se trouver taxer en douanes en touchant la côte anglaise. Pour ne pas subir ces taxations douanières nouvelles, l’Irlande doit donc trouver de nouveaux itinéraires pour livrer ses produits sur le continent. Ne pouvant plus passer par l’Angleterre terrestre, il ne leur reste que le fret maritime.
Sommaire
Et là la géographie s’impose !
En tous cas, la géographie devrait s’imposer, comme le montre d’évidence la carte.
Pour venir d’Irlande par la Mer Celtique, et sans toucher la Grande Bretagne, on arrive naturellement en Petite Bretagne. Nous avons en Bretagne une histoire maritime ancienne avec nos cousins irlandais. Depuis 1973, la Compagnie maritime bretonne Brittany Ferries traverse chaque jour de l’année ces mers qui nous unissent aux autres pays celtiques du nord et à l’Angleterre. Y compris à l’Irlande par Cork.
La Bretagne dispose au plus près de Cork du port de Brest, à la porte du plus important couloir maritime du monde. A quelques heures de navigation plus au sud, existe un autre port breton, plus important encore : Nantes
Sans parler de Roscoff et de Saint Malo, qui sont des ports déjà bien aménagés pour recevoir des navires de taille.
Mais Paris et Bruxelles ne connaissent pas leur géographie.
Et préfèrent les petits arrangements entre amis. La commission européenne, celle qui décide de près de 65% de notre quotidien de Citoyen européen, a une autre « analyse ». Ces technocrates, administrateurs hors-sol à mille kilomètres de la Bretagne, ont décidé de nier purement et simplement notre existence. Leur projet de ré-orientation des trafics marchandises de l’Irlande passerait par les ports du Bénélux. En l’occurrence par Rotterdam aux Pays Bas. Également par Zeebrugge et Antwerpen/Anvers en Belgique.
L’Union Européenne siège en Belgique à Bruxelles … et c’est la Belgique qui serait privilégiée !
Plus de trente milliards d’euros de fonds européens, donc de nos impôts, font être offerts à ces trois ports.
Et qu’en est-il de l’autre capitale ?
Pourquoi voulez-vous qu’il en soit autrement ? Là aussi, la carte des ports européens est explicite. Paris qui décide d’environ 30% de notre quotidien a son port de prédilection : Le Havre. Et ce grand port français est la ville du premier ministre français actuel.
Tout est dit !
Paris n’a que faire des ports bretons. Brest est un port d’abord militaire. Donc tout développement de ce port à la situation géographique stratégique est pensé en fonction de cette priorité. Quant à Nantes, la partition de la Bretagne l’a enlevé des compétences de nos administrateurs bretons.
Hinterland.
Oui bien sûr, l’hinterland des ports belges et néerlandais précités est bien plus important que celui de Brest et de Nantes. Personne ne le conteste. Pour plus d’efficacité et surtout de rentabilité, il est préférable de disposer d’un marché de consommation plus proche et plus important du port de débarquement.
Mais cette « Union » Européenne n’a t-elle pas, n’a t-elle plus, vocation à investir et à soutenir aussi ses régions périphériques ?
En Bretagne, ne serions-nous européens que pour « bien » voter de temps en temps ?
Nous, Bretonnes et Bretons qui avons tant voté pour cette idée d’Europe, ne sommes-nous trop souvent pris pour les dindons de la farce ?
Qu’en dites-vous, Madame BULC ?
La Commissaire européenne actuellement en charge de ce dossier est la slovène Violeta BULC.
Madame BULC, avez-vous déjà oublié que votre pays la Slovénie, est Membre de l’UE depuis seulement 2004. Avez-vous oublié les montants des aides que cette UE a versé à la Slovénie pour moderniser son économie ?
La Slovénie pays dont la superficie n’est que de 20273 km2. Soit moitié moindre que la superficie de la Bretagne avec ses quelques 36000 km2.
Les Slovènes sont deux millions de personnes quand la Bretagne a une population de 4,6 millions d’habitants.
Il est bon parfois de rappeler quelques données chiffrés objectives pour remettre en perspective certains points. Quand un petit territoire européen oublie d’autres petits territoires européens …
Et qu’en disent nos administrateurs bretons ?
Dès qu’ils ont eu connaissance de ce projet, la CCI MBO Chambre de Commerce et d’Industrie Métropolitaine Bretagne Ouest a réagit. De même que les autorités de la région administrant quatre des cinq départements de Bretagne.
Mais ces réactions sont-elles à la mesure de la trahison de Bruxelles ?
Qu’en dit le Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères français ?
Nous rappelons que c’est cet actuel ministre qui fut élu Président de cette région administrative, et qui ne pouvant pas cumuler, a démissionné au profit de son dauphin, en poste actuellement. Ce dernier aussi a donc réagit, » vigoureusement« , a cette annonce de la commission européenne … en écrivant un courrier au Ministre français de l’Europe …
Que les meilleurs gagnent …
Et nous doutons que ce soit les « nôtres » (mais le sont-ils totalement, des « nôtres » ?) qui l’emportent.
L’Union Européenne, par ses distributions de fonds, profite à la Bretagne comme à la Slovénie. Tout comme à la Belgique et aux Pays Bas. Mais les responsables néerlandais et belges semblent mieux défendre leurs positions. Cette « union » n’est pas, ou n’est plus une « union » véritable. C’est du chacun pour soi. Et que les meilleurs gagnent.
Quand on a le sentiment d’être mal défendu par un avocat … on change d’avocat !
Nous avons besoin d’Europe, en Bretagne et dans toute l’Europe.
Ainsi en Bretagne, ne serions-nous pas capables de gérer certaines de nos affaires nous-mêmes ? Mais sans doute dans un autre cadre européen ? Sans que ce soit des technocrates lointains qui décident de tout à notre place.
Imaginons un instant des discussions bilatérales entre décideurs irlandais et bretons sur ce sujet précis. Ne sommes-nous capables, nous-mêmes, de mettre en avant les avantages de nos ports de Brest, de Nantes et de Roscoff ? Directement auprès des autorités irlandaises. Avec lesquelles, par ailleurs, nous avons des relations déjà anciennes et cordiales. De leur côté les Irlandais ne sont-ils pas capables de décider par eux-mêmes vers quels ports continentaux ils souhaitent faire transiter leurs exportations ?
#CroirePlusEnNous
7 commentaires
Excellent article qui répond à nos interrogations. Bien sur avec un État breton, nous pourrions défendre nos intérêts.
Pour avoir rendu visite au lobby maritime officiel de Bruxelles dans le passé, je me suis rendu compte que Flamands et Hollandais y régnaient en maîtres !
Bonjour Yves et merci de ce commentaire. Ils ne perdent pas de temps à quémander à un niveau au-dessus et défendent eux-mêmes leurs intérêts. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. #CroirePlusEnNous
Brest, Nantes, Roscoff… et St-Malo !?
Bonjour. Petit oubli réparé. Venons d’ajouter Roscoff et Saint Malo dans le texte. Merci de votre attention et de nous suivre. Bonne journée.
Paradoxalement ,suivant l’issue des évènements ,car le brexit n’aura peut être pas lieu ? Dans le cas contraire et sans doute probable ,si des stratèges bretons auraient les moyens de gérer cette affaire ,en tentant de rétablir la relation ancestrale entre la petite et la Grande Bretagne, qui ont souvent des intérêts économiques complémentaires ,d’un mal pourrait sortir une bonne surprise inattendue …….
Oui ne pas oublier le port de Lorient qui avec sa passerelle RORO inutilisée peut accueillir les ferries irlandais et tous les cargos évidemment.