Deutsche Bank 1-3

« Mourir pour Deutsche Bank » 1/3 : entreprises zombies.

de Jacques Henri LESCOUËT
Publié le Dernière mise à jour le

La définition officielle d’une entreprise zombie donnée par la Banque des règlements internationaux (BRI) est la suivante :

« Il s’agit d’une entreprise cotée en bourse, existante depuis plus de 10 ans et dont le ratio entre l’EBIT (le bénéfice avant paiement des intérêts et impôts) et la charge des intérêts qu’elle supporte est inférieur à un ».
Ce terme est apparu durant ce que l’on nomma, « la décennie perdue » au Japon de 1990 à 2000, quand, des entreprises avec des profits nuls ou négatifs furent maintenues en vie par des banques elles-mêmes en difficulté. Établissements bancaires qui pour ne pas déprécier leurs bilans octroyaient des prêts à taux quasi nuls.

Ce « déjà vu » au japon fut rejoué un peu partout en Europe, aux USA ainsi qu’en Chine dès les années 2000.

A l’acmé de cette « tournée générale », où l’argent coulait à flots ininterrompus depuis 2015 en Europe à travers les QE (Quantitative Easing ) -assouplissement quantitatif- pour des montants de 80 milliards d’€ par mois entre Mars 2015 et Décembre 2018 ; il fallut se rendre à l’évidence, ces respirateurs artificiels destinés à soutenir censément l’économie réelle, à travers le rachat d’obligations d’états ou d’entreprises détenues par les banques, ne purent empêcher cette économie réelle- ombre d’elle-même depuis 2008-, d’être sur le point de rendre l’âme dès la fin de l’année 2018. BC (Before Covid).

Et pourtant, la médication administrée pour maintenir en vie le système financier fut à la mesure de cette accommodation des populations à supporter, sans vraiment se plaindre, « l’exubérance irrationnelle des marchés » – pourtant récurrente-, et « leur main invisible »- dans l’escarcelle de tous-.
Prépotences avec lesquelles il est demandé de faire corps, de tout leur pardonner, mais plus que tout encore, de les craindre en tant qu’indépassables totems de notre modèle économique. Modèle qui, tel un vaisseau fantôme égaré dans les brumes qu’il a lui-même engendrées, demande à sa vigie de répéter à l’envi -car les galériens se nourrissent d’espoir-; que « la sortie de crise est en vue »

… Nous y sommes !

« Avant la crise de 2007-2008, le bilan de la Banque Centrale Européenne (c’est-à-dire la totalité des titres détenus et des prêts consentis par la BCE) avoisinait les 1000 milliards d’euros, soit à peine 10% du PIB de la zone euro. En 2019, il atteint 4700 milliards d’euros, soit 40% du PIB de la zone. » Thomas Piketty.

Sans entrer en détail sur ces rachats de dettes d’un montant de 2 600 milliards d’€ en 3 ans, gardons tout de même à l’esprit que la qualité de ces désormais « anciennes » dettes rachetées par la BCE doit être questionnée, avant que l’on ne nous fasse oublier d’ici peu, jusqu’à leur existence, en les dissimulant sous des montagnes de nouvelles dettes.
Car depuis le 22 avril 2020, la BCE va officiellement accepter, que les collatéraux des banques commerciales, remis en garantie pour se refinancer, puissent faire l’objet de notations même « fortement dégradées ».

Autrement dit : des «junk bond » en anglais et des » obligations pourries » en français.

Mais restons sereins, car l’objectif de ces nouvelles règles « est de soutenir la capacité des banques à prêter pour continuer de mettre à disposition des ressources financières pour l’économie de la zone euro », nous indique la BCE.
Que les entrepreneurs -dans l’économie réelle-, qui se sont vu refuser des prêts ces 10 dernières années, lèvent la main ou rédigent un commentaire en bas de cet article !
Car ces prétendues nouvelles règles (au motif de la crise Covid-19), ne sont pas une nouveauté.

La BCE se livre à des rachats « d’obligations dégradées» depuis 2016.

« Le programme de rachats de dette d’entreprises de la Banque centrale européenne se poursuit ce jeudi. Selon les informations de Bloomberg, qui cite une personne proche du dossier, l’Institution aurait acquis ce matin des obligations Volkswagen, Continental et Orange. Hier, toujours selon les informations de l’agence, la BCE aurait débuté son programme en achetant des titres Telecom Italia, Anheuser-Busch InBev, Renault, Siemens et Engie. » 09/06/2016 .

Pourquoi ces mastodontes industriels ont-ils besoin de se refinancer directement auprès de la BCE- au prétexte d’investissements (non contrôlés) -, et quels peuvent -être les risques in fine pour le contribuable européen si certaines de ces mastodontes venaient à faire défaut ?

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Deutsche Bank 1-3 , Le système de notation des agences de notation financière

https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/19/la-bce-rachete-les-dettes-des-groupes-du-cac-40_4971700_3234.html

A l’aune de ces facilités de refinancement, le citoyen lambda devrait se voir offrir lui aussi la possibilité de se financer avec des collatéraux même « fortement dégradés » afin de relancer l’économie et l’emploi.

Rien de plus simple.
Dans votre garage ou votre cave, doivent bien traîner quelque vieux vélo auquel il manque une roue et le guidon, une machine à laver sans tambour, si ce n’est une gazinière sans brûleur ou un vieux meuble sans porte. Rassemblez-les, portez les à votre agence bancaire, déposez les en tant que collatéraux (certes un peu dégradés, mais bon… c’est pour la relance de l’économie), et demandez en échange de ceux-ci des liquidités qui représenteront normalement entre 60 à 90 % de la valeur du prix d’acquisition à l’époque de leur splendeur.
Munis de ces liquidités, allez racheter d’autres futurs collatéraux tout neufs, en y ajoutant un petit peu de votre épargne-mais pas trop-, puis renouvelez l’opération dans 5 ou 10 ans.

Vous participerez ainsi à la relance de l’économie. Et même de l’emploi …en Chine.

Si l’existence de ces entreprises zombies, mine l’ensemble du tissu économique en étant préjudiciable aux autres entreprises plus saines car détournant une partie de l’investissement et même de l’emploi, elle menace aujourd’hui sérieusement ce dernier.
Elles sont repérables à leur niveau de performance productive qui baisse constamment. C’est ce qu’on appelle le « shadow of death ». Cette ombre de la mort qui menace dangereusement les emplois, plane sur 5,3% de l’effectif salarial en France soit environ 1.500.000 personnes au minimum.

Ces chiffres sont issus du recoupement d’analyses de différents économistes. Mais en France, l’expression « entreprises zombies » demeure tabou. On ne parle que de pourcentage pour ne pas effrayer avec le montant des sommes en jeu et les centaines de milliers d’emplois qui vont disparaître.

« Nous n’ajouterons pas aux difficultés sanitaires la peur de la faillite pour les entrepreneurs, l’angoisse du chômage et des fins de mois difficiles pour les salariés. Aussi, tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte, là aussi. » – Emmanuel Macron lors de son adresse aux Français du 12 mars.

Un calcul de la Bank of America, montre que 9 % des 600 plus grandes entreprises européennes peuvent être considérées comme des entreprises zombies.

Si vous incluez les petites entreprises, vous arriverez à 18 %.
Aux États-Unis, ce sont plus de 20 % des entreprises qui sont considérées comme des entreprises zombies.
A vous de jouer pour débusquer qui se cache derrière ces 9 % d’entreprises européennes parmi les 600 plus grandes. Et ainsi déterminer le nombre de chômeurs à venir et le nombre exact de milliards qui vont se volatiliser.

Œuvre de « l’ouragan perpétuel » de destruction créatrice selon Joseph Schumpeter.
Mais, comme de toute façon, « l’argent magique n’existe pas », ne l’adjurons pas non plus, d’être immortel !

« ex nihilo nihil, in nihilum posse reverti » « Rien ne vient de rien, ni ne retourne à rien ». Lucrèce.

Fin 2019, la plus célèbre entreprise zombie, le voyagiste Thomas Cook laissa une ardoise de 12 milliards d’€, plus de 10 000 employés sur le carreau rien qu’au Royaume Uni, provoqua la fermeture immédiate ,(pour non-paiement de ses factures), de 500 hôtels en Espagne, une perte de revenus touristiques à venir en 2020 de 2,5 milliards d’€ pour la Grèce (1,2% de son PIB), sans oublier des conséquences similaires en Italie, Gambie et Turquie.

Quelques grands noms d’entreprises mondialement connues ont à leur tour rejoint le cimetière du grand casino financier depuis le début de cette année 2020 ; Hertz, André, Naf-Naf, Camaïeu, La Halle, Alinea, Celio etc.

D’autres avec pour le moment, un seul pied dans la tombe, (Renault, General Electric, Tesla, Virgin, Boeing et la liste va s’allonger), implorent désespérément les sorciers gouvernementaux et les thaumaturges des banques centrales, pour recevoir leur perfusion de centaines de millions ou dizaines de milliards d’€ ou de $ qui leur permettront de continuer à faire illusion au grand bastringue de cette nécropole planétaire.

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Le Triomphe de la mort (Triumph des Todes) 1944 Felix Nussbaum

Bastringue ou bal des débutantes pour certaines, on n’y badine pas avec la préséance, et il sera exigé des entreprises zombies encore en activité de s’incliner avec déférence devant Son Altesse Royale , qui, toujours sur ses deux jambes, bien que plus que chancelante depuis bientôt 12 années, (aura réussi avec force bilans truqués, et cadavres financiers en milliards cachés dans ses placards), à faire honneur avec panache à ce titre décerné par l’économiste en chef du FMI : » d’entreprise la plus dangereuse au monde «.

Ce fleuron pour tout un pays, et bombe à retardement pour l’ensemble du continent entrainera lors de sa chute inéluctable, faillites d’entreprises, faillites de banques, et ruine des épargnants.

« Réacteur en fusion au milieu de la zone Euro », comme disent ses concurrents.

Et tout cela, malgré un « traitement spécial » lors de stress tests en 2016, la création – pour améliorer son bilan- en Juillet 2019 d’une « bad bank », banque poubelle en français, pour y loger 288 milliards d’actifs dont la valeur réelle était estimée à 74 milliards (estimation 2019 BC (Before Covid) , soit vraisemblablement une valeur proche de zéro aujourd’hui en Juillet 2020.Si en parcourant ces données, quelques frissons d’épouvante commencent à faire frémir vos placements financiers ou votre épargne, sachez qu’elle est aussi la plus exposée aux produits dérivés : entre 43 000 et 64 000 milliards d’€.

Oui, vous avez bien lu :

Soit environ 13 fois le PIB du pays qui l’a vu naître il y a plus de 150 ans.

Si vous n’avez pas pour habitude de jongler avec les milliards dès le petit déjeuner, une comparaison très simple vous permettra d’appréhender la catastrophe en cours.
Il nous fut présenté -sur tous les plateaux de télévision- comme une très grande victoire du président Macron d’avoir réussi à faire accepter à Angela Merkel et à la Commission européenne la proposition d’un plan de relance de 750 milliards d’€, pour l’ensemble des pays européens.

Une misère comparée aux 288 milliards d’€ d’actifs mis à la poubelle, l’année dernière …

Et aux 43 000 milliards d’€ qui risquent de s’y retrouver aussi très prochainement. Sans oublier de prendre en compte, les très nombreux « dégâts collatéraux » qui vont accompagner la mise au rebut de ces produits dérivés et autres NPL (Non Performing Loan) sur lesquels plus personne ne voudra miser le moindre pfennig, centime ou drachme.

Vous avez déjà certainement deviné, que cette Altesse Royale- majestueuse reine trompe-la-mort- , au cœur de cette Europe vacillante, dont la valeur de l’action est passée de près de 110 euros en mai 2007 à 8 euros aujourd’hui ; soit une chute de 93 % ,et qui aura changé cinq fois de CEO depuis 2012, payé 18 milliards d’€ d’amendes depuis la crise de 2008, pour, entre autres broutilles : » vente de produits toxiques ayant contribué à la crise des subprime », » manipulation de taux du Libor et de l’Euribor », » blanchiment d’argent russe », » manipulation sur le marché des changes », » scandale Danske Bank », »manipulation des cours de l’or et de l’argent », « Panama Papers » etc.., cette souveraine sans égale dans ce monde des entreprises zombies ,est ,comme vous vous en doutiez déjà, -surtout lorsque l’on parle de probité-, d’origine allemande. Et s’appelle Deutsche Bank.

“Lieber ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende” …
« Mieux vaut une fin effroyable qu’un effroi sans fin
« .

Cet aphorisme d’un officier prussien, est encore très souvent usité par les allemands pour régler les problèmes… des autres nations, mais rarement appliqué aux affaires du pays et à ses fleurons industriels ou bancaires. Il fut de toute évidence écarté pour traiter l’agonie de Deutsche Bank.

Rappelons aux distraits et aux amnésiques, que la propagande allemande, française et hollandaise lors de la crise de 2008 se focalisa à dessein sur les hellènes qui ne représentaient que 1,3% du PIB de l’Europe, mais « menaçaient dangereusement », la stabilité du continent.
Plus simple et moins explosif politiquement de désigner les grecs, espagnols, portugais, irlandais et italiens, mais aussi les français comme coupables des désordres financiers de 2008 et responsables de la crise financière qui perdure jusqu’à aujourd’hui, que de rendre public le constat de mort clinique de la première banque européenne, du premier pays de la zone euro, constat qui aurait dû, être rendu dès 2010 ou 2011.

https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-deutsche-bank-a-beneficie-d-une-exception-bienveillante-lors-des-stress-tests-bancaires-606335.html
https://www.bloomberg.com/news/features/2017-01-19/how-deutsche-bank-made-367-million-disappear

Cette bombe atomique qui menace l’Europe d’après de nombreux financiers, ne doit sa survie qu’aux petits arrangements des autorités allemandes -état actionnaire à 15%- et à « la main invisible » mais généreuse de la BCE à son égard.

Cette semaine, l’actualité vient de mettre sous les projecteurs un autre scandale financier en Allemagne : « Wirecard ,« dont le ministre allemand des Finances Olaf Scholz a évoqué un « scandale sans équivalent dans le monde financier » et a « annoncé un durcissement des contrôles du secteur des paiements électroniques ».
On voudrait bien y croire, sauf que, le cabinet d’audit, qui a refusé de certifier le bilan de la société pour 2019, a reconnu des « indices clairs d’une fraude de grande envergure, impliquant plusieurs parties dans le monde et diverses institutions, avec une volonté de tromperie ».
Il a fallu attendre dix ans pour qu’Ernst & Young, qui certifiait les comptes depuis 2011, refuse de le faire pour l’exercice 2019 en raison « d’indices clairs d’une fraude de grande envergure ».

https://www.zdnet.fr/actualites/scandale-wirecard-ey-dans-la-tourmente-39905899.htm

“EY failed for more than three years to request crucial account information from a Singapore bank where Wirecard claimed it had up to €1 billion in cash – a routine audit procedure that could have uncovered the vast fraud at the German payments group.”The Irish Times Mon, Jun 29, 2020

Pour information,

Deutsche Bank a mandaté en 2018, Ernst & Young pour auditer ses comptes pour les dix années à venir à partir de 2020. Elle peut donc être rassurée sur « la diligence » dont fera preuve ce cabinet membre des Big Four- les 4 plus grands groupes mondiaux d’audit financier-, pour révéler publiquement ce que le monde économique chuchote et craint depuis de nombreuses années.

Aujourd’hui la presse allemande parle de « faillite politique pour le gouvernement », mais aussi de faillite pour les cabinets d’audit, les agences de notation, les institutions financières, la BaFin (autorité fédérale de supervision financière-qui poursuivit en justice, pour faux et calomnies, les journalistes qui alertèrent sur cette entreprise il y a plus d’un an), et parlent même de faillite de la justice à propos du scandale « Wirecard ».

N’oublions pas qu’en 2016, Deutsche Bank avait bénéficié d’une « exception bienveillante » de la part de la BCE lors des stress tests !

Quels nouveaux mots, ou nouveaux concepts, devra donc forger cette presse allemande pour rendre compte du scandale « Deutsche Bank » ?

Cette même Deutsche Bank, poursuivie par des investisseurs allemands en 2009, – accrochez-vous bien -, non pas pour dénoncer à l’opinion un produit d’investissement macabre que cette banque avait mis sur le marché, mais pour se plaindre en justice de son manque de rentabilité.
« Planche de salut » ou « Joyau caché », sont quelques-uns des noms de ces entreprises américaines qui « revendent » votre assurance-vie à des investisseurs étrangers qui misent sur le temps qui vous reste à vivre pour empocher le pactole à votre mort. Sauf …si vous vivez trop longtemps.
Des citoyens allemands furieux que le rendement promis de 7,5 % leur échappe, ont accusé Deutsche Bank de ne leur offrir comme « investissement » que des personnes dont l’espérance de vie était de plus de 10 ans et non de quatre ans comme promis lors de la souscription des contrats.

https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/LEDER/59717
https://www.businessinsider.fr/us/how-deutsche-bank-bet-on-americans-dying-young-and-lost-millions-for-investors-2009-11

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Deutsche Bank 1-3, Zombies

La Princesse trompe-la-mort …

Ces braves citoyens allemands « abusés » par leur Princesse trompe-la-mort, qui souscrivirent de 2000 à 2006 à ces « portefeuilles de la mort », durent, nous n’en doutons pas un seul instant être les premiers à vilipender les turpitudes des PIIGS (Portugal, Italy, Ireland, Greece , Spain) lors de la mal nommée « crise grecque » en 2008 .

Il est vrai que le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem -alter ego néerlandais de l’allemand Schäuble- leur montrait l’exemple en déclarant que les pays du sud ont « dépensé leur argent pour de l’alcool et des femmes » puis ont demandé de l’aide.

Il fut d’ailleurs récompensé -et refusa toujours de s’excuser pour ces propos- , en étant reconduit comme président de l’Eurogroupe, pour sa fidélité à la politique intransigeante de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce.

https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/eurogroupe-jeroen-dijsselbloem-derape-et-refuse-de-s-excuser-668111.html
https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/jeroen-dijsselbloem-le-zele-allie-de-wolfgang-schauble-recompense-492277.html

Crise qui n’en finit toujours pas de finir… Et pour cause.

En introduction de cet article sur les entreprises zombies, c’est la définition officielle de la Banque des règlements internationaux (BRI) qui fut reprise. A dessein.
Car pour illustrer l’ensemble de ces propos sur la vie et la mort des entreprises, sur la disparition et la réapparition d’actifs (patrimoines ou personnes), quelle autre autorité morale, -installée de surcroît dans un pays « neutre » -, eut été en capacité de nous dispenser une meilleure définition de ce qui est mort, de ce qui est vivant, ou peut-être même les deux, (si nous n’allons pas y voir de trop près), comme pour le chat de Schrödinger ?

BRI …

« Banque des banques centrales », créée en 1930 à Bâle, pour gérer les modalités financières du plan prévoyant les réparations de guerre dues par l’Allemagne en application du Traité de Versailles de 1919, et qui n’ayant de compte à rendre à aucun parlement et à aucune législation, bénéficiant d’un statut d’immunité juridique et diplomatique absolu, et dont les fonctionnaires, comme elle-même sont exonérés de tout impôt ,n’eut aucune difficulté, en s’appuyant sur de tels statuts, à se livrer à quelques « incartades » que tout le monde a déjà oublié, et qui lui furent rapidement pardonnées (sauf par la Norvège et Roosevelt qui demandèrent sa dissolution).

https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2011-4-page-11.htm

BRI …

Qui nomma à sa tête en 1934, Schacht, président de la Reichsbank (1924-1930 et 1933-1939), conseiller personnel d’Hitler et ministre de l’économie du Troisième Reich de 1934 à1937.
Puis, Walter Funk, le ministre de la Propagande d’Hitler en 1933, qui lui succéda au conseil d’administration de la BRI, tout en dirigeant le ministère de l’économie de 1938 à 1945, et présida la Reichsbank de 1939 à 1945.
En 1942, Walter Funk conclut avec Himmler, chef suprême de la SS, chef de toutes les polices dont la Gestapo, et principal architecte de la Shoah -avec Heydrich-, que tout l’argent, les titres, possessions, bijoux et or dentaire récupérés dans les camps d’extermination seront transmis à la Reichsbank .
Celle-ci serait en charge de les vendre, déposerait l’argent sur un compte fictif « Max Heiliger », (Max Le Saint) qui permettrait ainsi un autofinancement de la SS et le développement accéléré des camps de la mort.

Nuremberg …

Walter Funk, lors du procès de Nuremberg évoqua des « crimes effroyables qui le remplissaient d’une honte profonde », fut libéré en 1957. De sa sortie de prison à sa mort en 1960, la Bank Deutscher Länder qui succède à la Reichsbank, lui a versé une pension mensuelle.

Emil Puhl, directeur et vice-président de la Reichsbank et directeur de la BRI, fut condamné à cinq ans d’emprisonnement.
Hermann Schmitz, président de I.G. Farben de 1935 à 1945. Finance le camp de Monowitz-Buna (ou Auschwitz III). Degesh filiale de IG Farben produit le gaz Zyklon B.
Membre du directoire de la BRI. Condamné à 4 ans de prison lors du procès IG Farben.
Libéré en 1950, il siégea au conseil d’administration de la Deutsche Bank , et fut aussi président honoraire de Rheinische Stahlwerke AG.

Quant à Himmler, republions ici son discours à Poznan, en 1943 devant la SS.

« La plupart d’entre vous savent ce que cela signifie quand 100 cadavres sont alignés les uns à côté des autres, quand il en a 500 ou quand il y en a 1000. Avoir tenu bon face à cela – abstraction faite de faiblesses humaines exceptionnelles – et être resté correct pendant ce temps-là, cela nous a rendus durs. C’est une page glorieuse de notre histoire, une page qui n’a jamais été écrite et qu’il ne faudra jamais écrire ».

Souvenons-nous que la BRI fut initialement créée pour gérer les modalités du remboursement des réparations de guerre allemandes après le traité de Versailles.

http://www.histoire-medecine.fr/seconde-guerre-mondiale/or-dentaire-nazi.pdf
https://www.unil.ch/files/live/sites/hist/files/shared/evenements/atelier_final.pdf

Dans ce monde réellement renversé, où en 2019 les gendarmes de la bourse allemande poursuivent pour « diffamations et approximations » les journalistes du Financial Times qui dévoilent l’escroquerie de Wirecard , et où dans ce même pays, en 2016 – l’année des stress tests bienveillants pour la Deutsche Bank -,le ministre de l’économie allemande Wolfgang Schäuble se déclare « sans inquiétude » sur le sort de Deutsche Bank, en agitant chaque semaine le chiffon rouge envers les grecs « qui vivent au-dessus de leurs moyens », et qu’il « réfléchirait longuement avant de répéter qu’il n’y aura pas de faillite de la Grèce », ceci afin d’obtenir les « ajustements budgétaires » désirés de la part ce pays, tout en effrayant en même temps d’autres pays considérés comme mous d’un point de vue budgétaire (France, Italie notamment), et les inciter à se préparer eux aussi au pire, ou à se mettre à l’heure allemande.

Nous y sommes presque, puisqu’il faudra, chers contribuables, soit sauver le soldat Deutsche Bank, en mutualisant les pertes de sa faillite à travers vos banques.
Soit, et c’est une hypothèse envisagée par l’auteur de ces lignes, depuis plus de 5 ans, voir l’Allemagne abandonner l’Euro. Et tirer encore profit du chaos.

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Deutsche Bank 1-3, Le risque systémique

  • En tant que nation exportatrice, l’Allemagne a profité largement de l’€ dès le départ et a inondé de machines-outils, automobiles etc. les pays du Sud de 2000 à 2007.
  • Puis la « crise grecque »en 2008 lui a rapporté 100 milliards d’€ d’économie budgétaire, grâce aux récriminations du Dr Schäuble qui faisaient augmenter les taux d’emprunts pour l’ensemble des pays de la zone dès qu’il donnait de la voix, et faisait baisser ceux de l’Allemagne.
  • Les banquiers européens apeurés par « le virus grec » et la crainte de » l’effet domino » répétée ad nauseam, plaçaient votre argent à des taux négatifs outre-Rhin pour dormir tranquilles.
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Deutsche Bank 1-3, inflation et dumping social

· Suite à la crise de 2008, l’Allemagne a « aspiré » une grande partie des diplômés (médecins, ingénieurs etc.) de Grèce, d’Espagne, du Portugal, de Chypre, d’Italie, et même de France. Diplômés dont les études furent financées par leurs pays d’origine, ne l’oublions pas.
· En 2015, mise en place d’un SMIC qui n’existait pas jusque-là à 8,50 € brut/heure.

· Arrivée en 2015 sur le territoire de 1 500 000 réfugiés. Création de mini-jobs pour ceux-ci à 0,80 € de l’heure. Qui s’ajoute à un dumping social déjà existant avec les travailleurs roumains, polonais, bulgares depuis de très nombreuses années dans l’agro-alimentaire.

· Ajoutons-y un maillage serré de l’ensemble de l’Europe par les low-cost Aldi et Lidl ,(il faut bien nourrir les populations appauvries), et dont le motto de l’un est à la hauteur de l’exploitation des salariés de l’autre « Je schlechter es den Leuten geht, desto besser geht es uns », autrement dit :

« Plus le monde va mal, mieux nous nous portons ».

Nous terminerons cet article, avec cette analyse de Pierre Mendès France en 1939, lorsque Hitler exigea que la BRI à Bâle, lui remette les dépôts d’or de la Tchécoslovaquie qui s’y étaient abrités, avant l’invasion de ce pays par les troupes allemandes.

« Le problème de la BRI n’est donc pas un problème juridique ou financier. C’est l’un des aspects de la politique générale de l’Europe actuelle. La BRI n’est que l’un des terrains sur lesquels se déroule la grande guerre blanche qui dure depuis de longs mois et semble devoir se prolonger encore. Mener cette guerre blanche sur certains domaines et négliger les moyens d’action dont on dispose sur d’autres, c’est une impardonnable défaillance. »

Toute parabole avec les temps présents, où des populations désarmées ont obligation de se plier aux diktats d’un Eurogroupe, qui rappelons-le, encore et encore, n’a aucune existence juridique, mais peut faire appliquer des décisions politiques qui impacteront le quotidien de millions de citoyens européens, et toute allégorie avec une guerre en cours où les morts sont désormais invisibilisés, ne doivent être reçues que comme les réflexions d’un esprit assurément chagrin, tout autant que très pessimiste sur notre devenir européen.

A suivre.

Deuxième partie : Esclavage de la dette et salariés morts-vivants.
Troisième partie : Etats fantômes.

Quelques liens.

https://www.lesechos.fr/monde/europe/lallemagne-degage-un-nouvel-excedent-budgetaire-record-1162526
https://www.capital.fr/economie-politique/les-banques-allemandes-accumulent-tellement-dargent-quelles-ont-besoin-de-plus-de-chambres-fortes-1361205
https://www.europe1.fr/international/migrants-lallemagne-cree-des-emplois-a-80-centimes-de-lheure-2828170
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/08/10/20002-20150810ARTFIG00238-la-crise-grecque-a-largement-profite-a-l-allemagne.php
https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/historique-l-allemagne-adopte-le-smic_1556593.html
https://www.eldiario.es/theguardian/importante-Europa-occidental-trabajadores-procedentes_0_1017698940.html
https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2015-2-page-51.htm#

Ainsi que …

https://solidariteetprogres.fr/special/Ent-Lacroix-Riz.pdf
https://www.franceculture.fr/emissions/la-bulle-economique/que-feriez-vous-avec-2400-milliards-deuros
https://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150128trib8834744bb/quand-la-bce-acceptait-une-restructuration-de-la-dette-irlandaise. https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-a-t-elle-menace-l-irlande-d-une-bombe-en-2011-504577.html
https://www.sueddeutsche.de/politik/insider-bericht-mit-welchen-tricks-in-bruessel-politik-gemacht-wird-1.1961258-2
https://www.forbes.com/sites/johnmauldin/2019/04/10/the-fed-created-an-economy-of-zombies-and-unicorns/
https://www.franceculture.fr/economie/coronavirus-le-quoi-quil-en-coute-en-6-questions
https://www.pourleco.com/ca-clashe/debat-des-economistes/zero-faillite-dentreprise-le-gouvernement-ne-tiendra-pas-sa

Suivi

« Vous avez déjà certainement deviné, que cette Altesse Royale- majestueuse reine trompe-la-mort- , au cœur de cette Europe vacillante, dont la valeur de l’action est passée de près de 110 euros en mai 2007 à 8 euros aujourd’hui ; soit une chute de 93 % ,et qui aura changé cinq fois de CEO depuis 2012, payé 18 milliards d’€ d’amendes depuis la crise de 2008, pour, entre autres broutilles : » vente de produits toxiques ayant contribué à la crise des subprime », » manipulation de taux du Libor et de l’Euribor », » blanchiment d’argent russe », » manipulation sur le marché des changes », » scandale Danske Bank », »manipulation des cours de l’or et de l’argent », « Panama Papers » etc.., cette souveraine sans égale dans ce monde des entreprises zombies ,est ,comme vous vous en doutiez déjà, -surtout lorsque l’on parle de probité-, d’origine allemande.
Et s’appelle Deutsche Bank.
“Lieber ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende” …
« Mieux vaut une fin effroyable qu’un effroi sans fin ».

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2 commentaires

Breizh-Coin 16 juillet 2020 - 13h08

À preuve le livre de David Enrich, « finance editor » du « Wall Street Journal » puis du « New York Times » : « Dark Towers. Deutsche Bank, Donald Trump, and an Epic Trail of Destruction », publié en février dernier.Gros bouquin, qui se lit comme un polar, où l’auteur démonte tout le mécanisme de l’une des banques les plus puissantes du monde
Dans ce gruyère, tout n’est que corruption, argent sale, triturages vicelards. Une seule règle : gagner du pognon, quitte à en prêter à des faisans aussi peu recommandables que Donald Trump, client que toutes les autres banques ont mis sur leur liste noire. Le gars ne rembourse jamais Mais alors, pourquoi la Deutsche Bank lui a refilé des millions
David Enrich commence par rappeler que la DB a largement soutenu les nazis à partir de 1933, et qu’elle a financé la construction d’Auschwitz, dont les managers ont surveillé les « progrès » jour après jour. Hermann Abs, le big boss de DB, criminel de guerre, a été reconduit dans ses fonctions après guerre. »#DeutscheBank

https://www.linkedin.com/posts/lescou%C3%ABtbreizhcoinbzh_la-deutsche-bank-et-son-client-embarrassant-activity-6687654859103076352-IQAz

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Breizh-coin 16 juillet 2020 - 20h39

Le « Parmalat » allemand

Depuis des années, la fintech munichoise Wirecard, spécialisée dans les paiements électroniques, faisait figure de modèle pour les start-ups et les géants du secteur bancaire. En 2019, l’entreprise a atteint une capitalisation boursière de plus de 17 milliards d’euros, ce qui l’a mise sur un pied d’égalité avec la Deutsche Bank, mais avec 15 fois moins d’employés et un chiffre d’affaires 15 fois inférieur. Cette anomalie a attiré l’attention du Financial Times, qui a commencé à enquêter sur les comptes de la société.

Le 18 juin, un trou de 1,9 milliard d’euros est apparu dans les états financiers de Wirecard. L’argent, qui, selon les auditeurs de la société Ernest & Young (Ey), avait été déclaré en 2019, n’y figurait plus. Pour les enquêteurs, la raison est simple : cet argent n’a jamais existé et n’a été déclaré que pour gonfler les états financiers du groupe.

https://www.euractiv.fr/section/economie/news/scandale-wirecard-bruxelles-demande-une-enquete-sur-la-bafin-allemande/

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