halloween en Bretagne

Halloween pour certains, et de plus en plus Samhain celtique pour d’autres

de NHU Bretagne

Halloween, adaptation américaine de la très celtique Samhain

Halloween telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec ses citrouilles sculptées et ses déguisements effrayants, vient en réalité d’une fête bien plus ancienne : Samhain. Cette fête celte, célébrée en Bretagne comme dans les autres pays celtiques, marque la fin de l’été et le passage vers la saison sombre.
Entre traditions oubliées, rituels ancestraux et transformations modernes, retour sur une célébration qui relie la Bretagne à toute la Celtie.

Samhain, le véritable Nouvel An celtique

Bien avant que les enfants ne défilent déguisés dans les rues, les peuples celtes célébraient Samhain. Cette fête, l’une des plus importantes du calendrier celtique, marquait le début de l’hiver et la fin de l’année écoulée.
Elle se tenait dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, moment charnière entre deux cycles de la nature : la mort de la lumière et la renaissance prochaine du soleil.

Samhain se situe entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver. C’était le temps des moissons achevées, des réserves pleines, mais aussi des jours qui raccourcissent. Pour les Celtes, le voile entre le monde des vivants et celui des morts devenait alors plus mince.
On croyait que les esprits des ancêtres pouvaient revenir visiter leur foyer, réchauffés par un feu sacré ou une lampe à huile posée à la fenêtre.

Une fête de feu, de mémoire et de renouveau

Les célébrations de Samhain se déroulaient autour de grands feux communautaires, allumés sur les collines. Ces feux sacrés symbolisaient la purification et la continuité de la vie. Les druides y voyaient une transition spirituelle : la fin de l’année ancienne et la naissance de la nouvelle.

Beltaine fête celtique
Fête celtique Fire Festival 2008

Chaque famille rallumait ensuite son foyer à partir de ce feu commun, gage de protection et de prospérité.
Les Celtes faisaient aussi des offrandes aux dieux et aux morts, déposant nourriture et boisson à l’extérieur des maisons pour apaiser les âmes errantes. Les déguisements, faits de peaux ou de masques, servaient à tromper les esprits malveillants.
C’est cette coutume ancienne qui deviendra plus tard l’un des symboles d’Halloween.

De Samhain à Halloween : la récupération chrétienne

Lorsque le christianisme s’imposa dans les terres celtiques, l’Église tenta de supplanter Samhain en plaçant la fête de Toussaint au 1er novembre. Le pape Grégoire III (731-741) institua cette date afin de christianiser une célébration jugée trop païenne.
Mais les traditions anciennes résistèrent. Les feux, les prières pour les morts et les veillées d’automne perdurèrent sous des formes nouvelles.

Ainsi, Samhain ne disparut pas.
Elle se transforma, se mêlant à la Toussaint et au Jour des Morts. Ce mélange donna naissance, des siècles plus tard, à All Hallows’ Eve – la veille de la Toussaint – abrégée en Halloween.
Derrière les déguisements modernes se cache donc toujours une mémoire celtique millénaire.

Halloween traverse l’Atlantique… puis revient

Au XIXe siècle, des millions d’Irlandais et d’Écossais quittèrent leurs terres ravagées par la famine pour rejoindre l’Amérique du Nord. Avec eux, ils emportèrent leurs traditions de Samhain.
Là-bas, la fête évolua rapidement : les raves aux pommes, les lanternes creusées dans des rutabagas ou des navets prirent la forme de citrouilles lumineuses.
La fameuse Jack-o’-Lantern devint le symbole d’Halloween.

Dans les années 1920, cette version américaine d’Halloween explosa, mêlant folklore celtique, déguisements, friandises et commerce.
Puis, ironie du sort, la fête retraversa l’Atlantique pour revenir en Europe, dans les mêmes pays où elle était née, mais sous une forme totalement transformée.

Et en Bretagne ? Le retour à Kala-Goañv

En Bretagne, la Samhain originelle est connue sous le nom de Kala-Goañv, littéralement “le début de l’hiver”.
Dans la langue bretonne, kal signifie “commencement” et goañv veut dire “hiver” en langue française.
Le lien étymologique est clair : on entre dans la période sombre, celle du repos de la terre et du silence des campagnes.

Les mois de novembre et décembre s’appellent en breton Miz Du et Miz Kerzu. Respectivement « mois noir » et “mois aussi noir” en langue française.
Les Bretons, comme leurs cousins irlandais et gallois, marquaient ce changement de saison par des gestes simples : éteindre le vieux feu du foyer, rallumer le nouveau, ou laisser une place à table pour les défunts.
L’écrivain Tanguy Malmanche rapportait ainsi que “l’on chassait les esprits en balayant le seuil de la porte avec un balai de genêt, et qu’une assiette restait posée pour ceux qui reviendraient d’outre-monde”.

Dire les mois en breton
Dire les mois en breton : Novembre

Une symbolique celtique profonde

Samhain n’était pas une fête de la peur, mais une fête du cycle.
Les Celtes ne craignaient pas la mort : ils la considéraient comme une étape vers un autre monde, l’Autre Monde (An Anaon en breton).
La frontière entre les deux mondes s’ouvrait, permettant aux vivants d’honorer leurs ancêtres.
Cette vision positive du passage du temps et du retour des âmes contraste avec la tonalité macabre qu’a prise Halloween aujourd’hui.

Dans de nombreux villages bretons, on allumait encore au début du XXe siècle des chandelles dans les cimetières pour guider les âmes.
Ces flammes, héritières des feux de Samhain, rappellent l’importance du souvenir et du lien entre générations.

Samhain aujourd’hui : entre racines et renaissance

Aujourd’hui, la Bretagne continue de redécouvrir ses racines celtiques à travers le renouveau culturel et linguistique.
De plus en plus de communes et d’associations célèbrent Kala-Goañv par des veillées, des concerts et des feux collectifs.
Ces célébrations renouent avec l’esprit d’origine : honorer les cycles de la nature, célébrer la mémoire, et accueillir la nouvelle année celte.

Face à la version commerciale d’Halloween, ce retour à Samhain représente un acte culturel fort.
C’est une manière de réaffirmer que nos traditions ne viennent pas d’Amérique, mais bien de nos terres celtiques, de nos ancêtres et de leur vision du monde.

Samhain, un pont entre mondes et époques

Chaque 31 octobre, quand les nuits rallongent et que le Gwalarn souffle sur les landes, la Bretagne se souvient.
Sous les masques et les citrouilles, c’est l’esprit de Samhain qui perdure : celui d’un peuple conscient du lien entre vie et mort, entre passé et avenir.

Alors ce soir-là, en Bretagne comme dans tout le monde celtique, nous entrons dans la Nouvelle Année.
Allumez une bougie, partagez un repas, et saluez les ancêtres.
Bloavezh keltiek mat d’an holl ! / Happy Celtic New Year!

samhain halloween
Samhain, la fête du Nouvel An Celtique, qui remplace peu à peu Halloween

 

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3 commentaires

kantreour 31 octobre 2020 - 11h27

« haf » pour « fin » ???

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Belli Boni an Ti 31 octobre 2020 - 11h28

Cet article oublie qu’en Armorique et plus généralement dans les Gaules celtiques, on fêtait la même chose : la tri nox Samonios.
Les bretons réalisaient de la même manière des têtes sanglantes en utilisant la betterave rouge ou le navet.
Il faut arrêter de penser que nos traditions originelles sont différentes d’un côté ou de l’autre du rivage de la Mer des Bretons (Oceanus Brittanicus / Mor Breizh).

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gweltaz ar fur 30 octobre 2021 - 10h49

« Kala goañv » ( = calendes de l’hiver) est le terme non seulement breton mais le seul connu et employé dans les trois langues brittoniques . « Samhain » (prononcé : »sawn ») nomme le mois de Novembre en Irlandais, Hallowe’en se disant « Oiche Shamhna » dans cette langue et ses soeurs gaeliques.

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