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Jean Yves Cozan l’autonomiste breton.
Autour de ce magnifique film écrit et réalisé par Philippe Guilloux et intitulé « l’homme à l’écharpe blanche », revenons tout d’abord sur le parcours politique de Jean Yves Cozan.
Jean Yves Cozan est né à Lambezelleg, maintenant quartier de Brest, en 1939. Il décédera à Kemper en 2015. Cet homme politiquement ancré au centre droit sera malgré ce positionnement un mouton noir souvent inclassable sur l’échiquier politique. On dit de lui qu’il avait sans doute plus d’amis chez ses « ennemis » politiques, que dans son propre camp.
Journaliste à ses débuts il entre dans la politique à la fin des années 70. Il sera Vice-Président du Conseil Général du Finistère, adjoint au maire de Kemper, conseiller régional de la Région Bretagne administrative, Député de la circonscription de Carhaix-Chateaulin-Ouessant. Mais plus que tout il sera pendant plus de 30 ans le conseiller général du canton de Enez Eusa / Ouessant, son île, son caillou.
Dès qu’il le pourra, c’est sur cette île du début du monde, où il a des attaches familiales, qu’il ira se ressourcer.
C’est pour Ouessant / Enez Eusa que « l’homme de conviction, sans concession », comme l’appelle Jakez Bernard, se battra contre vents et marées pour obtenir un véritable port, un aéroport, le Musée des Phares et Balises …
Jean Yves Cozan connaissait bien la Bretagne et les Bretons.
Il disait : « Je crois que les pays qui résistent sont ceux qui ont des racines et qui savent qui ils sont, et qui sont Nous-Mêmes, Sinn Fein comme on dit en irlandais. »
Il oeuvra beaucoup pour aider des artistes comme Yann Fañch Kemener, pour aider à la promotion du brezhoneg / breton en général et Diwan en particulier. On le retrouve aussi sur des dossiers et des révoltes populaires : Amoco Cadiz, les Bonnets Rouges, la réunification de la Bretagne …
Nous avons extrait du film de Philippe Guilloux quelques phrases qui le décrivent bien, de la part de personnes qui l’ont bien connu.
« Il se comportait comme si c’était un état souverain, la Bretagne … La Bretagne a une vision internationale et ne passe pas par Paris »
Isabelle Le Bal Cozan, sa Fille
« La culture c’est pas la chantilly sur le gâteau, c’est le cheval de Troie de l’économie »
« Ce sont des drames terribles dans notre modernité, des langues qui meurent; parce que c’est tout un rapport à l’éternité d’une partie de l’Humanité qui disparaît »
Henry Le Bal
« C’est la première personne qui a compris ce mélange indispensable de la culture et de l’économie »
Jakez Bernard
« Il n’avait pas peur de la liberté des artistes … Il n’avait pas peur du talent des autres. Il y a beaucoup d’hommes politiques qui ont peur du talent des autres »
Jean Michel Le Boulanger
Interview de Philippe Guilloux.
Bonjour Philippe Guilloux et merci de nous recevoir pour cette interview à propos de votre remarquable film L’homme à l’écharpe blanche, que vous avez écrit et réalisé à propos de Jean Yves Cozan.
Parmi les très nombreuses personnalités politiques et culturelles de Bretagne, vous aviez un large choix. Alors pourquoi Jean Yves COZAN ?
Parmi les films que j’ai réalisé, plusieurs racontent l’histoire contemporaine de la Bretagne à travers le portrait de personnalités marquantes comme Polig Monjarret et Glenmor. Il me semblait que Jean-Yves Cozan avait sa place dans ce récit. Par les combats qu’il a mené bien sûr et aussi parce qu’il est emblématique, je trouve, d’une appropriation par le politique de revendications qui jusqu’au début des années 80, étaient essentiellement portées par des artistes et des militants en ce qui concerne notamment la langue bretonne, son enseignement, la réunification de la Bretagne.
Même si on a parfois l’impression que les choses n’avancent pas, et en tous les cas pas assez vite, ces revendications ont fait leur chemin et aujourd’hui la majorité des partis politiques y sont favorables. Dans le film, il est rappelé que du temps de Cozan ce n’était pas le cas et qu’il a bataillé ferme pour obtenir, par exemple, des financements en faveur de l’enseignement de la langue bretonne.
A quelle époque avez-vous rencontré Jean Yves Cozan pour ces entretiens et ces images ?
Travaillant dans le domaine culturel dans les années 80-2000, j’ai bien entendu rencontré Jean-Yves Cozan. Mais à ce moment là, il n’était pas question de faire un film d’autant que je n’étais pas réalisateur. J’étais alors permanent de l’association qui gérait le cinéma de Carhaix / Karaez et j’avais participé à la création de celle qui gérait la salle de Châteaulin / Kastellin, deux villes de la circonscription de Jean-Yves Cozan. Les images de lui et l’entretien sonore présents dans le documentaire sont le fruit de collectage.
Pour produire un tel film d’un peu plus de soixante-dix minutes, combien de temps faut-il globalement ?
C’est une question à laquelle il est toujours difficile de répondre. Entre le moment où nait l’idée d’un film et ses diffusions, il y a de nombreuses étapes avant de passer à la fabrication proprement dite. ll faut rencontrer des gens, se documenter, écrire un dossier, chercher un diffuseur, chercher les financements.
Cela prend un temps plus ou moins long et ici ce fut long, notamment au niveau de la Région Bretagne où le dossier semble s’être « égaré » et dont on peut dire qu’elle n’a guère été généreuse sur ce projet ce qui est un comble quand on sait que Jean-Yves Cozan fut un Vice-Président en charge de la culture de cette collectivité très actif !
La sortie officielle est prévue au Cinéma Le Grand Bleu à Karaez ce Jeudi 27 Avril, puis ensuite Plougastel au cinéma Image le 28,au cinéma Katorza à Kemper le 4 mai et à Ouessant / Enez Eusa le 7 mai … pouvez-vous nous en dire plus pour la suite ?
La suite, ca sera la diffusion sur les trois chaines locales bretonnes Tébéo, TébéSud et TVR à la mi mai.
Je tiens au passage à saluer ces chaines qui, une fois de plus, ont accepté de co-produire ce film, comme les treize autres que j’ai réalisé avant, en me laissant une totale liberté aussi bien dans le contenu que sur la durée du film.
Lors du tournage de ce film, quel aura été le moment le plus intense, celui dont vous vous souviendrez très longtemps ?
Difficile à dire.
Dans ce genre de projet il y a des moments forts quand on rencontre et qu’on filme les personnes qui évoquent leurs relations avec le personnage. Il y a souvent de l’émotion, surtout quand le personnage n’est plus de ce monde.
Mais pour le réalisateur, il y a aussi d’autres moments forts : la découverte d’une archive, ici par exemple l’entretien sonore réalisé par Didier Olivré ou les images de Louis Brigand qui a filmé Jean-Yves Cozan à Ouessant / Enez Eusa quelques mois avant son décès.
Les diffusions en salle seront aussi des moments intenses car je vais sentir les réactions du public et j’aurai aussi le retour des témoins dont aucun n’a vu à ce jour le film.
Votre société de production est Carrément à l’ouest. Pouvez-vous nous la présenter ?
C’est une société que j’ai créée il y a plus de vingt ans.
Elle est basée à Carhaix / Karaez. Au départ, c’était une société de prestations de service, notamment en montage puisque monter les films des autres a été mon travail pendant près de quinze ans. J’ai eu la chance à ce moment là de croiser la route de l’équipe de Thalassa et en particulier Yannick Charles dont nous allons coproduire le prochain film.
En 2010, l’activité a évolué.
Si la société assure encore quelques prestations, j’avais la volonté de produire des films, notamment des films qui racontent l’histoire récente de la Bretagne. Cette histoire n’est pas enseignée et il faut des outils pour la raconter : des expos, des livres, des films. Carrément à l’Ouest a ainsi produit plus d’une vingtaine de films en douze ans, tous tournés en Bretagne. Notamment ceux j’ai réalisé sur les deux guerres mondiales et leurs impacts sur la société bretonne, les portraits de Glenmor, Polig Monjarret, les Le Garrec, Donatien Laurent ou sur Illettrées de GAD…
Quels sont vos projets ?
Aujourd’hui, mon avenir est derrière moi. Je suis à la retraite.
J’ai bien sûr encore des idées de films en tête mais je ne sais pas si je vais les concrétiser. Diffuser les films qui existent est important et j’y consacre un peu de temps. Le film sur Polig Monjarret sera par exemple diffusé en salle à Guéméné / Ar Gemene le 24 mai.
Je réfléchis aussi à d’autres types de diffusions comme la valorisation des documentaires sous une forme différente en les accompagnants d’un livret ou de bonus.
L’homme à l’écharpe blanche.
« Voilà, l’aventure est terminée, du moins en ce qui concerne la « fabrication ». Commence maintenant celle de la diffusion :
Au cinéma Le Grand Bleu à Carhaix / Karaez le 27 avril à 20:15
Au cinéma l’Image à Plougastell le 28 avril À 20:30
Au cinéma Katorza à Kemper le 4 mai À 20:15
A Ouessant / Enez Eusa à la salle des fêtes le 7 mai à 15:00
et ensuite sur les chaines locales Tébéo, TébéSud et TVR
Merci à tous ceux qui ont permis de mener à bien ce projet. »
Avec/Gant : Gérard Gwen, André Lavanant, Jakez Bernard, Françoise Cozan, Henry Le Bal, Isabelle Le Bal Cozan, Nono, Jean Michel Le Boulanger
Musique : Pat O may, Yann-Fañch Kemener, Didier Squiban
Philippe Guilloux, nous vous remercions de votre sympathique accueil pour cette interview consacrée à votre remarquable film L’homme à l’écharpe blanche, Jean Yves Cozan.
Nous vous souhaitons tout le succès possible pour la suite.
Photos Carrément à l’ouest
1 commentaire
Pour COZAN la Bretagne était réduite au Finistère et il ne connaissait rien du reste de la Bretagne .