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Anatole Le Braz : écrivain breton passeur de mémoire (1859-1926)
En 2026, la Bretagne commémorera le centenaire de la disparition d’un de ses plus grands écrivains : Anatole Le Braz.
Né en 1859, cet homme de lettres a consacré sa vie à faire vivre la mémoire, les légendes et l’âme bretonne à travers ses œuvres. A la fois professeur, folkloriste, conférencier, mais avant tout écrivain, il est l’un des plus ardents défenseurs de l’identité culturelle bretonne au tournant des XIXe et XXe siècles.
Une Bretagne en mutation
La Bretagne dans laquelle grandit Anatole Le Braz est encore très rurale, profondément attachée à ses traditions.
Pourtant, elle subit aussi de plein fouet les effets de la modernisation, de la centralisation républicaine et de la perte progressive de sa langue. C’est dans ce contexte de tension entre tradition et modernité que Anatole Le Braz choisit de recueillir les récits du peuple breton, convaincu que ces histoires contiennent une vérité aussi précieuse que fragile.
Dès lors, il devient un passeur de mémoire, un trait d’union entre un monde en train de disparaître et les générations futures.
La jeunesse bretonne d’Anatole Le Braz
Anatole Le Braz naît le 2 avril 1859 à Saint Servais / Sant Servez, dans les Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor), au cœur d’un pays de landes, de bois et de traditions orales. Il passe une grande partie de son enfance à Ploumilliau / Plouilio, sur la côte trégoroise. Ainsi, très jeune, il est fasciné par les histoires que lui racontent les paysans et les pêcheurs. Le breton est la langue de sa famille et de son entourage. Même s’il effectue une scolarité en français, il reste profondément attaché à sa langue maternelle.
Après le lycée de Saint Brieuc / Sant Brieg, il poursuit ses études à la faculté de lettres de Rennes / Roazhon. D’ailleurs, il y obtient une licence puis une agrégation. Dès cette époque, il lit avec passion les premiers recueils de contes populaires bretons de François-Marie Luzel, qui auront une grande influence sur lui.
Un enseignant passionné et un écrivain inspiré
Dès 1886, Anatole Le Braz devient professeur dans un lycée de Kemper. Puis à Rennes / Roazhon, avant de revenir à Kemper en 1891 où il enseignera jusqu’en 1899. Là, il y rencontre de nombreux intellectuels, poètes, artistes et autonomistes bretons. Ce cadre lui permet de développer ses activités littéraires, en lien étroit avec ses racines.
Alors, à cette époque, il parcourt les campagnes, carnet en main, pour recueillir les légendes, chants et croyances populaires. Là, il s’adresse aux anciens, aux marins, aux femmes de pêcheurs, aux paysans. Puis il note tout : les paroles, les gestes, les attitudes. C’est un véritable travail d’ethnologue, mené avec une grande rigueur mais aussi avec une tendresse évidente pour les personnes qu’il interroge.
« La Légende de la mort » : un chef-d’œuvre
Parue en 1893, l’œuvre la plus célèbre d’Anatole Le Braz, « La Légende de la mort en Basse-Bretagne« , est un monument.
Car ce recueil rassemble des dizaines de récits autour de la mort, du deuil, de l’au-delà, mais aussi de la manière dont les Bretons vivent le mystère de l’existence. Il y aborde les croyances en l’Ankou, les apparitions nocturnes, les revenants, les prières pour les âmes errantes, les superstitions liées à la mer.

Ce livre, salué dès sa parution, est bien plus qu’un simple recueil de légendes : c’est un témoignage bouleversant sur la vision bretonne de la vie et de la mort. Grâce à une langue précise, poétique et respectueuse des récits populaires, Le Braz donne une voix aux oubliés, aux invisibles.
Anatole Le Braz, un infatigable collecteur de traditions bretonnes
Outre « La Légende de la mort« , Anatole Le Braz publie de nombreux ouvrages. Parmi eux, citons « Chansons de la Bretagne », « Contes du soleil et de la brume », « La Terre du passé », « Au pays des pardons »… Chacun de ces livres plonge le lecteur dans une Bretagne habitée de récits, de figures mystiques, de paysages sauvages et d’émotions profondes.
Ses textes, traduits dans plusieurs langues, rencontrent un succès bien au-delà de la Bretagne. Invité aux États-Unis, au Canada, en Belgique et même au Japon, Anatole Le Braz devient un ambassadeur de la culture bretonne. Il donne des conférences à Harvard, à la Sorbonne, et partout où la culture celtique suscite de l’intérêt.
Une voix bretonne, européenne et universelle
Anatole Le Braz est Breton et s’inscrit dans une vision européenne des cultures celtiques, entretient des liens avec l’Irlande, l’Écosse, le Pays de Galles, et les Cornouailles. Ainsi, il dialogue avec des écrivains comme Yeats, et participe à des cercles celtisants qui tentent de préserver et de faire rayonner les cultures minoritaires.
Mais plus encore, il croit à l’universalité de la parole populaire. Pour lui, les récits bretons parlent à tous, parce qu’ils sont porteurs de sentiments humains profonds : la peur, l’amour, la perte, l’espérance, la mémoire. En cela, il dépasse le cadre régional pour atteindre l’universel.
Un écrivain enraciné mais moderne
Bien que profondément enraciné dans la tradition, Anatole Le Braz n’est pas un passéiste.
Il utilise les outils modernes de son temps : la presse, les voyages, les conférences. Il sait que le monde change, et que c’est maintenant qu’il faut sauver ce qui peut l’être. C’est pourquoi il ne se contente pas de recueillir des récits : il les met en forme, les retravaille parfois, pour qu’ils soient lus, transmis, aimés.
Il a aussi le souci de l’esthétique. Sa prose est fluide, imagée, rythmée. Elle s’adresse à un large public sans jamais trahir la parole des conteurs bretons. C’est cette capacité à conjuguer fidélité et accessibilité qui fait de lui un écrivain majeur.
Une œuvre qui traverse le temps
Depuis sa mort en Mars 1926, l’œuvre d’Anatole Le Braz n’a jamais cessé d’être lue, étudiée, rééditée.
De nombreux artistes s’en sont inspirés : écrivains, musiciens, peintres, conteurs. Des écoles, des rues, des médiathèques portent son nom. Ainsi que des spectacles qui lui sont consacrés. Des étudiants en Bretagne et ailleurs travaillent encore aujourd’hui sur ses écrits.
En 2026, à l’occasion du centenaire de sa mort, plusieurs événements sont prévus : expositions, colloques, lectures publiques, rééditions critiques. Cette commémoration est l’occasion de redire combien Anatole Le Braz a joué un rôle essentiel dans la transmission du patrimoine immatériel breton.
Anatole Le Braz, un écrivain pour aujourd’hui
Anatole Le Braz n’est pas seulement un auteur du passé. À l’heure où tant de cultures sont menacées, où l’homogénéisation gagne du terrain, son œuvre rappelle que la diversité des récits est une richesse. Il nous apprend que les voix des anciens, les légendes, les chants, les traditions méritent d’être écoutées, respectées, partagées.
Relire Anatole Le Braz aujourd’hui, c’est se reconnecter à la Bretagne profonde, mais aussi réfléchir à ce qui fait sens, lien, mémoire dans nos sociétés modernes. Ce centenaire est l’occasion idéale pour le faire découvrir à de nouvelles générations.
Car Anatole Le Braz n’est pas un simple folkloriste.
Il est un poète, un écrivain, un témoin, un veilleur. Il est une conscience bretonne. Une voix qui traverse le temps.
Et cette voix, en 2026, mérite d’être écoutée plus que jamais.
5 questions à propos de Anatole Le Braz, écrivain breton.
Qui était Anatole Le Braz ?
Anatole Le Braz était un écrivain, folkloriste et professeur breton né en 1859 et mort en 1926. Il est célèbre pour avoir collecté et retranscrit les légendes, contes et traditions populaires de Bretagne, notamment dans son ouvrage majeur « La Légende de la mort ».
Pourquoi Anatole Le Braz est-il considéré comme un écrivain breton majeur ?
Parce qu’il a su faire de la culture populaire bretonne une matière littéraire de premier plan, tout en valorisant la langue, les croyances et les paysages de sa terre natale.
Quel est le livre le plus connu d’Anatole Le Braz ?
« La Légende de la mort en Basse-Bretagne », paru en 1893, est son œuvre la plus célèbre. Il y rassemble les croyances bretonnes liées à la mort et à l’au-delà.
Anatole Le Braz écrivait-il en breton ?
Non, il écrivait principalement en français, mais il traduisait fidèlement les récits entendus en breton pour les rendre accessibles à un public plus large.
Quel est l’héritage d’Anatole Le Braz en 2026 ?
Son héritage est immense. Il a contribué à poser les bases d’une conscience bretonne moderne. En 2026, son centenaire est célébré par de nombreuses initiatives en Bretagne.
Et pour en savoir plus encore à propos de Anatole Le Braz, écrivain breton essentiel.
2 commentaires
Les gens lui parlaient en breton et en même temps il prenait des notes en français ?
Il a aussi découvert Desguignet, et fait publier ses premiers cahiers (l’ensemble est maintenant publié sous le titre « Mémoires d’un paysan bas-breton »)/