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Interview Yes Breizh : Yvan Moullec « Vers une République des territoires ? »
Dans le cadre de sa démarche de dialogue et d’ouverture, Yes Breizh donne régulièrement la parole à celles et ceux qui pensent une Bretagne plus responsable de son avenir.
Nous avons rencontré Yvan Moullec, maire de Plouhinec et conseiller régional, auteur d’un appel remarqué intitulé « Pour une République des territoires ».
Dans cette tribune, publiée dans Le Télégramme le 11 octobre dernier, il invite les élues et élus bretons à dépasser les clivages partisans pour construire ensemble un nouveau modèle démocratique, fondé sur la proximité, la confiance et la responsabilité.
Une vision qui rejoint, à bien des égards, la réflexion portée par Yes Breizh, mouvement responsable breton inspiré du modèle gallois Yes Cymru, et qui œuvre à redonner la parole et le pouvoir d’agir à la Bretagne tout entière.
Votre appel pour une “République des territoires” résonne fortement avec notre démarche chez Yes Breizh.
Quand vous employez cette expression, parlez-vous d’une simple décentralisation renforcée, ou d’un véritable changement de modèle où les régions deviennent enfin maîtresses de leurs choix ?
Je parle d’un véritable statut d’autonomie, en prenant souvent l’exemple de l’Espagne et notamment les régions autonome de Catalogne et du Pays Basque. mais l’exemple du Pays de Galles et de l’Écosse sont également source d’inspiration.
Dans mon esprit, seul le régalien reste de compétence étatique.
Vous affirmez que le modèle jacobin a atteint ses limites.
Concrètement, en quoi ce centralisme freine-t-il aujourd’hui la capacité d’action des élus et des acteurs locaux en Bretagne ?
Le centralisme « à la française », unique en Europe, s’évertue depuis toujours à mettre en oeuvre une uniformisation totale du pays, sans tenir compte des différences, des singularités, entre, notamment, les différentes régions qui le compose. Il centralise donc la quasi totalité des compétences, et donc la quasi totalité des ressources financières, sans oublier cette sur-administration qui étouffe et tue les velléités.
Dans ce contexte, la capacité d’action des élus, et je pense notamment au conseil régional, est impossible.
Budget famélique, compétence réduite … Le mal est fait.
Nous avons dans ce pays, notamment des hauts fonctionnaires biberonnés à la sauce ENA, qui ont une vision du pays qui ne dépasse pas le périphèrique parisien, et qui font tout pour garder la main sur un système qui ne fonctionne pas, mais qu’ils dirigent, plutôt que d’envisager une autre forme de gouvernance, basé sur l’autonomie des régions, mais sur lequel il n’auraient plus la main.
Vous décrivez une Bretagne “prête” à assumer plus de responsabilités.
Quelles seraient, selon vous, les trois compétences, ou davantage si vous le souhaitez, que la Bretagne devrait gérer directement pour mieux répondre aux besoins des habitants ?
Dans mon esprit, on transfère l’ensemble des compétences, sauf le régalien, aux régions qui le souhaitent. Je suis convaincu que la Bretagne peut être pionnière en la matière, en se calquant sur le modèle espagnol, avec un phasage dans le temps.
Vous lancez un appel à l’unité des élus des cinq départements bretons.
Inclure la Loire-Atlantique est une évidence pour nous à Yes Breizh. Pensez-vous que la réunification administrative soit une étape nécessaire avant d’envisager un nouveau pacte démocratique breton ?
Par ailleurs, comment pourrait concrètement se manifester cette unité des élues et élus ? Faut-il une ou un chef de file ?
Toutes mes réflexions sur le sujet incluent obligatoirement le préalable d’une Bretagne réunifiée, c’est le point de départ obligatoire. Dans mon esprit, c’est au Président de Région de porter le fer sur le plan politique, encore faut-il en avoir la réelle volonté, et surtout le courage. Pour l’instant, on ne sent pas cette volonté. Les élus régionaux dont je fais partie sont pourtant tous volontaires sur le sujet, ainsi qu’une une grande partie de la population.
Vous écrivez que “le changement viendra d’en bas”
Comment imaginez-vous la coopération entre les élus, les mouvements citoyens et les forces vives du pays breton pour enclencher ce mouvement venu d’en bas ?
Face à l’inertie sur le sujet, j’envisage dans les prochaines semaines et pour faire suite à mes différentes tribune presse sur le sujet, d’adresser à tous les maires des cinq départements bretons, tous les conseillers départementaux des cinq départements ainsi qu’à tous les conseillers régionaux de Bretagne et de Loire Atlantique, une pétition réclamant à la fois la réunification de le Bretagne, et en réel statut d’autonomie pour notre région.
Je parle d’une pétition transpartisane, sans récupération politique, que j’imagine ensuite remettre aux différentes instances du pays, lors d’un déplacement médiatisé à Paris avec le maximum de signataires possible.
L’autonomie que vous souhaitez suppose une culture politique différente, plus ancrée localement et plus pragmatique.
Selon vous, qu’est-ce qui manque encore à la Bretagne pour franchir ce cap culturel et institutionnel ?
Une volonté claire et affichée des élus bretons, et le courage de s’affranchir des partis politique nationaux.
Quand je discute avec mes collègues, la grande majorité partage ce discours et cette volonté d’autonomie … Mais pour des raisons électoralistes il semble que la marche soit difficile à franchir. Un grand parti politique breton serait sûrement la solution
Enfin, un mot pour les Bretons.
Pourquoi pensez-vous que le moment est venu d’écrire une nouvelle page pour la Bretagne, dans une République qui serait enfin ouverte à la diversité de ses régions ?
Je suis optimiste néanmoins, et certain que le moment est venu.
Dans l’état de délabrement actuel du pays, j’entends de plus en plus de voix s’élever pour réclamer un changement de gouvernance dans la façon dont est géré ce pays. Ce système politico-administratif est ajourd’hui un état de mort cérébrale, et l’encéphalogramme sera bientôt plat. Les gens attendent que le pouvoir redescende!
Le mouvement Yes Breizh vous semble-t-il adapté pour rassembler toutes les bonnes volontés bretonnes, et au-delà, et devenir une véritable force de proposition, à l’image de notre modèle gallois, le mouvement Yes Cymru ?
Oui le mouvement Yes Breizh peut être un bon vecteur pour rassembler les forces vives bretonnes et devenir force de propositions, comme Yes Cymru, et je serai très heureux de vous rejoindre.
Mes sources d’inspirations sont de divers horizon, et peuvent être à la fois galloise, écossaise, ou catalane, basque. Elles sont en tout cas, effectivement, une réelle source d’inspiration.
Nous remercions chaleureusement Yvan Moullec pour cet échange constructif et lucide sur l’avenir institutionnel de la Bretagne.
Son appel à bâtir une République des territoires résonne avec la conviction profonde de Yes Breizh : c’est ici, en Bretagne, que peut naître un modèle plus juste, plus efficace et plus humain.
Les solutions viendront du terrain, de la coopération et de la confiance retrouvée entre responsables, acteurs et citoyens.
Yes Breizh invite toutes celles et ceux qui partagent cette ambition à rejoindre le mouvement, à participer à la réflexion collective et à agir, concrètement, pour une Bretagne maîtresse de son destin.
Parce que l’avenir se construit maintenant, et qu’il peut se construire ici, en Bretagne.
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3 commentaires
Le Conseil régional B4 peut faire à l’Etat une demande officielle de Réunification. Les vœux, c’est pour les communes.
Le Conseil départemental de la Loire-Atlantique peut faire à l’Etat une demande officielle de changement de région.
Ni l’un ni l’autre ne le font.
Petit rappel des conclusions du rapporteur public, du 30 avril 2025, concernant la saisine du Conseil d’Etat par Bretagne réunie.
« Or, la question du rattachement du département à la région ne relève pas des compétences du département : elle va bien au-delà de la possibilité qui leur est reconnue de demander la modification
des limites territoriales (art. L. 4222-1 du CGCT) et de solliciter la modification
des limites de la région par décret (art. L. 4122-1-1 du CGCT). »
C’est l’Assemblée nationale qui peut décider la Réunification.
Le département de la Loire-Atlantique peut demander la modification des limites territoriales, il peut donc consulter sa population sur cette demande.
L’article L. 4122-1-1 a été abrogé. L’article L. 4122-1 est toujours en vigueur.