Si nous sommes toujours Bretons, communauté de destin par Alan Le Cloarec

Si nous sommes toujours Bretons …

de Alan LE CLOAREC
Publié le Dernière mise à jour le

Toujours Bretons et Bretonnes : L’Histoire est comme une tempête qui souffle sur les pays et les nations.

Au commencement était la terre, où d’anciens peuples dressaient vers le ciel des temples et des pierres par centaines. Bloc de roc juché au devant des océans et à la pointe des continents, aujourd’hui nous l’appelons encore Bretagne.

Bien sûr, il n’en fut pas toujours ainsi.

Avant cela, le pays se nommait Armorique et s’étalait plus à l’Est que les actuels cinq départements bretons. Déjà différente des peuples de Gaule, cette Armorique se révolte seule quand elle part affronter l’autorité et l’armée de César en 56 avant J.-C. Malgré une résistance acharnée sur terre comme sur mer, Rome l’emporte et les peuples armoricains sont défaits.

Mais l’empire romain n’était pas éternel, il finit par s’effondrer, comme s’effondrent tous les empires.
L’antiquité s’efface alors doucement pour laisser place à ce qu’on nomme le Moyen-Âge. Dans le basculement d’une époque à l’autre, la Bretagne telle que nous la connaissons encore aujourd’hui allait faire son apparition.

Si nous sommes toujours Bretons

Bretonnes, Bretons, notre identité porte en elle une longue histoire.

Celle des autochtones armoricains et des populations celtiques de l’île de Bretagne qui prirent la mer pour se réfugier en Armorique, entre le Ve et le VIe siècle après J.-C. Les premiers Bretons installés étaient souvent des religieux, venus pratiquer en ermite les préceptes du christianisme celtique. Missionnaires avant l’heure, leur chemin était celui d’une foi, nouvelle mais inspirée des temps anciens, qui n’avait pas pour but de tracer la route de l’exil.

Les incursions saxonnes sur l’île de Bretagne en décidèrent autrement. Peuples celtes, les tribus bretonnes de l’île commencent dès 441 après J.-C. à subir les attaques des peuples germains venus des rivages de l’actuel mer du nord, les Angles, Frisons ou Saxons. Années après années, les peuples bretons se font pousser vers l’ouest, à mesure que les envahisseurs colonisent ce qui va devenir l’Angleterre. À l’inverse, le Pays de Galles et la Cornouailles britannique furent les derniers bastions celtiques de ces peuples insulaires.

Pour les Bretonnes et les Bretons qui ne purent s’y réfugier, il ne restait plus que l’exil.

Sur la route que les ermites avaient dirigée vers l’Armorique. Ils y débarquèrent par vagues successives autour du Ve siècle après J.-C., par l’actuel pays du Léon, de Saint-Brieuc / Sant Brieg et de Dol.
L’installation y est toute pacifique. Les insulaires pratiquent en majorité l’élevage, s’installent sur les terres difficiles, délaissées par les peuples armoricains. Ces derniers, plus attachés à l’agriculture, gardent leurs bonnes terres et maintiennent leurs coutumes, tout en se mélangeant avec ces peuples de l’île qu’ils connaissent par leurs échanges maritimes et commerciaux pratiqués depuis des générations.

Peuples bretons, armoricains, bientôt rejoins par des communautés vikings, franques, ainsi se forge au début du Moyen-Âge la communauté de destin bretonne. Notre histoire est donc celle d’un mélange, du partage entre autochtones et exilés, nouvelles et anciennes communautés, d’un pays comme bien commun.
L’installation fut pacifique, les insulaires venaient en Armorique pour chercher la paix, mais la guerre n’allait pas tarder à frapper de nouveau à leurs portes. Le nouveau pays breton attire très vite les convoitises. Sur l’île de Bretagne, la menace anglo-saxonne était venue de l’Est, par la mer.

Dans la nouvelle Bretagne armoricaine, voilà que, des terres de l’Est, vient un autre danger : les Francs.

Très vite, ce peuple germanique qui a conquis la Gaule s’empare du pays de Rennes / Roazhon  et de Nantes / Nantes, pour en faire une frontière capable de contenir l’installation bretonne en Armorique, avec l’objectif final de mettre toute la presqu’île sous sa botte. Dans ce but, en 753, le roi Franc Pépin le Bref fait du pays de Rennes et Nantes la « Marche de Bretagne ».

Repoussés jusqu’aux environs de l’actuel Finistère, les Bretons ne s’avouent pas vaincus pour autant. Dans le pays de Langonned, le Roi Morvan incarne cette résistance jusqu’à la mort. Quand l’empereur de l’Est demande la soumission de son peuple, il répond : « Je n’habite pas la terre du Franc, je ne veux pas subir sa loi. Que vienne la guerre, je ne la crains pas. »

Pour contrer les résistances bretonnes, le pouvoir franc a recours à la colonisation de peuplement.

Dans les pays de Rennes / Roazhon, Nantes / Naoned, Vannes / Gwened, il installe des communautés qui lui sont fidèles, qui parlent la langue d’oïl. Mais le destin de ces territoires va changer du tout au tout, comme celui de la Bretagne, grâce aux actions décisives des rois bretons Nominoé et Erispoé.

Le 22 novembre 845, à Ballon dans le pays de Redon, Nominoé et ses cavaliers bretons vêtus de noir défont les troupes franques de Charles le Chauve, et scellent dans le marbre la farouche volonté d’indépendance de la Bretagne.
L’adversaire était néanmoins tenace, et à la mort de Nominoé, Charles le Chauve tente à nouveau d’envahir le pays. Voilà qui était sans compter la résistance du fils, Erispoé, qui comme son père fait tomber l’armée franque à la bataille de Jengland le 22 août 851.

Passée cette date, le pouvoir franc cesse toute prétention sur le pays de Rennes et de Nantes, ainsi que sur le pays de Retz.

Ce qui était la « Marche de Bretagne » des Francs pour réduire les Bretons à néant, devient la Haute Bretagne, pays de résistance, garant de l’indépendance bretonne, en première ligne face à toutes les incursions françaises qui ne cesseront jamais par la suite.

Depuis cette époque, on y parle une langue d’oïl, le gallo, de la même langue que les Francs, sauf que le cœur y est tout en entier breton. Par cette histoire, dès l’origine, la Bretagne est un pays multilingue, multiculturel, où ascendances celtiques, armoricaines, franques, insulaires et continentales ont formé une nation dans une volonté d’indépendance commune, au nom d’un même esprit de liberté.

Résister ensemble ou disparaître à jamais, voilà le fil conducteur de toute cette histoire.

De royaume breton en duché, huit siècles d’indépendance ont imprégné cette terre et son peuple de la force d’un pays, de la liberté d’une nation.
La Bretagne attira en effet bien des appétits de conquêtes, de la France, de l’Angleterre, de l’Espagne ou d’autres. Hasard de l’Histoire, c’est la France qui au final remporta la mise par la violence et la contrainte.
Entre 1487 et 1491, la guerre d’indépendance bretonne s’achève sur une victoire militaire française. Restait encore à soumettre le pays officiellement et légalement. Après cette guerre franco-bretonne, qui succédait à de nombreuses autres, Anne de Bretagne, fille du Duc breton François II, fut contrainte de se marier au roi de France Charles VIII, puis à son successeur Louis XII.

Sous la duchesse malgré tout, la Bretagne conserva la majorité de ses droits nationaux, qu’elle ne laissa jamais se faire écraser par l’idée française. Après la mort de la duchesse Anne, puis de sa fille Claude, le roi de France François Ier décide d’en finir avec la liberté bretonne une bonne fois pour toutes. Par d’habiles menaces, chantages, corruptions et intimidations, il contraint les États de Bretagne à abandonner officiellement l’indépendance du pays. Depuis, la France parle de « rattachement » pour décrire ce qui, à Vannes / Gwened, le 4 août 1532, fut une annexion pure et simple.

L’Histoire bretonne devait s’arrêter là …

Mais si nous sommes toujours Bretonnes, si nous sommes toujours Bretons, c’est bien qu’il en a été autrement.

Par le feu de la révolte ou la discrétion des complots, la Bretagne n’a jamais cessé de réclamer sa liberté et la France n’a jamais cessé de s’en méfier.
L’histoire même des relations entre ces deux pays est bien-sûr cachée, tronquée, pour nous condamner à ce que le militant breton Morvan Lebesque nommait si bien « l’enfer de la privation d’histoire ».

Entre 1580 et 1582, soit quelques décennies après l’annexion, l’historien breton Bertrand d’Argentré en fit déjà les frais. Son livre sur l’Histoire de Bretagne fut saisi par le roi de France, la version originale interdite et diffusée clandestinement. L’édition légale ne fut réalisée qu’avec la censure, la modification ou la suppression pure et simple de tous les passages qui mettaient en avant l’effort de résistance que la Bretagne avait manifesté pour préserver sa liberté.

Là où d’un côté la censure faisait taire les esprits, la répression, elle, condamnait au repos éternel les corps qui s’élevaient pour défendre les libertés du pays. Le marquis de Pontcallec, meneur d’une vaste conspiration, finit pour cette raison la tête tranchée à la hache, place du Bouffay à Nantes / Naoned en 1720.

Avant lui, c’était par milliers que furent tués, emprisonnés, violées, envoyés aux galères, des Bretonnes et des Bretonnes qui s’étaient révoltés en 1675 contre les impôts sur le tabac et le papier timbré, au nom du privilège que les libertés bretonnes devaient leurs garantir.

Pendant la Révolution française, c’est Armand de la Rouerie, héro de la guerre d’indépendance américaine, favorable aux idées républicaines, qui monte l’Association Bretonne pour renverser le régime parisien devenu tyrannique.

Georges Cadoudal après lui, grand chef chouan breton, fera trembler le pouvoir.

Avec lui, c’est toute la Bretagne insurgée qui fait sienne la devise Doue ha mem bro (« Pour dieu et mon pays« ), qui se différencie du slogan vendéen « Pour dieu et le roi ».
Même Napoléon Bonaparte, devenu empereur, sera des plus impressionné par la force politique de ce meneur d’insurrection. Et il avait de quoi s’en souvenir, car l’empereur français échappe de peu à l’attentat à la charrette piégée d’explosif que lui avait tendu Cadoudal le 24 décembre 1800, et qui fut proche de réduire l’Empire en cendres.

Au final, de tous les tumultes du XIXe siècle français, c’est la République qui triompha et elle garda longtemps une rancune particulière contre cette Bretagne, qui dès l’origine avait osé se révolter contre ce régime au nom de ses propres libertés.

En 1870, la toute jeune IIIe République, sous l’impulsion de Léon Gambetta, fait massacrer dans le froid, la boue, la maladie et la faim, toute l’armée bretonne du Camp de Conlie. Cette armée avait été levée pour sauver la République, mais, par crainte d’un soulèvement breton, elle en fit un charnier. Les survivants du camps sont envoyés au combat sans armes, ou sans les munitions qui vont avec. Le Breton n’aura jamais aussi bien servi la France qu’en étant chair à canon, ce que le XXe siècle continuera tristement de montrer.

Pour les enfants de ces soldats perdus, la République n’est pas en reste.

À l’Assemblée nationale de Paris, le 28 juillet 1885, Jules Ferry scande haut et fort le devoir des « races supérieures » d’aller coloniser les « races inférieures ». Pour la bourgeoisie de l’époque, la civilisation est à construite par la colonisation, en Asie, en Afrique, aussi bien que dans l’Hexagone, en Bretagne, en Corse, au Pays Basque et ailleurs.

Ici comme là-bas, ces sont des générations entières, intégrées de force à l’école publique devenue obligatoire, qui sont frappées, humiliées, traumatisées par des instituteurs tortionnaires, que la République acclame toujours comme des héros. Elle les nomme les « hussards », du nom d’une troupes de cavalerie à la réputation des plus violente et sanguinaire. Il faut dire qu’ils portent bien leur nom, ces fonctionnaires coloniaux chargés de faire disparaître par la violence et l’humiliation tous les peuples que la France avait soumis à son pouvoir.

Et pendant que les instituteurs frappent et traumatisent des enfants coupables du seul crime de parler leur langue, bretonne ou gallèse, coupable de n’être que Bretonne ou Breton, leurs parents se lèvent contre cette IIIe République qui laissa bien des cicatrices.

émile combes
Émile Combes

En 1902, le gouvernement d’Emile Combes oblige par la force à appliquer la loi du 1er juillet 1901.

Cette loi autorise librement la création d’association, mais les congrégations religieuses sont exclues de ce droit commun, elles doivent donc demander des autorisations spéciales au Parlement, qui refuse automatiquement. De fait, l’application de cette loi 1901 contraint la très grande majorité des congrégations à disparaître.

Sauf que la Bretagne n’est pas de cet avis.

Durant l’été 1902, elle entre en révolte et l’armée est envoyée sur place pour rétablir l’ordre. Villes et campagnes sont insurgées, les territoires de traditions républicaines comme les pays bretons conservateurs montent des barricades et accueillent la troupe avec des pierres et des fusils. En réaction, en septembre 1902, Combes rajoute une couche et interdit tout usage du breton à l’église, puisqu’à l’époque elle n’est pas encore séparée de l’État. Le divorce entre Paris et la Bretagne est à nouveau consumé et l’idée régionaliste bretonne commence à faire son chemin.

Mais la guerre de 1914-1918 allait de nouveau porter un coup dur au pays.

Contraints et forcés, c’est entre 150 000 et 200 000 Bretons qui sont morts par cette guerre inutile. Même la fine fleur du jeune mouvement régionaliste partit mourir dans les tranchés avec la certitude que la France n’oublierait pas leur sacrifice. En échange, elle ne donna rien. Rien à part les monuments aux morts qui trônent toujours au centre de tous nos villages. « Morts pour la France », et maintenant silence.

Ainsi, encore une fois, la vieille Bretagne devait disparaître dans les temps nouveaux qui s’ouvraient à l’après-guerre. Alors qu’elle avait déjà officiellement disparu depuis la Révolution pour laisser place à cinq départements, alors que le français détrônait par la force le breton et le gallo, alors que tout le monde s’accordait à dire que la Bretagne n’était qu’une vieille poésie qui allait mourir avec les derniers paysans qui ne parlaient que breton, cette histoire devait ainsi prendre fin. Il fallait se résigner et célébrer cet épilogue en hommages et en chansons.

Mais si nous sommes toujours Bretonnes, si nous sommes toujours Bretons, c’est bien qu’il en fut autrement.

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Breiz Atao

De partout dans le pays, une poignée de volontaires fit s’en rassembler bien d’autres sous une bannière dont le nom effraie toujours : Breiz Atao ! Vingt ans d’actions politiques et culturelles sans quoi aucune idée de la Bretagne moderne n’aurait pu exister. Et vingt ans où ils et elles sont allés de journal en parti, de meeting en élections, de manifestations en sabotages, d’attentats en armées clandestines. Vingt ans où tous les « Ploucs », toutes les « Bécassines », tous les enfants humiliés de la IIIe République ont eu leur revanche.

La France imposait à la Bretagne de mourir.

Breiz Atao lui a proposé de renaître et a entrepris d’ouvrir la voie. La fin tragique d’une petite partie du mouvement dans la collaboration active avec l’occupant nazi, offrit aux adversaires de la Bretagne libre une occasion inespérée d’en finir avec toute une génération militante bretonne, qui avait inquiété les autorités française au plus haut point.

En 1944-1945, les morts nationalistes se sont comptés par dizaines ; les exils, les procès, les peines de camps de concentrations et de prisons par centaines, si ce n’est par milliers. Le moindre Gwenn ha Du était interdit, le moindre joueur de bombarde était suspect.

Breizh Atao

De nouveau, la Bretagne devait mourir avec la fin de sa dernière résistance.

Mais si nous sommes toujours Bretonnes, si nous sommes toujours Bretons, c’est qu’il en a pas été ainsi.

Après quinze années de silence, nouvelles et anciennes générations recréèrent des ponts pour relancer le combat. Plus fortes avaient été la répression et les transformations de la Bretagne d’après guerre, plus forte fut la révolte.
Le Front le Libération de la Bretagne donne le ton des ces années 1960 et 1970, celles d’un retour en force de la question bretonne. Partout, on réinvente sa bretonnité, dans la lutte légale ou clandestine, dans les rangs de la jeune Union Démocratique Bretonne, dans les pièces de théâtre en breton de Strollad ar Vro Pagan, dans les concerts d’Alan Stivell, dans les festoù-noz, les cercles celtiques, comme dans les grèves du Joint Français, dans la révolte antinucléaire de Plogoff, dans les poèmes d’un Paol Keineg ou d’une Angela Duval.

Diwan

Bientôt, les écoles Diwan commencent à faire un enseignement immersif en langue bretonne, sans attendre que l’État français ne daigne l’autoriser.

Dans la décennie 1980, le pouvoir de François Mitterrand qui s’est installé à Paris grâce au vote breton, consent à créer une petite région Bretagne, amputée de la Loire Atlantique comme l’avait fait Vichy avant lui, et aux compétences bien ridicules. De fait, Nantes / Naoned va alors devenir d’années en années, un passage obligé des manifestations pour la réunification de la Bretagne.
Et pendant qu’à l’Est on commence à lutter pour la réunification, dans l’Ouest breton Stourm ar Brezhoneg repeint les panneaux de signalisation au coaltar, pour imposer qu’ils soient traduits en breton, ce qui fut obtenu de haute lutte après des années de peinturlurage nocturnes.

Il faut dire que si la Bretagne veut quelque chose de Paris, c’est toujours par la pression, la lutte et la mobilisation qu’elle finit par gagner.

En 2013, le gouvernement socialiste au pouvoir en fit les frais avec une écotaxe que la Bretagne, en bloc, a fait chuter comme elle a fait tomber les portiques à poids-lourds les uns après les autres.

Jusqu’aux présentes années 2020, la France est une digne héritière de sa tradition, elle ne cesse de briller par une hostilité sous-jacente et permanente face à la moindre avancée vers les libertés bretonnes, qu’elles soient politiques, économiques ou culturelles.
La langue bretonne ou gallèse n’est toujours pas officielle, leurs enseignements ne sont pas encouragés à se développer, l’histoire du pays n’est pas enseignée, un simple tilde sur le ñ de Fañch est toujours présenté comme un danger pour « l’unité de la République », la réunification est sans cesse retardée et combattue, l’autonomie sur le modèle du Pays de Galles ou de l’Écosse, des régions de l’État espagnol ou des Länders allemands est vue à Paris comme un impensable retour au Moyen-Âge.

Tout cela pour une seule et unique raison : on ne nous veut pas Bretonnes, on ne nous veut pas Bretons.

Tout ce qui fait la Bretagne d’aujourd’hui est donc le fruit d’une histoire de résistance. Résistance contre l’évolution historique qui nous demandait de devenir des « Français comme les autres », c’est-à-dire uniquement des Français et rien d’autre. Résistance face à un État et à sa capitale Paris, qui monarchiste ou républicain, de gauche ou de droite, s’est toujours opposée à notre existence même.

Si nous sommes toujours Bretonnes, si nous sommes toujours Bretons, c’est bien que générations après générations, de l’époque moderne jusqu’aux lointaines origines autochtones et insulaires, nous n’avons jamais accepté le sort que l’histoire des vainqueurs voulait nous réserver.
Obstiné est notre parcours à travers les âges, toujours animé par une soif de liberté et une fierté à toute épreuve pour, génération après génération, continuer à marcher la tête haute.

Il nous fallait mourir et disparaître en tant que peuple, nous avons préféré vivre et résister, pour demain renaître à nouveau. C’est là le droit le plus précieux de toute nation.

C’est grâce à cela si aujourd’hui, nous sommes encore Bretonnes, nous sommes encore Bretons.

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On ne naît pas Breton
Communauté de destin, de Alan Le Cloarec, aux Éditions Yoran Embanner

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5 commentaires

Jean-Luc Laquittant 10 décembre 2021 - 19h53

Très bon résumé de l’histoire de Bretagne d’ Alan Cloarec.
Mais comme je suis « tatillon » sur les langues un petit bémol sur : » Depuis cette époque on y parle une langue d’oïl le gallo, de la même langue que les Francs, sauf que le coeur y est tout entier breton. » Quelques remarques
1°/ Ce n’est pas depuis cette époque, mais bien avant (au temps de Rome) que l’on parle « roman » en Haute Bretagne.
2°/ Le gallo est une langue « romane » O.K., comme l’occitan, le corse ou le picard. Mais ce n’est pas une langue d’oïl, car en gallo on a jamais dit « oïl »pour dire « oui » ( pas plus qu’en « normand » d’ailleurs) on dit « Vér » ou « Yan ». C’est le Florentin Dante Alighieri qui en 1303 classa les langues romanes en trois catégories, les langues de SI, les langues d’OC et les langues d’OIL selon la manière de dire « OUI ». Dante n’est sans doute jamais venu à Rennes ni à Caen où l’on a jamais dit « OÏL » .
3°/ (langue d’oil le gallo, de la même langue que les Francs) erreur ! Les Francs ne parlaient pas le roman en 845, mais le « francique ». Le premier roi Franc à parler le « roman » est Hugues Capet en 987.
4°/Par contre tout à fait d’accord avec : « Sauf que le coeur y est tout entier breton. »

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GR 12 décembre 2021 - 8h53

En effet, très bon résumé, mais quid du CELIB, des SEIZ BREUR ?

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Anne Merrien 12 septembre 2024 - 12h07

Je n’ai pas vraiment d’expertise en ce qui concerne l’histoire de la Bretagne. Mais d’autres interprétations sont possibles. Je me limiterai prudemment à deux exemples qui concernent les temps anciens : 1. Les Bretons insulaires étaient romanisés, ce qui explique l’abondance de mots d’origine latine dans la langue bretonne (avant même l’influence du gallo ou du français). Les Bretons qui ont traversé la mer ne furent-ils pas plutôt d’irréductibles Romains qui surent à peu près résister aux armées germaniques jusqu’en 1488 ? 2. Rien ne prédisposait Rennes et Nantes à intégrer la Bretagne qui se limitait à sept évêchés, de Dol à Guérande (qui dépendait alors de Vannes). Il faut comprendre la marche de Bretagne initiale comme un territoire carolingien organisé face à la Bretagne. Si les rois bretons ont pu gagner vers l’est, c’est en raison de l’affaiblissement des Francs aux prises avec les Vikings. Vikings qui finirent par manger toute notre péninsule, nous léguant les frontières historiques du duché de Bretagne, avec l’installation de la capitale à Nantes, un peu comme en Afrique les colonies européennes ont légué leurs frontières aux Etats devenus indépendants. C’est donc une Histoire et une Géographie vieilles d’onze siècles qui fondent la Bretagne, sans qu’il y ait une unité culturelle.

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Prati michel 13 septembre 2024 - 13h25

« En 1870, la toute jeune IIIe République, sous l’impulsion de Léon Gambetta, fait massacrer dans le froid, la boue, la maladie et la faim, toute l’armée bretonne du Camp de Conlie. »
Pouvez-vous nous en dire plus et citer vos sources ? Merci.

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nhu Bretagne nhu Brittany
NHU Bretagne 13 septembre 2024 - 18h10

Bonjour Michel, et merci de votre commentaire.
Voici de plus amples informations concernant ce massacre organisé de soldats Bretons :https://www.nhu.bzh/camp-de-conlie/

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