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Après sa mort, Nominoë s’est-il évanoui ?
A t-il disparu dans la nuit ?
Eh bien il semble que non. Car beaucoup se souviennent de lui encore aujourd’hui.
En tant que porte parole du Poellgor Gouel Ballon, je vais dire quelques mots : « Celui qui veut, celui-là, peut«
Cette formule du tribut de Nominoë dans le Barzaz Breiz de Hersart de la Villemarqué a été traduite en anglais, si on peut dire, il y a une dizaine d’années, par un illustre Américain que vous reconnaîtrez : Yes We Can.
Oui, nous l’avons voulu, vous nous avez aidés, et nous avons pu le faire. Ce monument historique du XXIème siècle, qui est aussi une oeuvre d’art audacieuse, est devenue une réalité. Depuis les premières esquisses de Jean-Pierre BAUDU en 2011, depuis la vidéo virtuelle de 2014, les encouragements se sont peu à que peut accumulés. Puis les dons, puis les espoirs des subventions. Et l’été dernier, il était devenu évident de commencer le chantier.
Que dire sur Nominoë, Père de la Nation ?
Alors là, c’est un autre débat. La nation bretonne existait avant Nominoë. La nation bretonne n’est pas née comme cela, ex nihilo. C’est un processus long de plusieurs siècles. Des Bretons qui sont arrivés en Armorique avaient déjà un passé, une Histoire, avec tout un légendaire, avec une religion bretonne bien à eux. Également avec trois royaumes qui au départ se sont disputés l’hégémonie. Avec une volonté sûrement de garder leur identité bretonne. Et Nominoë est arrivé au bon moment. Il a été un catalyseur de toutes ces énergies. En tous cas, il a réussi là où Vercingétorix avait échoué.
Les Bretons doivent énormément à Nominoë.
On peut dire que c’est un marqueur très très fort de l’identité bretonne. Un homme qui avait une volonté de fer, une vision pour son pays. Un farouche défenseur de la Bretagne, un opposant vraiment frontal à l’ empire des Francs.
Il a eu un fils qui a marché dans ses pas.
Tout à fait, Erispoë, qui était aussi un guerrier. Pendant que son père était malade, c’est lui qui a mené les soldats bretons. Mais aussi peut-être mercenaires vikings. On ne le sait pas mais probablement. Puisque la papauté a condamné Nominoë, puis après Erispoë parce qu’ils avaient nommé des mercenaires à la place d’évêques.
Que veut dire mercenaires ?
Étaient-ils des étrangers non bretons, issus des Vikings ? Peut-être, mais on ne le sait pas. Donc Erispoë est véritablement le roi, le roi de Bretagne. Ou le roi des Bretons, avec le titre. Puisque après sa victoire contre Charles le Chauve, celui-ci accepte qu’il porte la couronne royale. Alors ce qui très bizarre c’est que Charles le Chauve n’est pas empereur. Il est roi de Francie. Alors comment se fait-il qu’il puisse nommer un roi. Peut-être que l’empereur, son frère, lui a donné l’autorité supérieure pour cela, mais cela n’est vraiment pas sûr.
Mais Erispoë est roi.
Erispoë ne mettra pas longtemps avant de graver son nom dans l’Histoire.
Après la mort de Nominoë, Charles le Chauve pense qu’il est urgent d’intervenir avant que les Bretons se ressaisissent. Échaudé par sa défaite de Ballon, et connaissant la pugnacité de ses adversaires, il met cinq mois pour préparer cette expédition. Cette fois il a réuni ses meilleures épées et tous les hommes de rang sur lesquels il peut compter. La plupart connaissent ces Bretons qui ont saccagé leurs terres et veulent en découdre. Il peut compter également sur un important dispositif constitué de Saxons qui viennent sans doute du Bessin.
Les Bretons et les Saxons c’est une vieille histoire.
Ces derniers n’ont-ils pas eu le dessus lorsque les contemporains d’Arthur régnaient de l’autre côté de la Manche il y a trois cent ans ?
Le 16 Août les troupes de Charles le Chauve se mettent en route. On estime leur nombre à quatre mille. Le futur empereur des Francs les rejoindra plus tard après avoir expédié les affaires courantes en Anjou.
Ici il est question de faire une pause …
Car le lieu de la bataille décisive qui va opposer les deux camps est encore sujet à caution de nos jours. L’Historien Pierre RICHET estime que la confrontation a eu lieu à Juvardeil dans le Maine et loir. Une autre théorie place les combats sur le territoire du Grand Fougeray. Enfin, une troisième version situe la passe d’armes près de Guemene Penfao.
Nous allons retenir l’hypothèse du Grand Fougeray. Quoi qu’il en soit, il semble que l’objectif de Charles le Chauve fut celui de viser Renac / Ranneg , avant postes de commandement de Nominoë, échu dorénavant à Erispoë. Et pour atteindre cette place forte pas question de passer par Rennes / Roazhon, ou par Nantes / Naoned, tenu par les troupes bretonnes et celle de Lambert II. Un seul passage est relevé par les éclaireurs et son service de renseignement : celui du pont de Beslé qui permettrait d’atteindre Renac / Ranneg à pied sec. Car une grande partie de la région, côté ouest de la Vilaine, est couverte de marécages.
Nous sommes le 21 Août.
Arrivé près du pont de Beslé, l’état-major franc se ravise. Car franchir ce gué en file indienne ferait courir trop de risques aux hommes de l’est en chemin depuis si longtemps. Charles le Chauve est arrivé sur les entrefaits et il commande d’établir le camp à quelques lieues de là pour permettre aux hommes et aux bêtes de prendre des forces. Les Bretons qui attendent de pied ferme les envahisseurs franchissent la Vilaine de nuit au matin du 22 Août, le soleil levant révèle aux Francs la présence des Bretons. Ils sont si près qu’on pourrait presque les atteindre d’une volée de javelot.
Charles le Chauve est prévenu : les Bretons sont là. Il décide de placer en première ligne les Saxons. Les Saxons sont l’ennemi intime des Bretons. Celui là même qui les a contraint à quitter leur île et dont la réputation a sûrement été entretenu dans les foyers de ces jeunes néo-Armoricains. Car ils sont jeunes, et ils ont été bercé dans leurs foyers par ces récits conspuant les Saxons. Alors leur sang ne fait qu’un tour à la vue des Saxons. Les troupes d’Erispoë sont remontées au maximum. Face aux armées des Francs, les Bretons opposent une tactique maintes fois éprouvée, et un art de la guerre donc ils sont passés maîtres. Mais avant tout ils ont une arme puissante : le « sherman » des Bretons.
Le voici : c’est ce petit cheval aux capacités étonnantes.
C’est le bidet breton, disparu au début du XXe siècle. Ce petit cheval qui atteignait au maximum à 1,50 mètre au garrot et ne dépassait pas les quatre cent cinquante kilos, est loin du cheval breton contemporain que nous connaissons aujourd’hui. Surtout il avait des capacités étonnantes, en termes de mobilité et de stabilité. Car il trottait à l’amble, procurant à son cavalier un confort inégalé en vue des combats. Nantis d’un tel avantage stratégique, les cavaliers bretons avaient de surcroît développé un art du combat déroutant pour les Francs.
Avec la participation de Patrick RENAUD, Vice Président Poellgor Gouel Ballon; Myrdhin, Barde et Harpiste; Clarisse LAVANANT, Artiste; Frédéric MORVAN, Historien.