L’autonomie demain, pour la Corse, la Bretagne …
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La France est toujours prompte à dénoncer les crimes des autres en s’absolvant des siens propres.
Le Mal c’est toujours l’Autre.
La France, plus généralement l’Occident c’est le Bien.
Forcément absolu.
C’est pourtant dans le Camp du Bien, que voici deux ans, le 21 mars 2022, un prisonnier politique était assassiné dans des conditions toujours non élucidées. Il ne s’appelait pas Alexeï Navalny. N’était pas un militant d’extrême-droite russe. Il s’appelait Yvan Colonna. Il était à moitié Breton et à moitié Corse. Et il luttait pour la Liberté. Les combats de rues qui opposèrent alors la jeunesse corse, scandalisée par cette exécution d’État, aux forces d’occupation, aboutirent à l’engagement par l’État français d’ouvrir des négociations sur un nouveau statut de l’île «allant jusqu’à l’autonomie».
Comme s’il s’était agit d’une concession énorme et merveilleuse, alors que toutes les îles de Méditerranée, de Chypre à Malte en passant par la Sicile, la Sardaigne ou les Baléares jouissent déjà de statuts d’autonomie ou d’indépendance, et ce, en Espagne, depuis la mort du dictateur Franco.
Ouvertes donc en été 2022, les négociations ont abouti le 11 Mars dernier à un accord de principe entre l’État français et une partie des représentants de l’île. Un nouveau statut sera proposé bientôt à la Corse et soumis à l’Assemblée « Nationale » française par le biais d’une loi dite organique, supérieure à une loi ordinaire et inférieure à une loi Constitutionnelle qui, pour sa part aurait nécessité la réunion du Congrès et un vote favorable aux trois cinquièmes.
Mais que contient ce projet, accepté par les autonomistes, en particulier par M. Gilles Simeoni, le président du Conseil Exécutif de Corse ?
Au fond, une avancée sans doute (comment pourrait-il en être autrement dans le pays le plus centralisé d’Europe ? ) mais une avancée bien timide en vérité.
Au terme du processus, si la loi n’est pas détricotée par les amendements que ne manqueront pas de déposer les partis les plus jacobins comme les Rassemblement National, Parti Socialiste et La France Insoumise, et par le Conseil Constitutionnel qui n’a de sage que le nom, la Corse pourra bénéficier d’un pouvoir d’adaptation des lois dites « nationales » soit votées à Paris.
Le parti indépendantiste Nazione, qui dispose d’une élue à l’Assemblée de Corse et auquel appartient M. Jean-Guy Talamoni, l’ancien président de ladite Assemblée, a déjà annoncé qu’il ne voterait pas un texte jugé trop timoré, au motif que : « Aucune des causes du conflit politique qui oppose la nation corse à l’Etat français n’est susceptible d’être traitée au fond par ce projet de statut« .
Quoi qu’il en soit, cette avancée constitutionnelle pour une « région » de «métropole» donne des idées à d’autres nations sans État de l’Hexagone, à commencer par la Bretagne, dont le président de quatre de ses cinq départements, Loïg Chesnais-Girard qui, le 12 Mars dernier a saisi le ministre de l’Intérieur français afin de réclamer un statut d’autonomie pour les divers « territoires à identités fortes », euphémisme subtil pour ne pas dire « minorités nationales ».
Reste à savoir quelle réponse le pouvoir central lui donnera, dans un pays où les droits des peuples ne s’arrachent que par les rapports de force et souvent dans la douleur.
Illustrations NHU Bretagne