disparition organisée de l'élevage bovin en Bretagne

Disparition organisée de l’élevage bovin en Bretagne ?

de NHU Bretagne

Disparition organisée de l’élevage bovin en Bretagne : une menace pour notre souveraineté alimentaire

Disparition organisée de l’élevage bovin en Bretagne?
Depuis trente ans, le cheptel bovin breton fond comme neige au soleil. En apparence, cela semble lié à des causes multiples : départs en retraite, normes environnementales, baisse de consommation. Mais en y regardant de plus près, une logique inquiétante se dessine. Tout semble organisé pour faire disparaître l’élevage bovin en Bretagne.

Une baisse spectaculaire du cheptel

En 1995, l’Hexagone comptait plus de 20,5 millions de bovins. Dès 2022, ce nombre tombe à 16,99 millions. En moins de trente ans, 3,5 millions de têtes ont disparu. Les vaches laitières sont passées de 4,76 à 3,5 millions. Les vaches allaitantes, elles, sont passées de 3,98 à 3,67 millions.

Et la tendance s’accélère : entre 2016 et 2023, l’Hexagone a perdu 837 000 vaches, dont près de 500 000 allaitantes. En Bretagne, le choc est énorme. Moins d’éleveurs, moins de bovins, moins de productions locales.

Campagnes médiatiques : une pression constante

Dans les médias parisiens, la viande bovine est devenue la cible à abattre. Climat, santé, éthique… tout est utilisé pour culpabiliser les consommateurs et pointer du doigt les éleveurs. Pourtant, les élevages bretons sont loin des fermes-usines. Ici, on parle souvent de petites exploitations familiales, où les animaux pâturent en plein air.

Mais cela ne semble pas suffire. L’opinion est influencée, et la consommation de viande baisse, sous pression.

Normes et contraintes à la chaîne

Les éleveurs croulent aussi sous les normes. Chaque année, de nouvelles règles s’ajoutent :

  • Zones vulnérables à élargir.
  • Interdictions d’épandage plus strictes.
  • Exigences sur les bâtiments et le lisier.

Et ce n’est pas tout. Les contrôles administratifs, les demandes de subvention complexes, la fiscalité croissante… le système décourage les vocations. En Bretagne, on compte 40 % d’éleveurs en moins qu’il y a vingt ans.

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Virus émergents : hasard ou stratégie ?

L’été 2025 marque un tournant. En Savoie, un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) entraîne l’abattage de plus de 500 bovins. En parallèle, la grippe aviaire H5N1, jusque-là cantonnée aux volailles, a franchi la barrière d’espèce aux États-Unis, contaminant aussi des bovins. La FCO et la maladie hémorragique épizootique (MHE) progressent également en Europe occidentale, portées par les insectes.

Ce cocktail viral fragilise encore davantage les exploitations. Les campagnes de vaccination deviennent obligatoires, les zones de restriction s’étendent, les exportations sont bloquées. Et pendant ce temps, le coût sanitaire explose pour des éleveurs déjà à bout.

Il est permis de se poser une question : est-ce un concours de circonstances ?
Ou bien est-ce une opportunité utilisée par certains décideurs pour accélérer la réduction du cheptel bovin, sous couvert de gestion de crise ?

Les importations remplacent la production locale

Pendant que les éleveurs bretons doivent abattre leurs bêtes ou limiter leur cheptel, l’État ouvre les frontières à la viande étrangère. L’accord CETA avec le Canada, les discussions avec les États-Unis, et surtout le projet d’accord Mercosur sont autant de portes ouvertes à des viandes bon marché.

Le Mercosur autoriserait l’entrée de 99 000 tonnes de viande bovine sans droits de douane dans l’UE. Cette viande est produite dans des conditions inacceptables ici :

  • déforestation de l’Amazonie,
  • utilisation d’OGM,
  • absence de normes équivalentes.

Et pourtant, elle finit dans nos assiettes, à la place de la viande bretonne.

La Cour des comptes valide la baisse du cheptel

En mai 2023, la Cour des Comptes française a publié un rapport. Elle y recommande une réduction du cheptel bovin hexagonal, pour atteindre les objectifs climatiques. Selon elle, l’élevage bovin représente 11,8 % des émissions de gaz à effet de serre du pays.

Elle propose :

  • Une stratégie nationale de réduction des cheptels.
  • Une conditionnalité climatique des aides.
  • Une reconversion progressive des élevages.

Mais cette vision ignore totalement les réalités du terrain, notamment en Bretagne.
Car ici, l’élevage est un pilier économique, paysager et culturel.

Un double discours inacceptable

D’un côté, on impose aux éleveurs bretons de réduire leurs cheptels, d’abattre leurs vaches malades, de s’adapter aux règles climatiques. De l’autre, on importe de la viande d’Amérique du Sud produite sans respect ni du climat, ni de l’animal, ni du producteur.

Ce double discours est toxique. Il détruit nos exploitations, affaiblit notre souveraineté alimentaire, et fait exploser les contradictions écologiques.

Que voulons-nous pour la Bretagne ?

Souhaite-t-on vraiment devenir une région sans vaches ?
Veut-on que notre viande provienne de cargos transatlantiques ?
Accepte-t-on que des décisions prises à Bruxelles ou à Paris ruinent nos campagnes ?

Ou bien choisissons-nous de défendre un modèle d’élevage durable, respectueux des animaux, des paysages et des paysans ?

Un choix de société à faire

Les virus, les accords, les normes : tout cela n’est pas une fatalité. C’est un choix politique. Celui de sacrifier l’élevage breton pour ouvrir nos assiettes aux importations venues de l’autre bout du monde. Celui d’affaiblir nos campagnes au nom d’objectifs décidés à Paris ou Bruxelles.

Mais un autre chemin existe. Défendre l’élevage bovin en Bretagne, ce n’est pas défendre un modèle dépassé. C’est protéger une agriculture familiale, des paysages vivants, une souveraineté alimentaire et un lien millénaire entre les Bretons et leurs terres.

Aujourd’hui, nous avons le choix : subir une disparition programmée, ou bâtir un modèle agricole breton autonome, durable et respectueux. Si nous n’agissons pas, demain, il sera trop tard.

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2 commentaires

Penn kaled 30 août 2025 - 10h13

Il n’y a pas que le pouvoir parisien qui met en cause l’élevage des ruminants, en partie à tort, par rapport au réchauffement climatique, c’est bien plus général autant au niveau local que mondial. Le manque d’objectivité est contre productif pour les idées que l’on défend, passion n’est pas raison. Vous dites Pourtant, les élevages bretons sont loin des fermes-usines. Ici, on parle souvent de petites exploitations familiales, où les animaux pâturent en plein air. Hélas et je le déplore c’est de moins en moins vrai en Bretagne, agrandissement des troupeaux, robotisation de la traite, astreinte des clôtures, ces éleveurs font le choix de garder leurs vaches en stabulation, elles ne sortent quasiment plus sont alimenter à l’auge avec des fourrages principalement de l’ensilage de mais, l’ampleur que prend cette culture en Bretagne contribue à l’assèchement des sols ,et des cours d’eau du fait que cette plante prélève de l’eau en profondeur et en été période ou la pluviométrie est en général faible.

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Glazig 31 août 2025 - 10h14

Le pouvoir parisien n’a rien à voir avec un mouvement de fond qui prend racine dans une partie importante de la jeunesse et pas seulement. Une question de santé, d’équilibre, d’éthique qui permettent de redonner une place à la viande plus raisonnable au sein des repas ( voir la courbe exponentielle de la place de la viande dans notre pays depuis 1 siècle, l’augmentation est délirante) ou de ne plus en consommer. D’autre part, la transformation de l’agriculture s’éloigne depuis longtemps de la petite ferme bretonne…

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