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Agriculteurs bretons : champions en Europe, mais victimes d’une concurrence déloyale
La Bretagne est une terre d’agriculture mais l’agriculture bretonne est écartelée.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État français lui a confié une mission : produire plus, nourrir la région parisienne, nourrir l’Hexagone, et parfois bien au-delà. Pari réussi. Grâce au travail acharné des agriculteurs bretons, notre pays est devenu l’un des pays agricoles les plus performants d’Europe.
Mais aujourd’hui, ce modèle est à bout de souffle.
Trop d’injonctions contradictoires, trop de règles, trop de pressions, et surtout, une concurrence profondément inéquitable.
Une agriculture bretonne performante, mais sous pression
D’abord, il faut rappeler que l’agriculture bretonne est un pilier de l’économie bretonne. Elle emploie des dizaines de milliers de personnes, irrigue des filières entières, de l’élevage à la transformation agroalimentaire. Les produits bretons nourrissent l’Hexagone et bien des pays à l’export.
Mais cette performance a un prix.
La Bretagne a longtemps été poussée vers l’intensification. Élevages hors-sol, cultures spécialisées, standardisation : on a misé sur le volume. Cela a certes permis un développement rapide, mais au détriment de l’environnement.
Ensuite, une nécessité écologique impossible à ignorer
Pour autant, il est aujourd’hui évident qu’un changement de cap est nécessaire. Les écosystèmes bretons souffrent. Qualité de l’eau, disparition de certaines espèces, prolifération des algues vertes : les signes sont là. Les citoyens demandent légitimement plus de respect de la biodiversité. Les agriculteurs bretons eux-mêmes en sont conscients. Beaucoup souhaitent évoluer, produire autrement, en lien avec la nature.
Mais cette transition est complexe. Elle demande du temps, des moyens, et surtout un minimum de cohérence politique.
Or, c’est justement ce qui manque le plus.
Pourtant, la Bretagne est soumise à des contraintes que d’autres ignorent
Car pendant que les exploitants bretons se voient imposer des normes de plus en plus strictes — parfois légitimes — leurs concurrents, eux, n’y sont pas soumis. En Espagne, en Italie ou en Pologne, certains produits interdits en Bretagne par le pouvoir central sont encore largement utilisés.
Résultat ? Ces produits arrivent sur nos étals, parfois moins chers, bien que cultivés dans des conditions que nos agriculteurs n’ont plus le droit d’utiliser.
Un exemple concret : on interdit un traitement ou une pratique en Bretagne pour raisons sanitaires, mais on accepte l’importation du même produit venu d’ailleurs. Que cet ailleurs soit l’Union Européenne ou le reste du monde.
Cette incohérence est un véritable scandale économique et écologique.
Elle ruine la souveraineté alimentaire, elle vide nos campagnes.
Elle pousse à l’abandon des terres et au désespoir de nombreux paysans.
De plus, l’Union Européenne aggrave le déséquilibre
Certes, l’Union Européenne prône l’unité et l’équité. Mais en pratique, elle tolère des situations très différentes selon les pays. Certains États ferment les yeux sur des pratiques interdites ailleurs. D’autres soutiennent massivement leurs agriculteurs, bien plus que Paris ne le fait.
L’agriculture bretonne se retrouve donc coincée dans une « Union » à géométrie variable.
Concrètement, les agriculteurs bretons doivent jouer avec des règles du jeu truquées.
Ils sont censés innover, se convertir au bio ou à l’agroécologie, tout en restant compétitifs face à des produits importés bien moins encadrés.
Comment faire ?
Comment continuer à nourrir près de cinq millions de Bretons et exporter, tout en respectant toujours plus de normes que les autres n’appliquent pas ?

Et surtout, la cohérence entre production et consommation fait défaut
Mais au fond, le cœur du problème est là : notre société veut consommer mieux, mais sans payer plus.
On réclame des aliments bio, locaux, sans pesticides, produits dans le respect des sols et des animaux. Pourtant, globalement on remplit son caddie avec des produits importés issus de pratiques interdites chez nous.
C’est une hypocrisie collective.
On pénalise ceux qui essaient de bien faire. On importe massivement des denrées produites dans des conditions que nous refusons. En Bretagne, on tue nos fermes, nos emplois, notre autonomie alimentaire.
Alors, que faire pour sauver les campagnes bretonnes ?
Avant tout, il faut remettre du bon sens dans nos choix politiques et économiques. Le fameux « bon sens paysan ».
L’agriculture bretonne ne peut pas être à la fois la variable d’ajustement de l’écologie et le parent pauvre de l’économie.
La Bretagne a montré depuis soixante-dix ans qu’elle sait nourrir et produire. Elle peut aussi être un modèle de transition. Mais elle a besoin de justice, de soutien et de règles identiques pour tous.
➡️ Cela passe par une harmonisation des normes à l’échelle européenne.
➡️ Cela passe aussi par des aides ciblées pour accompagner les transitions écologiques.
➡️ Et surtout, cela passe par une préférence claire pour la production locale dans les achats publics et privés.
Enfin, soutenir nos agriculteurs, c’est soutenir la Bretagne tout entière
Les agriculteurs bretons sont au cœur de notre pays. Leur métier est exigeant, parfois ingrat, souvent invisible. Ils nourrissent les villes, entretiennent souvent les paysages, perpétuent une culture du travail et du lien à la terre bretonne.
Mais aujourd’hui, ils sont écartelés entre injonctions écologiques, pression économique et absurdités administratives.
Leur situation est-elle encore tenable ? Pour beaucoup, la réponse est non.
C’est maintenant à la société bretonne toute entière de faire bloc autour de ses paysans.
Car sans agriculture vivante, la Bretagne se meurt.
Et si en Bretagne, nous décidions, Nous-Mêmes, aussi, de l’avenir de notre agriculture ?
Soit, notre pays est intégré dans un Hexagone administré par une bureaucratie trop lointaine, trop jacobine et trop parisiano-centrée, et dans une Union à géométrie variable; mais ceci étant, ne peut-on pas, par un statut d’autonomie pleine, reprendre la gestion vraie de pans entiers de notre économie, voire de notre quotidien.
#BretagneAutonomie
#DeciderNousMemes
