ethnocide

Écocide … et si l’on parlait aussi d’ethnocide?

de Yvon OLLIVIER
Publié le Dernière mise à jour le

Ethnocide et écocide.

Les lignes bougent. Les puissances occidentales affrontent la vindicte de ceux dont les ancêtres furent réduits en esclavage et qui leur demandent d’affronter une histoire colonisatrice. Des statues de grands hommes volent en éclat ou sont repeintes en rouge.
Ca leur passera, songent nos responsables qui assurent avec le Président Macron que l’on ne déboulonnera pas les statues.

L’Histoire de France est un bloc.

Pas de coups de canifs dans le contrat que nul n’a jamais signé ! Et s’il fallait déboulonner les statues de tous ceux qui se salirent les mains dans le sang des autres, ne resteraient plus que des socles pour agrémenter nos parcs.
La violence d’avant, celle qui s’étale sur les photos jaunies de jeunes congolais aux mains coupés, ou d’enfants noirs pendus au baobab, nous saute au visage.

La violence n’oublie jamais !
Comment reprocher aux personnes d’origine africaine d’éprouver dans la violence subie par un frère de couleur sur la voie publique, la réminiscence de blessures infligées à leurs ancêtres dans l’Histoire ?

Et pourtant, il faut construire un espace politique commun, en heurtant le moins possible les mémoires.

Pour ma part, je n’ai rien contre la vieille statue d’un grand républicain colonisateur et convaincu de la supériorité de sa civilisation française. Pourvu que tout le monde sache ce qu’il a fait, que les abominations soient reconnues et les injustices réparées. La réparation est l’unique manière de vaincre la violence symbolique incarnée par ces vieilles statues et de rendre possible la vie commune.

Si le noir est la couleur du malheur, le rouge est celle du génocide.
Le génocide est aussi vieux que l’humanité car il se dit que les homo-sapiens exterminèrent les Hommes de Néanderthal.

Notre affaire humaine était fort mal partie.

Il a fallu un génocide de plus au vingtième siècle pour que l’on en vienne à l’ériger en crime contre l’humanité. Grâce aux travaux du juriste américain Raphael Lemkin, nous bénéficions d’une définition légale aussi précise que possible du crime de génocide, que les cours de justice internationales mettent en œuvre depuis le procès de Nuremberg.

Si Raphael Lemkin parvint à faire adopter sa définition du génocide dans le droit international, il eut moins de succès dans ses tentatives de voir aboutir l’autre versant, plus psychologique, de ce crime. Et qui porte atteinte à la survie des peuples dans la durée. Il est aisé pour un Etat nation de rayer de l’histoire un peuple minoritaire, sans le détruire physiquement mais en jouant sur toute la gamme, mensonge, histoire et langue étouffés, politique d’assimilation de tous les instants. Le crime d’ethnocide ne trouve pas de reconnaissance dans le droit international et c’est regrettable.

Les grands États nations se sont mis d’accord sur le dos des peuples qu’ils ont subjugués.

Les politiques que nous subissons en Bretagne depuis si longtemps doivent être qualifiées d’ethnocidaires. Quand bien même seraient-elles menées avec le concours de Bretons réduits à l’état de complices objectifs, parce qu’il faut bien vivre et travailler. Qu’on le veuille ou non, nous sommes devenus peu ou prou les meilleurs clients du système qui nous domine. C’est pour cela que rien ne bouge en Bretagne.

L’absence de reconnaissance du crime d’ethnocide, en tant que crime contre l’humanité, est d’autant plus regrettable qu’il est question aujourd’hui de voir reconnaître le crime d’écocide dans notre code pénal, sous l’impulsion de la Convention citoyenne pour le climat.

La survie de la planète et donc de l’humanité forme la préoccupation première aujourd’hui et je m’en félicite.

Faut-il pour autant consacrer le crime d’écocide dont l’appréhension pénale soulève de multiples questions ? Certes, la démarche est louable, mais malaisée. Car je n’ose imaginer la multiplicité des poursuites engagées avec une qualification trop large.
Au-delà de la difficulté de l’entreprise de qualification juridique, je questionnerais surtout la cohérence.
A quoi bon reconnaître le crime d’écocide lorsque l’ethnocide lui, n’est pas même envisagé ?

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La nature aurait davantage de droits que nous, les Humains?

Il me semble que nous avons raté une marche indispensable avant d’en arriver là.
Les tenants de l’écologie politique devraient méditer l’incohérence fondamentale consistant à insérer le crime d’écocide dans la loi avant même de reconnaître les crimes commis au préjudice des vieux peuples qui vivent sur leur territoire de toujours.

Niés dans leur existence même par l’État nation, les vieux peuples conservent un lien fort avec leur territoire. Et seraient les mieux placés pour renouer le lien rompu entre l’homme et la nature.
L’écologie d’aujourd’hui, celle que l’on dit politique, ne demande qu’à se glisser dans les oripeaux de l’État nation pour jouir confortablement de ses ressorts de puissance.

Je crois qu’ils n’ont pas tout compris, nos écolos …

Même si je sais que depuis les métropoles de Paris, Lyon ou Marseille, on a du mal à penser l’existence des vieux peuples périphériques et de leur langue en perdition.

En fait, nos écolos pensent pouvoir sauver l’humanité avec l’État. Alors même que ce dernier est le premier responsable des tragédies d’aujourd’hui, fruits de son ivresse de puissance. Car si l’État nation est incapable de penser monde, c’est parce que son souverainisme est absolu. Sa quête perpétuelle de puissance reste la meilleure manière de le définir. Donc n’’attendez pas demain un quelconque transfert de souveraineté pour lutter enfin efficacement contre le réchauffement climatique. Même avec un écologiste à l’Élysée.

Car un écolo au Pouvoir jouera de la même corde que les autres, protégera les intérêts du complexe militaro-industriel français, et poursuivra la politique néocoloniale de mise à sac de l’Afrique.

Seulement, il viendra à Matignon à vélo.

Car pour le plus grand nombre d’entre eux, la nature doit être sacralisée et préservée des activités néfastes des hommes. Par principe, s’il n’est un prédateur, l’homme est un touriste. Ils sont rares ceux qui envisagent l’homme-habitant en lien avec son environnement.
Ils ne sont pas si nombreux les écologistes capables de comprendre combien il est difficile à un homme coupé de sa langue et de sa culture, réduit à n’être qu’un atome parmi les autres, de renouer les liens avec la nature. Jouet de toutes les forces, il ne sait même plus qui il est.

La question des langues que l’on dit régionales demeure secondaire pour nombre d’entre eux.
Ils sont même capables de défendre farouchement la partition de la Bretagne. Rien que pour siéger au Conseil régional des Pays de la Loire.

Un test pour bientôt …

Une alliance d’équilibre vert-autonomiste aux prochaines élections régionales aurait le mérite de la cohérence. Tant les objectifs poursuivis de part et d’autre se recoupent étroitement.
Alors y parviendrons-nous ?
Si nous réussissons, c’est que quelque chose aura changé sous le soleil de plus en plus chaud.
Une chose est sûre. C’est autour de ces deux préoccupations fortes que doit se dessiner l’avenir de la Bretagne.

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1 commentaire

Penn kalet 5 juillet 2020 - 8h32

Devezh mat ,pour l’ensemble je partage votre analyse ,en ce qui concerne l’écologie vous avez remis les pendules à l’heure , à savoir la nature aurait t-elle plus de droit que les humains ,c’est fondamental ,vous avez un coté visionnaire car suite aux massacres et sur exploitation de la nature et cela continue hélas .Mais paradoxalement nous pourrions subir à terme un intégrisme dit écologique qui pourrait dériver en dictatures , à l’image de celles que l’on a connu avec les dérives du communisme .
Par contre je suis surpris que concernant Néanderthal vous n’êtes sans doute pas au courant des dernières découvertes ,à savoir la disparition de cet ancêtre n’est pas du à son extermination par les homo sapiens ,il y a même eu des croisements qui sont d’ailleurs en partie à l’origine des différences entre les différents types humains actuels .

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