La Bretagne oubliée du commerce maritime mondial

La Bretagne oubliée du commerce maritime mondial

de NHU Bretagne

La Bretagne, grande oubliée du commerce maritime mondial

La Bretagne oubliée du commerce maritime mondial.
Comment est-il possible qu’un pays comme la Bretagne, bordé par l’Atlantique, doté d’un immense littoral, aux portes du plus important couloir maritime du monde, soit aujourd’hui si marginal dans le commerce maritime international ?
Cette question dérange. Et pourtant, elle mérite d’être posée.
Car la réponse est limpide : l’e’hyper centralisme français a saboté, méthodiquement, les potentialités maritimes bretonnes depuis plusieurs siècles.

Alors que la Bretagne fut autrefois une puissance navale incontournable, elle végète aujourd’hui, presque absente des grandes routes maritimes mondiales. Un scandale économique, stratégique et politique. Et un immense gâchis.
Mais aussi, une formidable opportunité pour demain… à condition de reprendre notre destin en main.

Une position géographique exceptionnelle… mais ignorée

La Bretagne est littéralement à la porte d’entrée du détroit le plus fréquenté au monde : le Channel, que les anciens Bretons nommaient Mor Breizh (« Mer Bretonne » en langue française)
Ainsi, chaque année, près de 100 000 navires y transitent. Donc, un couloir maritime vital entre Atlantique et mer du Nord.
Et pourtant, aucun port breton n’en profite vraiment.

Pourquoi ?
Parce que les grandes infrastructures portuaires ont été concentrées ailleurs : Le Havre. Marseille. Dunkerque.
Même Nantes-Saint Nazaire, pourtant situé en Bretagne, a été amputé de son rayonnement par la création de la « région Pays de la Loire » en 1955.
Une stratégie d’invisibilisation, vieille comme l’annexion de 1532.

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Un passé glorieux, une puissance maritime effacée

Revenons en arrière.
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, la Bretagne était l’un des plus grands pays maritimes d’Europe. Ses ports – Brest, Saint Malo / Sant Maloù, Nantes / Naoned, Vannes / Gwened, Morlaix / Montroulez, Penmarc’h … exportaient du sel, du vin, du lin, du chanvre, du beurre, des toiles, et bien plus encore.

La flotte marchande bretonne sillonnait l’Atlantique, commerçait avec les îles britanniques, les pays scandinaves, l’Espagne et l’Afrique. Les Ducs de Bretagne investissaient massivement dans la marine marchande. Le commerce breton enrichissait les villes et faisait rayonner le pays bien au-delà de ses frontières. Une autonomie maritime assumée.

Mais après l’annexion par la France, tout change.
L’économie bretonne est intégrée de force à une logique déjà jacobine. Le commerce est réorienté vers Paris. L’État central décide des priorités, et par ses guerres et ses blocus, détruit le commerce international breton. Et la Bretagne cesse peu à peu d’être une puissance maritime.

Ports bretons : des potentiels étouffés

Aujourd’hui, la situation est désolante. Le port de Brest, pourtant abrité et stratégiquement situé, reste cantonné à un rôle secondaire et militaire. Saint-Malo / Sant Maloù vit davantage du tourisme que du fret. Lorient / An Oriant est avant tout un port de pêche, mais l’est de moins en moins. Nantes – Saint Nazaire / Naoned – Sant Nazer, seul port à grande capacité, dépend de décisions prises à Paris. Et Roscoff / Rosko, pourtant en face de Plymouth, reste largement sous-exploité sauf pour le transport de passagers via la Brittany Ferries.

Résultat : la Bretagne dans son ensemble ne pèse quasiment rien dans les échanges maritimes internationaux.
C’est comme si on possédait un coffre plein d’or… mais sans jamais en tourner la clé. La clé est à Paris !

Un choix politique, pas un hasard

Ce désastre n’est pas dû à un manque de compétences ou d’investissements locaux.
C’est le fruit d’un choix politique délibéré : concentrer les flux sur quelques ports stratégiques français et marginaliser les autres, surtout s’ils se trouvent dans des régions historiquement rebelles.

La France n’a jamais voulu développer une Bretagne forte et autonome. Une Bretagne bien intégrée dans les réseaux maritimes mondiaux serait plus riche, plus influente… et donc plus difficile à contrôler. Le centralisme préfère la dépendance.

Et quand la Bretagne propose des projets innovants, comme une liaison transmanche renforcée, des terminaux modernes, ou une relance du cabotage atlantique, elle se heurte aux lenteurs, aux refus ou à l’indifférence des ministères parisiens.
Toujours la même logique : bloquer l’émancipation.

Une Bretagne maritime réduite au tourisme et à l’armée

Pire encore : la Bretagne est volontairement cantonnée à un rôle de vitrine touristique.
Ainsi, son littoral est bétonné, saturé par le tourisme de masse. Les villages côtiers sont remplis de résidences secondaires. L’économie locale est fragilisée par la saisonnalité.

La pêche industrielle a été sacrifiée. L’industrie n’a jamais été soutenue à grande échelle. L’agriculture bretonne est aujourd’hui soumise à des pressions énormes : normes, crise des prix, pollution.
Il ne reste que la mer… mais là encore, Paris ne‘en connaît que deux usages : la guerre et le tourisme.

Ainsi à Brest, l’armée occupe tout. L’arsenal, la base navale, les sous-marins nucléaires : tout cela verrouille l’espace portuaire. Donc aucune grande activité commerciale ne peut vraiment s’y développer. Car ici, le militaire prime sur le maritime. Quant au reste de la côte, il est livré au tourisme de masse. La Bretagne devient une carte postale. Une Bretagne vitrine, jamais une Bretagne actrice.

Mais demain ? Le réveil maritime breton est possible

Bonne nouvelle : le contexte mondial change.
Les routes maritimes évoluent. L’Asie monte en puissance. L’Afrique de l’Ouest se développe. Et l’Europe de l’Ouest doit repenser ses infrastructures. Dans ce contexte, la Bretagne peut jouer un rôle de premier plan.
À condition de s’en donner les moyens.

Car les atouts sont là :

  • Une façade maritime de 2730 km, parmi les plus longues d’Europe.
  • Une position centrale entre Méditerranée, Atlantique et mer du Nord.
  • Des ports abrités, proches des grandes routes maritimes.
  • Une tradition maritime millénaire, avec des savoir-faire toujours vivants.
  • Un tissu d’entreprises maritimes et logistiques dynamiques.

Avec une vision claire, des investissements ciblés et une autonomie de décision, la Bretagne pourrait devenir une plaque tournante du commerce maritime entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Elle pourrait relancer le cabotage, développer des hubs logistiques, valoriser ses ports secondaires et attirer des flux aujourd’hui concentrés ailleurs.

Ce que ferait une Bretagne autonome

Avec une vraie autonomie, la Bretagne pourrait :

  • Créer une agence bretonne du commerce maritime, indépendante des priorités parisiennes.
  • Réinvestir plus dans ses ports, en misant sur l’intermodalité, les énergies vertes et les hubs numériques.
  • Négocier directement avec d’autres pays et régions d’Europe, sans passer par l’État central.
  • Favoriser le fret maritime local, plus écologique que la route ou l’avion.
  • Former ses jeunes aux métiers du maritime via des pôles d’excellence régionaux.

En clair, une Bretagne autonome reprendrait sa place naturelle sur les mers.

Pour la Bretagne, le retour au large est vital

La Bretagne n’est pas condamnée à rester une périphérie portuaire. Elle a tout pour redevenir un acteur majeur du commerce maritime. Mais cela ne se fera pas dans le cadre français actuel. Tant que Paris décidera pour nous, tant que nos ports seront sous-financés, tant que nos projets seront ignorés, nous resterons à quai.

Ce n’est pas une fatalité. C’est une construction politique. Et ce qui est construit peut être déconstruit.

Le jour où la Bretagne sera maîtresse de ses choix, elle retrouvera le chemin de la mer, du commerce, de l’influence.
Comme autrefois.
Mieux encore : à l’échelle du XXIe siècle.

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