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Néolithique : âge du bronze et du fer en Armorique – 9e épisode
Néolithique âge du bronze et du fer en Armorique.
Dans le troisième épisode de notre série L’Histoire de Bretagne écrite par des Bretons libre, nous avions déjà abordé cette période du Néolithique, mais du côté nord de notre Mor Breizh / Channel, en Bretagne insulaire. Cette fois, nous sommes sur la rive sud de ce bras de mer, en Armorique, future Bretagne contemporaine.
L’Armorique entre dans la lumière
Durant plusieurs millénaires, l’Armorique a vu sa géographie humaine se transformer profondément. Des derniers chasseurs-cueilleurs du Mésolithique aux sociétés gauloises structurées, les changements furent immenses. Agriculture, échanges, spiritualité, métaux : tout convergeait vers la naissance d’un monde nouveau. Sur cette terre qui allait devenir l’Armorique, puis la Bretagne contemporaine, les premiers fondements d’une civilisation celtique se sont lentement ancré
Une terre façonnée par l’homme
À partir de -5500 avant notre ère, l’homme ne vit plus seulement de cueillette et de chasse. Il commence à cultiver la terre, à élever des animaux, à bâtir des maisons. L’Armorique, autrefois couverte de forêts profondes, est peu à peu défrichée. Les communautés néolithiques s’installent dans les vallées, le long des cours d’eau, sur les plateaux bien drainés.
Les habitats restent modestes mais stables. On retrouve des traces de longues maisons en bois, parfois bordées de palissades ou de talus. L’homme balise son espace, trace des limites, organise ses champs. Des villages prennent forme. Il ne s’agit plus seulement de survivre, mais de construire un territoire.
Mégalithes et spiritualité
Mais ce qui marque le plus cette période en Armorique, ce sont les pierres. Alignées, dressées, recouvertes de terre, sculptées parfois. Partout surgissent dolmens, menhirs, cairns. Karnag en est sans doute le plus célèbre témoignage, mais on en retrouve dans toute la péninsule.
Ces constructions ne sont pas seulement techniques. Elles traduisent une pensée, une spiritualité. On honore les morts, on cherche à comprendre le cosmos, on relie les vivants aux ancêtres. Le culte funéraire prend une place centrale dans ces sociétés.
Derrière chaque pierre levée, il y a un message. Il dit : nous étions là, nous appartenons à cette terre, nous transmettons. Ces mégalithes sont autant de balises de mémoire que de repères territoriaux. L’espace devient sacré.
Premiers échanges, premiers réseaux
En observant les objets retrouvés dans les tombes, on comprend vite que l’Armorique ne vivait pas isolée. Des haches polies venues de loin, du silex non local, des objets en obsidienne ou en coquillage attestent d’échanges très anciens. Certains flux relient même cette presqu’île d’Armorique aux îles du nord, à l’actuelle Irlande, mais aussi à l’actuelle Espagne atlantique plus au sud.
Les hommes du Néolithique ne sont pas coupés du monde. Ils naviguent, troquent, parlent sans doute plusieurs langues. Le golfe de l’actuel Morbihan, par exemple, était un carrefour névralgique, où les influences du large et celles de l’intérieur se mêlaient. L’identité armoricaine commence ainsi à se forger, entre ancrage local et ouverture maritime.

L’âge du bronze : un monde de chefs
Vers -2200, le bronze remplace peu à peu la pierre. Cet alliage de cuivre et d’étain transforme les sociétés. D’abord réservé à l’élite, il est un marqueur de pouvoir. Les chefs locaux s’en parent, s’en arment. Le prestige passe par le métal.
Les tombes changent de forme. Aux dolmens succèdent les tumulus : grandes buttes recouvrant un défunt, souvent accompagné d’objets de valeur. On devine l’émergence d’une hiérarchie. Certains hommes dominent, rassemblent, dirigent. Des réseaux s’organisent autour d’eux, élargissant l’horizon économique et politique de l’Armorique.
C’est aussi l’époque où se renforcent les liens avec le reste de l’Europe atlantique. Des bracelets, des épées, des haches circulent d’une rive à l’autre. Ce pays, bientôt Armorique puis Bretagne devient un point stratégique dans cet axe nord-sud qui relie les îles du nord à la péninsule bientôt ibérique.
L’âge du fer : vers les peuples armoricains
À partir de -800, le fer remplace peu à peu le bronze. Moins noble, mais plus dur et plus facile à produire, ce métal permet de généraliser les outils performants. On défriche plus vite, on cultive mieux, on bâtit plus grand. La vie quotidienne change profondément.
Mais l’évolution est aussi sociale. L’âge du fer voit naître de véritables peuples, identifiables dans les textes antiques : les Osismes dans l’ouest, les Vénètes dans l’actuel Morbihan, les Coriosolites dans le nord, les Redones dans l’est, et les Namnètes autour de l’actuelle Nantes / Naoned. D’autres groupes, comme les Ambiliates ou les Lexovii, occupaient les marges de cette zone.
Ces peuples ne sont pas des tribus isolées. Ils possèdent des centres urbains fortifiés, appelés oppida, des élites guerrières, des druides, une économie structurée. Le commerce avec le monde méditerranéen se développe, notamment via le vin, très prisé des élites.
Le pays qui allait devenir Bretagne est déjà celte. Ce pays partage langue, croyances, art et organisation sociale avec les autres peuples. Elle s’inscrit dans un vaste ensemble culturel allant de ce qui sera plus tard la Gaule jusqu’en actuelle Écosse.
La Bretagne en gestation
De la pierre levée au tumulus, de la hache en silex à l’épée de fer, l’Armorique a traversé plusieurs révolutions. Chacune a laissé des traces visibles dans le paysage et dans la mémoire. À travers les menhirs, les tumulus, les noms de peuples, on devine déjà les racines profondes de ce que deviendra la Bretagne.
C’est dans ces millénaires anciens que s’est forgée l’âme du pays. Une âme faite de lien à la terre, de respect pour les anciens, de savoir-faire transmis, de capacité à s’adapter tout en gardant son identité.
L’Armorique est prête à entrer dans l’Histoire écrite.
Celle que les Romains viendront bientôt raconter à leur manière.
Mais avant cela, les peuples armoricains auront eu le temps de construire une civilisation aussi forte que singulière.
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Dates approximatives des périodes
🪨 Néolithique de -5000 à -2200 : premiers villages, agriculture, éleveurs, grands mégalithes (dolmens, menhirs).
🟠 Âge du Bronze de -2200 à -800 : métallurgie du bronze, hiérarchies sociales, échanges à longue distance.
⚔️ Âge du Fer de -800 à -50 : généralisation du fer, société guerrière, culture celtique (Hallstatt puis La Tène).
🍃 Présence des Celtes vers -800 à -50 : peuplades armoricaines, langues celtiques, premières monnaies.
🏛 Présence romaine -50 à ~400 : conquête par César, intégration dans la Gaule, développement des voies romaines.
Retrouvez ici es précédents épisodes
2 commentaires
L’Armorique ne correspond pas à l’actuelle Bretagne, malgré que la première a été un territoire à géographie variable suivant les époques et les appréciations, en tout cas elle était plus vaste que l’actuelle Bretagne, je suis étonné que vous n’avez pas fait cette distinction.
On est au Néolithique ! Ni l’Armorique, ni la Bretagne n’existent. Il n’y a jamais eu de contours précis « officiels » pour l’Armorique, sauf à parler du Massif Armoricain. Il y a des contours précis pour la Bretagne.
Merci de votre fidélité