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Nouvelle Calédonie : un archipel aux racines historiques profondes
La Nouvelle Calédonie, également nommée Kanaky dans le cadre indépendantiste, est un archipel colonial du Pacifique Sud.
Sa population est en majorité kanak — un peuple mélanésien autochtone — simple colonie britannique en 1853, elle devient possession française en 1853. Ce territoire est baptisé « New Caledonia » par le navigateur James Cook en référence à l’Écosse nommée Caledonia il y a fort longtemps.
Bientôt colonie pénitentiaire, l’île attire des colons venus exploiter ses richesses, notamment le nickel, principalement au XXᵉ siècle. L’arrivée massive de migrants européens et polynésiens bouleverse sa répartition démographique, façonnant le paysage ethnique et culturel actuel, avec les Kanak souvent relégués en marge du pouvoir économique national
De Matignon à Nouméa : étapes de la décolonisation
Les tensions politiques s’exacerbent dans les années 1980 :
- 1987 : premier référendum, boycotté par la majorité kanak, résultat écrasant en faveur du maintien dans la République
- 1988 : événement dramatique avec la prise d’otages à Ouvéa, près de 90 morts en tout, marquant le pic de violence
C’est dans ce climat que naissent les accords de Matignon (1988), initiant un dialogue entre loyalistes (opposés à l’indépendance) et indépendantistes. Ils instaurent un cessez-le-feu et proposent un plan d’autonomie. Puis, en 1998, l’accord de Nouméa pose les bases d’une large autonomie locale progressive.
Il transfère de nombreuses compétences (éducation, santé, fiscalité, etc.), tout en exigeant :
- Le respect d’un corps électoral restreint (résidents avant 1998 et leurs descendants).
- L’organisation de trois référendums entre 2014 et 2018, selon l’article 77 précité
- 2018, 2020, 2021 : trois référendums successifs voient la population voter « non » à l’indépendance (de façon décroissante : 56 %, 53 %). Le FLNKS boycotte souvent le dernier.
Selon l’accord de Nouméa, un nouvel accord devait être recherché après ces votes, et c’est précisément ce qui se passe aujourd’hui.
Crise et montée de la violence populaire
En mai 2024, un nouveau tournant : l’État français propose de modifier la Constitution pour élargir le corps électoral, permettant à de nouveaux électeurs (arrivés après 1998) de voter dans les provinciales. Ce projet, rejeté par une large fraction indépendantiste, provoque d’immenses soulèvements sociaux dans toute l’île.
- Plus de 13 morts, des centaines de blessés, des centaines de millions d’euros de dégâts.
- L’État décrète l’état d’urgence, déploie l’armée, coupe TikTok, impose couvre-feu et couvre-feu
- Macron se rend sur place fin mai pour apaiser, suspend la réforme, et nomme une mission de médiation.
Les émeutes endommagent infrastructures, commerces, écoles, usines, créant une crise sociale, économique et politique majeure.

Nouvelle Calédonie : laccord de Bougival du 12 juillet 2025
Après dix jours de négociations tenues à Bougival dans les Yvelines (France) entre indépendantistes, loyalistes et État — les principaux acteurs signent un nouvel accord historique le 12 juillet 2025
Contenu principal de l’accord :
- Création d’un « État de Nouvelle‑Calédonie » inscrit dans la Constitution, à l’instar de la Polynésie, avec deux nationalités : française et calédonienne
- Transfert immédiat de la politique étrangère, puis concertation pour transférer défense, monnaie, sécurité, justice, etc.
- Organisation d’un référendum en février 2026, avec élections municipales/provinciales dans la foulée .
- Nécessité d’une révision de la Constitution française à l’automne et approbation finale par référendum néo-calédonien
- Possibilité de reconnaissance internationale de la Nouvelle‑Calédonie comme État souverain
- Refus explicite d’un accès inconditionnel à l’indépendance immédiate ; les référendums restent nécessaires, avec le principe d’un destin commun progressif
Symboliquement, cela confirme que la Constitution française, pourtant souvent présentée comme intangible, peut bel et bien être modifiée pour intégrer cet État-nation calédonien de plein droit – une rupture majeure dans l’histoire juridique et politique de la République.
Héritage de Nouméa vs nouvel accord
L’accord de Nouméa instituait une autonomie asymétrique et progressive, dans un cadre républicain strict, avec le maintien du statut coloniale jusqu’à un processus référendaire. Le nouvel accord de Bougival maintient la même architecture : autonomie, consultation progressive et maintien des référendums.
Mais il va plus loin :
- Il inscrit la nationalité calédonienne à côté de la nationalité française.
- Il dissocie État calédonien et étape vers l’indépendance, laissant ouverte la porte à une souveraineté consolidée si tous les jalons sont franchis.
- Il fait de la Constitution la boîte à outils indispensable pour dénouer le destin de l’archipel.
Cette évolution marque une volonté de dépasser les référendums à répétition qui ont figé la question depuis 2018 — leur aboutissement politique devient central.
Quand l’histoire rejoint la Bretagne
L’histoire de la Nouvelle‑Calédonie, de sa colonisation par la France, des violences des années 1980, des accords successifs et des référendums, évoque de près celle d’autres nations et peuples de l’Hexagone en quête de reconnaissance.
En Bretagne :
- Après avoir subi francisation, assimilation et centralisation, des voix militent aujourd’hui pour une forme d’autonomie, un renforcement de la langue bretonne, du pouvoir local, et un récent mouvement militant pour un statut d’État national associé à la République.
- Tout comme en Kanaky, l’enjeu est la reconnaissance d’une identité, d’un destin commun enrichi d’une double appartenance.
- La modification de la Constitution pour permettre des statuts différenciés (région, État associé, reconnaissance nationale) devient un horizon réaliste, comme la Nouvelle‑Calédonie vient de le démontrer.
- Le parallèle juridique est transparent : si l’on peut créer une citoyenneté calédonienne nationale-française, pourquoi ne pas reconnaître une citoyenneté bretonne pour ceux qui y vivent, garantissant droits culturels, linguistiques et institutionnels ?

L’accord du 12 juillet 2025 consacre une évolution majeure dans la relation entre la France et la Nouvelle Calédonie :
- Constitution transformée.
- Pas d’indépendance immédiate, mais une voie vers une souveraineté institutionnelle volontaire.
- Création d’un État-nation calédonien intégré, avec double nationalité, référendums concertés et reconnaissance internationale possible.
Alors que la Constitution française, présentée comme un bloc immuable, se révèle modifiable pour inclure un État au sein même de la République, cet accord ouvre un précédent historique. Il souligne qu’un système juridique, fondé sur une démocratie constitutionnelle, peut intégrer une souveraineté locale tout en maintenant un lien républicain.
Pour la Bretagne, riche de son Histoire nationale, de ses revendications culturelles et de son identité affirmée, cet épisode montre que la reconnaissance constitutionnelle peut dépasser les frontières traditionnelles de l’État centralisé. L’inclusion d’une autre citoyenneté au-delà du département, via un statut d’État associé ou similaire, devient une question politique réaliste, dès lors que le lien républicain n’est pas rompu, mais repensé.
3 commentaires
pour avoir passé ce samedi 13 juillet avec un roi Kanak (ils sont 63), il était très amer du fait que les véritables communautés authentiques aient été exclues de la table des discussions
De toute façon, d’une manière ou d’une autre, les Kanakes seront les dindons de la farce.
La France ne lâchera jamais les mines de nickels, mais si elle peut se défausser en mettant les charges et factures d’entretien et de servitudes des mines sur le dos des kanakes, elle n’hésitera pas.
Cet accord va obliger le Gouvernement de la Kanakie a disposer d’une Force Armée, qu’elle ne pourra pas ou ne sera pas en mesure de gérer.
Et qui, contre d’odieux contrats à vil prix, sera là pour aider à la bonne marche des Institutions Kanakes?
La France…
Ce qui est bon pour les Kanaks est bon pour les Breton(ne)s : un nationalité bretonne !
Une » civilité » européenne oui !