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Plaques de rues en breton
Depuis plusieurs mois, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux à propos de plaques de rues en breton.
On y voit des jeunes Bretonnes et Bretons, à visage découvert, collant en plein jour des plaques de rues… en breton ou bilingues. Ces plaques adhésives sont discrètes, propres, plastifiées. Elles sont fixées sur les plaques dites « officielles », uniquement rédigées en langue française.
L’action est rapide, silencieuse, mais hautement symbolique.
Filmée et largement diffusée.
Une action citoyenne, culturelle et pacifique, qui fait de plus en plus parler d’elle.
Pourquoi ces plaques bilingues ?
Le principe est simple. Les plaques visées portent des noms de personnalités bretonnes : écrivains, personnages historiques, résistants, artistes, parfois même des figures du mouvement breton. Ces personnages sont pour la plupart nées en Bretagne et parlaient breton à leur époque. Pourtant, dans l’espace public, leurs noms n’apparaissent qu’en langue française.
Comme si leur identité bretonne avait été effacée.
Les jeunes militants veulent corriger cela.
Ils ne rebaptisent rien. Ils traduisent.
Une langue rendue visible
Le breton est une langue millénaire. Pourtant, dans la majorité des villes bretonnes, il est souvent trop invisible dans l’espace public. Après des années d’activisme, les panneaux routiers sont de plus en plus bilingues. Mais ce n’est pas le cas des plaques de rues, où peu de villes et villages passent au bilinguisme.
Face à cette invisibilisation, ces collages apparaissent comme une réponse logique.
Non violente. Symbolique. Un acte de visibilité linguistique.
Et ce geste simple a un impact fort. Il fait parler, il fait réfléchir. Il fait parfois grincer des dents. Mais il interroge :
👉 Pourquoi n’y a-t-il pas déjà une plaque en breton ici ?
Plaques de rues en breton : où ces actions ont-elles lieu ?
Partout en Bretagne. Des vidéos montrent des plaques posées à Rennes / Roazhon, Brest, Vannes / Gwened, Nantes / Naoned, Saint-Nazaire / Sant Nazer, Lannion / Lannuon, Redon, Guingamp / Gwengamp, Morlaix / Montroulez… La liste s’allonge chaque semaine.
Et ce n’est pas un hasard. Ces actions ont lieu aussi en Bretagne orientale, dans des communes que l’on prétend parfois « non bretonnantes ». Pourtant, l’histoire de la langue bretonne y est bien présente. Parfois jusqu’au XIXe siècle. Ces collages viennent rappeler cette réalité souvent ignorée.
👉 À Nantes / Naoned, par exemple, des plaques ont été posées sur des rues portant les noms de figures connues de l’Histoire de Bretagne. Des noms bretons, dans une ville bretonne. Pourquoi n’y aurait-il pas de version bretonne ?
Une action pédagogique
Chaque plaque posée est aussi un acte pédagogique. Elle invite les passants à découvrir :
- la forme bretonne d’un prénom ou d’un nom,
- la biographie du personnage,
- l’histoire de la langue dans la commune,
- et parfois même l’histoire militante de la Bretagne.
👉 Une plaque, c’est une leçon d’histoire en deux lignes.
Et c’est aussi une façon douce d’exposer les gens à la langue bretonne. Sans forcer. Juste en la montrant.
Plaques de rues en breton : illégal ? Pas vraiment.
Certaines municipalités ou préfectures dirigées par le pouvoir central pourraient s’en offusquer. Mais ces plaques ne recouvrent rien. Elles sont posées avec soin, souvent amovibles, parfois même collées sur un support indépendant. Elles ne dégradent rien.
Difficile donc de parler de vandalisme. On est très loin des tags ou des dégradations.
👉 C’est un ajout, pas une destruction. Une forme de désobéissance civile légère, mais argumentée, assumée et… tolérable.
Et surtout : ces actions ne sont pas revendiquées par un parti, un syndicat, une association.
Elles sont citoyennes. Ancrées dans une génération qui agit.
Une jeunesse qui ne veut plus attendre
Ce sont principalement des jeunes qui agissent. Des militants discrets, souvent très bien informés, qui connaissent l’Histoire de leur pays, leur culture et la situation du breton. Ils en ont assez des discours creux.
Ils veulent des actes. Alors ils agissent. Par eux-mêmes.
Et cette autonomie impressionne. Pas de hiérarchie. Pas de porte-parole. Juste des vidéos, des sourires, et des plaques qui s’installent là où elles auraient toujours dû être.
Une inspiration internationale ?
Ce type d’action n’est pas unique à la Bretagne. En Écosse, en Galice, au Pays de Galles, ou en Flandre, des initiatives similaires ont vu le jour. Des militants collent des plaques dans leur langue nationale pour rétablir une cohérence historique. La Bretagne ne fait ici que suivre un mouvement européen de réappropriation culturelle.
Mais ici, l’enjeu est aussi politique. Parce que dans cet Hexagone finissant, le breton est encore une langue marginalisée, ignorée par l’État central. Ces plaques posées deviennent donc des actes de résistance douce, mais réelle.
Une suite logique à d’autres luttes
Ces actions s’inscrivent dans une longue série d’initiatives pour défendre le breton :
- les écoles Diwan,
- les campagnes pour la signalisation bilingue,
- et les collectifs pour la toponymie bretonne,
- les manifestations pour la langue…
Les plaques collées aujourd’hui sont la suite logique de cette lutte collective, mais avec un nouveau ton : plus jeune, plus direct, plus visuel.
Une Bretagne qui se traduit elle-même
Coller une plaque de rue en breton, ce n’est pas une provocation. C’est une réparation.
C’est rappeler que la Bretagne a une langue, une mémoire, et qu’elle mérite d’être visible.
Ces jeunes Bretons ne volent rien. Ils n’effacent rien.
Ils ajoutent du sens, de la culture, de la vérité historique.
Et ce faisant, ils prouvent qu’un autre rapport à l’espace public est possible. Plus juste, plus enraciné, plus breton.