les noms de lieux en breton sont menacés en Bretagne

Noms de lieux en breton menacés : la colère monte en Bretagne

de Yvon OLLIVIER

Noms de lieux en breton menacés.

A lire les nombreux messages d’indignation et d’expérience personnelle qui remontent, nous prenons mieux conscience du drame culturel qui se déroule devant nos yeux.
De manière imperceptible, les uns après les autres, et depuis de nombreuses années, nos lieux-dits breton s’effacent de manière presque naturelle.

C’est comme si la « civilisation supérieure », condensé de langue française, de rationalisme et de consumérisme victorieux, prenait le pas sur la vieille « langue des ploucs » jusqu’au plus profond de nos campagnes.
L’habitude de courber l’échine, héritière de siècles de domination culturelle et éducative, est pour beaucoup dans la complaisance ou la résignation des Bretons, jusqu’au sein des Conseils municipaux.

Le sens de la saisine de l’UNESCO par Koun Breizh est de rappeler à tous ce drame culturel et identitaire que l’on préfère passer sous licence. Surtout, il s’agit de dire à la face du monde que notre langue est aussi digne qu’une autre, et qu’elle doit être protégée à l’égal de celles des indiens du Canada dont la toponymie ancestrale est désormais sacralisée.

Dans le fameux Plan Marshall des langues – celui qui sommeille dans les tiroirs à la région administrative – nous avions fixé comme objectif le recensement précis et la protection intégrale de l’ensemble de nos toponymes en langue bretonne. Il était sans doute trop tôt pour convaincre. Pourtant en 2019, la mobilisation des artistes et du mouvement culturel avait pu venir à bout de la francisation de Telgruc sur Mer / Terrug.

Noms de lieux en breton menacés.

Aujourd’hui plus que jamais, il nous faut remonter la pente car la loi 3DS a encore accru la tendance lourde à la débretonnisation / francisation de notre territoire.

pascal guiblin maire de Langroez La Vraie Croix
Pascal Guiblin maire de Langroez La Vraie Croix surpris à franciser des noms de rues en breton – Non à la francisation des toponymes bretons

Nous connaissons le problème : Les petites communes dépourvues de moyens ploient sous la lourdeur administrative.
On leur demande de modifier à la va-vite leur adressage en donnant un nom à toutes les voies, en prenant bien garde de faciliter la tâche de l’ensemble des services. Pour cela, bien sûr, c’est le français qui prime car la modernité ne saurait être que française ! Les communes n’ont d’autres choix que de contractualiser avec des prestataires, dont La Poste, qui proposent clé en main un adressage maison avec listing de noms bien français pour nos nouvelles voies.
Et ça marche.
Nos municipalités, par légitimisme, fatigue, résignation, inculture, ou parfois par malveillance paient pour débretonniser leur territoire !

Aujourd’hui les Bretons ont compris ce que ça voulait dire.

Le 1er juin, c’est l’ensemble du mouvement culturel breton qui s’est constitué en collectif pour dire non !
Nous sommes tous comptables de ce qui se passe sous nous yeux, La Poste, nos municipalités, la région administrative, nos élus, le peuple.
Que l’on arrête de se défausser les uns sur les autres !

La mobilisation commence et elle prendra du temps.

Nous avons lancé un appel au peuple pour faire remonter la destruction de nos lieux-dits et sollicité l’appui de militants au sein des communes : contact_toponymie-bretonne@kmel.bzh
Nous rendrons public tous ces éléments.

Le 11 Juin prochain à Paris nous rencontrerons le Directeur général de la Poste, Philippe Wahl, pour lui faire part de notre indignation et surtout, pour exiger le moratoire sur la loi 3DS, tant que des garanties ne seront pas données sur le respect intégral de notre toponymie.

On a suffisamment détruit.

La mobilisation a déjà payé car La Poste vient d’accepter de donner à ses commerciaux une formation à la préservation de la toponymie bretonne par l’OPAP. Fin avril dernier, le syndicat mixte Megalis en charge de la fibre a modifié son site internet qui plaçait la préservation de la toponymie bretonne parmi les mauvaises pratiques…

Mais nous devons obtenir davantage et surtout la réparation intégrale.

Il va falloir réparer et redonner vie à l’ensemble de nos lieux-dits en langue bretonne.
Pas un seul de nos lieux-dits ne doit finir dans les poubelles de l’Histoire.
L’adressage doit être refait selon les règles posées par l’OPAP. Nous solliciterons l’appui de la Poste, de la région Bretagne administrative et nous irons voir les municipalités compétentes, l’une après l’autre.
Et s’il faut financer cette remise en état, nous trouverons les financements.

Nous manifesterons là où ce sera nécessaire.

Comment prétendre un jour sauver la langue bretonne si nous laissons faire cette destruction d’humanité ?
Comment accepter une Rue des Alouettes en lieu et place d’un toponyme significatif dans notre langue, vieux de 1 500 ans, qui nous relie à nos ancêtres et nous rappelle que nous sommes un peuple, cette vérité que l’on veut nous taire aujourd’hui ?

Mais quelle est donc cette civilisation qui jette aux orties son Histoire et son âme pour mieux laisser passer Amazon?
Ceux qui nous disent qu’il faudrait gagner quelques secondes de plus pour nos ambulances, sont les mêmes qui nous disent qu’il faut fermer les hôpitaux en Bretagne !
Tout n’est que duplicité et mensonge !

Cette mobilisation que nous lançons s’inscrit dans la lutte perpétuelle de l’Humanité contre les forces de domination mais encore contre l’insondable bêtise humaine.

Noms de lieux en breton menacés

Photo principale du panneau par OPAB Ofis Publik Ar Brezhoneg

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