rapport autonomie pour la Bretagne

Réactions de Bretagne Majeure au rapport Autonomie de la Bretagne

de Bretagne Majeure

Le rapport sur l’Autonomie de la Bretagne, issu du groupe de travail du Conseil Régional sur le sujet a été communiqué au public le 19 septembre 2023, après une longue attente.
Il vient d’être ce 29 septembre à la Première Ministre.
Il faut rappeler l’immense espoir que le vœu voté à une large majorité par l’hémicycle régional en avril 2022 avait suscité. L’attente était à la hauteur de cet engagement de nos élus.

Que nous offre ce rapport Autonomie de la Bretagne qui vient d’être remis à la première Ministre ?

Pour un collectif comme Bretagne Majeure, ce document s’avère bien minimal par rapport à l’importance du sujet.

Mais il porte quelques avancées, analysant bien le contexte de décentralisation en panne et la nécessité de poursuivre les transferts de compétences si nécessaires à la Région pour assurer sa survie économique, ses équilibres sociaux et les besoins financiers afférents.

Certes, on peut admettre qu’il ne faille pas bousculer l’État et faire confiance en nos représentants pour, à partir de cette base, faire avancer les dossiers vers une plus grande autonomie institutionnelle et normative. Ce doit être l’amorce d’une révolution lente allant dans la bonne direction. Avec des mots choisis, le rapport fait référence au mal français, à cette centralisation outrancière portée souvent par la haute administration elle-même.

Lire et télécharger ce Rapport « Autonomie de la Bretagne » du Groupe de Travail du Conseil Régional de Bretagne administrative

Mais n’est-ce pas une politique des « petits pas » ?

Ne reste-t-il pas parfois un discours « diplomatique et administratif » trop formel pour le citoyen comme si nos représentants craignaient de froisser l’État par leurs revendications qui ici prennent la forme de sollicitations. Certes, résultant d’une coalition de courants très divers, il ne peut être qu’un texte consensuel et, de ce fait, admettons que ce soit un discours d’approche de la question.

Car le rapport brosse un tableau de ce qui ne va pas en raison de cette centralisation croissante qui paralyse les initiatives et ignore le citoyen. Il parle à plusieurs reprises de confiance, pour définir ce que devraient être les relations entre l’État et les Régions.

Les Bretons sont prêts à expérimenter dans plusieurs domaines …

Oui, les Bretons sont prêts à expérimenter dans plusieurs domaines pour faire avancer les transferts de compétences à la Bretagne si nécessaire à l’équilibre de la région, dans une démarche normative des textes inscrite dans et portée par la Constitution.

Cette réponse apparait comme une nécessité face au marasme ambiant et aux défis vertigineux auquel elle se trouve confrontée (éducation, langues, mobilités, énergie, adaptation à la transition climatique).
Ne faudrait-il pas accorder une existence plus autonome à la société bretonne, au « Peuple breton » (Cf J. M. Le Clézio) reconnu dans son intégralité territoriale au sein de la Nation française ? Tant les questions abordées de l’éducation aux langues régionales, à un budget plus étoffé sont essentielles, aux mobilités sont justes et préoccupantes, ne doit-on pas aller plus loin ?

Rapport autonomie de la Bretagne
Rapport Autonomie pour la Bretagne


A un moment où le système éducatif français s’effondre, la population bretonne reconnue pour son excellence en ce domaine, attend impatiemment un réel transfert de compétences sur le sujet, tant pour maintenir sa cohésion sociale, que maitriser son avenir économique, et affirmer la force de ses institutions républicaines.

Si la question des langues régionales actuellement abandonnées par l’État est d’importance, elle doit être traitée urgemment tant leur avenir est incertain. Mais elle ne doit pas masquer l’ampleur d’un sujet plus vaste : la reconstitution d’un système public d’éducation au service des enjeux présents et à venir de ce territoire, de la reconnaissance de son identité particulière, d’un niveau de formation d’excellence dont elle est fière. Le lien organique société/école/institutions constitue alors un enjeu essentiel de survie de la société bretonne.
Pourtant il est vital pour la survie de la société bretonne et doit être envisagé comme tel

Autre exemple, celui de la mobilité.

Question cruciale d’organisation de nos territoires, de leur aménagement via les mobilités.
Il est symptomatique que ce sujet ne soit abordé que sous l’angle des transports terrestres, réduits à la simple question ferroviaire, adaptation à la mutation sociétale imposée par la transition climatique et à la gestion de cette hérésie spatiale que constituent les concentrations métropolitaines.
Si les RER autour de ces concentrations urbaines s’avèrent être une nécessité du moment, doit-on envisager la mobilité sous ce seul angle (le rapport villes/campagnes se trouve posé) et sous ce seul modèle de représentations ?

Doit-on conserver ce modèle d’organisation de l’espace répondant aux seules lois du marché ?


Cette vision continentale de la gestion de nos territoires, tellement ancrée dans nos esprits, tourne le dos à la dimension maritime de la Bretagne, si essentielle à son émancipation et à d’autres modèles d’organisation spatiales qui en découlent ! Ne faut-il pas les casser les représentations dominantes pour affirmer notre autonomie.

On pourrait multiplier les exemples et sujets qui doivent nous rendre plus autonomes.
Certes, tel n’est pas le but de ce document. Par prudence et responsabilité, nous pouvons admettre qu’il s’agit là d’une amorce de réflexion, le début d’un processus. Mais ne fallait-il pas d’emblée affirmer des orientations et souhaits forts, des ruptures nécessaires, face à un État / Nation qui par le biais d’un modèle centraliste désormais obsolète maintient la Bretagne dans une logique de « territoire entrainé certes mais dominé et soumis », pour reprendre la définition du grand géopoliticien Halford John Mackinder. ?

Donc c’est avec une certaine expectative mais aussi espoir que nous recevons ce rapport Autonomie de la Bretagne.

Le chemin sera ainsi fort long si la Bretagne veut acquérir une autonomie réelle qui seule lui donnera vitalité et équilibre. Cependant pour paraphraser la formule du Président de la République destinée à la Corse (28/10/2023) mais pourquoi pas aussi à la Bretagne ? « Ayons l’audace de bâtir une autonomie à la Bretagne dans la République »… « communauté péninsulaire, historique, linguistique et culturelle ». C’est tout le rapport de la République à ses régions qu’il faut désormais refonder, surtout lorsqu’elles sont si particulières et périphériques.

Rapport autonomie de la Bretagne : illustrations de NHU Bretagne

Bretagne : 2700 kilomètres de côtes maritimes et dix fois moins de frontière terrestre. Vers où croyez-vous que l’on nous force à regarder ?

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