un état pour les Palestiniens

Un État pour les Palestiniens !

de Thierry JIGOUREL

Depuis le 7 Octobre et l’attaque sanglante de l’organisation palestinienne Hamas contre Israël, la presse française braque tous ses projecteurs sur la « Terre Sainte » et sur une crise qui pourrait s’étendre à toute la région. Plus les jours passent et plus il importe que la raison prenne le pas sur l’émotion pure. Car le conflit entre Palestiniens et Israéliens ne date évidemment pas du 7 Octobre mais plonge ses racines loin dans le XXe siècle.
D’autre part, il est temps que les résolutions de l’ONU visant à la création de deux États soient enfin appliquées sans entrave.

« Voici venu le temps de Délivrance
Et les feuilles repousseront de Bretagne en Espagne,
Du Mali au Chili, d’ Indochine en Palestine
… »

Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Car ce principe qui vaut pour les Irlandais, les Écossais, les Bretons ou les Kosovars, vaut évidemment aussi pour les Palestiniens.

L’attaque du territoire israélien par le mouvement palestinien Hamas, le 7 Octobre dernier, a fait couler beaucoup d’encre et suscité une émotion légitime que certaines chaînes d’informations, certaines officines et certains partis politiques, en particulier de droite et d’extrême droite, exploitent depuis lors sans retenue et sans vergogne.

oui à l'autonomie de la Bretagne
« Je crois en la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes » … mais ailleurs

La qualification de l’organisation Hamas de «résistante » par notamment certains membres de L.F.I et par le N.P.A a par ailleurs suscité la fureur de l’établissement et d’un gouvernement français, une fois de plus au garde à vous devant le président Macron et l’ex première ministre Elisabeth Borne.

Depuis, nombre de représentants politiques, en particulier de gauche, se sont vus rapidement sommés par des journalistes devenus inquisiteurs, procureurs et accusateurs publics, d’utiliser le mot « terroriste » pour désigner l’organisation palestinienne. C’est accorder beaucoup d’importance à un simple mot, alors que la plupart des leaders de gauche ont condamné sans aucune équivoque et à juste titre les « crimes de guerre » et autres «atrocités » commises par ledit Hamas.

Terroristes aujourd’hui, héros demain

Il est pourtant clair que les terroristes d’aujourd’hui peuvent devenir, à l’occasion d’un changement de paradigmes de l’Histoire, les résistants de demain. Jean Moulin, aux yeux de l’État français, dont la quasi-totalité des fonctionnaires collaborèrent servilement avec les nazis, était un terroriste avant de devenir un héros à la Libération.

Michael Collins, Padraig Pearse, Eamon De Valera et Tom Barry étaient aux yeux des Anglais et de leurs alliés français, des terroristes avant de devenir eux aussi des héros à la création de l’État Libre d’Irlande.
Terroristes un jour, héros le lendemain, c’est la loi de la géopolitique.

La presse mainstream affirme aussi depuis un mois à quel point il serait malséant et inconvenant de comparer, comme le font certains députés LFI et membres du NPA, « un État constitué » et « une organisation terroriste ». C’est oublier qu’il n’y a pas si longtemps le Troisième Reich, que combattit Jean Moulin, était lui aussi un État constitué, tout comme l’était l’Empire Britannique contre lequel Pearse, Casement et Eamon De Valera s’insurgèrent en 1916. Était-il immoral de les combattre ? Bien sûr que non.

Un État pour les Palestiniens … terroristes ?

Quant au terme de « terrorisme » appliqué à la politique, il fut inventé par un régime français pour se caractériser lui-même. D’ailleurs avec une fierté qui, à des observateurs honnêtes paraît aujourd’hui assez peu légitime. Il n’est pas question ici d’excuser les crimes terribles du Hamas, organisation du reste largement issue des manipulations israéliennes comme les Talibans furent créés et subventionnés par la CIA pour contrer l’Union Soviétique.
Mais force est de reconnaître qu’en dépit des rodomontades de certains intellectuels français, le régime français de la Terreur avait bien peu à envier, en terme de cruauté et de massacres de masse au Hamas. Voire à n’importe quelle organisation Moyen-Orientale, si peu fréquentable soit-elle.

En terme de têtes coupées, dont un bon nombre au couteau de boucherie, par des « grands ancêtres » dont la France se réclame, se glorifie et ne cesse de chanter les louange , bien peu de régimes rivalisèrent avec celui de Robespierre dont une rue de Brest porte glorieusement le nom ou Turreau de Garambouville, le massacreur de la Vendée, qui a donné le sien à la plus grande avenue d’ Evreux.

On peut donc logiquement penser que sur le plan de la « barbarie », la France, dont la fête nationale commémore un bain de sang qui vit des têtes, elles aussi découpées au couteau de boucherie et qui n’a toujours pas abrogé la loi du premier octobre 1793 dite « loi d’extermination », n’a de leçons à donner à personne.

Nations sans état

Affirmer que, dans le conflit du Moyen-Orient, s’opposent d’un côté une organisation terroriste et de l’autre un État constitué, donc légitime et immaculé, c’est oublier un peu vite qu’État constitué n’est pas nécessairement synonyme de justice ou de démocratie.

Un certain nombre de défenseurs inconditionnels d’Israël et du gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahou nous répètent pourtant que c’est le cas en ajoutant qu’Israël est un État démocratique, en s’offusquant du projet de loi du PCF Parti Communiste Français visant à considérer l’État hébreu comme un régime ségrégationniste.
C’est oublier encore que les États Unis d’Amérique du président Roosevelt étaient à la fois un État démocratique et multipartiste ET un État ségrégationniste, avec des bus pour les Noirs, des bus pour les Blancs, des toilettes pour les Noirs, des toilettes pour les Blancs, etc …

Force est du reste de reconnaître qu’il y a un certain humour, ou plutôt un certain cynisme à opposer de méchants « terroristes » à la gentille armée d’un État constitué. En dehors du fait que c’est la guerre qui est moche, laide, cruelle, tragique, sale, injuste et pour tout dire criminelle, et qu’il n’y a pas de guerre propre.
Nous ne répéterons jamais assez que les terroristes d’hier sont non seulement les héros d’aujourd’hui, mais les cadres de l’armée constituée de nouveaux États qui s’arrogent le droit de donner des leçons de morale et d’opprimer des populations civiles.

La création de l’État hébreu en 1948

Avant 1948 et la création de l’État hébreu- avec la volonté spécifiée par l’O.N.U de voir à terme la naissance de deux États, l’un israélien, l’autre palestinien- sous le protectorat britannique établi depuis la fin de la première guerre mondiale et la dislocation de l’empire ottoman, les organisations sionistes, Haganah et Irgoun, étaient considérées comme « terroristes » par l’occupant.
Ce n’est pas le Hamas, ni le Fatah, ni l’O.L.P du président Arafat qui assassina le 17 septembre 1947 le comte Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU pour la Palestine, mais le Lehi.
Non plus le Hamas qui assassina le colonel français André Sérot, chef des observateurs militaires français, le 17 septembre 1948, mais le Lehi.
Ce n’est pas non plus le Hamas qui, en 1948 massacra toute la population civile du village de Deir Yassin, pour créer un effet de sidération et de terreur et inciter les Palestiniens à quitter leur terre, mais les organisations terroristes sionistes Irgoun et Lehi.
Enfin, ce n’est pas le Hamas qui commit, contre l’Hôtel du Roi David, le 22 juillet 1946, un attentat qui fit quatre-vingt-onze morts, mais l’organisation nationaliste sioniste Irgoun, dirigée par le futur premier ministre Menahem Begin.

La population civile victime de bombardements massifs

Autant dire que la terrible et tragique attaque dont les populations des kibboutz israéliens furent les victimes, le 7 octobre dernier, n’autorise pas moralement le gouvernement suprématiste et d’extrême-droite de Benyamin Netanyahou à pratiquer des bombardements massifs sur une population palestinienne qui aspire légitimement à se doter des institutions d’un véritable État, conformément aux résolutions de l’ONU.
Et encore moins à cibler hôpitaux et centres de la Croix Rouge.
Depuis des mois plusieurs dizaines de salariés d’organisations non gouvernementales ont trouvé la mort sous des bombardements intensifs et systématiques dont l’objectif immédiat est de terroriser la population de Gaza au moins autant que d’exterminer les combattants du Hamas.
Nombreuses sont les organisations internationales, de l’ONU à MSF Médecins Sans Frontières, en passant par Amnesty International, à dénoncer une campagne militaire qui à leurs yeux revêt tous les aspects d’une vengeance d’État. Car si les combattants du Hamas, aussi cruels et aussi violents soient ils, sont des « terroristes », les moyens que l’État hébreu devrait utiliser contre eux sont ceux de l’anti-terrorisme.

Londres a-t-il bombardé massivement Derry ou Belfast pour venir à bout des « terroristes » de l’IRA Irish Republican Army ? Madrid a-t-il massacré la population de Bilbao pour traquer les « terroristes » de l’ETA Euskdi Ta Azkatasuna ?
Et Paris a-t-il martyrisé les populations d’Ajaccio et de Bastia pour arrêter Yvan Colonna et ses compagnons du FLNC Front de Libération Nationale Corse ?
Bien sûr que non, car de tels bombardements se seraient retournés contre eux aux yeux de l’opinion internationale.

Des graines de haine et d’insoumission

Plus les jours passent et plus les points qu’Israël marque au plan militaire il les perd sur le plan de son image.
Pire, il sème des graines de haine, de révolte, de rancœur et d’insoumission. A moins d’exterminer physiquement l’ensemble de la population palestinienne comme certains ministres du gouvernement Netanyahou le proposent sans honte, ce qui ne paraît évidemment ni moral ni même réaliste, les Israéliens préparent des futurs dangereux, même pour leur survie.

Que deviendront les gamins qui ont vu les trois quarts de leur famille exterminés sous les bombes de Tsahal. Sinon des combattants, «résistants » pour les Palestiniens, « terroristes » pour Israël. Sûrement des adversaires résolus d’un État et d’un régime responsables de la mort de leurs proches ?

On ne gagne jamais rien à entretenir la guerre et la souffrance des peuples.

C’est pourquoi, quoi qu’en disent les partisans français du gouvernement suprématiste Netanyahou, il importe de suivre les recommandations des instances internationales, en premier lieu celles de l’O.N.U. Donc de mettre fin au martyre des populations civiles de la bande de Gaza et d’entreprendre au plus vite les négociations en vue de créer enfin un État palestinien qui ne ressemble pas à un camp de concentration à ciel ouvert, mais à un véritable État indépendant.
Ce n’est qu’à ce prix que les deux peuples, celui qui occupe pacifiquement la Palestine depuis des milliers d’années et celui qui s’y est installé depuis la création du Foyer National Juif de Théodore Herzl, pourront enfin coexister dans la paix et dans le respect mutuel

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3 commentaires

Henry 1 février 2024 - 9h42

Je suis breton. J’ai travaillé de nombreuses années en Palestine. Mettre sur le même plan ces deux situations est abject. Vous n’avez pas honte?

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Penn kaled 1 février 2024 - 11h12

Le pouvoir israélien avait été mis au courant que le hamas préparait une attaque de grande ampleur,pourquoi a t-il fait semblant de l’ignorer ? En fait, c’est le prétexte qui manquait aux faucons israéliens pour mener un véritable génocide contre le peuple palestinien et s’accaparer l’ensemble des territoires. Les extrêmes des deux bords s’alimentent hélas, d’autant que le hamas est bien plus préoccupé par la promotion d’un islamisme radical que de la défense des palestiniens variable d’ajustement, tout comme l’ont été les victimes israéliennes du 7 octobre de la part du pouvoir israélien.Si la solution à deux états est évidement la plus raisonnable, dans la pratique ce n’est pas simple de créer deux pays dont la superficie totale est la même que celle de la Bretagne amputée de la Loire atlantique environ 27000 kilomètres carrés dans le premier cas et 35000 avec la Loire Atlantique.D’autant plus que la population de la Bretagne est bien inférieure et le territoire bénéficie d’une bien plus grande superficie de terres arables.

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Colette TRUBLET 7 février 2024 - 8h31

Israël et Ismaël guerroient, l’un pour avoir un pays où nicher: Israël, l’autre pour conserver ce pays à son seul usage: Ismaël (Palestine). L’un est soutenu par le dollar américain l’autre est soutenu par l’or noir pétrôlier. La mondialisation de tous pour tous semblaient un idéal, dollar oblige. Mais le cœur n’y était pas. Ce qui est important pour chacun c’est ce qui se passe là où il vit. Au fil des siècles chaque peuple a conquis ses frontières. L’ONU les a déclarées inviolables. L’Etat d’Israël a été créé pour donner aux Juifs un nid ancestral dans des frontières à l’intérieur desquelles ils pourraient se réfugier en raison du fait qu’ils sont partout et nulle part, éparpillés et de siècle en siècle, persécutés. Alors qu’est-ce qu’ils peuvent faire ces descendants des FRERES ENNEMIS Israël et Ismaël dont tous deux descendent? Les accords d’Abraham, et Abraham est leur père à tous les deux, voulaient les faire cohabiter sur la terre de leur héritage commun. ça n’arrangeait ni l’or noir ni le dollar qui ont poussé au duel puis au meurtre puis au génocide, aux massacres éhontés etc… Tout le monde sait tout ça. Ces deux-là posent au monde entier la question de la fraternité humaine et des conditions de ses avancées. Comment faire triompher la fraternité humaine sans dollar ni pétrôle ?

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