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La passivité des Bretons, ennemi n°1 de la cause bretonne
L’État français, les étrangers, les Français s’installant en Bretagne, Airbnb, la mondialisation, la loi de 1905, Pétain, les néo-brittophones ayant un accent trop français…
À écouter certaines opinions populaires, les bancs des accusés ne manqueraient pas de prétendants au titre de fossoyeurs de l’identité bretonne. Pourtant, ne serions-nous pas, nous, Bretons, les véritables coupables du déclin de l’identité de notre peuple, qu’elle soit culturelle, linguistique ou religieuse, et du manque d’avancées sur les grands enjeux bretons, tels que la réunification ?
Les derniers mois ont été parsemés de nouvelles dramatiques pour la Bretagne :
- Division par deux du nombre de locuteurs du breton en six ans seulement
- Le réseau d’écoles Diwan plus en péril que jamais financièrement
- Liquidation judiciaire de la maison d’édition Coop Breizh
- Fermeture du centre culturel breton Amzer Nevez
- Difficultés financières de Sonerion, confédération des bagadoù
- Difficultés financières des organismes de formation au breton pour adultes (Stumdi, Skol an Emsav, Roudour, Kelenn, Mervent)
- Réduction du temps accordé au breton à la radio Ici Breizh Izel
- Mission bretonne de Paris menacée de fermeture
- …
Or, si l’identité bretonne se trouve aujourd’hui dans une impasse et s’estompe progressivement, nous ne pouvons pas en tenir autrui pour seul responsable. Certes, nombreux sont les bâtons mis dans nos roues, mais le plus entravant des obstacles est, j’en suis persuadé, notre propre et incommensurable passivité. Si l’identité bretonne est aujourd’hui menacée et vulnérable aux dangers extérieurs, c’est parce qu’elle s’écroule de l’intérieur et n’a donc plus la force de se défendre.
À titre d’exemple, le 17 mai, à Landerneau / Landerne, 3 076 personnes ont établi le record mondial du plus grand rassemblement de Schtroumpfs. Le même jour, à Rennes, la manifestation pour la langue bretonne et le réseau Diwan attirait seulement 1 500 individus.
Ne serait-il pas temps de revoir nos priorités ?
Lors d’un récent sondage (TMO, 2024), 33% des non-locuteurs ont répondu qu’ils auraient aimé ou aimeraient parler breton, ce qui, rapporté à la population de la Bretagne historique, correspond à environ 1,6 million de personnes. Comment expliquer alors que les centres de formation au breton peinent à créer des groupes de 10-15 personnes, jusqu’à en être forcés d’annuler des cessions faute de candidats ?
Comment expliquer également que 29% des parents expriment le désir que leur(s) enfant(s) apprenne(nt) le breton, mais que seulement 20 000 écoliers (sur 850 000) ont fait leur rentrée 2024 dans une filière d’éducation bilingue ?
Pourquoi un tel écart entre la parole et les actes ?
Agiter un Gwenn ha Du en festival ou interagir avec des publications en ligne n’est pas ce qui sauvera notre identité.
Ce dont la Bretagne a réellement besoin, c’est de locuteurs du breton et du gallo, d’hommes et de femmes s’engageant activement dans le milieu culturel breton ou la politique pour défendre nos intérêts. Elle a aussi besoin que nous consommions breton, qu’il s’agisse de l’alimentaire ou de la culture. Il est en outre indispensable que nous renouions avec la spiritualité et les croyances de nos aïeux. De manière générale, il est crucial que nous « vivions breton » : que nous nous instruisions sur nos racines, notre histoire, notre patrimoine, pour mieux comprendre d’où nous venons et, par conséquent, mieux bâtir notre avenir.
Cessons donc d’attendre que les autres agissent à notre place, de nous adonner à la procrastination et de nous mentir à Nous-Mêmes. Si chacun d’entre nous n’est pas capable, par exemple, de consacrer ne serait-ce que quelques minutes par jour à l’apprentissage des bases du breton, nous n’avons plus le droit de nous plaindre de la situation.
Bien sûr, cela demande des efforts, mais l’âme bretonne ne survivra pas sans eux. Il est impératif que nous cessions collectivement et individuellement de nous trouver des excuses. Nous disposons aujourd’hui de tout le nécessaire pour redresser la barre.
Ainsi, toi qui lis ces lignes, je t’invite à te poser cette question : que fais-tu concrètement pour la Bretagne et comment peux-tu en faire plus à ton échelle ?
Si tu souhaites agir, mais ne sais pas comment, écris-moi ; je m’engage à te donner des pistes concrètes et adaptées à ta situation.
Voici quelques idées générales.
Tu veux sauver le breton ? Télécharge une application d’apprentissage, inscris-toi sur Desketa, participe à une formation, prends des cours du soir, écoute de la musique en breton, lis des livres bilingues pour enfants.
Tu regrettes le recul de la foi chrétienne ? Contacte ta paroisse, va à des pardons, étudie la vie des saints bretons, engage-toi dans la préservation de notre patrimoine religieux.
Tu te lamentes du déclin du monde paysan ? Soutiens-le en consommant de manière adéquate.
Tu es peiné par la disparition de la culture bretonne ? Rejoins une association, va aux festoù-noz, inspire-toi de la Bretagne dans ton art, rejoins un club de sport traditionnel breton, soutiens les artistes sublimant notre identité…
En bref, sois toi-même le changement que tu souhaites voir dans le monde !
Retrouvez La passivité des Bretons sur le compte Instagram de Éveil Breton
3 commentaires
Il n’y a pas que la passivité. La pétition des 100 000 a été torpillée. Le mouvement breton s’est rallié à Grosvalet, c’est invraisemblable. Cela a abouti à une étude d’impact à 150 000 euros, une voie de garage de luxe, mais une voie de garage quand même.
La passivité est dans tous les peuples repus, mais depuis que l’emsav mange au ratelier des subventions le militantisme est mort.
Nous sommes désabusés il est vrai par le peu de résultats obtenus depuis des décennies .
Notre culture est en péril en 2025 du fait du manque de moyens , l’indifférence notable ajoute au climat actuel un désappointement .
Le peuple breton comme les autres est préoccupé par ses revenus , loisirs et son quotidien … emporté par les désirs de la consommation .
C’est un constat , dommageable il est vrai .
Qu’allons -nous devenir ? Je ne sais pas ?