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Bretagne et politique linguistique : ouvrons enfin les yeux sur un désastre !
Bretagne et politique linguistique.
Les chiffres viennent de tomber sur le nombre d’enfants scolarisés en filière bilingue. Une douche froide avec 302 élèves en moins. Nous repassons sous la barre fatidique des 20 000 élèves.
Qui oserait encore afficher décemment l’objectif annoncé dans la Convention signé avec l’Etat de 30 000 élèves sans se moquer du monde ?
Dans combien de décennies ?
Nous serons tous morts.
Que faut-il en conclure sinon qu’il s’agit bien d’un désastre sur lequel il serait bon enfin d’ouvrir les yeux ?
Que fait la région Bretagne depuis des années ? Elle donne quitus à la disparition de la langue bretonne, tout simplement. Or rien n’importe tant que la survie de la langue bretonne car il en va de notre âme et de notre avenir en tant que peuple sur notre territoire de toujours. Les Bretons ont affiché cette volonté il y a peu à Carhaix / Karaez autour de leurs artistes.

Si rien ne change, les Corses et les Basques sauveront leur langue, pas nous.
En 2016, avec Yannig Baron nous étions reçus à la région Bretagne sur ce sujet car déjà, nous pressentions le pire. Nous avions sollicité une évaluation de la politique linguistique par un tiers indépendant. La réponse fut négative. Encore aujourd’hui, on ne se pose aucune question malgré l’échec total de cette politique.
Pour les élections régionales de 2021, nous avions avancé le concept de plan Marshall pour marquer les esprits.
Ce plan reposait sur ce qui s’est fait en Corse avec la formation de 700 enseignants en quatre années. Nous proposions de former les enseignants en poste à l’enseignement de notre langue. Les associations formatrices sont en capacité de le faire.
Loïg Chesnais Girard l’avait évoqué dans le cadre de ses négociations de l’entre-deux tours avec Daniel Cueff pour mieux le mettre dans un tiroir où il repose.
Si la région Bretagne avait exigé et obtenu ce plan de l’Etat, nous en retirerions les bénéfices aujourd’hui avec une progression annuelle que j’estime normale pour qui veut sauver sa langue soit plus de 10% d’élèves scolarisés en filière bilingue.
Dernièrement, à Carhaix / Karaez, Fulup Jakez, directeur de l’office de la langue bretonne, estimait indispensable ce plan de formation.
Alors pourquoi rien ne bouge du côté du président de la région Bretagne administrative ?
Pourquoi ce silence assourdissant ?
Le choix est-il entériné de sacrifier la langue bretonne sur l’autel d’une égalité avec le gallo ?
Nous pourrions encore sauver la langue bretonne.
Or tout nous montre que nous allons emporter les deux langues dans leur tombeau.
C’est plus que de l’indignation qui nous étreint, c’est de la colère à l’idée de voir notre langue disparaître alors que les Bretons veulent la voir sauver. Nos élus ont-ils perdu le sens de la volonté politique ?
Je me souviens de la résignation du maire socialiste de Brest, le socialiste Pierre Maille qui nous disait que c’était fichu.
Loïg Chesnais-Girard pense-t-il la même chose ?
L’UBO est en passe de faire disparaître le master « langues et cultures celtiques en contact ».
A-t-il réagi ? La région finance les thèses et pourrait facilement taper du poing sur la table.
Loïg Chesnais-Girard est-il complice ?
Loïg Chesnais-Girard abreuve les réseaux sociaux d’artifices de communication comme « lorsque la tempête gronde, la Bretagne tient la barre »
Mais le bateau coule, Mr Chesnais-Girard, et il n’y a pas de capitaine à bord !
Vous avez déserté le navire !
Dans notre mémoire, vous resterez au mieux celui qui nous aura fait perdre une décennie, au pire celui qui aura conduit notre langue dans les poubelles de l’histoire !
Interrogeons-nous encore sur le message que renvoie au Pouvoir le mouvement culturel breton.
Car qui ne dit mot consent. On ne peut décemment faire reproche à un Pouvoir de son inaction lorsque le peuple ne bouge pas, ou pas assez.
Dernièrement à Carhaix / Karaez, il s’est passé quelque chose de fort avec Breizh Alive.
Des choses ont été montrées et dites mais il manquait encore sans doute l’interpellation du Pouvoir.
Le mouvement culturel breton doit réagir d’une seule voix aujourd’hui pour faire savoir au Président de la région administrative que plus personne n’ignore que sa politique est en échec et qu’il lui faut d’urgence changer de braquet.
Ou bien alors, c’est que nous sommes tous d’accord avec ce désastre.
Depuis que je milite, j’ai appris à mon détriment qu’il ne fallait surtout pas critiquer le Parti Socialiste.
Mais enfin regardons lucidement les choses :
- Les instances créées par la charte culturelle de 1978 ont été dégagées ou mises sous contrôle.
- La réunification de la Bretagne a été rejetée en 2014
- La langue bretonne est en train de crever.
Et si on se posait enfin les bonnes questions ?
Nous sommes au pied du mur désormais.
D’urgence, il faut retrouver le sens de la volonté politique.

9 commentaires
Un de mes cousins bretonnants disaient déjà dans les années 1980 : »La Bretagne va devenir le bronze-cul de l’Europe! » Et les bretons y ont trouvé des revenus substantiels , faisant passer tout les reste après …
Si les Corses et les Basques ont réussi à « sauver » leurs langues c’est sans doute aussi qu’ils ont réussi à établir des rapports de force . Sans rapports de force , pas de démocratie ! C’est le seul langage que comprennent les politiques de tous bords . Critiquer le PS est encore autorisé comme pour n’importe quelle autre formation politique , on sait cependant très bien qu’il n’y a rien à attendre de la droite en général . Les promesses non tenues de la Duchesse des PDL pour la langue … bretonne en 44 , en sont aussi un bel exemple ! Étant donné le trou financier qu’elle fait en PDL , comment s’en étonner ?
Nos élus seraient très contents d’avoir plus+ de pouvoirs, mais certainement pas pour sauver la langue bretonne ou pour réunifier la Bretagne.
C’est vrai : depuis qu’il s’est laissé pousser la barbe, LCG ressemble au capitaine Haddock.
Il est indiscutable que les moyens dévolus au sauvetage de la langue bretonne sont ridicules et que le manque de vision pour la développer est réel , la volonté faible de la part des élu(e)s . Il faut un véritable service publique régional autonome et spécifique dédié à l’enseignement du breton , à la formation des enseignants , un plan d’organisation , des structures adaptées au besoin et à la demande populaire …
Un embryon de structure c’est bien , mais insuffisant pour sauvegarder ce patrimoine culturel essentiel , il est urgent de faire , çà coûte mais il faut choisir la sauvegarde et le développement de celui- ci .
Il faut sans doute s’appuyer sur Diwan et son modèle immersif et l’inclure dans ce service , la méthode est éprouvée et il y a certes des progrès à réaliser mais l’immersion en breton est la meilleure façon d’apprendre le breton pour les enfants . Div Yezh pourrait alors proposer de structures immersives également ainsi que Askel ;
Les adultes doivent s ‘y coller et apprendre le breton par le biais de formations longues débouchant sur une maîtrise de la langue bretonne … les associations comme Roudour , Mervent , Stumdi , Sten Kidna , Skeudenn , Kentelioù an noz ( souhaitons que çà devienne Kentelioù an deiz ) en réseaux sont à soutenir pour faire vivre un réseau y compris par des aides pour fortifier leurs actions par le biais de stages pour les salarié(e)s et les adultes informé(e)s .
Pour ce faire Il faut une volonté politique forte , audacieuse et éveillée de la région B4 et des départements bretons .
Il y a un désir d’apprendre le breton , il faut l’accompagner , la Bretagne sans le breton , je peine à l’imaginer . La Bourgogne n’a plus rien pas plus que la Normandie ou l’Auvergne …
L’identité bretonne se meure à la langue bretonne en premier lieu , à son territoire ses us et coutumes , sa musique , sa danse , ses écrits , sa gastronomie … mais surtout à son peuple qui doit parler le breton .
Ret eo da souten ar brezhoneg dre oll !
Xavier, mat, ret eo souten ar brezhoneg dre holl, vije gwelloc’h
Hamon , A ya anat ! Evel just ! Deskin a ran brezhoneg ma -unan pemdeziek c’hoazh ! Komz gant ar re all e vije gwelloc’h evidon evit araokaat !
Quand je pense qu’en pleine terre gallèse, à Laillé, mon aïeul, 90 ans, a vu pour la première fois écrit (il ne l’a jamais entendu parlé) en breton de sa vie en 2024… La gallo avait été omis du panneau, évidemment.
Il en a pleuré de honte, et moi j’étais furieux de le voir ainsi.
À un moment, pour avoir des alliés, faudrait savoir s’en trouver. Clairement, comme haut-breton, si l’ambition de votre militantisme linguistique est la conquête, je ne souhaite pas lâcher un rond à votre cause, qui ne sera jamais la mienne.
Foutez la paix à notre terre.
Il est injuste d’incriminer les élus, car avant les élus, il y a les électeurs.
Il y a quelques années, les partis régionalistes bretons se présentaient aux élections sous leurs propres couleurs.
Sauf rares exceptions, ils réalisaient des scores pitoyables et n’avaient que peu d’élus.
Qui votait, sinon les électeurs?
Ces partis ont compris que pour avoir des élus (ce qui est le but premier de tout parti politique), il valait mieux servir de supplétifs à des partis nationaux en échanges de quelques mesures cosmétiques régionalistes et de positions éligibles sur les listes de ces partis.
La comparaison avec la Corse est accablante.
Les partis nationalistes (autonomistes, indépendantistes) y ont acquis l’adhésion d’une majorité du peuple corse et, conséquemment, la légitimité démocratique qui leur permet, aujourd’hui, de diriger les exécutifs locaux et d’appliquer des politiques, notamment en matière de langue corse, qui permettent d’assurer la pérennité et le développement de celle-ci.
Et, accessoirement, d’être sur le chemin, certes escarpé, d’une plus grande autonomie.
Quelle gouffre avec la situation bretonne.
La dernière tentative, début 2025, par des juristes du 44, d’organiser à Carhaix une unification politique des partis régionalistes bretons en vue des municipales 2025 a été une véritable catastrophe.
Pour en revenir à la langue bertonne, il faut se faire une raison.
Sans volonté politique régionale forte et financée (ce qui signifie, dans le contexte actuel considérée comme prioritaire), il n’y aura pas, ne serait-ce que le maintien de la pratique d’une langue qui, il faut le reconnaître, n’est pas utilitaire mais identitaire.
Et çà, c’est aux électeurs bretons d’en décider, lors de prochaines élections.
Faute d’un signal fort des électeurs, il ne faudra pas se plaindre des conséquences sur le soutien à la langue bretonne.
Depuis le désastre de la pétition de Bretagne Réunie, abandonnée en rase campagne par le mouvement breton, je ne vote plus.