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Un centralisme français qui étouffe
Centralisme français.
Depuis des siècles, la France s’est construite sur un modèle unique en Europe : le centralisme absolu.
Paris concentre tout : pouvoir politique, fiscalité, décisions stratégiques. Ce choix, présenté comme une force, est en réalité une faiblesse mortelle. Il engendre arrogance vis-à-vis des peuples et nations la composant, et servilité vis-à-vis des puissances extérieures.
À l’heure où l’Europe se construit sur le respect des peuples et des communautés historiques, la France s’isole. Elle se désagrège de l’intérieur. Et la Bretagne, comme d’autres nations sans État, en paie le prix fort.
L’arrogance jacobine
Le centralisme français repose sur une conviction simple : Paris sait mieux que tout le monde. Cette arrogance se traduit dans tous les domaines.
- Économie : les choix stratégiques sont dictés depuis Bercy, au mépris des réalités locales.
- Culture : la République promeut une seule langue, une seule Histoire, une seule vision. Tout ce qui ne rentre pas dans ce moule est méprisé.
- Territoires : qu’il s’agisse de la Bretagne, de la Corse ou de l’Alsace, les demandes de reconnaissance sont systématiquement balayées d’un revers de main.
Cette arrogance n’est pas seulement institutionnelle. Elle est aussi psychologique : l’État considère les régions comme des mineures sous tutelle. Et lorsqu’une revendication légitime émerge, la réponse est la répression, l’étouffement, la caricature.
Pour en savoir plus encore sur le centralisme français et de son histoire depuis 987, je vous conseille absolument la lecture de ces deux ouvrages essentiels de Jean Jacques Monnier :
Castes politiques, administratives, judiciaires : totalement hors sol.
Centralisme et arrogance ne produisent jamais d’élites, mais seulement des castes aveuglées par leurs dénis de réalité et par les courtisaneries obséquieuses d’entourages composés de médiocres prétendants au pouvoir.
Dans ces contextes de rivalités individuelles, mesquines et bornées, aucun véritable travail d’équipe ne s’inscrit dans la recherche de stratégies, de programmes et de mesures concrètes pouvant contribuer prioritairement à l’intérêt général.
Les constats d’échec s’accumulent dans tous les domaines de l’action de l’État. Ils culminent aujourd’hui en crise politique et en faillites généralisées, tant dans les fonctions régaliennes que dans les services publics.
De Gaulle proposait déjà de restructurer l’État dans son référendum de 1969. Il faut y revenir.
Une servilité inquiétante
En parallèle, le même État central qui méprise « ses » peuples se montre docile et soumis face aux puissances extérieures.
- Face aux États-Unis : la France suit les orientations stratégiques américaines, notamment en matière militaire et économique.
- Face à l’Union européenne : Paris applique les règles de Bruxelles avec un zèle qui surprend ses propres partenaires.
- Face aux multinationales : les gouvernements successifs bradent les fleurons industriels et ouvrent grand la porte aux géants de la finance et du numérique.
Cette servilité contraste avec l’arrogance interne. Forte avec les faibles, faible avec les forts : voilà le portrait exact du centralisme français.
Le coût du centralisme : fractures et désillusions
Le centralisme n’est pas seulement une idéologie. C’est une machine qui produit des dégâts bien réels.
- Fracture territoriale : Paris concentre richesses et investissements. La Bretagne, comme la plupart des régions, se retrouve dépendante et sous-financée.
- Fracture démocratique : les citoyens ne croient plus à une démocratie représentative confisquée par la capitale.
- Fracture sociale : les inégalités se creusent, la colère gronde, et les mouvements de contestation se multiplient.
En refusant de reconnaître ses nations et peuples originels, la France se prive de la seule énergie démocratique capable de la sauver : la vitalité locale.
Le pouvoir central : une logique prédatrice et colonisatrice
Dans toute son histoire, le pouvoir central français a toujours suivi la même logique : celle de la prédation. Qu’il fût royal, révolutionnaire ou républicain, il n’a jamais changé de méthode. L’expansion s’est faite par la force, le mensonge, la trahison et, finalement, l’annexion. Les colonies d’outre-mer en furent les victimes les plus visibles. Mais il ne faut pas oublier les colonies intérieures, ces nations absorbées au fil des siècles : Bretagne, Occitanie, Corse, Alsace, Savoie, Nice. À chaque fois, le scénario est identique : invasion militaire, promesses non tenues, traités bafoués, puis intégration forcée dans l’État jacobin.
Une fois annexés, ces territoires furent traités comme de simples ressources à exploiter. Richesses naturelles, main-d’œuvre, impôts : tout est siphonné vers le centre. Les langues, les cultures et les institutions locales furent dénigrées, persécutées ou détruites, afin d’achever le processus de domination. Cette logique coloniale n’appartient pas au passé : elle perdure encore aujourd’hui. Derrière le discours républicain d’unité et d’égalité se cache une réalité brutale : la France est un empire qui ne dit pas son nom, et qui continue de fonctionner comme tel.

Quand l’Europe avance sans la France
Toutes les vraies grandes Démocraties européennes ont compris une chose essentielle : il faut bâtir l’avenir sur les communautés historiques.
- En Espagne, le Pays Basque / Euskadi et la Catalogne disposent de compétences fiscales et politiques uniques.
- Au Royaume-Uni, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont obtenu des parlements et gouvernements autonomes.
- En Allemagne, le fédéralisme garantit un équilibre entre Länder et pouvoir central.
Ces modèles montrent que l’unité d’un pays ne passe pas par l’écrasement des différences, mais au contraire par leur reconnaissance. La France, engluée dans son jacobinisme, refuse d’apprendre cette leçon.
Bretagne : le prix de la dépendance
En Bretagne, le centralisme se traduit chaque jour.
- Finances publiques : l’argent collecté part à Paris, qui en redistribue une fraction selon son bon vouloir.
- Éducation : la langue bretonne survit grâce à la société civile, pendant que l’État central multiplie les entraves.
- Économie : l’innovation est freinée par un cadre fiscal et réglementaire imposé depuis Paris, sans prise en compte des réalités locales.
La Bretagne n’est pas pauvre.
Elle est appauvrie par le centralisme.
Tant qu’elle dépendra de décisions prises ailleurs, elle ne pourra pas déployer son potentiel.
Il n’y a jamais eu de « traité d’union » entre la France et la Bretagne, et cette dépendance ne devrait pas exister : que celui qui le trouve nous le montre !
Des modèles à suivre : Euskadi et le Pays de Galles
Deux exemples montrent la voie :
- Euskadi (Communauté Autonome Basque) : le gouvernement basque collecte la totalité de l’impôt. Il en reverse seulement 6 % à Madrid, pour les compétences régaliennes (armée, diplomatie, justice). Ce modèle assure à Euskadi une stabilité financière et une prospérité unique en Europe.
- Pays de Galles : le parlement gallois dispose de compétences élargies, notamment en santé et en éducation. Les Gallois ont choisi de construire leur avenir en s’appuyant sur leurs propres institutions, tout en restant dans le Royaume-Uni.
Ces deux exemples démontrent qu’il existe une alternative crédible au jacobinisme. Une alternative qui renforce la Démocratie et l’économie, loin de l’uniformité imposée par Paris.Une France qui s’autodétruit
En refusant de se réformer, la France se détruit elle-même. Elle se coupe de son propre ADN : celui des peuples et des nations qui la composent.
Chaque jour, le centralisme affaiblit la confiance, accentue les fractures, et alimente une spirale d’autodestruction.
Les élites parisiennes croient défendre l’unité nationale.
En réalité, elles accélèrent son éclatement.
Et le dernier sondage de l’IFOP à ce propos démontre parfaitement cette rupture, cette déconnection, entre le peuple et les auto-proclamées « élites » :
Bretagne, à nous de choisir
Toutes les Démocraties européennes se sont structurées sur le socle des communautés historiques : peuples et nations. Faute d’une telle restructuration, la France s’autodétruit aujourd’hui de son propre ADN.
Le statut du Pays de Galles et celui d’Euskadi seront des modèles à étudier entre la Bretagne et Paris. Les Basques collectent la totalité de la fiscalité sur leur territoire et en versent seulement 6 % à Madrid, concentrés sur le régalien. Pourquoi pas nous ?
La Bretagne doit se préparer. Car tôt ou tard, Paris s’effondrera sous le poids de son centralisme. Et ce jour-là, seules les nations capables de se gouverner elles-mêmes survivront.
Et pour nous, Bretons, plus tôt ce sera, mieux ce sera.

7 commentaires
Bien d’accord avec vous mais là franchement quel rapport? C’est au mieux une faute….
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Nos élus valent-ils mieux que la classe politique parisienne ? A propos de la Réunification, ils ne cessent de nous raconter des balivernes. Tout serait la faute de Pétain, de l’Etat… On nous vend un référendum décisionnel organisable par l’Etat, comme si les électeurs de la Loire-Atlantique pouvaient se substituer à l’Assemblée nationale. C’est contraire à l’article 3 de la Constitution. Seul un vote consultatif est possible et c’est au Conseil départemental de l’organiser, en toute autonomie. Ce qu’il ne veut surtout pas faire. Je crains que tous nos élus, en 44 comme en B4, soient pour le grand ouest ou le statu quo. Le Conseil régional B4 émet des vœux, alors que la loi lui permet de faire une demande en bonne et due forme. Du théâtre.
Quant au référendum de 1969, il préconisait la B4 et les PDL, un découpage qui date de 1938. Lors de la régionalisation de 1972, l’Etat a consulté les Conseils généraux, évidemment. S’il les avait écoutés, on aurait déjà eu le grand ouest, mais à cette époque, la mode n’était pas encore aux grandes régions.
Anne MERRIEN, sauf erreur de ma part, lors de la régionalisation de 1972, seule la Loire-Atlantique a voté pour le « grand ouest » (voir bulletin du congrès de l’association bretonne de 1973 – Pontchâteau)
Les quatre départements du B4 ont voté pour le B5.
Faute d’accord, le choix de l’Etat a été le statut quo. Ce n’était que la première fois!
Le Conseil général de l’Ille-et-Vilaine avait demandé la B5 avec la Mayenne en plus.
Si la Bretagne n’est pas réunifiée, c’est à cause de nos élus. Donc c’est de notre faute aussi.
Trop facile de n’incriminer que l’Etat.
J’ignore ce qu’avaient demandé la Mayenne, le Maine-et-Loire, la Sarthe, la Vendée.
Des erreurs qui durent je crains un renforcement du centralisme en France , les français se tournent constamment vers l’Etat , les ménages , les entreprises , les collectivités …
Le nationalisme ambiant , la dette à payer …. montrent l’inflexion possible , un raidissement des opinions .
La responsabilité collective c’est de mettre les comptes progressivement sur le chemin du désendettement sans choc social . La pauvreté touche + de 10 millions de personnes en France … c’est énorme .
Des réformes sont nécessaires , la dépense publique doit être réduite .
Le mille feuilles administratif diminué drastiquement pour faire des économies .
La Communauté basque recueille les impôts , l’économie en péninsule ibérique marche mieux globalement …
Le pays basque s’est adapté mais reste divisé Navarre , Iparralde ….
Les régions en France sont des naines économiques sauf IDF et ARA pour parler parisien ….
Mais la réforme territoriale 2014 a montré des choix incohérents , Nouvelle Aquitaine , Grand Est et Ara …. La réforme territoriale aurait été aboutie si des communes avaient fusionnées , les départements et régions idem pour réaliser des économies . 23 régions et la disparition complète des départements , les conseillers territoriaux était une solution …
En outre , les métropoles sont devenues des aspirateurs à finances et énergies , créations multiples de doublons , triplons où chacun ne trouvent plus son périmètre …
Faute de moyens des décisions douloureuses s’imposeront à tous en France . Le déficit budgétaire est en train d’étrangler l’économie , chacun pensant que « l ‘autre paiera » …. La déresponsabilisation face à ce qui est une réalité : se redresser , mieux gérer , mettre de la justice fiscale ….
Le centralisme politique est un échec en France ! Ce qui compte c’est d’être élu et de faire prospérer son écurie ainsi sont les partis politiques actuellement .
Paris décide , les autres trinques !
La fusion des régions et des départements, cela veut dire noyer le pays nantais dans les PDL. Un cauchemar.