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Quels sont les Pays de Bretagne?
Les pays sont sans doute ceux qui se fondent le plus profondément dans l’âme des gens. C’est, pour chaque Breton, une façon d’affirmer son appartenance à une terre, des racines, des traditions, un style de vie. C’est aussi un levier territorial, économique, culturel pour rappeler qu’il existe un lien-étape entre les métropoles et les campagnes, à l’heure où les politiques d’aménagement du territoire font fi des particularismes locaux pour privilégier le concept aventureux - et très problématique - des grandes aires urbaines.
Bretagne Prospective s’est collectivement penchée sur cette question et édite aujourd’hui un ouvrage qui propose une autre façon de penser nos territoires.
C’est un ouvrage auquel 66 contributeurs ont participé, connus ou non, engagés ou simples citoyens. Bretagne Prospective a réuni plusieurs groupes de travail sur chaque pays de la région Bretagne. Leurs conclusions sont claires : il n’y a aucune raison que l’oubli volontaire ou contraint des pays bretons soit une fatalité. Les pays de Bretagne existent et sont vivants. Ils peuvent – ou doivent – devenir le socle d’une Bretagne équilibrée, cohérente, se retrouvant unie dans une diversité reconnue et revendiquée.
Cet ouvrage collectif conçu et édité par Bretagne Prospective le souligne : à travers leur personnalité, leurs réussites, leur histoire, leurs ambitions et leurs différences, les Pays peuvent être une vraie chance pour la Bretagne. L’occasion rêvée de penser juste pour agir autrement. Pour peu que la Bretagne institutionnelle reconnaisse elle aussi sa chance d’avoir des Pays. Et change de paradigme.
Les pays de Bretagne : racines de notre futur, 276 p., Éditions Diawel
A commander chez Coop Breizh,
Le pays Kreiz Breizh est habitué à compter sur ses propres moyens.
L’idée qu’il y a peu à attendre de l’extérieur est fortement ancrée dans une population qui sait aussi se mobiliser avec force pour défendre ses intérêts. Aujourd’hui, sa centralité, son environnement préservé et son fort ancrage dans l’identité bretonne sont un atout pour toute la région, d’autant qu’elle est terre d’expérimentations porteuses pour un avenir plus responsable.
Le pays de la Mée ou pays de Châteaubriant
Fondamentalement attaché à la Bretagne et à équidistance de Rennes et Nantes, la pays de la Mée ne veut surtout pas être considéré comme une simple périphérie entre deux métropoles mais devenir un carrefour capable de drainer une population et des entreprises recherchant un cadre de vie préservé. L’enjeu est clair : il s’agit bien de s’affirmer comme un pays à part entière.
Le pays de Cornouaille.
L’originalité du pays de Cornouaille réside déjà dans son aspect multipolaire, avec une pluralité étonnante d’activités et une multitude de terroirs fortement attachés à leur identité. C’est une originalité su laquelle le pays peut s’appuyer, à la fois pour afficher une certaine ambition pour la Bretagne et s’inscrire dans un projet collectif autour des concepts d’exigence et d’excellence.
Le pays de Fougères
Lieu stratégique, fortement ancré dans l’agriculture et la production de textile, la pays de Fougères s’est soudainement métamorphosé à la fin de XIXe siècle jusqu’à opposer ville et campagne, industriels et ouvriers. Le pays continue aujourd’hui de se chercher, le poids dévorant de Rennes l’empêchant d’affirmer son identité. Enfin désnclavé, il doit désormais se réconcilier avec sa partie sud pour devenir un carrefour actif entre Bretagne, Mayenne et Normandie.
Le pays de Guérande Saint Nazaire
La grande originalité du pays est d’avoir des identités territoriales très marquées : le littoral pour le tourisme maritime, la Brière pour les espaces naturels, l’estuaire pour l’industrie, le marais pour le sel, l’intérieur pour l’agroalimentaire … Très différents, ces territoires s’associent pour développer des activités et créer des flux fondant une identité qu’elle entend bien restituer à la Bretagne tout entière.
Le pays du Leon
Dans l’imaginaire breton, le pays du Leon est un pays à part. Sa réussite étonne en même temps qu’elle séduit (et agace). Nous, Bretons, serions donc capables de faire ça ? Créer de grandes entreprises, exporter, forger des légendes humaines, s’affirmer à Paris comme à l’international tout en affichant un attachement irréductible à la terre de Bretagne … Pour austère qu’il puisse apparaître, le Léonard est un vrai créateur de richesses qui veut et sait toujours décider de son destin. Avec rigueur et autorité. Il entend fixer aujourd’hui un nouveau cap qui rompt un peu avec la soupe tiède.
Le pays de Lorient
Lorient est né en 1666 d’une volonté; celle de la Compagnie des Indes. Depuis, le pays s’est affirmé et participe au renforcement d’une Bretagne plus forte et plutôt maritime. Le pays compte 14000 emplois dans le secteur, un pôle Course au large et bateaux du futur, une ingénierie de pointe en énergies nouvelles, notamment dans l’éolien offshore. Cette réalité lui donne envie d’aller plus loin et de s’affirmer comme un pôle d’attractivité. Dans cette perspective, le pays entend que l’argent public ne soit pas majoritairement investi sur les seuls grands projets métropolitains.
Le pays de Nantes
Nantes, capitale de la Bretagne ? Aïe, Rennes hurle et la Bretagne tousse de voir son centre se déplacer ainsi vers le sud-est. Nantes au service de la Bretagne? Pourquoi pas, notamment en l’aidant à exporter comme à capter une partie du trafic qui passe au large de la péninsule. Nantes en Bretagne et la Bretagne dans Nantes ? Une solution de compromis qui serait envisageable pour peu, là aussi, qu’on raisonne au niveau d’un pays et non d’une métropole dont l’ambition européenne semble avoir été scellée du côte de Notre Dame des Landes.
Le pays de Porhoët – Pontivy, Loudéac, Ploërmel
Pontivy, capitale de la Bretagne ? Dans l’esprit de beaucoup de Bretons, elle l’est symboliquement. Hélas pour le pays, l’Histoire a toujours reculé devant ce qui semblait être une évidence, préférant excentrer ses pôles, peut-être pour éviter que la Bretagne tout entière se retrouve naturellement en son centre.
Bien que miné par certaine rivalités locales encore tenaces, le pays de Porhoët – qui n’existe pas à proprement parler – entend devenir ce centre, et pourquoi pas, proposer à la Bretagne des pays une solution de « décentralisation capitale » alternative.
Le pays de Rance Émeraude
S’il est apparemment divisé en deux (Dinan et Saint Malo) le pays de Rance Émeraude existe bel et bien dans l’esprit de ses habitants comme sur le terrain. Il est riche d’une histoire qui le conduit naturellement vers les conquêtes, ce qui lui permet d’avoir depuis toujours une économie dynamique. Il reste que cette dualité urbaine lui pèse et qu’il appelle de ses voeux une « dynamique de pays » dans laquelle il trouvera naturellement sa place, pour peu que la Bretagne y développe d’indispensables mobilités.
Le pays de Redon
Pourtant central à l’époque de la batellerie et situé à équidistance de Rennes, Vannes et Nantes, le pays de Redon n’a jamais trouvé sa vraie place sur l’échiquier territorial, sa géographie le situant de surcroît sur deux, voire trois départements. L’activité industrielle y est très développée, ce qui lui donne une image de terre de « faiseux » qui a pourtant fait émerger de grands capitaines et non pas des bourgeois. Aujourd’hui le pays de Redon ne veut être ni absorbé par le développement périurbain, ni devenir une terre isolée. So attachement à la Bretagne reste probablement le socle le plus solide d’un devenir basé sur un échange actif avec les pays voisins.
Le pays de Rennes
Rennes est un peu à la Bretagne ce que Paris est à la France. Un centre incontournable, mais perçu comme un peu pédant, envahissant, pensant plus à lui-même qu’à la région et parfois obsédé par l’idée bien ambitieuse d’être une grande métropole. Pourtant, son histoire, sa dimension capitale, ses universités, ses entreprises, ses engagements breton en font un allié naturel et obligé de toute la Bretagne, au sens le plus large. Pour peu qu’elle se tourne vers elle et pense à son tour « pays » plutôt que centre urbain.
Le pays de Retz
« Coincé dans l’eau », le pays de Retz peut avoir des airs d’îles. Sans réelle capitale, pleinement ouvert sur la nature, il affirme fort son identité bretonne et joue clairement sur cette appartenance.
Le pays de Retz entend néammoins être reconnu dans sa spécificité, refusant d’être considéré comme un simple espace naturel où les proches Nantais viennent se ressourcer, voire pire, un territoire péri-urbain promos à l’urbanisation. Pour y parvenir, il veut miser sur les productions endogènes, la sauvegarde de ses espaces et sa reconnaissance en tant que « pays ». Un vrai projet politique.
Le pays de Saint Brieuc Lamballe
Presqu’à équidistance de Brest et de Rennes, bien desservi par les transports, ouvrant sur le centre breton, le pays de Saint Brieuc Lamballe semble peiner parfois à trouver son âme.
Pourtant, le « pays de Penthièvre » regorge d’atouts qui pourraient en faire le coeur vivant du nord de la Bretagne. A condition de pouvoir être, comme il le souhaite, agile et réactif.
Le pays du Trégor
Le Trégorrois a de l’humour. Et il en est fier. Il peut l’être tant sa réussite dans les industries de pointe et ses combats collectifs pour des solutions constructives lui ont permis de passer en quelques années de la pomme de terre à la fibre optique. Il reste que le Trégor doit se protéger des dérives de l’urbanise et s’ouvrir sur les pas voisins, y compris limitrophes, pour explorer de nouvelles voies de progrès, par exemple dans le secteur de l’aquaculture.
Le pays de Vannes
Le pays de Vannes fait vibrer l’Histoire, recelant de richesses qui sont une force pour la Bretagne tout entière. Mais derrière les mégalithes et le marronnier du pays heureux de la retraite, se cache aussi une autre réalité : une population relativement jeune bien que vieillissante, et qui fourmille d’idées dans le domaine de la production locale et de la culture.
Restent les questions du foncier et de l’emploi. Si certaines communes ont fait des efforts, le coût de l’habitat est élevé. Et les entreprises du pays sont à la recherche de main-d’oeuvre qualifiée. Il en appelle à la Région sur ces questions comme sur celle, tout aussi stratégique, des liaisons entre l’Armor et l’Argoat.
Le pays de Vitré.
Vague zone jugée dans les années 1960 sans avenir pour la DATAR, le secteur de Vitré s’est affirmé jusqu’à devenir un pays reconnu. L’originalité est ici que le pays a fait société. C’est-à-dire que le « secteur » de Vitré n’a pas attendu unruban officiel et descendant pour exister. Il s’est créé de facto. Et, avec le deuxième plus faible taux de chômage en France, cette aventure semble valider une échelle pertinente.
1 commentaire
Pas grand chose d’innovant ici dans cette présentation d’un livre qui n’a jamais l’air que d’être un exemple de plus de cette soumission chronique à l’Etat français.
Nous lisons encore et toujours les mêmes mots Région, Territoire, car comme cela est dit il s’agit bien de « bien aménager le Territoire ».
Réflexions sur les possibilités d’une France, structurée en République Fédérale, tels que le sont la plupart de nos pays voisins, et surtout les plus grands pays de ce monde ?
Sur une approche différente de notre culture, de notre économie, de nos relations dans le monde Celtique et dans l’Europe ?
Sur une moindre dépendance à ce centralisme parisien, sur la disparition de notre culture, de notre langue ?
Neni, rien de tout cela n’est simplement évoqué ici.
Encore et toujours le même enfermement..
Au delà de la simple description du puzzle de nos pays, ce n’est visiblement pas ici, dans ce livre, que cette réflexion sera à rechercher.
Encore et toujours cette soumission, à une France hégémonique depuis des siècles, une Europe qui l’est désormais devenue encore plus, tout ceci au bénéfice d’une même élite aux mains de Bruxelles, de Wall-Street et des autres bourses mondiales.
Il paraît que langue Bretonne disparaît ? Oui, oui mais passez moi la vaseline…