Bretagne, sois belle … mais tais-toi !

de NHU Bretagne

« Sois belle et tais-toi » est le titre d’un film français de Marc Allégret de 1958.

Depuis, cette expression est entrée dans le language populaire. « Sois belle et tais-toi » se dit le plus souvent d’une femme plus agréable à regarder qu’à écouter. Une potiche bien mise au beau sourire. Vous savez un peu comme dans certains jeux télévisuels où il y a le présentateur qui parle, et à côté l’hôtesse qui ne parle pas. Qui ne parle pas ou alors, qui ne parle que pour dire des banalités.
Juste là pour le décor.

Il en est trop souvent de même de la Bretagne !

Bretagne, sois belle !

La Bretagne est belle, très belle. Où que vous soyez en Bretagne, il y a des paysages à couper le souffle. Il y a des châteaux, des alignements mégalithiques, des cathédrales et des chapelles. C’est le royaume des oiseaux marins, des phoques en des dauphins autour de nos îles. Dans l’archipel des Glenan, vous êtes dans le Pacifique. Et autour du Yeun Elez, vous êtes déjà en Irlande.

On s’y régale de fruits de mer et de délicieux kouign-amann et de crêpes.
Que les femmes sont belles … en coiffe ou sans!
Et notre météo, le sujet intarissable.


Enfin ce que d’aucuns nomment « humour » et « auto-dérision ». Notre fabuleuse capacité, comme nul autre peuple en Europe, et sans doute dans le monde, à nous ridiculiser nous-mêmes.
Regardez les réseaux sociaux et la plupart des médias subventionnés. Ils en sont pleins. Bretagne, amuseuse de galerie.
Bretagne, sois belle.

Mais Bretagne, tais-toi.

Un peu comme l’assistante potiche et faire-valoir dans le poste. Bretagne, tais-toi ou reste dans le charme et les banalités.
On a le droit à tout ce que nous citons dans le précédent paragraphe. Et on en oublie, bien sûr, d’autres belles banalités.
Mais attention à ne pas trop franchir certaines limites. Comme pour la potiche dans le poste, la production veille à ce qu’elle reste bien dans son cadre. Qu’elle ne se mette pas tout d’un coup à trop penser, voire à s’exprimer, à être sérieuse.

Revendiquer ? Vous n’y pensez pas !

Revendiquer : pourquoi le feriez-vous ?
Vous avez les menhir, le kouign-amann, le village le plus beau de France, de l’auto-dérision et trois dauphins. Que voulez-vous de plus ?
Votre langue maltraitée, votre Histoire niée, votre territoire écartelé, vos noms de villages trafiqués, votre développement économique bridé, vos impôts grandement confisqués par un état trop central … mais vous n’y pensez pas !
Allez, Bretagne … sois belle et ne pense à rien d’autre.

Mais l’évolution semble être la même; et dans le poste, et en Bretagne.
Le téléspectateur change, fort heureusement. Et la potiche d’un autre temps fait place à la présentatrice de plein droit, et de plein exercice.
Il en est, et en sera de plus en plus, de même, des Citoyennes et Citoyens de Bretagne.
Oui la Bretagne est belle, outrageusement belle.
Mais elle se taira de moins en moins.
Quand la belle se rebelle.

Bretagne, sois belle et parle librement.

Bretagne, sois belle … mais tais-toi!

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2 commentaires

Mickaël COHUET 22 novembre 2019 - 10h22

« Je tiens la Bretagne pour un milieu pathogène où l’outrance dans l’affirmation de soi n’a d’égale que la frénésie d’autodénigrement. »

Yann-Ber Piriou (poète, conteur, enseignant à l’U.F.R. de Breton-Celtique à l’université Haute-Bretagne Rennes II). [Cité par Jean-Rohou dans « Fils de ploucs », Tome II, Éditions Ouest-France, Rennes, 2007, p. 7 (Lettre à l’auteur)]. : Cette dissonance cognitive permanente n’est que la conséquence de notre ETHNOCIDE, dont les effets se manifestent de façon transgénérationnelle.

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PCosquer 13 juillet 2021 - 21h55

Justement Mickaël COHUET , c’est toute l’interrogation que l’on ne met pas en pratique! Sans entrer dans l’analyse psychologique de tout un chacun, il me semble venu le moment, aujourd’hui en 2021 ( ce qui pouvait déjà se faire il y a peut-être une vingtaine d’année) de rentrer dans une sorte de thérapie de groupe. J’ai longtemps cru que le problème de la langue bretonne était un problème qui avait eu ses résultats il y a déjà assez longtemps , disons une cinquantaine d’année… Je me trompais et je constate que d’autres font aussi cette erreur avec moins d’écart toutefois que moi. Certains pensent que la perte de la langue est tombée sur la génération née vers 1930. En réalité cette génération utilisait encore le Breton comme langue de communication. Le résultat finale voulu par les autorités françaises est tombée sur les enfants qui n’ont pas été éduqués en langue Bretonne; c’est-à-dire les personnes âgés de 50 à 75 ans actuellement. Si la génération de leur parents avaient des raisons vitales de se transformer en français ( pour faire court), on sait qu’il y a eu trois comportement chez eux: L’interdit de la transmission, le laisser faire , la transmission volontaire. C’est ce dernier comportement qui a sauvé la langue parlé. Cette génération a vécu sa vie et ses derniers représentants s’en vont…En revanche leurs enfants qui vivent  » Cette dissonance cognitive permanente n’est que la conséquence de notre ETHNOCIDE, dont les effets se manifestent de façon transgénérationnelle », ont un passé de la langue (enfance et adolescence) mais aussi un présent de la langue (aujourd’hui en 2021). Hors cette différence temporelle de rapport à la langue, vécue par cette génération bien vivante, qu’elle soit effective ou intériorisée ne semble jamais avoir posé QUESTION aux responsables et promoteurs de la langue Bretonne aujourd’hui. Cette génération possèdent deux caractéristiques; la première qui lui est propre : cette génération se tait, la deuxième qui lui est attribuée de l’extérieur par F BROUDIG est « … elle ne peut ( au moment où elle a été étudiée) pas être un point d’appuis pour la langue bretonne… » Et de fait, cette génération est laissée dans l’ombre comme si elle était un groupe « étranger » à la Bretagne, un groupe dont on ne parle pas puisque soit disant, elle ne peut pas apporter quoi que se soit à la langue; fermer le dossier.
Hé bien moi, je ne suis pas d’accord. Certainement , cette génération à été influencée par leurs parents et pour une large majorité a avalé « l’inutilité de la langue bretonne ». Mais avec cette différence temporelle, on est en droit de penser qu’il serait temps de vérifier le rapport que cette génération a aujourd’hui avec la langue: rien ne prouve qu’elle n’a pas fait des efforts pour s’approprier la langue bretonne, rien ne prouve que des doutes ne se sont pas installés en elle et qu’une vision positive ne se soit développé avec le temps, rien ne prouve qu’une partie de ses membres n’ai pas aujourd’hui envie de langue bretonne… cette génération est en nombre important et un % de 10 % d’entre eux souhaitant reconquérir leurs capacité à parler le breton serait bien supérieur au nombre d’enfants et de jeunes qui apprennent aujourd’hui la langue Bretonne… Cette « thérapie de groupe » commence déjà par demander à cette génération de s’exprimer et que chacun d’entre eux apprennent leur même histoire commune ainsi que l’envie probable de bon nombre d’entre eux à vouloir parler breton, peu importe qu’il s’agisse de Breton standard ou local. Si on s’y prend bien, cela peut très bien créer un effet d’entraînement sociale… L’idée globale est de reconstituer un environnement sociale à la langue…Et donc de se réapproprier une partie de l’identité bretonne d’une manière sociétale et pas seulement individuelle.
Krediñ a ran ez eus aze peadra da sikour ar rummad tud-se en doare ma vefe adperennet ar brezhoneg gant un darn diouto ha lakaat war un tu gwelloc’h ar gevredigezh Vreizhek war an dro.

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